Caleb glisse les mains sur le volant pour rouler tranquillement, le trajet étant bien plus long qu’à la normal. Il était vrai qu’elle n’habitait pas à côté, mais avec les ralentissements, c’était relativement plus long. Il tentait de proposer des noms à Roxanne qui niait tout en bloc, décidé à appeler leur enfant Aretha. Il levait les yeux au ciel. « Je lui ai envoyé un message, elle est en train de préparer le repas. Ils seront tous présents apparemment. Même Mendel ! » Il hausse un peu la voix pour appuyer le nom de son petit frère qui le haïssait. Devait-il prévenir des tensions qui tournaient autour de la famille Edelstein et de la présence que Caleb imposait au sein de sa fratrie ou devait-elle le découvrir par elle-même ? « Ca va bien se passer... » C’était bien plus pour lui d’être rassuré que Roxanne, la situation étant vraiment délicate. Caleb pose la main sur le ventre de sa petite-amie pour le caresser légèrement. Sa fille… Elle était dans ce petit ventre, et il allait être un père. « Ils vont t’adorer. Et ils vont accepter. Ils n’auront pas le choix. » Et un peu au fond de sa voix, de la dureté se fit entendre. Quoiqu’il arrive, Caleb n’allait jamais laisser une seule personne s’immiscer dans sa vie de couple ou même rejeter Roxanne. Sa réaction allait être complètement inverse de ce qu’elle connaissait. Et c’était un visage qu’elle ne voulait pas voir, il en était certain. Alors il augmenta un peu la radio pour chantonner un morceau d’Imagine Dragons qui passait à la radio. « Tu es parfaite comme tu es, mon amour. » Et sa main se frôla contre sa joue pour redescendre vers la petite peau à peine tendue de son ventre. Il allait grossir, elle allait être encore plus belle. Déjà qu’elle frôlait le tableau du musée du Louvre, avec sa fille, elle ressemblerait à une statue de Rodin.

"Je lui ai envoyé un message, elle est en train de préparer le repas. Ils seront tous présents apparemment. Même Mendel !" Mémoire de poisson rouge mais j'me souvenais de Mendel. Fin, de son prénom. Un récalcitrant. Je me pince la lèvre, pas sereine. Je sais que sa famille est spéciale, comme la mienne en somme, peut-être que je serai pas si dépaysée que ça. "Ça va bien se passer..." Je hoche la tête. Ouais, ça va bien se passer. Mais je stresse, c'est monstrueux, je vais me faire un ulcère, faut pas, c'est mauvais pour le bébé. Il pose sa main sur mon ventre, tendre, paternel. "Ils vont t’adorer. Et ils vont accepter. Ils n’auront pas le choix." Je souris. Ma mère avait pas eu le choix, elle n'avait pas accepté non plus. Au pire c'est comme ça que ça finira. Nous deux contre nos familles, contre le monde. C'est terrifiant, mais ça me va. "Tu sais j'ai réfléchi et je me suis dit que peut-être qu'on pourrait vivre loin d'ici, faudrait trouver l'argent de trouver un appart, un endroit pas cher. Mais, j'sais pas. C'est ni ma mère, ni ma fac pourrie qui me retient et..." Je veux recommencer avec lui ailleurs, peut-être. Ça ne sera sûrement jamais rien d'autre qu'un rêve, l'aventure tous les deux. Je nous vois au pied de la Statue de la liberté, dans le désert du Névada, près des Grandes Rocheuses. Des endroits hors de prix. Mais, je sais pas. Je rêve. Je continue de me prendre la tête, les tatouages, le tee-shirt. J'aperçois ma tête dans le rétro. Mes cernes, mon teint de fumeuse, mes cheveux ternes. Ah, rien va. "Tu es parfaite comme tu es, mon amour." Sa main chaude contre ma joue me rassure. Partout où ses doigts passent, je me sens belle. "Que parce que t'es là." Et ça, il saura jamais à quel point.

