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Le bal de Thanksgiving était pour moi l’occasion de me changer les idées, de penser à autre chose. Mon frère avait disparu et je n’avais aucune nouvelle de lui, autant dire que je le vivais bien trop mal. Accompagnée de Simen, mon meilleur ami, j’avais fait un effort vestimentaire et avait opté pour une jolie robe de couleur ocre. Mes cheveux tombaient en cascade le long de mes épaules et mon maquillage était léger. Simen, s’était éclipsé quelques instants, alors moi, verre à la main, je m’avançais vers les boites aux lettres, observant les différents prénoms qui y étaient inscrits. Un sourire s’échappa de mes lèvres, alors que j’aperçus que mon meilleur m’y avait laissé un mot. Mordant ma lèvre inférieure, je dépliais le papier et lu les quelques mots qui y étaient inscrits. Il était adorable et cette simple action me fit oublier l’espace d’un instant, que je n’allais pas bien.

You're not real
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Eros poussa un profond soupir. Cette fête était ridicule et déplacée. Fêter un génocide, seuls ces cons d'américains étaient capable de le faire. Fêter l'amour et le partage sur un génocide faisait penser à Eros que ce pays n'allait pas bien. Il observait les boites. La sienne était vide et il s'étonnait presque de ne pas avoir reçu de lettres d'insultes de quelqu'un. Ça viendra peut être plus tard. Son verre de whisky à la main, il se détourna de cette mascarade, bousculant une blonde qui se trouvait à côté de lui. Agacé, Eros pesta. « Obligé de me coller ? » Grogna le français. Il regarda la blonde de travers avant d'écarquiller les yeux alors qu'elle venait de se retourner. C'était plus qu'un choc, il n'avait jamais pensé la revoir un jour. Wilhelmina. Son amour d'enfance, celle qui avait eu le loisir de connaître le Eros amoureux. Celle qui avait laissé ce goût d'inachevé, cette relation avortée bien trop tôt à laquelle il avait mis si longtemps à oublier. Et voilà qu'aujourd'hui, elle se retrouvait en face de lui, à Harvard. Est ce que le destin avait décidé de lui foutre sa vie en l'air avant les fêtes. « Non, t'es pas réelle... » Lâcha le jeune homme en secouant son visage, persuadé que son whisky lui montait à la tête. Si bien qu'il recula en ricanant un peu jaune, sentant que la vie se moquait de lui.

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Touché par les mots simples que je lisais, je repliais le petit bout de papier et le remit à sa place, un sourire agrafé sur mon visage. Heureusement que je n’étais pas seule, heureusement que je pouvais compter sur des gens proches de moi, des gens qui me connaissait bien. Et pourtant, mon regard fini par se perdre une nouvelle fois dans le vide, pensive, déchirée, comment allait se dérouler les prochains jours, les prochaines semaines, pire encore, les prochains mois ? On me bouscule, je sors de ma rêverie alors qu’une voix peste contre moi. Une voix avec un timbre et un accent qui me rappelle un lointain souvenir. Prête à répliquer que ce n’était pas ma faute, je me retourne, mon regard clair posant ses cristallins sur un homme du passé. Je reste interdite, silencieuse. Alors que lui aussi ne semble pas comprendre cette retrouvaille digne d’un grand scénario. Il rit jaune, verre de whisky à la main et liquide ambré tremblant dans un verre joliment travaillé. « Eros ? » Depuis combien de temps, ce prénom ne m’était pas sorti d’entre les lèvres ? Un prénom rangé dans un tiroir fermé à clef, car trop douloureux à ouvrir. Il ne manquait plus que ça. Je dois rêver. J’attrape un verre sur le plateau d’un serveur qui passe près de moi et le boit d’une traite, comme pour me sortir de ma torpeur. Je repose immédiatement le verre sur le plateau, alors qu’outré, le serveur s’éloigne de nous. « C’est impossible qu’on se recroisent ici. C’est une mauvaise blague. » Mon cœur ne fit qu’un bond dans ma poitrine, mais je devais être en plein rêve. Je ne l’avais pas vu depuis des années et la dernière fois, nous étions en Europe tous les deux.

