« Putain, mais vous m’faites chier, bande de bâtards ! » Le majeur en l’air envers le commissaire de police, Victor crache dans sa cellule pour exprimer son mécontentement. Il tape un gros coup de poing contre le mur en pierre. Etait-ce sa faute si ce gars avait décidé de se garer trop près de sa voiture et qu’il avait été impossible pour lui de rentrer dans sa caisse ? Quand l’homme d’affaire était sorti pour retourner à son véhicule, il avait retrouvé sa vitre en morceaux par la barre de fer que Victor gardait dans son coffre, il avait pris de la boue dans un petit coin d’herbe juste à côté pour écrire un gros son of a bitch sur le pare-brise du gars et il avait grimpé dans sa caisse par la fenêtre. Il s’était fait repérer les caméras de surveillance qui tournait autour du parking du magasin, et le voilà envoyé dans un trou de merde, dans une cellule qui puait la pisse et qui était hyper froide. Il se rappelait qu’il avait mis en numéro de personne de confiance celui de Louison, parce qu’il savait qu’elle était en droit et qu’elle serait utile. « Appelez ma femme, vous verrez putain ! » Loin d’être le cas, mais c’était un bon subterfuge pour son droit à un coup de fil. Louison, il ne l'avait pas revu depuis des mois. Au final, le flic ne l’avait pas laissé passer l’appel lui-même mais il avait quand même contacté la jeune Chamberlain. Victor s’assit sur un banc de pierre et posait ses bras sur ses genoux, le visage baissé. Il s’était encore foutu dans un sale merdier, et il n’avait pas la moindre envie de régler le genre de problème qu’il avait. De toute façon, si ce gars ne l’avait pas bloqué, il n’en serait pas là à l’heure actuelle, donc concrètement, ce n’était en rien sa faute. Il avait juste trouvé une manière originale d’atteindre son véhicule, et même, il avait réussi à le faire sans cogner l’autre con. Il pouvait être applaudi pour cette action de grâce. Un être de lumière, ce Victor.

Le dernier jour de la semaine. Le dernier. Le vendredi, c’est sacré pour moi, c’est comme le chabbat pour les juifs. Je n’ai cours que le matin et l’après-midi, c’est relaxation ultime. Les doigts de pieds en éventail, affalée sur mon canapé, je change de chaîne sans trouver le programme qui me fera arrêter d’appuyer sur la zapette. Au bout de quelques minutes, lassée de cette activité, je finis par laisser les actualités tourner en boucle et je m’arme de mon portable, mon accessoire favori. Après un petit message à mon copain, je me connecte sous les différents réseaux sociaux auxquels je suis inscrite. Mes doigts glissent sur l’écran et parcourent plusieurs profils. Je suis curieuse, ne me jugez pas. Je me tiens juste au courant, rien de plus. Ouais ok, je fouille un peu beaucoup. Je poste une photo de moi et je lis les commentaires qui tombent assez rapidement. Relâchant ensuite cet objet technologique, je décide de m’octroyer une douche et de m’atteler à l’épilation. Quoi ? C’est pas parce que mon petit copain est en période de deuil et qu’il ne me touche plus que je dois devenir Chewbacca. Ma routine beauté quasiment finie, mon téléphone se met soudainement à vibrer sur la table basse. Putain, j’étais en pleine pose de vernis, celui qui ose me déranger, je vais lui faire la peau. Mh, ce numéro, il me dit quelque chose. Le commissariat ç Mon coeur cavale dans ma poitrine. Je décroche précipitamment et la suite est complètement abracadabrante. Mon époux est en prison et il souhaite que je vienne le libérer ? Euh, je n’ai aucun mari que je sache. Victor Multrier ? Bordel, dans quel pétrin tu t’es foutu. Après quelques bégaiements, je décide alors de mentir. Je me fais passer pour ta femme, mais aussi pour ton avocate. Je rejoins le poste de police en quelques minutes et après un peu de paperasse à remplir, je me retrouve dans une pièce ne contenant que deux chaises et une table en inox, le tout soudé au sol. Nerveuse, je bats désormais la mesure de mon pied jusqu’à ce que la porte s’ouvre et que tu pénètres à l’intérieur de la salle. Le flic défait tes menottes, nous rappelle qu’aucun contact est autorisé et puis nous voilà, tous les deux, enfermés, probablement espionnés par la petite caméra accrochée à l’angle d’un mur. « Hey, salut. » Je me relève, mais c’est complètement inutile, la bise est interdite, tout geste est interdit en fait. « On s’est marié où déjà ? Victor .. Tu files du mauvais coton » Il est où l’élève modèle pour qui j’ai révolutionné toute ma vie il y a quelques années ?