Il réfléchissait pendant une seconde. Avait-il envie de partir ? Il n’était attaché à rien ici. Il pourrait laisser ses frères et sœurs se démerder, ils étaient assez grands pour assumer leur propre besoin, mais il n’était pas sûr d’être capable, lui, à la mémoire de son père et par soutien pour sa mère, de les laisser pour compte. Bien sûr qu’il souhaitait tout laisser tomber pour Roxanne et sa fille à venir, bien sûr qu’il aurait voulu partir à l’autre bout du monde. Des universités, il y en avait partout, mais avait-il le courage de quitter tout ce qu’il avait toujours connu ? « J’me fous du reste du monde. Tu voudrais partir où ? On peut toujours voir ça avant l’accouchement ? » Les yeux rivés sur la route, il se projetait tellement loin dans l’avenir qu’il n’arrivait plus à distinguer la réalité du fantasme. Ce qu’il vivait, ça sortait tout droit d’un vieux film de Noël un peu cliché, mais il ne savait pas encore, Caleb, que ses démons allaient le rattraper petit à petit, pourrissant chaque parcelle de son être, chaque veine, chaque artère en lui. Il ne savait pas encore que des petites cellules allaient se dégrader pour libérer la bête, un monstre tout droit sorti d’un film d’Hitchcock, et qui allait tout ravager sur son passage. « Tu sais que je t’aime, bébé ? » Et malgré ça, il était fou amoureux d’elle. Trop. Il était dingue, il aurait pu soulever des montagnes pour elle. C’était peut-être l’excitation qui parlait, mais ça avait le mérite d’être clair, il ne la laissera jamais tomber.

Je raconte sûrement des bêtises. Partir, pourquoi ? Je sais pas. J'veux découvrir le monde avec lui, j'ai toujours rêvé de voyager. Une drôle de lubie, j'sais pas, c'est peut-être les hormones de la grossesse. "J’me fous du reste du monde. Tu voudrais partir où ? On peut toujours voir ça avant l’accouchement ?" Je hausse les épaules, colle ma tête contre la vitre de la voiture, fixe la route. "Je sais pas, oublie, je nous imagine partout." Je me retourne vers lui avec un sourire. "C'est beau là-bas, en Israël ?" Edelstein. Je suis curieuse moi, jamais étais qu'en Angleterre où je suis née, aux Etats-Unis où j'ai grandi et j'ai à peine franchi la frontière mexicaine. L'aventure s'arrête là. Je voudrais qu'on découvre tout ensemble. Mais peut-être qu'en fait la plus grande des aventures nous attend ici, à la Nouvelle-Orléans, et qu'elle se cache sous mon nombril. "Tu sais que je t’aime, bébé ?" Je hoche la tête en souriant, passe ma main sur sa joue, son visage concentré sur la route. Oui, je sais. Et tu sais que je t'aime. Pour toujours. Je mettrais ma main à couper que je mourrai avec lui. [...] On roule, on roule. Je suis exténuée, je m'endors un peu. Mon petit nez en trompette qui ronfle légèrement, la bouche entrouverte. Quand je roupille, j'ai l'air d'une môme. Et finalement, au bout d'une bonne heure de route, Caleb coupe le contact. On y est.

Il était ensuite Roxanne à descendre de la voiture quand la bâtisse immense de la famille Edelstein, merci au père d’avoir su créer un environnement familiale pour tout briser dans l’œuf en décédant subitement d’une maladie à la con. Ca faisait longtemps que Caleb n’était pas venu, et il sentait déjà ses veines gonfler sous le coup de la colère. Trop de souvenir, ici, trop de moments douloureux. Il glissa sa main dans les doigts de Roxanne pour qu’elle le suive, et ils marchèrent le long du chemin en terre qui menait à la porte d’entrée. Il donna plusieurs coups sur la porte blanche et marron, mais personne ne répondit. Oh, et puis, merde, c’était chez lui à la base non ? Il abaissa la poignée et entra, sa petite femme à ses côtés. « Il y a quelqu’un ?! » et il vit la tête d’Anouk apparaitre du côté de la cuisine. Il lâcha la main de Roxanne pour aller enlacer sa sœur. « Oh que t’es belle ma puce, mon dieu ! » Il se recula légèrement pour la regarder et voir à quel point sa sœur était magnifique. Il passait une main dans ses boucles et il se retourna vers Rox. « Anouk, j’te présente Roxanne, ma petite amie. » Et il fit un immense sourire, hyper fier de présenter celle qui partageait désormais sa vie. Pour l’instant, le ventre de Roxanne ne se voyait pas trop. Il comptait en parler pendant le repas. « Ils sont où, les mioches ? » - « En haut, ils arrivent dans une minute. » Ce n’était pas des gamins, mais ce n’était pas non plus des adultes. Heureusement qu’Anouk était là pour veiller sur eux. Puis Caleb fronça les sourcils en regardant autour de lui, vérifiant le sol, cherchant à voir si tout était nickel. Un maniaque. « Ca a beaucoup changé, ici. »