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Quand son prénom franchit ses lèvres, Eros sentit un courant électrique traverser son corps. Il se l'avouait mentalement, il l'avait aimé quand ils étaient plus jeunes mais aujourd'hui ? Qu'en était-il d'aujourd'hui ? Que ressentait-il pour elle maintenant ? Il n'en savait rien, il ne savait plus. Elle était si belle dans sa robe, si belle. Devenue une femme, cette jeune fille qu'il avait aimé à s'en crever le cœur. Pourquoi avaient-ils rompus ? Il haussa les épaules, secouant son visage. « Désolé d'avoir choisi Harvard pour mes études, Princesse. » Elle, elle connaissait le vrai Eros. Celui qui l'avait respecté durant des mois, celui qui l'avait aimé et chouchouter comme il se devait. Et aujourd'hui, elle se retrouvait en face de lui. Ce n'était pas à cause d'elle qu'il collectionnait les relations sans lendemain, ne cherchant pas à se poser. Enfin, oui, il ne cherchait pas à se poser parce qu'aucune demoiselle n'arrivait à faire battre son cœur. À ses yeux, aucune n'arrivait à mériter le vrai Eros. Il but une gorgée de whisky, détaillant la magnifique Whilelmina qui lui faisait face. Il avait envie de glisser son bras autour de sa taille, de la coller contre son corps pour la sentir à nouveau. Elle était encore plus magnifique que dans ses souvenirs. Doucement, le français soupira. « Je m'attendais pas à te croiser ici malgré tout. T'as l'air d'aller bien. Il est où ton cavalier ? » En espérant qu'elle soit venue toute seule.

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Je ne voulais pas être désagréable avec lui, en réalité j’étais plus chamboulé qu’autre chose. L’avoir en face de moi, voir son regard se poser sur moi, mon souffle s’accélère. « Tu as toujours été intelligent, au final, ça ne me choque pas que tu choisisses cette université. » J’hausse les épaules, c’était une évidence, j’avais toujours cru en lui. Je mords ma lèvre inférieure, détourne le regard et prends une profonde inspiration. Le revoir aujourd’hui avait éveillé en moi de très vieux souvenirs. Ils étaient heureux pour la plupart, je ne pus m’empêcher de penser à notre éloignement, à notre rupture. Un frisson parcoure mon échine et je pose de nouveau mon regard sur lui. Je me perds dans les prunelles de ses yeux, à quoi ressemblerait notre vie si nous étions restés ensemble ? « Je vais bien. » Faux. Mon frère avait disparu, ma mère était malade et moi j’avais l’impression de sombrer dans les abysses. Mon cavalier ? Je regarde autour de moi et hausse les épaules, j’ignorais où il était, mais son absence ne me dérangeait pas et puis de toute façon, j'étais venue accompagnée de mon meilleur ami. « Il ne doit pas être loin. » Je souris vaguement à Eros, me crispe légèrement et réplique : « Et toi ? Ta cavalière ? » Était-il ici tout seul ou était-il venu accompagner ? Il devait probablement avoir quelqu’un dans sa vie, et moi ça ne me fit tourner qu’une fois le sang dans mes veines.