L’ambiance est vraiment pourrie, l’odeur nauséabonde, et Victor se rend compte qu’il n’a pas mangé depuis trois jours. Evidemment, sa mère file tout son pognon à la scientologie, et lui, personne ne l’embauche. Il se retrouve à devoir faire les poubelles parce qu’il ne veut pas toucher au fric de son père, il en est hors de question. Question fierté de Multrier. Qu’ils crèvent tous, Victor s’en bat les couilles. Finalement, il s’assoupit un instant, le visage posé contre le mur et une jambe relevée contre lui. Puis un homme arrive vers lui en tapant contre les barreaux de la cellule et il sursaute comme un enfant. « Putain je dormais ! » - « Suis-moi, le morveux. » Il n’a pas le choix Victor, et il se dirige vers une porte un peu plus au fond. Le flic lui tient le bras un peu plus fort, tout en ouvrant le porte, il le jette presque dans la pièce. « Va te faire enculer, c’est clair ?! » qu’il hurle au policier. Puis il tourne la tête et il voit une Louison bien trop apprêtée, une nana qu’il a aimée autrefois. Peut-être des restants de ces émotions sont là, quelque part, mais pour l’instant, elles sont très bien cachées. « Salut chérie. » Et il fait un petit sourire mesquin en levant les sourcils. Il fallait bien jouer le jeu pour les caméras qui les entouraient, non ? Il s’assit après qu’on lui a enlevé les menottes et il se penche légèrement en arrière, les jambes écartées. « Tu m’donnes des leçons, Lou ? » Il se gratte légèrement le menton et passe une main sur son ventre. Putain, ouais, il a une dalle monstrueuse, c’est effrayant en fait. Il se penche maintenant sur la table, en arrière et il passe sa langue entre ses lèvres. « Sors-moi de là, j’ai faim. » Puis en plus, il doit rejoindre sa mère qui a un meeting organisé par le gourou de sa secte à la con, il devait, d’une façon ou d’une autre, y aller lui aussi. Histoire de surveiller que sa mère ne tombe pas dans le panneau d’un mec qui veut juste pomper son fric plus qu’il ne le fait déjà.

La porte blindée s’ouvre et t’apparais. Jésus-Christ est parmi nous. Cheveux longs, mal coupés et sales. Une mine de dégoût revêt mon visage d’ange. Je me relève par politesse, mais je ne tente aucune approche. Une odeur âcre se propage dans la pièce, mon petit nez se retrousse et plonge sur mes poignets qui sentent le Nina Ricci. Chérie ? Oh bordel, qu’est-ce que je donnerais pas pour pouvoir te foutre un coup de boule. Ton air auto-suffisant m’horripile. Les menottes retirées, tu prends place, dans une posture peu élégante et au-delà du machisme. Le gardien nous laisse un moment d’intimité, un moment censé nous permettre d’ériger notre défense et notre tactique pour te sortir de là. « Non, je t’ai encore donné aucune leçon, mais ça ne devrait pas tarder "Vic’" » Et je mets des guillemets sur ton surnom. Depuis quand tu te permets tant de familiarité ? On est plus que des étrangers désormais, la preuve, j’ignorais que tu passais de longues vacances en prison moi. Je t’ai connu beaucoup plus propre et soigné que ça. Je t’ai connu avec plus d’ambitions que ça .. Il est passé où le vrai Victor Multrier ? « J’en ai strictement rien à foutre que t’aies faim, j’ai peut-être pas envie de libérer un fou furieux pour qu’il recommence dès qu’il soit sorti. » M’approchant de la table nous séparant, j’écrase ma poitrine contre cette dernière, constatant avec colère que je n’ai qu’une main sur deux portant du vernis pourpre. « Qu’est-ce qu’on te reproche ? T’es déjà passé devant le juge ? Ton avocat a pu décrocher une caution pour ta liberté ? » Ou c’est moi qui dois aller plaider en ta faveur ? Et là, je me dis pourquoi ? Pourquoi j’ai décroché et pris cet appel ! Pourquoi j’ai pu être amoureuse de ce type et pourquoi on me le remet dans mon chemin .. « Tu me fais chier Victor. » Petit soupir d'exaspération. Je m'éloigne et couche mon dos sur le dossier de la chaise.

