14 jours. A croire que tu as tenu le compte. Tu ne pensais pas que ce serait aussi long de ne pas la voir. Tu savais que tu l'aimais vraiment bien mais à ce stade c'est bien plus que ça. C'est une vie différente que tu commences auprès d'elle et t'es entrain de doucement perdre pied dans tous ça. Tu te perds dans ce jeu, tu te perds dans cette vie, tu te perds dans tous ça. Comme si cette vie avant n'avait plus de sens depuis bien longtemps. Te voilà arriver dans ton fief natal où tu as été en quarantaine plus que royale il faut le dire. T'étais dans un bunkeur sous Terre et tu en as profiter pour faire une rétrospéctive sur toi même. Tu manquais un peu d'espace dans tes 200m² mais tu as fais avec il faut croire. Tu as fais ton sport et un médecin passait très régulièrement te voir pour vérifier les symptômes possibles. Le pire avec ce virus c'est que tu sais que tu ne pourras pas aller voir ton mentor parce que c'est trop risqué pour lui, tu l'as donc eu par whattsapp sur un serveur sécurisé où vous avez fait des jeux comme les échecs a distance ou la bataille navale. Enfin, tu as été bien occupé tu as même fais des visio conférences sur des sujets importants. Maintenant que le timeline est passé tu pensais sortir tranquille, partir voir ta copine et tous va bien dans le meilleur des mondes. C'était sans compter sur ta mère hypocondriaque -on se demande de qui tu tiens ça- qui a refusé que tu sortes de ce fichu confinement. "Le futur Roi doit rester en vie, on ferait comment si t'étais plus là Abélard ? On confierait le trône à qui ? A ta soeur ? Parce qu'Anastase n'en veut pas de ce privilège de famille." t'as fini par réussir a pirater le code de sortie pour pouvoir t'extirper de là et prendre une voiture au garage. Bien évidemment les tiennes n'étaient pas accessibles tu es donc dans une voiture orange criarde et bien voyante. Tu meurs derrière ce volant et tu te dis que si on te reconnait tu es bien foutu. Tu arrives a ton appartement avec ton masque sur le visage -on est jamais trop prudents- t'as des gants chaque parcelle de ton corps est pratiquement recouverte. Tu ouvres avec ta clef pour ensuite reprendre T'es où ? en la cherchant du regard, t'as qu'une envie, la retrouver finalement. Ta dame de pique est devenue indispensable sans que tu ne puisse y faire quoi que ce soit.

J’ai perdu la notion des heures, des jours mêmes. Cette carrière à laquelle je me promets depuis mon entrée à Harvard enfin se déroule. J’ai tout à prouver. Et avec l’arrivée de ce nouveau virus, le challenge est plus haut que jamais. L’ensemble des équipes ayant été mobilisée dans cette recherche et au niveau mondial même. Il n’a pas été difficile de rejoindre la Belgique lorsque j’ai appris que vous y étiez. Hadès souffrant d’une forme grave de décompensation, j’avais recueilli ses propres analyses pour pousser les recherches. Et alors, j’avais enchaîné, nuits et jours, ne m’accordant que de courts répits. Le teint était devenu plus pâle, les cernes s’étaient encrés de bleu, les traits s’étaient accentués. Et puis le pire était passé finalement. Mais le repos ne vient toujours pas me guetter. On en peut apaiser son corps immédiatement. De ton manque qui s’était accentué au fil des heures, puis des jours et enfin des semaines. Se perdre dans le travail c’était la meilleure des solutions. Et bien que le milieu dans lequel j’évolue peut attiser tes pires peurs dans une même pièce, tu ne résistes pas toutefois à cette envie de me revoir. J’ai appris à lire entre les lignes, voir la douceur sous le sarcasme, ou même le rejet. Je contemple mon reflet furtivement et il va falloir que je fasse quelque chose. Pour ne pas avoir cette mine affreuse dont tu m’as gracié quelques jours plutôt. Tu es peut-être parfois trop honnête pour une orgueilleuse de mon espèce. Je rejoins finalement ton appartement dont tu m’as fait parvenir les clés mais que je me suis entêtée à ne pas hanter. Je suis une femme indépendante et je compte bien le rester. Ne pas m’attacher au prestige de ton nom et élever simplement le mien. Il me faut un bon paquet de minutes pour faire le tour du propriétaire, il faut dire que tu as toujours eu la folie des grandeurs. J’élis domicile dans une des salles de bain finalement, profitant de ton retard pour prendre une douche et enfiler de nouveaux vêtements. Histoire de ne pas nourrir inutilement ta paranoïa déjà à son paroxysme. J’enfile une robe fluide mais cintrée de la marque Dior d’un rouge profond, je prends soin de camoufler la fatigue de mes traits, de parer mes lèvres d’une teinte similaire, lorsque finalement ta voix résonne dans le hall. Pieds nus, je rejoins l’entrée pour te trouver finement paré, masque, gants et pourquoi pas combinaison. « Tu prévois un voyage sur la lune ? » que je demande alors que ma crinière n’est pas encore domptée, oscillant en boucles brunes et humides dans mon dos. « Tu aurais peut-être dû opter pour la vitre en plexiglas. » que je rajoute sérieuse tout à fait pour masquer mon sarcasme.

