Aujourd'hui, l'emploi du temps de Constance se trouvait littéralement chamboulé. A cause de l'absence d'un prof (ou plutôt grâce à, n'allons pas nous voiler la face), la française avait deux heures de libre. Si au départ elle avait pensé les passer à la bibliothèque de l'université, le froid environnant lui avait donné l'idée de s'orienter vers un café non loin du campus, ce qui lui laisserait largement le temps de se réchauffer.
Ses talons martèlent le sol pavé d'Harvard alors que la française quitte finalement le campus. Elle range son téléphone dans son sac, alors qu'elle vient de recevoir un message de son père "faut qu'on parle"; ça ne sent pas bon du tout cette affaire... Elle lève les yeux au ciel; elle aura largement le temps de lui répondre ce soir. Elle s'engouffre dans quelques rues, slalome pour éviter des gens, connaissant par coeur le chemin. Au bout de presque sept ans, ce n'est pas la première fois qu'elle vient ici, et certainement pas la dernière.
Constance aime ce café qui change des grosses chaines qui sont proposées à travers la ville. L'ambiance y est plus calme et plus agréable, limite plus familiale. Son coeur se serre, son frère lui manque... Henri... Elle aimerait tant qu'il vienne sur Harvard. Mais il semblerait qu'il soit encore trop obéissant envers leur père. La blonde relève la tête et pousse la porte de sa destination. Automatiquement, une agréable chaleur l'envahit. Elle enlève son écharpe et déboutonne son manteau, laissant alors apparaître la robe bleue marine qu'elle porte en ce jour. Viennent alors les effluves des pâtisseries en tout genre et un doux parfum de cannelle chatouille ses narines. Elle ferme les yeux quelques secondes pour apprécier le moment. Quelle connerie parfois, on en vient à être si pressé qu'on ne prend plus le temps d'apprécier les choses simples.

La princesse s'ajoute à la queue qui n'est pas si importante et reporte son attention sur le tableau noir qui marque les nouveautés de la semaine. Elle sourie lorsqu'elle voit que le cake à la pomme et au caramel beurre salé qu'elle affectionne tant est de retour. Son attention est soudain détournée lorsqu'elle entend la personne juste devant elle passer commande. De dos, elle peut facilement juger qu'il s'agit d'un homme. Mais le plus perturbant, c'est qu'elle reconnait cette voix; cette voix comportant ce léger italien qu'elle a si souvent entendu. Il n'y a aucun doute possible sur l'identité de la personne, Constance tient bien trop à lui pour l'oublier si facilement, lui qui a été si présent pour elle...

- Cesare ?, se risque-t-elle sans pour autant le toucher.

Elle sait qu'il a beaucoup voyagé ces derniers temps. Elle avait de brèves nouvelles, quand il pouvait en envoyer. Quelque part, elle l'envie un peu.
Et elle espère, elle espère qu'elle ne se soit pas trompée et qu'il s'agisse bien de son ami. Peu à peu les souvenirs remontent et il est clair qu'il lui a manqué, terriblement manqué. Ses mains se resserrent sur son écharpe qu'elle tient, légèrement nerveuse. Elle a l'impression de ne pas l'avoir vu depuis une éternité.