caractèreChanceuse : c’est le genre de fille qui va trouver un billet de 10 dollars par terre, réviser un seul sujet car elle n’a pas eu de temps et tomber dessus durant ses évaluations, avoir le dernier vêtement à sa taille ou ce genre de choses. c’est pas grand chose mais ça fait toujours plaisir. Maladroite : être chanceuse, ça ne fait pas tout. il n’y a pas une semaine qui passe sans qu’un verre ne soit cassé ou qu’un bleu sur son corps n’apparaisse. Joyeuse : même quand ça ne va pas toujours et que ses études lui prennent la tête, elle fait toujours en sorte de voir le bon côté des choses et d’avoir le sourire. Ordonnée : elle déteste le désordre, c’est pour ça que sa chambre est toujours impeccable. Impatiente : thaïs déteste attendre, peu importe la raison ou l’endroit et souvent, ne se gêne pas pour s’en plaindre. Sportive : dans son emploi du temps chargé, elle trouve pourtant le temps de se maintenir en forme. Jogging, musculation ou natation, au moins deux ou trois fois par semaines, ça l’aide aussi à moins stresser.

admission à harvardHarvard, c’était un rêve secret. Pas réellement dans ses projets, à Thaïs. Elle avait simplement rempli le dossier de candidature parce qu’elle avait des bonnes notes et que son frère et ses grands-parents l’y avaient poussé. Thaïs, elle bossait pas mal, mais pas tellement non plus. Elle ne savait pas trop comment remplir son Essay et avait un peu honte, aussi. Pour elle, Harvard était élitiste et formait seulement les les étudiants qui deviendront les personnes les plus importantes de ce pays, pas les simples étudiantes en médecines. Malgré tout, elle remplit tout son dossier avec sérieux, même si au final, sachant pertinemment qu’elle ne serait pas acceptée, elle avait demandé plusieurs autres universités. Elle passa également l’entretien, nerveuse comme tout, ce qui n’était pas tellement dans ses habitudes. C’est son frère qui en a entendu parler pendant des jours ensuite, car elle pensait au final ne pas avoir réussi. Mais quand elle reçut sa lettre d’admission, elle mit bien plusieurs jours à se dire que cette fois, elle était bien étudiante à Harvard.

story of my lifeQuand la petite Thaïs arriva en 1995, les parents Jones touchaient déjà le fond. Thaïs, elle a jamais su si c’était un enfant désiré ou non vu sa relation avec ses géniteurs, mais ce qui est sûr c’est qu’ils n’étaient pas des modèles de stabilité pour leurs enfants. Déjà avant sa naissance, son père avait commencé à boire un verre ou deux, puis trois, quatre. Une bouteille entière, parfois. Leur mère, elle ne disait rien à l’époque, parce que le chef de famille avait l’alcool mauvais. Dans ses moments les plus noirs, on pouvait l’entendre crier tellement fort que même les pleurs incessants de la petite fille ne le couvrait pas. Mais sa mère arrivait avec sa bonne humeur et ses sourires, elle emmenait Mia dans les fêtes foraines en grandissant ou prendre une glace après l’école au tout début de sa scolarité. Ça allait dans la journée. Mais le soir, c’était une autre ambiance. Une fois couchée, ses parents continuaient de se prendre la tête sur l’éducation de leur fille ou des choses plus insignifiantes. Pourtant, y avait des périodes où ça allait mieux, où ils étaient presque normaux. Dans ces moments là, Thaïs emmenait même ses deux parents à l’école, pour montrer que son père n’était pas qu’un alcoolique fini. Ils lui ont même fait le cadeau d’avoir un frère, l’année de ses quatre ans. Preuve que ça n’allait pas si mal que ça, pensait Thaïs. Sauf qu’au final, Mr. Jones était toujours autant porté sur l’alcool et en août 98, Thaïs fut baptisé grand sœur officielle d’un petit garçon nommé Mike. Energique et excitée d’avoir une nouvelle personne dans le foyer, elle criait à qui voulait l’entendre qu’elle avait à présent un frère et qu’elle était là pour le défendre si besoin. En parallèle, ça devenir de pire en pire pour les parents. Plus le temps passait, plus les disputes s’intensifiait. Ils ne se cachaient même plus. Alors Thaïs, elle essayait de faire ses devoirs, parce que c’était une élève sérieuse. Elle lisait, jouait avec son frère encore trop petit pour comprendre ou demandait à dormir chez ses amis le plus longtemps possible car chez eux, leurs parents ne criaient pas comme les siens. C’était plus facile que de rester enfermée dans sa chambre. Elle garda les mêmes habitudes en grandissant, faisant tout pour éviter ses parents. Son père faisait tout pour rendre la vie de sa mère un enfer, quant à cette dernière, elle était toujours ailleurs, comme si elle pensait à autre chose ou quelqu’un d’autre. Résultat, Thaïs n’avait pas d’autre choix que de s’occuper d’elle-même seule. Elle finit par être indépendante assez tôt. Et puis un soir de 2004, sa mère, sûrement trop exaspérée pour continuer, claqua la porte et Thaïs ne l’a jamais revue.

