Deuxième fois qu’il était dans cette cellule en très peu de temps, première fois qu’il avait l’impression d’y être coupable. Il sentait tout un truc lui tomber sur la gueule depuis ces quelques heures où ce connard de flic lui avait mit une raclée parce qu’il avait tapé sur une femme. Il avait désormais un beau coquard, et un hématome sur la mâchoire qui ferait sourire un combattant de boxe. Mais putain il avait foutu quoi en fait ? Il repensait à tous les évènements, il puait encore le whisky à plein nez mais il avait retrouvé une lucide impressionnante. Il se rappelait du corps de Camila sur la queue d’un mec, et d’elle gémir à cause de ses reins. Putain, mais… il vomissait de la bile sur le sol en béton de la cellule de dégrisement. Il sentait de l’acidité lui revenir dans la gorge et il prenait sur lui pour ne pas vomir une nouvelle fois parce que l’odeur était en train de lui donner des nausées par dessus celles qu’il avait déjà. Il avait chaud, froid, il était un peu perdu, il était épuisé et il voulait rentré chez lui. Il ne pouvait plus appeler Louison, c’était peine perdue. Il l’avait déjà emmerdé une fois. Ce n’était pas Louve et Ariel qui iraient le sauver non plus, alors tant pis. Il passait une main sur sa mâchoire en tentant de la faire craquer. Elle était peut-être déplacée, qui sait. Il avait la tête posé contre le mur en béton, une jambe remontée contre lui et il patientait comme un con qu’un miracle se produise. Mais le gardien des lieux ne voulait pas la laisser se reposer. « Son of a bitch. How dare you hit such a beautiful woman ?! » Il était énervé. Un regard presque pervers dans le regard. « You need to treat this kind of woman like she’s a slutty princess. » - « A queen. » - « What ? » - « I said a queen asshole. Camila is a queen. Not a stupid princess. » C’était elle qui le disait pas lui. Et merde… il ne la détestait pas. C’était ça qui le rongeait depuis ces derniers mois. Il ne l’avait jamais haï. Il était impossible pour lui de mettre les mots sur ce trop plein de… merde, mais il était sûr d’une chose : il ne voulait pas qu’elle lui échappe.

j’ai du mal à me remettre de mes émotions. j’ai l’impression d’avoir la tête en compote et ça, c’est probablement à cause de la patate que tu m’as collé en plein visage. j’ai l’impression d’avoir passé des heures avec les voisins, les flics et tous les regards curieux posés sur moi. s’assurer que j’allais bien, me poser des tas de questions et à tout ça, je n’avais fais que lancer des regards froids, dépourvus de sympathie envers ceux qui s’étaient mêlés de ce qui ne les regardaient absolument pas. victor. y avait que ce nom qui tournait en boucle dans ma tête et je me foutait bien de tout le reste à côté. c’était clairement le dernier de mes soucis. j’voulais rien entendre, rien savoir. « no. » what ? « he didn’t hit me. » c’était le plus gros mensonge que l’on puisse inventer compte tenu des marques, des hurlements et de la posture dans laquelle on avait été découvert une fois la porte défoncé mais si j’refusais de porter plainte, si j’disais rien, personne ne pourrait rien engager contre le français. et j’soutiens le regard du flic, rien à foutre. j’la vois la pitié dans son regard. des femmes battus y en a des tas mais ce qu’il ne comprends pas c’est que ça n’avait strictement rien à voir. et quand j’conçois enfin d’aller au commissariat, quand j’pousse les portes du bâtiment, ce n’est clairement pas pour revenir sur ma décision. « how much ? » j’tape du pieds, impatiente. j’veux savoir. j’ai mon chéquier en main et j’vais payer. j’me porte garante, j’m’en tape. mais y a toute la rédaction des papiers et pendant ce laps de temps, on me permet de le voir. j’sais même pas ce que je vais te dire au final. probablement rien. j’ai le visage encore endolori mais j’prends sur moi. j’prends place sur la chaise qu’on me désigne et j’attends qu’on t’emmène dans la pièce. et quand tu passes finalement la porte, j’ai l’impression que le temps s’arrête. j’souffle et quelque part, j’suis soulagée de te voir. « does it hurt ? » les marques sur ton visage ? j’me penche pour glisser mes doigts non loin avant de secouer la tête. « idiot. » voilà ce que t’es.

