C’est con comme les choses peuvent changer, tardivement évoluer. A présent, je m’en rends compte, bien que les choses soient davantage compliquées dans ma petite tête. Mes amis parlent, je les écoute à peine, perdu dans mes propres pensées, mais également face à ce corps que j’ai souvent observé. Un ancien ami, peut-être davantage, peut-être pas. Je n’en sais rien, mais Leo, ce n’est pas n’importe qui. Avant que cette merde commence, c’était un de ces amis avec qui les choses allaient bien. Pas de prises de tête, que du poussage à bout, sans limites. J’adorais faire les quatre cents coups avec lui, le pousser dans ses retranchements. Puis, y’a ce jeu qui s’est instauré, un jeu que je n’ai jamais avec les mecs. Non, seules les femmes ont toujours attiré mon regard, mes sourires provocateurs, mes sous-entendus. Puis, j’ai commencé à changer, à devenir plus curieux sur des courbes masculines et ce, depuis que j’ai rencontré Grayson. J’étais bourré, mais j’ai répondu à ses avances avant de me barrer en courant. Depuis, les choses ne tournent plus rond, je me prends la tête, je suis devenu exécrable avec cet ami…C’est plus facile pour moi que de voir les choses en faces, ouai, c’est plus facile que continuer comme si de rien était. Alors, comme toujours, je l’évite soigneusement. « Malaki ? » Je sursaute alors que ma sœur jumelle tente d’attirer mon attention, ayant sûrement remarqué mon regard déviant bien trop souvent sur Leo. Putain, j’ai beau tenter d’être discret, je n’y parviens franchement pas. Entre Thomas qui remarque des choses, maintenant elle qui me surprend en train de regarder le jeune homme… « ça va, j’ai juste besoin d’aller fumer. » Je fini ma bière d’une traite, reposant le verre vide avec brutalité. Je suis de mauvaise humeur, encore une fois, mais qu’importe. Je m’éloigne vers l’entrée du bar en face de l’université, j’évite de croiser son regard, rajustant ma veste. Une fois dehors, je m’allume cette foutue clope qui finira par me tuer…si ce n’est pas elle, ça sera certainement autre chose. Ouai, mais aujourd’hui, je n’ai pas encore un cancer, sûrement avec les années, très certainement. La fumée s’échappe de mes lèvres alors que je laisse le vent froid piquer mon visage, me rappeler que nous entrons dans le mois de Décembre. Foutue soirée ! Pourquoi je suis venu ici moi ? J’aurais certainement dû rester dans mon lit !

@Leo Romanov

Je ne sais pas pourquoi, mais je sentais qu’en sortant fumer une clope, j’allais avoir droit à une petite visite. En-même temps, Léo ne sait pas, ne comprend pas le changement qui s’opère en moi et, sérieusement, je préfèrerais qu’il ignore. Pourquoi faire ? ça ne servirait à rien, puis, je ne sais même pas si je veux que ça se sache. Aimer les hommes, ce n’est pas vraiment une chose à laquelle je m’attendais, pas aussi tardivement. D’accord, j’ai toujours eu un petit quelque chose pour eux, mais à ce point…Aujourd’hui, je les désirs, j’en arrive quelques fois à fantasmer sur eux. Et ça me fait grave flipper. Poussant un long soupire, je prends une taf de ma clope, entendant des bruits de pas venir vers moi. Rapidement, je reconnais mon ami et me crispe, serrant les dents à ses paroles. « Non, la preuve, j’suis là ! » Dis-je simplement, sans pour autant le regardant, cachant clairement cette frustration qui monte en moi. J’ai l’impression de vouloir retrouver notre amitié, tout en souhaitant m’éloigner pour qu’il ne remarque pas le désir qui grimpe furtivement en moi. « T’es de sortie ? » Rien de bien agréable…ma voix est froide, sans vie, cassante. Mais c’est un masque que je m’impose, ça semble évident.

@Leo Romanov