Je souriais alors qu’il me parlait de la chair humaine et du fait que les requins n’aimaient pas ça, mais à part manger des os (si ils parvenaient jusqu’à moi) ils n’auraient rien d’autres à se mettre sous les dents. Un commentaire inutile à lui faire donc je le gardais pour moi afin de laisse ce sujet de côté. Puis il me parlait de Morgan et je souriais bêtement car j’adorai l’entendre parler de lui mais je ne disais rien pour éviter de le mettre mal à l’aise pour le moment. J’étais persuadée qu’il pourrait avoir plus entre eux mais pour le moment mon meilleur ami n’était pas très réceptif à mes allusions, cependant je n’avais pas dis mon dernier mot. « Nooon tu as mis une chemise hawaïenne ? Tu as une photo à me montrer ? » Car pour le moment je ne l’avais pas encore vu habillé donc cela m’intriguais énormément et j’étais curieuse de voir la manière dont mon meilleur ami prenait soin de son ami.
A peine devant le feu de camp qu’il dépose les bûches de bois à côté et sans plus attendre je prenais deux morceaux avant de les mettre dans le feu qui était en train de s’éteindre. « Je suis sure que ta maman comprendrait si je lui expliquait mon point de vu mais je n’oublierai pas de dire à quel point tu es gentleman. » souriais-je en coin avant de lui faire un clin d’oeil. Jusqu’à présent je n’avais vu que de bonnes choses venant d’Efrain et elle pouvait être fière de lui. « Tu as été où pour faire tes spring break ? » demandais-je curieuse. « Tu étudies dans quel domaine ? »

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Une chose est certaine dorénavant, nous ne terminerons pas la soirée en chiche-kebab pour requins. L’eau cesse progressivement de nous recouvrir, elle s’efface petit à petit jusqu’à totalement disparaitre sous nos pieds avec le courant. Certaines vagues parviennent encore à nous effleurer, mais nous nous éloignons davantage pour rejoindre un petit feu de camp qui nous permettra d’accéder à une certaine forme de confort en nous réchauffant. La température de l’air n’est pas excessivement froide, nous sommes à Hawaii après tout, mais l’humidité est telle qu’il sera difficile de se sécher sans un petit peu d’aide. Utiliser un feu pour cela n’est peut-être pas la meilleure option, je vous l’accorde, nos fringues – et nos corps, dans la foulée – vont empester la fumée mais peu importe… Il s’agit là davantage d’un prétexte que d’un réel besoin, prétexte censé nous permettre de faire connaissance tous les deux. J’acquiesce entre deux rictus pour lui confirmer que je me suis bien retrouvé vêtu d’une horrible chemise à fleurs, le genre de trucs que personne ne me verra porter en dehors d’un tel contexte, à part peut-être dans une soirée déguisée. « Le petit Morgan est assez balaise, il sait te prendre par les sentiments. J’ai été obligé de dire oui ! » Il ne m’aurait clairement pas laissé sortir sans une chemise hawaïenne. Je dégaine mon téléphone à la recherche de quelques clichés que nous avons pris ce soir-là, ceux-là devraient faire l’affaire. Je lui tends mon téléphone, tout sourire. « Tiens, juges-en par toi-même ! » Je marque une pause, sans me défaire une seule seconde de ce sourire qui se refuse à abandonner mes lèvres. « Lui qui abreuve son Instagram de dizaines de publications par semaine, je suis surpris qu’il ne se soit pas fendu d’un cliché de cette soirée ! » Peut-être ne voulait-il pas s’afficher avec moi sur les réseaux ? Il n’a pas posté grand-chose sur le Mexique non plus après tout… Je suis partiellement fautif pour le Mexique, moi qui me suis imposé pour ne pas qu’il passe ses journées avec son téléphone entre les mains. Je l’ai obligé à le laisser derrière nous la journée pour qu’il puisse profiter au maximum des paysages, de l’ambiance, du cadre… Pour qu’il se refasse une santé dans tous les sens du terme. En bon gentleman, je prends en charge la récupération de pièces de bois à utiliser pour abreuver notre feu de camp, l’agonie prend fin alors qu’il récupère de sa superbe et commence à craqueler à nouveau. « Elle appréciera, merci ! » Je termine, en lui adressant un clin d’œil. Ma mère, mes parents plus généralement, ont toujours fait le nécessaire pour me transmettre les valeurs qui, à leurs yeux, sont essentielles. Je ne peux que les remercier pour cela, pour leur éducation et pour tout ce qu’elle m’apportera dans ma vie. « Il y a eu Cancun, Malte, la Tunisie aussi… D’une année sur l’autre, même si le soleil est toujours au rendez-vous, il y a toujours un effet dépaysement garanti ! » D’excellents souvenirs, des rencontres formidables. J’apprécie vraiment l’ambiance des Spring Breaks pour cela. « Médecine, je m’apprête à démarrer mon internat ! Et toi ? »

