Au fil des secondes, Basile s’éloigne. Et déjà t’as l’impression de le perdre, d’avoir dit quelque chose que t’aurais pas dû. C’est probablement le cas. Tu lui avoues que tu dois avoir peur, ce à quoi il te répond qu’il le sait, et que t’es pas la seule entre vous deux. Mais pourquoi, toi, Louve, est-ce que t’as peur de te lancer ? T’as jamais eu froid aux yeux, tu t’es toujours lancée dans la gueule du loup sans même te laisser un temps de réflexion. Et là, Basile en face de toi, tu doutes. Pas de vous, pas de lui. Mais de toi, animée par une peur qui t’est inconnue. Ses doigts caressent délicatement tes joues et tu soupires, tentant de te détendre du mieux que tu le peux. Ton regard s’abaisse, quittant le sien, et tu prends une grande inspiration pour plonger ton regard dans le sien une nouvelle fois. « Vraiment Basile ? Tu penses qu’on sera capables de parler et de pas agir avant de le faire, comme on l’a toujours fait ? » Parce que la parole entre vous est probablement trop légère et vous avez systématiquement agi sur des coups de tête. Ce qui ne vous a pas menés à grand-chose finalement, si ce n’est ça. Ce que vous êtes aujourd’hui, un plausible Vous en attente de ta réponse uniquement. « Bien sûr que je veux de toi… et tu le sais très bien. J’ai toujours voulu que toi. » avoues-tu finalement, pas trop fort, comme si tu redoutais que quelqu’un d’autre que lui puisse t’entendre. « Je ferai des efforts. Je veux pas te perdre encore une fois, je veux pas revivre sans toi. Ca me tue. » que tu murmures en appuyant un peu plus ta joue sur sa main. « Alors on peut. On peut se laisser une chance. »

A sa remarque, tu ne peux t’empêcher de rire. Les tasses ou autre chose, tu trouveras toujours quelque chose à balancer si l’envie t’en prend au cours d’une dispute. « Tu sais que j’ai de l’imagination, tu vas devoir ranger tout l’appartement à ce titre-là. » Au moins, ça aura eu le pouvoir de te détendre un tant soit peu, de décrisper ton visage l’espace d’un instant. Tu finis par ravaler ta fierté, celle qui t’empêche d’avouer ce que tu ressens au fond de toi ou du moins, une partie de ces dernières. Tu lui dis que tu veux de lui, que tu l’as toujours voulu, chose qu’il sait parfaitement sans même que t’aies eu besoin de le lui dire une seule fois, tu le sais pertinemment. Ca a toujours sauté aux yeux, quand bien même t’as pu tenter de le camoufler. T’avoues que tu veux pas le perdre une nouvelle fois, que l’avoir loin de toi te tue et que tu veux aussi vous laisser une chance. Une énième chance, plus sérieuse cette fois, plus codée, avec des barrières. Une relation entre lui et toi, sans personne entre, pas même à quelques centimètres sur le côté. Lorsqu’il effleure tes lèvres des siennes, tu lui voles un bref baiser alors qu’il reprend la parole. Tu le sens hésitant et, de ton regard, tu l’interroges. Ses paroles t’arrachent un sourire, te faisant même rire doucement. « J’en conclus que tu m’aimes ? » Tu le conclus parce que t’as compris et surtout parce que c’est la même chose de ton côté. Sauf que dire ces mots, tu pourrais le faire à n’importe qui sans le penser. Mais pas à Basile, pas en le pensant, pas maintenant en tout cas.

Des révélations, t’en as pas mal ce soir de la part de Basile. Déjà pour avoir fait le chemin depuis la Suisse aujourd’hui, tu serais conne de pas comprendre où il voulait en venir. T’avoir dit que c’est toi qu’il veut embrasser pour fêter la nouvelle année, te demander de vous laisser une chance, le sentir là, tout près de toi ; une explosion de sentiments enfin avoués après tant d’années. Et lorsque tu lui demandes si tu dois en conclure qu’il t’aime, tu t’attends pas à ça. Tu t’attends pas à ce qu’il te le dise réellement, pour la toute première fois. T’es pas habituée à ça, à ce Basile que t’as en face de toi à cet instant. Silencieusement, tu l’observes, tes pupilles se concentrant sur un œil puis sur l’autre. Il caresse tes joues et tu baisses tes yeux. Est-ce que t’es réellement capable de le lui dire toi, là, maintenant ? Quand il te dit que t’as le temps jusqu’à minuit, ça t’arrache un sourire amusé alors que tu l’observes à nouveau. Pour réponse, tu te contentes de capturer ses lèvres délicatement, lui offrant un doux baiser, plus doux qu’à votre habitude, plus significatif. Lorsque tu le romps, ta main glisse dans la sienne pour lier tes doigts aux siens. « On va se prendre à boire ? Je vais mourir de soif à ce rythme-là. » Tu fuis, t’es conne. Tu veux vous laisser une chance mais t’as peur de lui avouer tes sentiments comme lui a pu le faire. Ca viendra, sans doute.

Sans difficulté, tu remarques sa déception. Tu comprends que c’est pas ce qu’il attendait, tu le sais. Mais t’es pas prête, tu t’y attendais pas. Tu sais que tu l’aimes comme jamais t’as aimé quelqu’un, tu l’aimes comme une folle, tu serais prête à tout pour lui, à décrocher la lune, à mourir toi-même. Et pourtant, t’es bloquée, t’arrives pas à le lui dire ici. Comme si c’était pas le bon moment, pas le bon endroit. Tes doigts se lient aux siens et t’exerces une légère pression sur sa main alors qu’il t’amène un peu plus loin pour une première tournée de tequila. Il te dit que la première tournée est pour lui et, après avoir jeté un œil autour de vous, tu relâches sa main. « Quelle galanterie. » Un sourire s’étire sur tes lèvres et tu glisses tes bras autour de sa nuque, rapprochant ton visage du sien. « Je te veux Basile, juste pour moi. J’ai toujours rêvé d’un Nous. Alors le prends pas comme ça, s’il te plaît. » reprends-tu. Tu veux pas qu’il se braque, tu veux pas qu’il t’en veuille. Mais pour l’instant, t’arrives pas à sortir ces mots, comme si c’était trop risqué, comme si t’avais peur d’être blessée encore une fois. T’agis plutôt que de parler, en espérant qu’il soit capable de comprendre où tu veux en venir réellement.

« Sauf que ça, tu l’as déjà fait. Tu m’as déjà apprivoisée. » avoues-tu avant de quitter son regard et de retirer tes bras de son cou pour faire face au bar sur lequel sont disposés huit shots de tequila. « Un peu seulement ? J’espère que tu tiendras plus que quatre verres. » Tu t’amuses, un sourire au coin de tes lèvres. Sans même l’attendre, tes doigts viennent s’enrouler autour du premier verre que t’avales cul sec et que tu fais claquer sur le bar une fois vide. En attrapant le deuxième, tu jettes un coup d’œil en direction de ton nouvellement petit-ami. « T’es sûr de tenir debout après ça ? Je compte pas te laisser dormir une fois qu’on sera à la chambre, tu sais ? » lui demandes-tu en lui adressant un clin d’œil avant de boire ton deuxième verre. Faut dire que pour fêter la nouvelle année et, qui plus est, votre nouvelle chance, t’as déjà mille et une idées en tête.