Il avait enfin réussi à fermer l’oeil. Deuxième fois qu’il s’endormait dans cette cellule. Il sentait le sang battre dans son visage. En fait, il ne dormait pas. Il réfléchissait. Quand le feu et la glace se rencontraient, il y avait toujours ce moment où le chaos régnait sur Terre. Aujourd’hui, c’était ce qu’il se passait. Camila l’avait toujours haï, c’était un fait. Elle faisait juste une bonne action en lui refilant du pognon. Mais en attendant, il avait vraiment envie de… aaargh. Putain, mais c’était fou ce que cette garce pouvait le rendre dingue, il en était épuisé de tout ça. « Multrier, your name is a pain in the ass for us, americans. » Il leva les yeux au ciel mais ça le faisait souffrir de bouger son œil alors il se contenta de le laisser parler. Il allait en avoir marre bien avant lui. Puis, il tapa un coup de bâton sur les barreaux ce qui résonnait dans la cage. Victor se mit les mains sur les oreilles. « Really ? Putain ! In France, we said you’re a « fils de pute ». Son of a whore. » Il s’approcha de la cage en tapant dessus avec sa main et ce dernier redonna un coup contre les barreaux qui fit reculer Victor. « Someone’s here. » Il ouvrit la cage en tirant d’un coup et Victor sortit en jetant un regard rageur envers l’officier de police. Il poussa la porte de la petite salle et quelle ne fut pas sa surprise quand il vit apparaître en face de lui une Camila à la lèvre ouverte, mais putain, comme si rien ne pouvait l’affecter, elle ne changeait pas. Il posa son cul sur la chaise en face d’elle, et voilà qu’une impression de déjà-vu le prit directement dans l’estomac. « Why are you here Cam ? » Sincèrement, après ce qu’il s’était passé, il avait pas la moindre foutue idée de sa présence en face de lui. Puis il comprit. Elle portait plainte, mais elle voulait le voir une dernière fois avant de l’enfoncer un peu plus. Alors Victor secoua la tête légèrement en soupirant. Il passa une main sur sa nuque. « I’m going to plaid guilty if that’s what you want. I can get out of your life like... » Il claqua des doigts avec sa main droite, celle qui portait encore sur elle les traces du visage de Camila. «...that. » Puis il s’appuya contre le dossier de cette chaise rouillée sur le point de s’effondrer sous le poids de Victor.

un putain d’idiot qui fait toujours tout de travers. et là, t’as juste dépassé les limites. t’es allé trop loin que ce soit dans tes mots ou tes paroles jusqu’à commettre la seule chose que tu n’aurais jamais dû faire. pourtant, j’suis là, en face de toi. j’viens d’aligner mon fric pour te sortir de la merde encore une fois. merde où tu t’es mis tout seul et où je suis techniquement la victime. quand j’dis que la stupidité est un truc récurrent chez moi c’est loin d’être un mensonge. j’suis probablement la plus grande conne de la planète à ce point-là. à ta question, j’hausse les épaules. je sais pas moi même ce que je fous ici. je sais pas pourquoi je paye pour te sortir d’ici, je sais pas pourquoi je m’inquiète des marques sur ton visage alors que t’es celui qui m’a fracassé en premier. j’contrôle rien avec toi et c’est tellement exaspérant. je te jure, ça me rends juste complètement folle d’être comme ça. « don’t be so dramatic. » j’aurais pu porter plainte, je l’ai pas fait. « it just take time but you go out today. » et là, j’suppose que j’ai pas besoin de te faire un dessin pour que tu comprennes que y aura pas de suite. « you didn’t hit me. you are not a violent person. at least, it’s what i said. » pieux mensonge que personne n’a avalé. mais sans ma parole pour témoigner contre toi, qu’est-ce qu’ils ont ? rien. rien que des allégations et des cris derrière une porte. c’est pas grand chose au final. c’est même rien. « he have some angry issues but i swear, he never put his hands on me. » je cite esquissant un sourire douloureux. j’ai la mâchoire qui me torture, l’impression que chaque expression me ramène à cette douleur lancinante. « but, between you and I, we know who’s the bastard here. » et j’oublie pas, t’en fais pas.