Sa main se glisse dans la mienne et me tire le long du petit chemin qui mène à la porte d'entrée. Je me sens écrasée par cette maison familiale, un toit qui me ratatine. On toque, personne. Caleb pousse la porte, je suis sur ses talons. "Il y a quelqu’un ?!" Je regarde autour de moi, je couve tous des yeux, je veux m'imprégner de chaque recoin de cette maison. Une silhouette se détache dans le cadre d'une porte. "Oh que t’es belle ma puce, mon dieu !" Il laisse un grand froid contre ma paume alors que sa main se dégage pour aller enlacer sa soeur. Elle doit être Anouk, celle dont il m'a le plus parlé. Il se détache finalement de sa soeur pour se tourner vers moi, je me recroqueville près de la porte, toute penaude. Je fais un petit geste timide de la main, pas très sûre de moi. "Anouk, j’te présente Roxanne, ma petite amie." -"Enchantée." Je murmure en esquissant un petit sourire. Elle est belle, sa soeur. Ils transpirent tous ce même charisme, cette force. Les "mioches" donc étaient en haut. Anouk m'invite à me débarasser de mon manteau, de mes chaussures. Mes chaussettes contre le parquet, je me sens déjà plus comme à la maison. "Ca a beaucoup changé, ici." Je le vois qui scrute chaque recoin, sur le qui vive. Je sais qu'il y a tout un tas de trucs qu'il me dit pas, au sujet de sa famille. Des relations fortes mais terriblement conflictuelles de ce que j'en ai déduit. J'ai reglissé mes doigts dans ceux de Caleb, je veux surtout pas m'éloigner de lui, collée contre son bras. "Tu leur as parlé de... ?" Ma main libre glisse rapidement sur mon ventre, je lui lance un regard penaud.

Caleb secoue la tête à la question de Roxanne. Il voulait le faire comme une grande annonce à table, avec tout le monde, et offrir un effet de surprise qui allait être hyper intéressant. Il entortillait ses gros doigts autour de ceux de Roxanne et il était heureux de la voir dans cet univers-là, celui de son enfance. Il souriait en se dirigeant vers la cuisine, où il y avait déjà Jacob. Il vint embrasser le dessus de la tête de son frère. « Jake, j’te présente, Rox, ma chérie. » Et lui, le dernier de la fratrie, il était poli, il était gentil et un peu plus calme que les autres, alors il se leva pour prendre Roxanne dans ses bras en se présentant. Voilà comment il voulait que ça se passe… Ca allait être une autre histoire avec les jumeaux Mendel et Yaëlle. Ils descendirent tous deux de leur perchoir, des chambres, quoi pour venir directement s’asseoir sur les chaises. Yaëlle, à la limite, venait taper dans la main de Caleb, quand Mendel, lui, ne daignait même pas jeter un regard envers son frère ou sa petite amie. Con de gamin. Caleb donnait une tape sur l’épaule, un peu fort peut-être à son frère. « La politesse, Mendel. Debout. » - « Fais pas chier Cal, j’ai… » - « J’ai dit debout. » Et la plus grande froideur du monde sortait de la bouche du plus grand, Caleb. Mendel se leva pour saluer Roxanne, en lui tendant la main, sec. « Bonjour, Mendel. » - « Bonjour Caleb et… » - « Roxanne. » - «…Roxanne. » Anouk les invitèrent tous à s’installer à table et Caleb prit la main de Roxanne pour venir l’installer à côté de lui quand il était en bout de table, comme le chef de famille. Vu qu’il l’était. Sa mère devait être en cure de repos histoire de panser ses peines. « Merci Anouk pour ce repas, ça a l’air super bon. » - « Merci Anouk ! » ajouta Jacob. « Mendel ? Yaëlle ? » Caleb tournait la tête vers eux. « Ouais ouais… merci… » dirent-ils en même temps. Il leva les yeux au ciel et se tourna vers Roxanne. « Tu fais comme chez toi, bébé. Si tu veux un truc, tu te sers. » Et il attendrait sûrement le bon moment du repas, quand les estomacs seraient bien remplis, pour annoncer la grande nouvelle. Anouk demanda à Roxanne quand est-ce qu’ils s’étaient rencontrés, et Roxanne se mit à lui répondre, mais Caleb lui coupa la parole d’un ton sec. « Mendel ! Pas de téléphone. Range ça. » Et il se mit à râler mais s’exécuta. Il n’avait pas perdu de son autorité, c’était déjà ça.