Victor croise les bras, exaspéré. Elle ne voulait pas l’aider ? Il avait qu’elle en tête pour le sauver de ce merdier à la con, et il serrait les dents aussi fortes qu’il pue. Il regardait la table, puis Louison, puis la table à nouveau. Elle avait grandi. Non, évolué. C’était un autre propos, mais qui voulait dire qu’elle avait pris en maturité. Il avait manqué tant de choses que ça dans sa vie pour qu’elle soit méconnaissable à ses yeux ? La petite fille habillée en mec lui manquait subitement. Finalement, elle se moque de lui en crachant sur le surnom qu’elle lui donnait, puis elle l’envoya chier pour son estomac vide qui criait famine. C’était barbare, ce qu’elle faisait là. Pas vraiment intéressant, mais suffisamment pour qu’il sente son estomac s’alourdir par les propos qu’elle tenait. Comme s’il était un inconnu qu’elle questionne pour un dossier en cours. Merde, c’est moi, Victor ! Mais elle ne l’entendrait pas s’il n’ouvrait pas la bouche pour le lui dire. « Oh ça va, c’est juste une vitre pétée quoi, faut pas en faire un drame. » Il était dédaigneux. Haineux, surtout. Il relevait légèrement la tête pour plonger son regard dans celui de Louison et de la noirceur sortait de ses prunelles. Il n’arrivait pas à se détendre, impossible, il était ankylosé à force de rester gainé. Mais quelque part, au fin fond de son crâne, il n’y avait qu’elle qui pourrait le sauver. « Non, ça va. Le gars porte pas plainte… » Parce qu’il a reçu de jolies menaces. Mais il fallait taire cette information sinon, c’était Louison qui pourrait se retrouver dans la merde, et ça, Victor le voulait pas. Elle avait la gueule d’une nana heureuse, et il avait pas envie de lui enlever ça, malgré tout. « Juste, sors-moi de là. Et invite moi à bouffer, ma mère a déjà lapidé tout notre fric. » Parce qu’à chaque paie, il arrivait à se mettre peut-être deux cent euros de côté avant que sa mère passe par son compte pour lui vider entièrement. Puis il se rappelait d’un truc : Louison n’était pas au courant pour sa mère. Mais à quoi bon lui cacher ? « Ah ouais. Ma mère est entrée dans la scientologie. » Il haussait les épaules, en omettant de lui dire qu’il avait déjà commencé les préparatifs pour y entrer aussi. Surveiller sa mère depuis l’intérieur, c’était le principal. « La caution, elle est de 5000€. » Et sur son compte était écrit -258$. Il fit craquer ses doigts en frottant ses poignets.

J’ai d’autres chats à fouetter coco. Depuis que tu m’as lâchement abandonné, sans un mot, sans rien, t’es plus rien pour la Chamberlain. Regarde-toi un peu, tu ressembles plus à rien. La déchéance. Aucune gêne. Ma présence semble être normale, comme si j’étais faite pour voler à ton secours. Détrompe-toi, c’est la première et dernière fois. « Une vitre pétée ? T’as un trouble psychologique dont je devrais être au courant ? Une incapacité à gérer ta colère ? Ça pourrait plaider en ta faveur ça » J’ricane, parce que ça pourrait être le cas. Qui explose une fenêtre parce qu’il peut pas entrer dans sa propre bagnole ? Mec, faut aller te faire soigner, prendre des calmants ou baiser plus. « Ah .. T’as de la chance » Pas de plainte, ça m’arrange. Je vais pas devoir défendre le cas d’un fou furieux devant le juge. Je respire un coup et croise mes jambes sous la table. Mon esprit est ailleurs, chez moi, avec Pluton. Toute la semaine, je traîne dans ce type d’établissements, j’en ai ma claque. « Je trouve que tu vas bien ici moi .. Tu te fonds bien dans le décor, grosse merde » Je m’en fous de l’état de ton estomac, de ce que ta mère fabrique avec votre pognon, je peux pas te faire sortir en claquant des doigts ou en taillant une pipe à un gardien, ça ne marche pas comme ça. Enfin, peut-être que la fellation pourrait tout de même fonctionner .. Mh non, hors de question. Attendez, j’ai bien entendu, ta mère est entrée dans la scientologie ? M.D.R. « Omg c’est vrai ? Elle a rencontré Tom ? » La discussion devient tout à coup beaucoup plus passionnante. Je quitte le dossier inconfortable, je me rapproche de toi, quitte à croiser ton haleine fétide. Dis moi en plus, lâche pas un truc pareil sans m’expliquer le pourquoi du comment. Outch, cette caution. « 5000$ .. Tu les as ? Je dois les sortir ? Je trouve ça exorbitant, je pense que tu te fous de ma gueule Multrier » Degré de perplexité maximum atteint. Je te scrute, cherchant à déceler un rictus de mythomanie aigüe. « Qu’est-ce qu’il t’est arrivé depuis que tu m’as quitté ? C’est elle ? Ta mère ? T’es entré dans son délire là ? »