Jamais, jamais. Au début, elle pensait à une mauvaise blague et que sa mère allait bien finir par revenir. Mais non. Thaïs se retrouva à neuf ans seule avec son père et son petit frère. Et c’était pas la joie à la maison. Son père devenait de plus en plus violent à cause de l’alcool et interdisait à la jeune fille de sortir chez des amis pour se changer les idées. L'idée d’avoir été abandonnée délibérément lui fit détester sa mère. Alors elle continuait à étudier, y avait que ça à faire. Ou alors elle s’occupait de son frère, son père étant trop absorbé par ses bouteilles pour le faire. On peut dire qu’elle jouait les maman avec Mike, ça l’amusait un peu et c’était une des seules choses à faire durant les longues journées enfermées. Seule, au final.

Et puis au bout de quelques années, la situation était devenue invivable. Alors leurs grand-parents paternels, alertés par les conditions de vie de leurs deux petits enfants, ont fini par les emmener chez eux. Thaïs, à peine quatorze ans, ne savait pas trop si c’était bien légal mais une chose était sûr, elle était bien plus heureuse de vivre chez eux. Elle revivait. Elle sortait. Elle se faisait plus d’amis. Tout allait mieux. Plus sociable, plus souriante, plus heureuse. Et toujours aussi protectrice avec son petit frère. C’était le seul à qui elle n’en voulait pas, au contraire du reste de la famille : elle en voulait à sa mère de l’avoir abandonné, à ses grands-parents de ne pas les avoir aidé plus tôt et à son père simplement pour ce qu’il était depuis toujours.

Au lycée, Thaïs commença cependant à s’affirmer de plus en plus. Elle était désormais sûr de vouloir faire médecine, mais la spécialisation était encore variable. Elle avait souvent l’idée de travailler avec les enfants, parfois c’était tout le contraire. Ça dépendait de ses humeurs. À 16 ans, elle fit la rencontre d’un jeune homme qui devient rapidement son petit ami. Alors tout va bien pour Thaïs, tout va mieux. La seule ombre au tableau sont ses deux parents absents. Après tant d’années rythmées par les disputes et les absences, elle avait néanmoins réussie à avoir une vie dont elle était fière. C’était la jeune fille joyeuse, la première à venir aux soirées et à rire aux blagues débiles de ses amies. Elle débarqua à Harvard, fière d’avoir été acceptée grâce à sa volonté, ses bons résultats et sa grande motivation, mais un peu perdue. Sa ville natale lui manquait, son frère et ses grands-parents. Ses amis du lycée également. Les premières semaines n’étaient pas facile pour la jeune femme. Mais ce qu’elle voulait, c’était rendre fière sa famille alors elle s’accrocha, passa les années et étudia avec sérieux, espérant tout faire pour avoir enfin la vie qu’elle méritait.