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Eros observait Wilhelmina avec attention. Cette fille avait été sa muse et sa déesse durant plusieurs mois au point d'en marquer sa peau. Il pouvait deviner ce parfum naturel qu'il connaissait si bien et savait caresser sa peau du regard, la connaissant bien assez. Il l'avait exploré plus d'une fois et ça avait été ses meilleurs moments. Aucune femme n'avait, à ce jour, réussi à lui faire oublier la divinité de ce corps. Le français fit une moue songeuse. « J'aurais pu rester en France quand même. Ou aller en Angleterre. Mais mon père a insisté pour inscrire Harvard à mon pedigree. » Il était plus ou moins sérieux dans ses propos. Son père avait insisté pour Harvard mais Eros savait qu'il aurait pu lui tenir tête et refuser pour aller étudier ailleurs. Cependant, il ne regrettait pas son choix actuel, encore moins maintenant. Durant l'espace de quelques secondes, il se demanda comment il pourrait faire pour la reconquérir et ce qu'elle penserait du nouveau lui. Il chassa tout ça de son esprit, bien persuadé qu'elle n'était plus libre. Il hocha son visage en l'observant. S'il y avait quelque chose qu'il avait bien appris chez Wilhelmina était que ses yeux ne mentaient jamais. Sa bouche pouvait bien raconter ce qu'elle voulait, Eros savait aussitôt quand il y avait mensonge quand il la regardait dans les yeux. Pourtant, il n'en fit pas vague. « Tant mieux alors... Je suis content que tu ailles bien. » Un frisson d'agacement et une profonde jalousie se réveillèrent alors qu'elle parlait de son cavalier. Pourquoi il fallait qu'elle soit accompagnée ? Eros gonfla les joues et regarda ailleurs, il observa même la foule. « J'ai pas besoin de cavalière, j'en trouverais bien une dans le lot... » Il fit une moue songeuse. « Et je sais déjà que ça ne sera pas toi... » Lança le français avec rancœur.

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Je mords ma lèvre inférieure, commençant à être gênée par cette situation. Je me retrouvais face à la seule personne qui me connaissait plus que moi-même, hormis ma mère avec qui j’étais très proche. Alors je me doutais qu’il avait deviné que ça n’allait pas du tout. Heureusement que je pouvais compter sur Lottie et Beth pour le moment, sachant que le courant ne passait pas du tout avec Bella, je pouvais au moins compter sur 2 personnes de ma famille, présentes à mes côtés. Je pose un nouveau regard sur lui lorsqu’il m’avoua qu’il aurait très bien pu se rendre autre part. Pour sûr, je ne serais jamais retombé sur lui si ça avait été le cas. Le hasard était tout de même bien fait. « Oh tu sais en Angleterre, tu aurais vite tourné en rond. » Non pas que je n’aimais pas mon pays de naissance, mais j’étais heureuse d’avoir pu m’évader de la vie que je menais là-bas, même si je n’ai jamais eu autant de contraintes que les autres membres de ma famille. Je frotte mes mains l’une contre l’autre, je sens le froid m’hérisser les poils, il fallait dire aussi que je ne m’étais pas vraiment couverte. « Tu en trouveras bien une dans le lot ? » J’arque un sourcil à sa remarque. Cette réflexion me met davantage mal à l’aise et je mords ma lèvre inférieure. Était-il devenu du genre à sauter sur tout ce qui bouge ? Je détourne le regard lorsqu’il m’avoua que ça ne sera pas moi. En tout cas, avec cette attitude, c’était une certitude. Il m’avait légèrement crispé. « Je suis venue avec mon meilleur ami. » J’ignorais pourquoi je ressentais ce besoin de me justifier à son égard, mais les mots sortirent tout seul.

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Peut être qu'elle avait raison et que c'était le destin qui avait voulu qu'ils se retrouvent ici. Mais Eros ne pensait pas que c'était un simple hasard. Le relation avait pris fin si vite qu'il ne se souvenait même plus pourquoi ils s'étaient séparés. Étrangement, il ne cherchait pas à s'en rappeler. Le jeune homme n'avait conserver que de bons souvenirs de la jolie anglaise. Surtout les baisers passionnés qu'ils pouvaient échanger. Quand il avait été avec elle, il avait cru que c'était pour la vie. Pour tout le reste de leur vie à deux. Eros termina son verre en détaillant Wilhelmina et sourit légèrement à sa remarque. Oui, s'il le voulait il pouvait peut être trouver une cavalière esseulée dans un coin de la pièce. Il ne répondit pas cependant, sentant qu'il allait être un gros con. Finalement, elle avoue qu'elle n'ait là qu'avec son meilleur ami. Le jeune homme fit une moue songeuse et posa son verre sur le plateau d'un serveur qui passait non loin. Il frotta doucement ses mains, sentant un brin d'excitation le prendre. Il remua un peu et contourna la belle blonde jusqu'à se placer derrière elle. Sans trop d'hésitation, il glissa sa main sur sa nuque, caressant sa peau. « Peut être que ça pourrait être toi alors... » Qu'est ce qu'il était en train de faire ? Il baissa sa main et fit une moue songeuse, regardant autour d'eux. « Depuis quand tu es à Harvard ? J'en reviens pas qu'on ne se croise que maintenant... » Parce qu'il fallait le faire quand même pour se louper en étant dans la même université.