Elle manipule les mots comme elle pourrait manipuler le monde. Elle est forte, Camila. Et Victor décroche légèrement sa mâchoire, entrouvrant les lèvres pour justifier l’étonnement. Elle a payé sa caution, elle ne porte pas plainte. Il va pouvoir se barrer vite de ce trou à rat et retrouver l’air pollué de Boston. Il soupirait quand elle eut fini d’expliquer ce qu’elle avait dit à la police et même à ses voisins. Y avait rien, que du vice. Parce que Victor, il ne comprenait pas le comporter de sa meilleure ennemie, c’était un électron libre. Et Victor, il était tenu par les couilles par cette fille qui venait de le libérer. Il allait faire quoi maintenant ? La remercier ? Pas son genre. Faire comme si de rien n’était ? Une solution. Puis merde quoi, il n’y avait pas de quoi enterrer un corps non ? Combien de fois avait-il tabassé des mecs et il s’en était toujours sorti. « Fine. » Il n’arrivait pas à dire plus. De toute façon, rien n’avait d’intérêt à être dit, tout était clair comme de l’eau de roche. Victor se barrait, il allait pioncer chez lui retrouver Javotte et Anastasie, ses deux colocataires infernales, et Camila allait retourner chez elle dans l’opulence et la luxure. Rien de fou. « Can we go out now or i need to sign something ? » Toute la fatigue du monde lui tombait sur la gueule, et son regard endormi se posait sur Camila. Il avait donné une patate qu’il aurait pu réserver à la pire enflure de la terre et il l’avait refilé à la seule nana qui le tolérait. « Everyone pays for me, for I can go out of jail. You, Lou. That’s funny. » Puis il hausse les épaules. Il avait pas d’argent Victor, énormément de côté mais jamais il ne toucherait à ce fric. Il servirait toujours plus tard pour une bien plus grande cause.

j’oublie jamais. ce qui a pu se passer ne sortira jamais de mon esprit et sûrement que jusqu’à la fin je te le ferais bouffer. parce que t’es allé trop loin, parce que tu n’aurais jamais dû faire ça. et forcément, j’ai rien. pas un merci, pas un va t’faire foutre. juste rien. j’devrais même pas être étonnée venant de toi. ça t’écorches beaucoup trop de dire des trucs sympa. t’es juste un mec qui pompe tout ce qui peut mais qui s’fout bien du monde entier. j’suis pas une exception, j’reste juste débile du début à la fin. c’est sûrement le pire d’en être consciente de toute façon. « you have to sign some paper. » j’suppose qu’ils préviendront quand ce sera prêt de toute façon. j’en sais rien en fait. c’est pas mon monde ça. j’paye pas des cautions à tour de bras. j’ai jamais fini en taule, j’traine pas avec les gens qui y vont. ouais mais ça c’était avant. et quand tu reprends la parole, je tique. mes yeux qui remontent vers toi, mon air qui se renfrogne. lou. « who’s lou ? » ça sort, c’est sec. j’en ai jamais entendu parler. depuis quand y en a une autre qui paye pour toi ? c’est qui ? elle veut quoi ? « tell me who’s the fuck she is ! » j’ai la voix qui déraille un peu à cause de la colère et c’est ce moment que choisi un flic pour ouvrir la porte. he can go. j’me lève, les mains un peu tremblantes, te fixant toujours. alors vas y, dis. dis moi c’est qui cette fille-là parce que j’vais péter un câble dans le cas contraire. ma main accroche ton bras et j’me fous que ça parte en couille une nouvelle fois. j’attends une réponse et je la veux maintenant.

Il a mentionné Louison sans même se rendre compte de ce que ça pourrait produire. Pour lui, Camila s’en battrait les couilles. Mais la réaction de cette dernière vire à l’affront. C’est à ce moment-là que le flic explique que Victor peut partir, sans souci. Il aura juste à signer deux-trois papiers à l’accueil et il sera tranquille. Il se lève mais une main agressive lui tient le bras et il le tire en arrière pour lui faire lâcher prise. « Why do you care ? » Depuis quand ça l’intéressait ? Il allait à l’accueil, Camila sur ses talents, mais escorté par le policier qui lui avait mis une raclée un peu plus tôt. Il ne croyait pas du tout en la Wildingham alors il préférait la protéger du monstre qu’était Victor. Il récupérait le stylo noir que lui tendait la nana de l’accueil et il signa. « I don’t want to see you again, Multrier, that’s clear ? » Elle était gentille, cette bonne femme. Au moins, il avait un allié dans ce commissariat, c’était une bonne chose. Jeté dehors comme un malpropre, il passa une main dans ses cheveux histoire de les dompter une seconde. « Great, it’s frozen outside. » Il sentait sa peau se fissurer à cause des claques de froid qui le prenait. Puis il regardait Camila. Qui bouillonnait. Il soufflait et une buée blanche apparut en face de lui qu’il chassa d’un revers de la main. « It’s an ex. From France. You know the story, first love, first time, blablabla. She helped me some weeks ago. » Pas besoin de t’inquiéter. mais cette suite-là resterait caché dans le fond de sa gorge, comme à son habitude. Il récupérait son portable pour chercher un taxi ou un uber qui le récupérerait à cette heure-là.