Depuis tous petit on t'a toujours rabaché les mêmes choses : tu devriendras quelqu'un à la suite de père. Tu ne peux descement pas te complaire a faire comme le commun des mortels risquant leur vie inutilement pour rien. Tu dois rester en vie, tu dois accomplir ton destin et à force de te dire de faire attention tu as sans doute développer une peur exacerbée des microbes. Tu n'es jamais malade et tu comptes bien rester en parfaite santé pour être opérationnel lorsque le temps sera venu. Tu es dans ton bunkeur de compétition pour faire face à cette pandémie après cette quatorzaine imposée et tu dois ruser pour en sortir. Auparavant tu n'aurais fais cela que pour une femme d'une autre nationalité non lointaine et maintenant il y a elle pour qui tu braves le danger. Tu finis après non sans mal à ton appartement. Tu es couvert avec ton sweat à capuche, ta casquette, ton masque et tes gants. Tu ne fais pas très distingué mais tu te devais de passer inaperçu pour le commun des mortels. Tu as appris assez jeune que pour passer la barrière de ton chateau tu devrais ruser et faire comme tous les autres en passant pour une personne parmi tant d'autres dans les rues de la capitale. Tu te demandes où ta belle peut bien être alors qu'elle finit par te faire face. Elle est dans sa robe rouge pas fort couverte il faut le dire et tu as un temps d'arrêt devant sa perfection. Tu l'écoutes avec son humour bien lourd il faut le dire, ça la fait marrer de se moquer de toi mais tu ne relèves pas tu reprends simplement J'ai déjà réservé mon billet il y a plusieurs années tu devrais le savoir. tu retires ta capuche, tes gants, ta casquette, ton masque pour les poser sur le meuble. C'est très drôle. Je te signal que j'ai du ruser pour quitter ma forteresse. Tu pardonneras mon manque de classe d'ailleurs mais je devais passer inaperçu. Il y avait personne quand tu es arrivé ? faut bien le dire, tu balades Cole dans tous les appartements possibles chez toi et tu lui laisses de l'argent c'est une logistique bien particulière et heureusement que tu as pas mal de pied à terre. A cette heure il doit être à l'autre bout de la ville dans une résidence sécurisée. Peut être que son père a fait n'importe quoi mais tu le protégeras autant que tu peux et ici en Belgique c'est sans doute l'un des endroits les plus sures pour lui selon toi en tous cas. Ton regard reviens sur elle quand tu t'approches pour venir passer tes mains autour de ses hanches et reprendre Salut. oui avant toute chose.

Je me suis habituée à tes excès, je me suis habituée à cette dignité écrasante, les protocoles rigides, les émotions camouflées et l’hypocondrie persistante. Il faut le dire depuis toutes ces années, je t’ai suivi au travers de bien des frasques. Protocoles royaux, petites amies délaissées, risques inconsidérés pris dans le moyen-orient et surdoses de morphine. Tu ne m’as pas épargné. Moi, j’ai simplement gratté les dorures de ton monde, insuffler le doute là où tu t’entêtes, malgré que tes mots disent le contraire, ton corps et ton cœur ont plié eux, et bien plus d’une fois alors ils le feront sans doute encore. C’est mon épiderme qui s’affole au son de ta voix mais le port de ma nuque qui reste somme toute altiers, les traits qui ne trahissent pas le plaisir, seulement le sarcasme. Et toi qui court effrontément dedans. « Evidemment. » T’as cette soif d’ambition qui te dévore, après la Belgique viendra sans doute l’Europe puis la terre et pourquoi pas la Lune alors ? Tu ne trouves pas ça drôle mais ce n’est pas comme si tu avais un soupçon d’humour, on t’a doté de bien des qualités mais celle-ci reste inconnue au bataillon. Moi je trouve que la situation n’en manque pas.  « Heureusement, tu es débrouillard, comme quoi l’entraînement militaire a fini par payer. » Devoir s’enfuir du courroux de sa Royale mère, nul doute que ça exige la multitude de talents et un certain éventail de compétences même pour le Prince que tu es. Quant à savoir si j’étais seule, mes sourcils s’arquent sous la surprise de ta question. « Aurais-je dû chercher ton lot de maîtresses personnelles dans l’endroit ? » Qui sait ce que tu caches dans tes placards après tout ? Mais tu t’avances malgré tout. Malgré les épines qui menacent de ma parure écarlate, malgré mon visage qui se fige dans ses caractéristiques de porcelaine glaciale. L’absinthe flamboie un peu plus tout de même à ton approche, et lorsque tes mains enserrent mes hanches, se sont les miennes qui viennent se lier à ta nuque. Aucunement le son de mon timbre qui vient résonner dans ce hall déjà livide, mais mes lèvres qui s’emparent des tiennes avec une douceur un peu féroce et froide pour venir cueillir l’absence comme on le ferait de mauvaises ronces. Mon corps qui reste collé au tien quelques instants avant que mon regard ne vienne chercher le tien.  « Mes Hommages. » Que le sarcasme s’affaire à souffler dans notre étreinte, mais une joie bien plus réelle qui peut se lire désormais sur le visage.