J’avais quitté mes vêtements après être arrivée au coin du feu afin de faire sécher mes habits grâce à la chaleur qui allait surgir. Je restais en maillot de bain, et heureusement pour moi je n’avais pas opté pour des sous-vêtements, afin de me réchauffer également. « Je comprend ce que tu veux dire car il m’a à chaque fois qu’il a une idée en tête ! » riais-je doucement. Dès notre rencontre j’avais accroché avec lui et depuis on ne s’était plus séparés. J’adorai énormément sa personnalité et j’avais l’impression de me voir au masculin même si il était très différent de moi. C’était une sensation étrange et pourtant c’était ce que je ressentais. Morgan était devenu mon meilleur ami dès le premier regard et ensemble nous étions de vrai gamin… Je laisse mon regard se poser sur son téléphone avant de rire. « Mon dieu..» Je le regardais de haut en bas avant de rajouter. « Tu es bien mieux torse nu et je ne manquerai pas une occasion de lui dire. » Céleste tais-toi, Oops. Efrain avait un très beau corps et Morgan devait le savoir alors je me devais de lui donner des conseils afin qu’il puisse en profiter davantage et très discrètement. « Tu devrais le remercier de ne pas t’avoir affiché avec ce déguisement ! » souriais-je avant d’imaginer la réaction de mon meilleur ami mais surtout de sa manière de faire pour le convaincre de porter cette chemise. Puis on parle de sa maman et je sentais tout l’amour qu’il avait pour elle et cela me touchait car je n’avais pas cette relation avec la mienne. En réalité je ne la connaissais pas...enfin je la connaissais mais je n’avais jamais pris le temps de parler avec elle. Depuis que j’ai perdu mon petit ami dans l’attentat je me remets en question mais c’est quelque chose que je garde en moi...pour le moment. « J’en suis persuadée. » souriais-je doucement alors que j’essayais d’imaginer comment était sa maman mais physiquement c’était impossible, cependant mentalement ils devaient être pareils. On parlait du Spring Break et à ceux auxquels il a participé et je l’écoute attentivement une nouvelle fois. « Wahou effectivement vous avez beaucoup voyagé..moi ça me fait peur de prendre autant l’avion. » Je l’avais pris pour la première fois afin de venir à Hawaï et je n’étais pas très confiante. « Médecine toi aussi ? Je suis dans ma première année mais je ne sais pas si je vais continuer..» BIM une nouvelle révélation mais surtout une nouvelle que je n’ai pas encore annoncé à mes ami(e)s.

