Elle me fait mourir de rire, son air perdu alors qu'elle remonte à la surface, les mèches de ses cheveux mouillés lui barrant le visage. Elle ressemble à Cousin Machin, ce monstre chevelu de la Famille Adams. Quand à moi je suis mort de rire, tellement que j'manque de m'étouffer avec les litres d'eau que j'avale malgré moi. Deux yeux boudeurs qui se plantent dans les miens et qui se font finalement rieurs. Deux gamins qui jouent dans l'eau. "C'est pas drôle j'ai du sable jusque dans mon maillot." -"Ciel ! ça j'veux pas savoir, un peu de pudeur !" Je fais des moulinets avec mes bras, prends un air de sainte nitouche choquée. Maintenant que je sais qu'elle est passée par le couvent, j'peux pas m'empêcher de caricaturer les grenouilles de bénitier, blasphème, blasphème. "C'est pas ton genre de rester tranquille deux minutes ?" Je laisse mon corps remonter à la surface, je fais la planche sur la mer, me laisse porter par les petites vagues. Tranquille, si tranquille. "Je sais pas, j'ai horreur de m'ennuyer, j'imagine." Combien de fois je l'ai entendu, le "grandis un peu Hearst" ? Oooh souvent. Mais moi je suis Peter Pan, toujours un gamin à bouger dans tous les sens. Enfin, un gamin qui fait des blagues de cul sans arrêt, drôle de gosse vous me direz. J'suis calme là, le corps allongé, porté par l'eau, aussi serein que la mer et on est pas sur un gros spot de surf avec ces minis vaguelettes. "Alors comme ça on s'est jamais croisés à Boston ?" Je souris, souffle. Je sors une pick-up line de tombeur, genre "comment j'ai jamais pu tomber sur ce beau sourire ?". Nope, pas ce coup-ci, je réserve ça pour les poufs qu'adorent se faire flatter. Elle est pas de celles-là. "Madame la nonne est une intellote d'Harvard..."

"T'en as tellement horreur que je suis obligée de me prendre du sable dans la gueule." Petit sourire en coin qui étire le bout de mes lèvres. Elle me fait rire quand elle ronchonne. Des éclaboussures sur la tête alors que je tente de prendre un bain de soleil, c'est mérité. Bam, je fais claquer mon pied sur l'eau, je crée un mini tsunami pour asperger la brunette. Tu m'embêtes, je t'embête toujours en retour, je suis inépuisable miss. "Je pense pas qu'on se serait croiser un jour si il n'y avait pas eu ce voyage ou alors beaucoup beaucoup plus tard. Je sais pas, je le sens. Tu crois que dans un autre contexte on aurait couché ensemble ?" Je pouffe de rire, j'ai un sorte de geste qui ressemblerait à un haussement d'épaules si on était sur la terre ferme. "Tu sais ce que je crois ? C'est que ça te tracasse vraiment cette histoire..." J'ai un petit regard amusé pour celle qui m'a fui le début de la semaine. La plage l'avait débridée. "Je sais pas, peut-être que dans une vie parallèle on serait même mariés avec des gosses et un labrador." Mais je t'arrête toute suite miss couvent, jamais dans cette vie là. Y a beaucoup de filles avec qui j'ai couché, beaucoup de filles avec qui j'ai vécu des petites amourettes sympas mais y a qu'une seule fille qui compte vraiment, spoiler Tess, t'as beau me faire rire, t'as beau être super mignonne, c'est pas toi. Je suis con avec ça, je sais que ça mènera jamais à rien, mais c'est comme ça, je suis maudit. "Tu sais il y a aussi des gens cons à Harvard, très cons même ! Pourquoi t'y es pas toi ?" Je pouffe de rire. Ouais, si les gens à Harvard sont cons, putain bah je suis le dernier des tocards. "Nope, j'ai mes meilleurs potes à Harvard mais moi je... je traîne dans le coin. Je gère un club et ouais, je vis ma vie..." Et les journées paraissent vite longues, ouais, une leçon de vie petite. J'ai jamais rien voulu branler de ma vie, j'me suis vite rendu compte que l'argent n'ouvrait pas toutes les portes alors j'me divertis comme je peux avec le flouze que j'ai dans les poches. "Mais c'est un secret, j'te fais confiance." Voix rieuse, ton léger de nouveau, l'air ténébreux ça me va pas. "Je suis infiltré au Spring Break, on fait croire que je fais un bachelor de... psycho ?" Ouais c'est bien ça, si on me pose des questions, je raconterai du gros bullshit, personne pigera que dalle et j'aurai l'air intelligent et diablement cultivé.

"Je sais pas trop quoi en penser, si c'est bien ou pas bien." Ouuuuuh, j'veux pas me mêler de ces questions de morale moi. Autant kiffer dans cette vie là et inchallah pour la suivante. Parce que c'est ça qui te fait peur Tess, le jugement de celui que t'as prié dans ton couvent ? "Si ça peut te rassurer, je me protège tou-jours." J'aime trop la vie pour avoir le sida, ou un gosse. Moment blabla alors que je me laisse porter, une bouée au milieu de la mer. "Tu gères un club ? Mais t'es pas un peu jeune ?" Sourire en coin je souffle. Je laisse mon bassin couler, de nouveau à la verticale, les orteils qui se plantent dans le sable, mes mains qui gesticulent dans l'eau. "Si, beaucoup trop jeune. Mais tu vois j'aimais pas les études..." Et j'avais l'argent de faire autre chose surtout. Parce que bon, gérer, gérer... Des gens gèrent pour moi t'inquiète. Je suis "investisseur", quel nom chic pour le métier le plus peinard de cette planète, des placements qui font prospérer mon fric sur les conseils de pros de la bourse. "Tu pourrais peut-être passer un jour, quand tu seras sur Boston." Un sourire charmeur qui s'étire au bord de mes lèvres, l'oeil brillant. En attendant, plan d'espion, se faire passer pour un étudiant d'Harvard en pleine décompression après le stress des examens. La blague. "Mais tu t'y connais un peu en psycho, juste au cas où tu te retrouves avec un prof de psycho un jour ?" J'éclate de rire en secouant la tête. Ouais non en effet faudrait pas. "Si je croise un prof de psycho, je suis un étudiant en maths et vice-versa." Quelques jours à Hawaii avec moi miss et tu seras initiée à l'art du mensonge. Art noble. Regard pour nos serviettes abandonnées, je fais un petit geste de la tête. "On va se sécher, avant que ce truc ne finisse sur ma tête ?" Je pointe avec un air dégoûté l'algue qu'elle tripote du bout des doigts.