Il soupirait. Depuis quand était-elle devenue une petite conne pleine de sarcasme comme ça ? Il voyait une facette d’elle qu’il n’avait jamais vu et ça lui plaisait pas du tout à Victor. Elle était en face de lui, en train de s’amuser à s’foutre de sa gueule. Fallait qu’il s’excuse aussi d’avoir une vie de merde comparé à madame Chamberlain ? Il serrait les dents, et les poings surtout. Il avait pas besoin de ça, il avait juste besoin d’éviter à sa mère de faire à nouveau une connerie. Il regardait l’heure. Il lui restait deux heures avant le meeting. S’il pouvait jouer les fils malade, ou déprimé, elle annulerait peut-être pour lui. Il était nerveux, fébrile. Il avait besoin d’une dose, quelque chose pour le faire redescendre un peu. Ou au contraire, le faire grimper en haut des buildings. « C’est pas ma première arrestation. C’est pour ça que c’est élevé. » Il avait pas envie de lui déballer toute sa vie, ces dernières années avaient été un calvaire, et il n’avait pas eu envie de la mêler à tout ça. C’est pour ça qu’il avait fui comme un con. Elle était une poupée de porcelaine, et Victor, lui, c’était un marteau prêt à l’éclater sur la tête. « C’est génial que ma vie merveilleuse t’amuse Louison. Si t’as pas le fric qu’il faut pour me sortir de là, j’trouve une autre solution. » Elle faisait des réflexions amusantes sur la possibilité de rencontrer la célébrité la plus connue de toute la scientologie, et il rit jaune un instant. « Ouais, c’est mon père spirituel maintenant. » Il fit un faux sourire, celui de l’hypocrite qui n’a pas envie d’être un sujet de moquerie, un phénomène de foire. Et là, face à Louison, il avait cette impression d’être l’homme à deux têtes.

Qu’est-ce que tu regardes ? Machinalement, je me retourne et suis tes prunelles qui fixent l’horloge fixée au mur derrière moi. T’es si pressé que ça de sortir ? Tu comptais t’échapper à la Prison Break si je n’étais pas venue ? C’est comme si t’avais une mission qui t’attendait à l’extérieur, mais que t’étais coincé ici et que j’étais ta seule solution pour t’extraire de ton petit cachot. Alors ouais, j’en profite un petit peu, parce que tu t’es fait super discret depuis que tu as atterri ici. T’es resté en périphérie de ma vie tout le long de ces mois, alors qu’il y a eu maintes occasions pour qu’on se retrouve. Je suis en colère. Je te déteste toujours autant, j'ai pas digéré notre fin inexpliquée. « Aaaah. Donc tu t’es transformé en petit bandit. Ton père est au courant ? Il fait rien pour arrêter son fiston ? » Il tient les rênes d’un grand groupe de médias, tes frasques Outre-Atlantique pourraient forcément ternir son image. Une fois de plus, je ne comprends pas. Comment tout a pu évolué aussi mal ? Peu à peu, tu livres quelques détails de ta vie, notamment par rapport à la ‘religion’ de ta mère, sa nouvelle lubie. Ma curiosité est piquée. Aucune réponse. Je parle dans le vide. Tu ne m’offres aucune miette à me foutre sous la dent, y a que toi et cette envie de sortir. « Elle ne m’amuse pas, elle m’intéresse. Ok, elle m’amuse un peu, c’est super space. Je pourrais l’avoir ton fric, mais tu me le rembourseras ou tu vas m’entuber ? » Ce serait pas la première fois que tu me ken. La dernière entourloupe, c’était il y a quoi, 5 ans ? Ta fuite là. « Eh ben, écoute, c’est pas plus mal que Jésus ou Dieu. Tom est plus sexy » Je hausse mes épaules et m’extirpe de ma chaise, broyeuse de fessier. « Si je te libère, tu me dois des explications, tu te barres pas dès que tu mets un pied dehors ! Pigé ? » Les mains sur la table, comme un inspecteur de police menaçant son suspect, je te fixe de mon regard le plus noir, attendant des garanties avant de courir à la banque.