pourquoi tu me réponds jamais ? pourquoi tu lâches des informations pour faire comme si de rien était. « i wanna know. » mais tu tires sur ton bras pour te libérer et j’ai pas la force de te retenir. alors j’bouillonne. j’suis en train de péter un câble intérieurement pendant que tu signes les papiers et que le flic servant d’escorte me lance des sourires pervers. nique ta mère toi aussi. et une fois dehors, j’attends. j’attends inlassablement que tu me donnes une foutu réponse. commence pas à me parler de la pluie et du beau temps sinon, j’te jure que c’est moi qui vais finir par te péter la mâchoire abruti. « oh. » j’serre les poings si fort que mes ongles viennent se planter dans ma main laissant des traces rougeâtres sur mes paumes. j’ai l’impression que je vais exploser d’une seconde à l’autre mais j’contiens. je contiens autant que je peux cette rage qui ne demande qu’à sortir. depuis quand t’as un premier amour quelque part ici ? depuis quand est-ce que tu la vois ? depuis quand elle te viens en aide ? j’suis la seule à faire ça. JE SUIS LA SEULE. « in fact, i don’t care. » j’ai juste envie de la faire disparaître de la surface de la terre. mais j’suis qui pour dire ça ? j’représente quoi d’autres que la débile qui vient payer ta caution alors que tu t’es servi de mon corps comme un réceptacle pour décharger ta colère ? « i don’t want to see you ever again. » me lâche pas s’il te plaît. mais j’tourne les talons. puis crève dans le froid aussi, ça m’fera rien à moi.

Elle lâche une onomatopée qu’il ne comprend pas. C’était incohérent, mais au moins, elle avait la décence de lui dire clairement qu’elle s’en foutait. Il fallait pas qu’elle s’en soucie, de toute façon. A quoi bon était-il mis à part foutre la merde dans la vie des gens ? Et puis de toute façon, Camila, elle avait assez morflé non ? Elle ne méritait pas tout ça, pas la crasse, les flics et les coups. Elle méritait les paillettes, les couronnes et le fric. Jamais il ne pourrait lui offrir tout ça. Puis elle ne veut plus jamais le voir. Alors elle tourne les talons dans ce froid monstrueux pour s’éloigner mais Victor, lui, il n’est pas d’accord. Si a contrario il voudrait qu’elle se barre loin de lui à cause de ces… trucs là qu’il pense et ressent, de l’autre côté, il est dépendant de Camila. Et ce n’était pas une question de fric. Alors il serra les poings et… il leva les yeux au ciel en revenant vers Camila. « Wait. » Il lui attrapa le poignet qu’il relâcha aussitôt. Il n’avait pas le droit de la toucher, ce n’était pas une règle qu’il s’était foutu dans la tête ? Alors il les laissa le long de son corps. Comme un besoin de cracher quelque chose. « She means nothing. Louison, she’s with someone else now, don’t know who he is, and truly ? j’m’en fous. I don’t care. » Il fallait qu’il se justifie. C’était plus fort que lui, il fallait qu’elle sache qu’elle était étrangement la seule à lui sauver la vie autant qu’à la bousiller complètement. Putain d’accro à la coke Camila Wildingham, nouveau spécimen sur le marché que seul Victor Multrier avait le droit de consommer.

je déteste être partagée entre tout ce que je ressent. je déteste ce genre de sensation et depuis que t’es rentré dans ma vie, pourtant, j’ai l’impression que tout devient de plus en plus difficile à gérer. alors ouais, j’préfère me tirer, m’éloigner de toi. et dans le fond, je sais pertinemment que si tu reviens pas ce sera moi qui le fera. j’vais te réclamer. t’envoyer des messager ou chercher à te provoquer encore une fois. dans tous les cas, je sais que je pourrais pas te laisser t’en aller même si je le voulais vraiment. et y a ta main qui accroche mon bras, ce soulagement qui vient libérer ma poitrine même si encore une fois, je hais ressentir ça. j’te fais face et j’croise les bras sur ma poitrine. est-ce que tu vas parler pour une fois ? semble-t-il. mais y a ce prénom qui sort de ta bouche et je reste bloquée dessus. j’reste figée sur ce simple prénom alors que t’as fini de parler depuis plusieurs secondes moment. « wa..wait. louison ? » j’ai la gorge qui se serre un peu, cette boule à l’estomac, cette envie de me laisser tomber sur le sol. « like louison chamberlain ? » j’ai l’impression que les mots ont du mal à sortir et quelque part, je te supplie silencieusement de me répondre non. dis moi non. dis moi que des louison il en existe des millions. dis moi que toutes les louison de france sont venus vivre ici et que c’est juste une coïncidence. dis moi que t’es pas lié à elle s’il te plaît parce que j’pourrais pas. j’pourrais pas supporter l’inverse. j’t’en supplie, m’dis pas que j’ai replongé pile à l’endroit où il ne fallait pas.