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Je l’observe, plongeant par moment mon regard dans le sien, mais détournant vite les yeux pour ne pas rester trop focaliser sur ses prunelles qui après tant d’année, me procurait toujours cette sensation intense. Je mords ma lèvre inférieure, l’écoute et me répète sans cesse dans ma tête, et si ma vie avait été différente ? Et si nous avions suivis les mêmes chemins ? Mais nous avions changés, nous étions d’autres personnes aujourd’hui. Il se glisse derrière moi, je sens ses doigts effleurer ma nuque, un frisson s’empare de tout mon être. A cet instant, j’avais l’impression qu’à n’importe quel moment je pouvais craquer et retomber dans ses bras. Sentir son souffle chaud contre ma peau, imaginer les baisés passés échangés et ceux qui pourraient être échangés à l’avenir. Mais qu’est-ce qu’il me prend ? Je ne bouge pas. « Peut-être… » J’inspire profondément comme-ci je tentais de reprendre mes esprits. Je me retourne vers lui, alors que nous sommes proches, une personne qui passe à côté de nous me pousse et je me retrouve collé à lui. Les mains posées sur son torse, je reste dans cette position quelques secondes, je relève mon regard vers lui alors que nos visages se touchent presque. Je toussote légèrement et fini par me reculer, replaçant ma robe dans des gestes fébriles. Je me recule un peu plus de lui, remettant une distance entre nous. « Euh… » Je fronce les sourcils, perdue. « En fait, ça ne fait pas si longtemps que ça. Un an à peu près. » Je lui offre un sourire gêné. « Et… Et toi ? » Je suis entrain de perdre tous mes moyens.

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Lui qui avait pensé passer la soirée seul ou avec une fille levée au hasard, il s'était bien trompé. Voilà qu'il était face à son amour d'enfance, la fille qu'il avait fini par oublier. La rupture avait été douloureuse et la présence de la demoiselle lui avait manqué, affreusement. Son sourire, ses rires, son regard. Glisser ses mains dans ses cheveux, caresser sa peau de ses mains, de ses lèvres. Son corps était un temple qu'Eros avait exploré et dont il avait pris soin durant plusieurs mois. Et un jour, plus rien. Silence radio. Une rupture brutale qui n'aurait jamais du avoir lieu. Eros commençait à tourner autour de Wilhelmina, il avait osé toucher sa peau, recommencer à la savourer. Il avait envie de la prendre dans ses bras et l'emmener loin d'ici, qu'elle soit sienne à nouveau. Comme si le destin l'avait entendu, la blonde fut projeter contre lui. Aussitôt et sûrement instinctivement, Eros glissa son bras autour de la taille de la demoiselle. Il aurait voulu qu'elle ne s'éloigne jamais. Il aurait aimé pouvoir l'embrasser mais il ne la retint même pas quand elle s'écarta, se contentant simplement de l'observer. Un léger sourire amusé s'afficha sur le visage d'Eros alors que Wilhelmina semblait confuse. « J'y suis depuis 5 ans maintenant. » Eros observa la salle autour d'eux et se rapprocha doucement de Wilhelmina, venant glisser à nouveau son bras autour de sa taille, la collant contre lui. Il plongea son regard dans le sien et sans attendre, de sa main libre, il lui attrapa la nuque pour l'embrasser avec une passion folle qu'elle lui connaissait. Il en avait envie. Et quand Eros avait envie, il le faisait.

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