Les mains dans les poches, un bonnet enfoncé sur la tête, tu arpentes les rues de la ville non sans scruter les vitrines des petites boutiques à la recherche de n’importe quelle offre d’emploi. Même vendeur dans un magasin de fringues pour minettes t’irais, tant que ça paye. Tu tournes à droite, continue tout droit et puis tu remarque que la porte du garage est ouverte. Ce vielle endroit où t’avais bossé quelques jours avant que la proprio sexy en diable décampe sans crier gare. Un coup d’œil à l’intérieur et tu la vois penchée dans le moteur d’une bagnole. Enfin tu vois en premier son cul moulé dans cette affreuse salopette en jean. On est de retour à c’que j’vois ? Tu rentres, tu fais comme chez toi, et t’appuie contre le cadre de la voiture, attrapant une clé que tu fais tourner entre tes mains. Tu t’es pas sorti ton rouquin d’la tête alors t’es revenu pour tenter ta chance ? Un haussement de sourcil et un sourire sur le coin des lèvres.

 
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back in town
( @yann henderson)

Les trois quarts de ton temps, dans ce garage, enfermée entre tes quatre murs, les mains dans l’huile noire, les ongles sales de cambouis. Tu passes tes journées dans le cœur de ces voitures, trifouiller leurs âmes, mettre de l’ordre comme tu ne pourras jamais le faire dans tout le sens de ta vie. Celle qui tourne, dans le vide, le vent, tu brasses de l’air, ça tu sais l’faire. Tu ne sais pas quoi faire, de tes journées, tes soirées, entre les cours, entre l’ennuis, cette déprime bien accrochée à ton pied, boulet. T’accuses le coup, d’ton départ, ton retour, case initiale. Penchée, capot ouvert, à l’intérieur de la bête. Bruit de métal, tu n’entends pas ces pas s’approcher de toi. On est de retour à c’que j’vois ? Tu relèves la tête, t’appuies de tes avant-bras contre la caisse. [i] Tu t’es pas sorti ton rouquin d’la tête alors t’es revenu pour tenter ta chance ? Henderson, le volage, le sans-limites. Ton double masculin. Son cul contre la carrosserie de ta voiture, bâchée, bien protégée et cette clé, tourne, bien trop proche, bien trop près de ton bébé si sacré. Tu vas devenir folle. Tu t’approches de lui, sourire sur tes lèvres, attrapes rapidement cet outil de métal entre ses doigts. Le rouquin est quasi marié père de famille. Rire noir. J’étais pas partie définitivement t’façons. Tu jettes la clé dans la caisse, bruit fracassant. Maintenant j’bois un peu trop de bière, seule, dans mon tas de merde, cool, hein ? L’ironie.

La clé qui disparait d’entre tes doigts, alors t’attrapes un autre outil. Ca t’occupe les mains, ça fait chier Levi, le combo parfait. Le rouquin est quasi marié père de famille. J’étais pas partie définitivement t’façons. Tu pouffes et hausses les épaules en lançant l’outil en l’air avant d’le rattraper avec adresse. Il s’est passé les menottes tout seul ton gars. Con pour lui. Mais t’allais pas l’plaindre, chacun sa merde. Et puis tu ne le connaissais pas, alors raison de plus pour t’en foutre royalement. Maintenant j’bois un peu trop de bière, seule, dans mon tas de merde, cool, hein ? Tu regardes les mains de la blonde s’agiter dans le capot de la voiture. Seule, hein ? J’pourrais te filer un coup de main, comme l’autre fois. Tu m’payes – bien – et tu boiras plus tes bières seule. T’attrapes l’outil dont elle a besoin avant même qu’elle ne sorte les mains du capot et le lui tend. Gagnant gagnant. Tes yeux qui percutent les siens. Ose refuser, blondasse.

 
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back in town
( @yann henderson)

Il s’est passé les menottes tout seul ton gars. Con pour lui. T’aurais aimé tomber dans le néant, cette prison, éternelle, charnelle, une famille, l’amour, toi, lui, vous deux (sans oublier la tête blonde d’un mètre de haut). T’aurais jamais supporté, cette vie, enfermée, privée de ta liberté de vivre, cette vie borderline. Tu ne sais pas, ce que tu veux, ce qu’il te faut. Dans le doute, le dénis, perpétuel. Tu ne te cases pas, toi, tu ne te ranges pas dans une case comme ça. Tu voyages entre ses murs de verres, dans l’ombre de toi-même, incasable. Il continue de jouer de son bout de métal, connard. Son habitude, te chercher, te trouver, mais tu veux l’faire mariner. J’pourrais te filer un coup de main, comme l’autre fois. Tu m’payes – bien – et tu boiras plus tes bières seule. Tes yeux glissés vers l’outil qu’il te tend, comme vulgaire signature fictive d’un contrat merdique. Ce rire, sournois entre tes lèvres, ta main qui dégage lâchement une mèche de cheveux de ton visage, noirci de cambouis. Ho, Yann la petite pute. Ses services sont bien chers payés pour ce que c’est. Gagnant gagnant. Ce sont ses prunelles, un défis, elles taquinent les tiennes. Veulent te faire tomber. Il ne sait pas qui tu es, provocatrice née. Non. Je ne partage pas mes bières et mon canapé avec un type qui ne se rend même pas compte que son cul est posé sur le capot d’une des plus belles voitures de l’histoire. Ignorant.

Ho, Yann la petite pute. Tu lèves les yeux au ciel mais ne relève pas. T’avais besoin d’argent et Levi savait que tu te démerdais pas mal question mécano, elle t’avais déjà eu à l’œuvre avant qu’elle ne quitte le continent pour rejoindre le pays du chocolat. Non. Je ne partage pas mes bières et mon canapé avec un type qui ne se rend même pas compte que son cul est posé sur le capot d’une des plus belles voitures de l’histoire. T’arques un sourcil avant de pouffer de rire en posant tes mains de part et d’autre de toi, sur le montant de la voiture. Redescend, j’veux pas d’tes bières ni d’ton canap. Tu voulais juste bosser, rien d’autre. Mais ok, alors amuses-toi bien toute seule Abernathy. Tu relèves ton cul de la bagnole et t’approches un peu trop de la blonde, posant une main sur sa hanche. Mes amitiés à ton rouquin. Un sourire de con sur tes lèvres et tu t’casses non sans prendre une clé de douze que tu fous dans la poche arrière de ton jean. Tu sais où m'trouver si tu changes d'avis. dis-tu en levant la main et quitter le garage.