Jacob, Anouk. Je suis bien reçue jusqu'à présent, une invitée à qui l'on veut faire plaisir. Je souris, me sens progressivement plus à l'aise, commence à discuter avec Anouk. Des politesses, rien de fou mais je suis contente d'être ici. Et les deux diables, les jumeaux, débarquent. Caleb qu'envoie une tape sur l'épaule de son frère. Violente, la tape. Fin, il ne lui déboîte pas l'épaule mais je sais pas, son ton est agressif, je sursaute. Mendel s'approche de moi, chafouin. Je lui serre la main, penaude. Les présentations sont glaciales. Elle est palpable, la tension entre les deux frères. On se met à table, je colle aux talons de Caleb, assise juste à côté de lui. En bout de table. Moi qui aurait préféré me ratatiner dans un coin, me fondre au mieu de cette famille de forts caractères. Je remercie Anouk pour le repas, déplie ma serviette, l'étends sur mes cuisses. Je suis frappée par le ton de Caleb pour son frère et sa soeur. Dur et autoritaire. Faut dire qu'ils font sales mômes. Je fais abstraction, de toute façon, je suis trop amoureuse pour vraiment y faire gaffe. A ses manières bourrines. "Tu fais comme chez toi, bébé. Si tu veux un truc, tu te sers." Je hoche la tête avec un sourire et prends une bouchée du gigot qui trône dans mon assiette. Mmmh. "Caleb, le cachotier, ne nous a jamais dit comment vous vous étiez rencontrés." me lance Anouk, un regard complice pour son frère. Je ris. "Oh rien d'extraordinaire, en sortant un soir." Je rougis à vue d'oeil. Je veux pas forcément décrire devant toute sa famille le tourbillon d'émotions qui nous avait balayé cette nuit, dans ce bar. Cette évidence qui nous avait percutés. Je lance un regard amoureux vers mon homme. "C'est vrai qu'il peut être secr..." -"Mendel ! Pas de téléphone. Range ça." Son ton sec me coupe net. Je hausse un sourcil, timidement alors que le frère revêche s'exécute. Bah dis donc, c'est qu'il avait l'autorité incontestée. Je toussote, penaude, et me concentre de nouveau sur mon assiette. Toute la table irradie de la tension entre Caleb et Mendel. Les assiettes se vident plus ou moins dans le silence, je n'ose pas vraiment parler. Anouk se lève pour débarasser et apporter le dessert, aidée par Jacob. Je me lève, profite de l'occasion pour m'eclipser de ce séjour électrique. "Je vais t'aider." Un sourire léger aux lèvres, j'apporte les assiettes sales jusqu'à l'évier, sur les pas de Jacob. Je suis de retour dans la salle à manger, la première chose que je vois, c'est le regard noir charbon que me lance le jumeau. Help.