Heureusement ou malheureusement, mais son père n’était plus dans le tableau familial depuis quelques temps, justement, à cause de ces conneries et emmerdes. Il secouait légèrement la tête, pour répondre à Louison, sans pour autant répondre pleinement à ses questions concernant le pater de Victor. Bien entendu qu’il recevait du fric… de sa belle-mère. Et c’était de l’argent de pitié, et il en voulait pas, il préférait le placer, ou le donner à des associations, ils en feraient meilleurs usages que lui. Victor aurait été capable de le dilapider juste pour de l’héro ou de la coco. Rien de bien méchant, mais fallait pas laisser de l’argent à un camé. Il n’était pas comme ça, avant. Avant les Etats-Unis. Avant, il était un peu triste, mais il touchait pas à toutes ces merdes. Et au final, c’était la seule chose qui le faisait tenir. « Ouais. Non, rien de bien fou du côté de papa Multrier. » Il se sentait tellement jugé que ça lui devenait difficile pour lui de balancer des informations. Alors il se mit à bouger la jambe frénétiquement, par stress, manque ou impatience, il n’en savait rien. Il se frottait légèrement la nuque, enlevant un filet de transpiration qui passait dans son dos. Il avait chaud putain, c’était infernal. « Je te les rendrais, si y a que ça qui t’intéresse. » Tant pis, il casserait son épargne, il ferait quelque chose, elle n’avait pas l’air, malgré tout, d’être contente de le voir. En même temps, qui le serait ? Il soupirait, sans comprendre un sens à tout ça. Au final, le seul sens qui avait de l’importance, c’était juste que c’était un animal en cage, et que là, Louison, c’était le visiteur du zoo. Puis elle s’amuse, elle en rit, elle en joue, elle le juge. Tant pis, c’était la seule solution qu’il avait. Il regardait à nouveau l’heure. Plus qu’une heure trente avant le début du meeting. Sa seule solution, c’était donner à Louison ce qu’elle voulait. « Ok, ok ça va ! Aide-moi à sortir et j’te dirais tout c’que tu veux ! »

« J’ai toujours apprécié ton père, c'est un chouette type » Il a beau brasser des millions ou des milliards, que sais-je, j’ai toujours eu un faible pour ton géniteur. Tant de classe et de générosité lorsque je venais chez toi. Oh ouais .. Qu’est-ce que j’adorais venir me réfugier dans ta piaule lorsque ça gueulait à la maison. Bref, je te vois bien trépigner d’impatience. Tu gesticules sur place et plus tu bouges, plus ton odeur de sueur se propage dans la pièce. Arrête putain, tu m’asphyxies voyou. Le temps semble être ton ennemi. Ma présence elle, elle t’exaspère. Ok, j’avoue, je ne suis pas la plus aimable, mais tu le mérites. Vengeance sauce aigre-douce tu vois. « C’est pas qu'il n'y a que qui ça m’intéresse Victor, c’est que j’en ai besoin pour vivre, je roule pas sur l’or, je dois payer un loyer et d’autres frais. » Mon compte en banque va drôlement s’alléger avec ta putain de caution. Un beau trou dans le porte-monnaie. Mais .. Si j’explique que je t’ai sauvé à mes parents d’un mauvais traquenard, peut-être que je serais aussitôt remboursée. Ouais, je tenterais de leur expliquer, ils t’ont toujours aimé, la preuve, Pluton a passé un sale quart d’heure récemment. Il n’y en avait que pour toi au dîner entre mes géniteurs et mon couple. T’as toujours été ‘the god’ pour eux, le grand sauveur de leur petite calamité blonde. « Parfait, je vais faire un tour à la banque et je repasse, sois patient ducon » Les yeux qui roulent dans mes orbites, je m’avance vers la porte et la tabasse de mes poings pour qu’on me délivre de cette boîte. Dix secondes et le gardien ouvre enfin. « À toute à l’heure Multrier, n’aggrave pas ton cas ! » Les talons tournés, je me rue en direction de la banque la plus proche. Le magot rassemblé après quelques paperasses à remplir, je reviens avec mes liasses au poste de police et le tour est joué. Caution payée, tu es sur le point de regagner ta liberté. En attendant que l’on sorte ton sale cul, je grille ma clope devant les portes du commissariat, assise sur un muret, guettant ton arrivée avec attention. Hors de question que tu m’échappes. T'as promis de me dire tout ce que je veux ok !