Tu t'baladais sur ton vélo, ou plutôt tu roulais si vite qu'on avait du mal à te suivre. Et puis si tu roulais si vite que les passants ne pouvaient t'apercevoir, c'était un signe de rentabilité. Plus de courses, plus de dollars, le calcul était vite fait. C'était ça d'être livreur, plus vite arrivé, plus le tips sera élevé. Dernière course pour la journée, trop fatigué, t'avais envie d'te poser. C'soir tu bossais pas au bar, t'avais rien de prévu si ce n'est l'envie de fumer des joints. Alors t'avais envoyé un message à Yann plus tôt dans la journée, t'avais proposé une petite sortie au parc. Vous saviez tous les deux ce que ça signifiait, et ce, même si dehors c'était pas l'été. Casquette et capuche relevées, bières à la main, tu t'ramenais à ce banc un peu reculé. C'était là où vous aviez l'habitude de vous retrouver, comme deux cons, comme deux vieux. Tu montais ce banc, Yann n'étant pas encore arrivé. Tu décidais d'te rouler un joint, après tout, c'était le secret d'un bon trio gagnant.

Rendez-vous au parc ce soir, c’était ce que disait le texto de Niels et tu savais ce que ça signifiait. Tu frottes tes mains pleines de cambouis contre ton bleu de travail et sors de sous la voiture sur laquelle t’étais entrain de taffer. Cinq minutes c’est le temps qu’il te faut pour te changer et bonne petite heure pour retourner à Boston avec les transports en commun. La capuche sur la tête, t’arrives au parc et rejoint rapidement le banc où vous aviez l’habitude de vous rencontrer. J’vois que t’as pensé à tout. t’annonces-tu en désignant les bouteilles de bière et le joint qu’il roulait entre ses doigts. Une brève accolade et tu grimpes sur le dossier du banc. La journée a été bonne ? dis-tu en voyant le vélo de ton pote contre un arbre.