"Ok, je viendrai faire un tour." Un petit sourire en coin. Espérons pour cette jeune demoiselle qu'elle ne croise pas Bleach à cette occasion, je connais une blonde qui pourrait la manger toute crûe. "Mais c'est pas un club de striptease, hein ?" Je hausse un sourcil en riant, laisse planer le doute. Viens et tu verras Tess, c'est le jeu. "Non t'inquiète, 100% jus d'orange et comptines pour enfants." Grand sourire qui se fige sur mon visage alors que je la regarde avec deux gros yeux joueurs. Je veux pas lui faire le topo sur tout ce qui circule sous les tables. "T'es moins bête que ce que t'en as l'air Zayn." Elle sourit puis baisse la tête, retriture cette pauvre algue qui ne lui a rien fait. Je souris, souffle. Merci pour le compliment miss même si je suis pas bien sûr que mon pauvre cerveau vale grand chose, je suis ni cultivé ni curieux et surtout j'ai déjà sniffé tout un tas de bousilleurs de neurones. "Ouais et les gros cons d'Harvard sont sûrement moins débiles qu'ils en ont l'air." Pour reprendre ses mots. Sourire cynique, deux yeux qui se baissent l'espace d'un instant. Je côtoie l'élite de la nation et moi je suis un raté avec des billets. Vlouch, attaque d'algue, truc visqueux qui arrive sur mon épaule. Elle rit, c'est mignon, ça me fait rire aussi. "T'inquiète c'est bon pour la peau !" Je la lance dans l'eau, la laisse couleur avec une grimace dégoûtée. "Si ce truc me donne le cancer je te maudis." Fais gaffe, je suis peut-être un sorcier vaudoo sous couverture. Je propose de retourner nous sécher mais on dirait bien que c'est la plus inventive des deux quand il s'agit de faire n'importe quoi, une première, normalement le roi de la conneries je vous assure que c'est moi. Mes jambes se plient, viou je me laisse couler sous l'eau, mes genoux touchent le sable. Extension, je pousse sur mes pieds, sors de l'eau en balançant la tête en arrière, j'voudrais faire voler mes cheveux comme les filles dans les clips sauf que ma chevelure fait 2 cm de long, sans mentionner le fait que le début de calvitie me guette, misère. Pas terrible cette remontée sexy. A son tour. La miss disparaît sous l'eau, moi je prépare ma prochaine bêtise, avale de la flotte, arrondis mes joues comme un hamster et au moment où la belle joue à Beyoncé, mes joues s'applatissent, un jet d'eau qui lui gicle sur la tronche. Sexy !

MDR. Vous devriez la voir à se prendre l'eau dans la frimousse avec son air de chaton égaré. Rah c'que je suis content d'avoir trouvé son transat, un bail que je m'étais pas autant amusé à embêter quelqu'un. "T'as un sérieux problème avec mon visage." Je hausse un sourcil, sourire en coin. Elle veut dire quoi cette petite remarque en apparence si innocente ? Who knows. "Mais j'ai quand même gagné !" -"Comment ça t'as gagné ? J'étais pas sexy peut-être ?" Je tire le bout de la langue en riant, ouais non clairement ma sortie de l'eau était pas très bandante. "Tu me portes jusqu'à ma serviette ?" Oh y a écrit preux chevalier sur mon front ? Ja-ma---- Elle sort le sourire niais, les cils qui battent frénétiquement, la tête penchée sur le côté. Je balance la tête en arrière, vieux râle. "Rooooh ok." Enfin par contre j'ai pas précisé comment je la portais jusu'à sa serviette, si elle rêvait d'un truc de conte de fées qu'elle retourne regarder Disney. Je la soulève poids plume et la fais passer sur mon dos, je la laisse s'accrocher à mon cou comme un petit singe, les jambes autour de ma taille. Mon nouveau sac à dos. Et je sors de l'eau à grands coups de jambes, splitch, splash, sploush, arrose un couple de vieux au passage. Je manque de glisser sur une algue, sens Tess qui resserre son étreinte alors que je perds l'équilibre et je me réceptionne en riant. Quelques gamineries plus tard c'est retour à la serviette où je la dépose avec la douceur d'un bûcheron. "Et voilà, merci quiiii ?" Merci Zayn, je t'arrête tout de suite si tu comptais sortir deux autres prénoms. Je m'allonge à mon tour, place mes mains derrière ma nuque, un peu essoufflé mine de rien par cette course hors de l'eau. Et puis je souffle, amusé : "J'te plais hein ?" Deux yeux malicieux qui se posent sur la brune que j'adore chahuter. Si tu dis non je te croirais pas.