De savoir que Mendel était très irrespectueux et en suivait pas les règles de la maison en son absence le rendait dingue. Caleb prenait sur lui pour ne pas jouer les pères autoritaires mais c’était raté, il n’y avait que de la colère envers Yaëlle qui soutenait Mendel avec férocité. Malgré tout, Caleb discutait avec Jacob des études qu’il menait et il était de savoir qu’il était plutôt bonne élève même s’il galérait pas mal. Tant qu’il essayait, c’était le principal. Alors, tout doucement, le repas se finit dans une froideur extrême. Jacob se lève discrètement pour commencer à débarasser et Roxanne le suit au pas. Evidemment, c’était Jacob le prince charmant de la famille. Alors Caleb profitait de ce pas d’accalmie pour se levait et rejoindre Mendel qui s’était levé de table sans aider qui que ce soit. « Tu te prends qui, merdeux, pour te lever sans aider ton frère à débarasser ? On est vendredi, c’est l’heure des garçons. Va l’aider. » - « Va chier Caleb, t’es plus là, c’est moi le plus vieux maintenant. » - « Ici, c’est Anouk qui commande. Elle gère tout et tout le monde. Sans elle, tu serais à la rue et tu n’aurais pas de plats dans ton assiette, lève toi ! » Il commençait à hausser le ton. « Y a ta meuf qui s’en occupe, pas besoin. » Et Caleb voit rouge. Il s’approche de lui en lui attrapant le col et colla son front contre lui. « Si Papa était vivant, il te foutrait une raclée monumentale ! Tu lui manques de respect sous mon toit encore une fois, j’te défonce la gueule, est-ce que c’est clair ? » - « Limpide. » Le regard de Mendel pour son frère était si perçant, que s’il avait eu des lasers, il les aurait lancé. C’est à ce moment là que Roxanne revient, et les yeux du petit frère la transperce de toute part. « Yaëlle, tu peux te lever de table. Toi aussi Jacob si tu veux. Votre frère Mendel a décidé de n’en faire qu’à sa tête. » Il regardait Anouk. « Pas d’argent de poche ce mois-ci. » Elle hochait la tête. C’était lui, le patriarche, à défaut d’être un bon frère. « Par contre, j’ai un truc à vous annoncer. Vous pouvez rester une seconde ? » Et étrangement, tout le monde fut curieux. Alors Caleb tendit sa main vers Roxanne. « Je sais que c’est soudain, j’vous présente Roxanne, vous ne la connaissez pas. » Ils restent presque pendu à ses lèvres, cherchant à comprendre ce qu’il veut dire. « Vous allez tous être tontons et tatas dans quelques mois. » Et il fit un immense sourire, attendant avec impatience les réactions de sa fratrie.

Je les vois. Les veines dans le cou de Caleb qui pulsent alors qu'il lâche le col de Mendel, qu'il fait un pas en arrière alors que j'entre de nouveau dans le séjour. "j’te défonce la gueule, est-ce que c’est clair ?" Jes les ai entendu ces mots dans le couloir. Une décharge dans le bas du cou. Et le regard de son frère qui me transperce, qui me dit que je suis pas la bienvenue. Je déglutis, esquisse un drôle de sourire et je reste plantée là, dans le cadre de la porte. J'ai l'impression d'avancer en terrain miné. Je voudrais me réfugier près de Caleb mais y a ce truc qui émane de lui, une rage que je ne lui connais pas. "Par contre, j’ai un truc à vous annoncer. Vous pouvez rester une seconde ?" Je voulais leur dire, je voulais leur dire au moment où on a passé le pas de la porte. Et pourtant j'ai l'impression que c'est le pire moment du monde. Il me tend sa patte d'ours, j'y glisse mes petits doigts froids et me rapproche de lui. Fais face à sa famille, j'me sens minuscule. "Vous allez tous être tontons et tatas dans quelques mois." Je lève mes yeux vers lui, à la fois pour fuir le regard de ses frères et soeurs et parce qu'il est magnifique quand il sourit. Ses canines qui scintillent se reflètent dans mes yeux qui brillent. Je le regarde et je me dis que j'ai la force d'affronter les titans Edelstein, je trouve la force en lui. Je passe ma main sur mon ventre, personne n'a encore pipé mot. "C'est une petite fille." Je souffle penaude. Et je souris. Je cherche le regard d'Anouk, ses yeux qui ressemblent à ceux d'une soeur.