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« Il est têtu ! » Oh que oui, lorsqu’il a une idée derrière la tête, impossible de lui faire changer d’avis. C’est l’une des choses que j’apprécie chez lui, il est certain que cela peut aussi agacer, ce doit probablement être le cas pour certaines personnes mais pas pour moi. J’aime les gens qui s’investissent à fond dans ce qu’ils veulent, qui font le nécessaire pour aller jusqu’au bout de leurs idées. Pas sûr que ce soit toujours pour le meilleur, surtout quand je redécouvre ces photos et la dégaine que je me tape dessus. Note à moi-même, ne plus jamais enfiler la moindre chemise hawaïenne sous perdre d’abandonner sur le champ toute forme de sex-appeal. Non, vraiment, je suis à vomir là-dedans, pas du tout mis en valeur. Céleste n’en loupe pas une seule miette, au contraire, elle en profite même pour me complimenter et faire s’étirer mes lèvres en un sourire gêné et touché à la fois. « C’est gentil, n’hésite surtout pas ! » Ouais, parce qu’il est plutôt aveugle le petit. Bon, faudrait-il encore qu’il existe une raison pour qu’il regarde mes abdominaux plus longuement, mais des raisons… Ouais, je crois bien que je pourrais assez aisément en trouver des dizaines. J’acquiesce à sa remarque, surenchérissant immédiatement. « Reconnaissant, je compte l’être pour le restant de mes jours. J’suppose qu’il m’a permis de conserver quelques followers en m’évitant un tel affichage ! » Je dis cela, mais j’ignore combien j’ai de followers sur Instagram. Je ne suis pas trop branché réseaux sociaux, peut-être parce que je cours toujours après le temps, constamment occupé et en retard sur mes révisions, mon planning de tâches à accomplir. J’éprouve un plaisir non dissimulé à être débordé, rien de tel pour vivre ta vie à cent à l’heure sans réfléchir à ce qui pourrait te faire du mal. L’avion, transport indispensable et tellement effrayant à la fois. « J’aimerais me la jouer personne hyper rassurante en te disant que l’avion est le moyen de transport le plus sécurisé, celui avec le moins d’accidents… D’un autre côté, j’pense que si on se penche sur le sujet, ce doit être le moyen de transport qui, en cas d’accident, affiche le plus gros taux de mortalité ! » Difficile de s’en sortir quand un avion s’explose à même le sol après avoir entamé une chute de plusieurs centaines de mètres. La jeune femme est également en médecine, de quoi attiser ma curiosité. « Tu veux te réorienter ? Pourquoi ? »  

Je ne savais pas depuis quand il connaissait Morgan mais j’avais l’impression qu’il le connaissait très bien et qu’il connaissait également ses réactions. Je ne connaissais pas encore Efrain mais si mon meilleur ami l’appréciait alors je ne pouvais que l’adorer aussi car ses amis étaient les miens. Je lui souriais alors que je comprenais qu’il lui avait demandé de mettre son téléphone de côté et c’était certainement la meilleure à faire quand on prenait des vacances..Morgan avait été angoissé à l’idée de me savoir aussi loin de lui alors ne pas avoir son téléphone évitait qu’il attende l’un de mes messages. « Oui je pense que tu as pris la meilleure décision en lui suggérant de mettre son téléphone de côté et d’ailleurs je voulais te remercier de l’avoir et d’avoir pris soin de lui. » Je n’avais pas été à la hauteur de mon meilleur ami car je n’avais pas réussi à le faire avant de partir au Texas mais j’allais me rattraper. J’allais faire du mieux possible afin de rattraper le temps que nous avions perdu depuis le début de l’année. On parlait de l’avion et je l’écoutais sans l’écouter car il venait de me faire peur et je ne savais même pas comment j’allais faire pour remonter dans l’avion au retour du Spring Break. « Tu es horrible Efrain...tu es au courant que j’ai peur de l’avion ? » Merci Efrain tu viens d’accentuer ma peur et je grimace. Oui je sais déjà tout ça et je sais que si on se crash je n’aurai aucune chance de survivre, c’est pour ça que j’ai peur. « Je ne suis pas faite pour la médecine...» La médecine était mon rêve mais je n’avais pas réussi à réanimer mon petit ami durant les attentats et c’était la preuve que je n’étais pas faite pour ça...

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Couper Morgan de son téléphone pendant plus de cinq minutes. Une bataille qu’il est bien difficile de mener. J’ai une sainte horreur des gens qui ne parviennent pas à se déconnecter, ils ne se rendent même pas compte qu’ils peuvent être irrespectueux en dégainant leur téléphone à n’importe quel moment quand ils sont en ta compagnie. Il m’est déjà arrivé de reprendre Morgan là-dessus, lorsqu’il actualise son fil d’actualité, jette un coup d’œil à ses snaps ou autres notifications alors que je lui parle… Ouais, parce que je déteste parler dans le vide. Qu’il accepte de fournir un – gros – effort en renonçant à utiliser son téléphone à l’exception d’une ou deux petites heures fixées sur la journée pendant notre voyage au Mexique fut une victoire digne de ce nom. Il m’a fait plaisir, je ne peux que lui être reconnaissant pour cela. « C’est normal. Le voir dans un tel état me faisait beaucoup trop… Mal au cœur ! » J’aurais fait n’importe quoi pour retrouver ce sourire qu’il sait si communicatif. Le voir en pleine forme, c’est s’assurer de respirer la joie de vivre à ton tour. C’est l’effet Morgan, aucun autre terme ne me semble plus adapté pour décrire un tel phénomène. Je divague sur les avions et ce paradoxe évident entre le constant qui veut qu’il s’agisse du moyen de transport le plus sécurisé tout en étant celui qui te laisse le moins de chances de t’en sortir en cas de pépin. Je grimace, l’air terriblement désolé lorsqu’elle précise qu’elle a peur de prendre l’avion. « T’inquiètes, ça ira… Contente toi de penser à la première affirmation okay ? Aucune raison que notre avion explose en plein vol, n’est-ce pas ? » On repassera pour les paroles rassurantes, mais je fais de mon mieux. Ne pas être fait pour la médecine, drôle de constat qui, je m’en doute, doit avoir une explication plus profonde que cela. « Pourquoi tu dis cela ? » La curiosité, un vilain défaut ? Peut-être, mais peut-on vraiment me reprocher de m’intéresser à elle ?        

