first lesson: hope.
@Murphy Fawkes
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Ma journée ? Interminable, comme à chaque fois que je suis de garde. J'enchaîne les interventions, les consultations, les urgences aussi, parce qu'il y en a toujours une ou deux qui viennent interrompre le fil de la journée, et décaler touuut le reste de mes rendez-vous. Je me sens vidé, éclaté en arrivant enfin à sortir du bloc pour rejoindre mon bureau mais au moins, j'ai la tête pleine. Trop pleine de cas complexes pour laisser place à mes idées noires qui m'assaillent, qui me guettent, prêtes à venir frapper à ma porte au moment où je m'y attends le moins. Il est tard, et c'est presque avec deux heures de retard que je peux enfin prendre ma dernière patiente.. et pas des moindre. « Bonsoir Murphy, vraiment désolé pour le retard » dis-je en entrant dans mon cabinet de consultation, découvrant la jeune femme assise sagement sur une chaise face au bureau. « Merci d'avoir patienté » j'ajoute avec un sourire, m'installant face à elle en soupirant légèrement. Je tourne mon réveil R2D2 vers moi, grimace en voyant l'heure. « J'espère que vous aviez rien de prévu » je commente, me passant la main sur la nuque, un peu mal à l'aise. Mais réellement content qu'elle ait attendu, car impatient de démarrer la scéance. « Comment ça va ? La douleur ? »

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first lesson: hope.
@Thomas Aberline
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Les journées tournent en boucle, se ressemblent, de moins en moins avec le temps mais la routine reste. Ancrée, comme une vieille rengaine. Je me lève, je guette mes rendez vous, me pointe, repars, rentre à la maison. Mais cet après midi, c'est mon rendez vous habituel avec Doc, alors je fais un effort, j'arrive même avec un peu d'avance, le temps de prendre un café, de discuter avec un infirmier que je croise souvent quand je passé voir le kiné. Sauf que Doc, il est en retard. Des urgences, qu'on m'explique, je patiente, je joue sur mon téléphone, épuise même ma batterie. Quand finalement, on m'invite à l'attendre dans son bureau, je me pose sur un siège, genoux l'un contre l'autre, mes mains liées quand il débarque presque en trombes. « Vous en faites pas Doc, c'est pas comme si j'avais mieux à faire de ma journée. » Je hausse les épaules, esquisse un sourire, tandis qu'il regarde l'heure d'un oeil consterné. « Rien d'autre que de manger n'importe quoi devant la télé ce soir, je devrais m'en remettre. » Je souris, je rassure, ou du moins j'essaie, le calme avant la tempête, quand il rentre finalement dans le vif du sujet. « Ca va. » Je baisse les yeux sur mes jambes, devine les cicatrices sous mes vêtements, esquisse une brève grimace. « Habituelle, la douleur. » Je crois. « Y a des jours où j'ai l'impression que c'est moins fort, mais je sais pas si ce n'est pas juste l'espoir qui parle. » On m'a prévenu, que ce serait long, et compliqué. Mais y a des hauts, et y a des bas. On va dire que c'est un entre deux là.

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@Murphy Fawkes
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Je souris légèrement face à son programme pour la soirée. Concrètement ? Le mien risque de ne pas être bien différent, avec la partie où je couche Jaimie avant de m'affaler dans le canapé en plus. Enfin, si je parviens à rentrer assez tôt pour ça. Et comme chaque fois que ce genre de pensées me vient, je sens cette vague de culpabilité qui arrive, et que je chasse d'une parole, un geste, pour ne pas y penser. Je suis là pour Murphy alors malgré le retard, autant essayer d'être totalement disponible pour elle. Surtout que j'y crois, en cette fille. C'est l'une de mes patientes principales en ce moment, peut-être la principale même tant j'y mets toute mon énergie et tout mon temps libre. Trop d'énergie dirons certains, mais rien n'y fait, j'ai besoin de ça. Besoin de ce challenge qui est devenu bien plus que ça au fil de nos rencontres. Pas à pas, on avance vers un progrès, et si j'y crois à cent pour cent, je me donne pour que ce soit aussi son cas. Prêt à oublier le reste. Pour oublier le reste. Je me déplace tout en l'écoutant, me rapprochant jusqu'à m'agenouiller devant elle. « Elle risque de persister encore un moment, il faut juste éviter que ça n'entrave la rééducation... c'est supportable durant les séances ? » je demande tout en manipulant les genoux au travers de son pantalon. « Vous avez raison de garder espoir, ça va fonctionner, j'en suis sûr. On voit déjà de net progrès » je continue, aussi emballé qu'à mon habitude.

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@Thomas Aberline
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Quand ça ne suffit plus, quand je baisse les bras, il a de l'espoir pour deux. Thomas, il a su rallumer - pas toujours, mais parfois, et c'est un exploit après l'année que je venais de passer - cette flamme que j'avais perdue à force de constats pessimistes des médecins que j'avais rencontrés jusque lui. A chaque coup de mou, chaque moment où je commence à broyer du noir, il m'aide à remonter la pente, comme ici, ce soir. Lorsqu'il me dit sans détour que la douleur persistera probablement encore un moment, je hoche la tête, pince les lèvres, baisse les yeux. Je donnerais tout, absolument tout pour une fois, rien qu'une danse où la douleur ne serait pas là. « C'est supportable tant que je n'en fais pas qu'à ma tête. » Tant que je n'essaie pas d'aller plus vite que la musique et de brûler les étapes imposées par les spécialistes qui sont en charge de ma rééducation. L'espoir. Un jour il est là, un jour il me quitte, m'abandonne, me laisse à ma détresse et au chaos de mon âme. Les yeux baissés sur lui, sur ses mains qui manipulent mes genoux, geste devenu habituel et quotidien avec lui, je hausse les épaules d'un air nonchalant. « Si vous le dites, c'est vous le pro. J'arrive pas tellement à me rendre compte. » Chaque fois je me demande si c'est mon subconscient qui me joue des tours. « Y a pas si longtemps, une connaissance m'a demandé ce que j'allais faire, si... ça ne marche pas. » Quelle perspective d'avenir pour une danseuse en retraite avant même d'avoir commencé sa carrière ? Regard perdu dans le vide, fixé sur mes jambes où je devine, sous le tissu, les cicatrices, je soupire. « J'y ai jamais vraiment pensé. » Avouai-je enfin, finalement.

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