Détourne les yeux, il n’y a rien à voir. Pas de drames familiaux, pas de violences conjugales, pas de tromperies sans scrupules. La haute société n’est pas faite que de requins, que de bourreaux, que de silences. Rien de ceci dans ce conte, sans pour autant tomber dans les histoires féériques, dans les contes qu’on murmure aux enfants avant d’aller se coucher. Gamin de la haute société Russe, gamin désiré, attendu. Premier de trois enfants, triplés le cœur au bord des lèvres. Maman crevée par la grossesse mais soulagée de tenir dans ses bras trois petits minois, papas désarçonnés devant une telle charge mais promettant d’y arriver. Ils feraient en sortes qu’ils grandissent, qu’ils s’épanouissent, lui comme eux, eux comme lui. Ressemblance physique à faire peur, Solel y a toujours été habitué en grandissant avec ces miroirs à ses côtés. Enfants puériles qui se jouent souvent des autres, qui échangent les identités pour éclater de rire par la suite. Des jeux d’enfants, de jumeaux, de triplés, ils ne s’en sont jamais véritablement lassés. La vie était belle, bien meublée. Grande villa à Moscou, grandes villas ici et là. Papa à fait fortune en possédant des entreprises diamantaires, maman est une riche héritière qui a su cultiver son argent en l’investissant dans la mode. Ils n’ont jamais manqué de rien, Solel non plus. Ils sont trois, mais pas un n’est délaissé, pas un n’est mit sur le côté. Parents souvent absents, mais toujours pour de bonnes raisons. L’argent ne tombe pas du ciel, c’est ce qu’ils répètent sans cessent. Les nourrissent sont là, mais les parents également. Ils privilégiés les vacances en famille, ils sont là pour les anniversaires, ils sont là pour panser les blessures, les premières dents qui poussent. Pourquoi en serait-il autrement ? La famille est sacrée, c’est les valeurs qui ont été instaurées. Oui, cette fratrie est soudée, à jamais loyale et c’est ce qui fait leur force.

Puis, les gosses grandissent, ils optent pour un caractère différent, parfois semblable. Chacun suit sa voix, son chemin. Solel devient le plus blagueur des trois, le plus manipulateur. Il ressemble à son père, les autres à maman, c’est comme ça, ils ont tous hérité de quelque part. Si ça fait de lui un cliché des séries dramatiques sur les gosses de riches à la Gossip Girl ? Pas du tout, du moins, pas pour certaines choses. Le luxe, il l’aime, il l’apprivoise, se complait dedans. Les voyages en bande, jamais sans ses jumeaux, les grandes fiestas, jamais sans ses frères, les conneries…souvent sans ses jumeaux par contre. Mais ce n’était pas le pire des trois. Rébellion à seize ans, crise d’adolescence, c’est beau, c’est normal, une mauvaise passe à passer. Mais Solel, il veut toucher la lune du bout des doigts, il veut exceller, il veut le monde à ses pieds. Du gamin au physique étrange prêt à plier en un coup de vent, il devient l’homme sur de lui à chaque année qui s’écoule, de plus en plus, de mieux en mieux. Evolution favorable, ou non, selon certaines personnes. L’avis des autres, il s’en moque, des amis il en a de tous les horizons. Pauvres ou riches, tant qu’ils sont semblables ça lui va. Puis, y’a cette sexualité aussi qu’il assume, qu’il a toujours assumé et que les siens ont accueilli avec le sourire. Encore une fois, rien de dramatique. Etudiant dans un lycée privé, Harvard était une voix toute tracée par papa et maman et lui aussi. Les Bjorn, ils sont tous passés par-là, aujourd’hui, c’est la nouvelle génération qui doit y songer. C’est donc sans surprises que les trois postulent, s’incrustes, entre dans ces murs pour y étudier des branches différentes. Ils ont beau être triplés, inutiles de tout partager.

Une intégration assez facile, en plus d’être très fortunés, Solel est plus que sociable, il n’a donc pas de mal à se faire de nouveaux amis, sans compter des personnes qu’il connaissait déjà d’autrefois. Etudiant basique, pas excellent, pas médiocre, il accumule les relations, ne se pose jamais. Pourquoi ? Bonne question. Pas pour briser des cœurs, mas peut-être parce qu’il n’a pas encore trouvé la bonne personne…ou parce qu’il n’a pas pu ouvrir les yeux le moment venu. Ce n’est pas un connard, les apparences sont souvent trompeuses. Je t’aime, un mot qu’il ne dit qu’aux siens, qui ne veut pas sortir pour quelqu’un d’autre. Aujourd’hui, Solel est toujours ici, étudiant, avançant, traçant sa propre route. Sauf que, aujourd’hui, ça fait deux mois que maman est morte suite à un accident de voiture. Il essaye de se reconstruire face à cette perte violente, mais clairement, les séquelles sont toujours là, son cœur continue à saigner…Deux mois qu’il picole un peu trop, qu’il joue des apparences. Il ne veut rien montrer de sa détresse, mais ça reste la perte la plus cruelle qu’il ait à subir.