« Je comprend que ça t’ai fais mal au coeur car je suis comme toi. » Certainement trop sensible quand on parle des personnes qu’on aime et Efrain était attaché à Morgan, je venais d’en avoir la preuve et cela me faisait du bien. « Je n’ai jamais voulu lui faire de mal en quittant Boston mais j’avais besoin de prendre un peu de distance pour commencer à travailler sur moi afin d’avancer...» J’aurai pu lui donner plus de nouvelles afin qu’il ne s’inquiète pas mais je ne voulais pas rester dépendante de lui ni même de lui demander de l’aide durant cette période. Je voulais travailler seule et surtout trouver les réponses à mes questions. Certaines personnes pensent que j’ai été forte en quittant Boston mais j’ai eu beaucoup de moments de moins bien et donc de faiblesse mais je ne m’en étais pas vantée. « Une explosion..un crash..tu as d’autres causes à me présenter ? » lui demandais-je avant de sourire très légèrement car je sentais déjà mon angoisse monter et je redoutais le moment où j’allais devoir prendre l’avion. Je n’étais pas une froussarde mais il y avait des choses que je redoutais et malheureusement l’avion en faisait partie. Je laisse ce sujet de côté avant de lui répondre à coeur ouvert sur le sujet de mes études. « J’ai toujours voulu devenir médecin pour sauver des vies et j’ai beaucoup travaillé et étudié pour y arriver...je n’ai pas réussi à faire un massage cardiaque digne de ce nom pour le ramener parmi nous. » Oui je culpabilisais sur son décès même si tout le monde me disait le contraire. C’était comme ça et j’espérais qu’un jour je perde ce sentiment d’échec...

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« Un petit bout de mec aussi beau heureux ne devrait pas être triste. Ce devrait être interdit, tout simplement ! » Je baisse la tête, un peu gêné lorsque je me rends compte que j’ai utilisé le terme beau. Aucune honte à avoir pourtant, il ne s’agit là que de la vérité après tout, c’est juste que je me sens… Étrange à l’idée d’employer un tel terme pour parler de Morgan, encore plus devant l’une de ses amies les plus proches. Quelle image suis-je en train de donner de moi ? J’ignore tout de ce que j’aimerais transmettre comme impression de toute manière, mon esprit est sacrément embrouillé. « Tu n’as pas à te sentir coupable pour rien du tout, tu sais. La meilleure chose que tu pouvais faire, pour toi comme pour lui, c’était de prendre du temps pour toi, pour panser tes blessures ! » Personne ne risque de lui reprocher d’avoir pris une telle décision, pas Morgan. « J’en ai longuement parlé avec Morgan, le soir où tu as décidé de partir. Il a compris et il ne t’en voudra jamais pour avoir pris une telle décision ! » Ce soir-là, je me suis surpris à employer les bons mots pour le faire réfléchir de son côté sans avoir à imposer la moindre de mes opinions. J’ai su être l’ami qu’il attendait. « J’ai des dizaines de scénarios catastrophe qui me viennent à l’esprit, mais je vais m’abstenir de te les donner… Tu risques de ne plus jamais vouloir quitter Hawaii ! » Je lui adresse un petit clin d’œil gentiment moqueur alors que mon esprit se montre plus fertile encore en imaginant les causes qui pourraient mener un avion à se crasher sur le chemin du retour. Je fronce les sourcils à ses explications, conscient d’effleurer un sujet nettement plus personnel et intime. « Tu n’as… Pas pu secourir un proche ? »

Je regardais Efrain lorsqu’il avouait enfin trouver Morgan beau et je souriais bêtement car je les imaginais déjà ensemble et être heureux ensemble. Je me laissais me perdre dans mes pensées quelques secondes avant de secouer la tête. « Son visage s’embellit lorsqu’il sourit. » Je ne faisais pas ce compliment dans le vent car je le pensais réellement, cet homme était lunaire et à chaque fois qu’il souriait je ne pouvais m’empêcher de le faire aussi. Juste à savoir qu’il était heureux ou tout simplement content je l’étais aussi… « Je sais qu’il ne veut que mon bonheur, tout comme moi avec lui, mais j’ai été égoïste en partant de Boston. Mais je te mentirai si je te disais que je ne regrette pas...c’était l’une des premières fois que je pensais qu’à moi et cela m’a fait du bien. » dis-je en parlant moins fort qu’avant car je n’assumais pas totalement ce que je venais de lui dire. J’avais toujours pensé aux autres et je me mettais toujours en retrait afin de les rendre heureux mais avec les attentats j’avais du me remettre en question. Voilà pourquoi j’avais décidé de partir à Alma.. « Tu me rassures et je te remercie. » Il ne me connaissait pas et pourtant il trouvait les mots pour me rassurer concernant mon meilleur ami et j’étais heureuse de l’entendre. Involontairement il me retirait un poids sur les épaules. « Je ne répondrai plus à ce sujet. » Le sujet des avions était clos car j’avais bien cerné qu’il allait prendre un malin plaisir à me torturer et je n’avais pas assez de force pour affronter ça. « Oui...» Je baissais les yeux vers le sol.. « Lors des attentats..» Je n’avais pas le courage de dire son prénom à voix haute mais il allait très rapidement comprendre de qui je parlais puisque Morgan lui en avait parlé.

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J’acquiesce vivement lorsqu’elle remarque que le visage de Morgan gagne en éclat lorsqu’il a le sourire aux lèvres. « Il n’en a pas besoin, mais c’est clairement le cas ! » Morgan, il est beau, sourire ou non. Putain, il faut vraiment que j’arrête de le complimenter, on va finir par croire que je le place sur un piédestal. La jeune femme a clairement eu raison de prendre du temps pour elle. Sans cela, j’ai bien du mal à croire qu’elle serait parvenue au même stade, à se remettre sur pied aussi rapidement pour aller de l’avant. Je ne peux donc que la soutenir là-dessus, c’est ce que j’ai fait lorsque Morgan a débarqué à la maison en plein milieu de la soirée, complètement perdu et désabusé. Au fond de lui, il savait déjà qu’elle avait pris la bonne décision, il avait juste besoin de quelqu’un pour le mettre sur la voie, pour le lui faire comprendre expressément. « Tu sais, parfois être égoïste ce n’est pas une mauvaise chose. Tu ne peux pas toujours te sacrifier pour faire passer les autres en premier. C’est une immense qualité de cœur, mais tu ne dois jamais le faire à ton détriment ! » Je suis mal placé pour dire cela, moi qui aurait plutôt tendance à prétendre que tout va bien pour être présent en permanence, quitte à empirer les choses lorsque j’ai des moments de doutes ou de mal-être. Vous savez ce que l’on dit : fais ce que je te dis, ne fais pas ce que je fais. J’acquiesce d’un hochement de tête lorsqu’elle me remercie. Un petit sourire diabolique apporte un peu d’éclat à mon visage lorsqu’elle bat en retraite plutôt que d’avoir droit à une exposition détaillée des accidents potentiels en avion. Mon sourire accompagné des craquellements du bois et des jeux d’ombres créés par le feu… Autant vous dire qu’il y a de quoi instaurer une ambiance pesante, presque effrayante. Les attentats, voilà donc la raison pour laquelle Céleste doute de son cursus, de la médecine. Le sujet est délicat, casse-gueule dirais-je même. « Le problème avec la médecine, c’est qu’elle a malheureusement ses limites. Tu peux être excellente dans ton domaine, posséder la technique, l’envie… Mais lorsque le corps décide de dire stop, tu ne peux malheureusement pas toujours le contredire. » C’est probablement l’aspect le plus difficile à affronter dans notre profession, les pertes… Chaque patient perdu sur la table te laisse une trace indélébile.