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{ thunderclouds }
crédit/ tumblr ✰ w/@pluton westerberg aka le bg de stockholm

L’heure tourne. Nous sommes quatre entassés dans une pièce qui pue le vieux tabac. Quatre étudiants en droit disséminés un peu partout dans le bureau d’un grand avocat de Boston. J’sais que c’est un privilège de travailler pour lui, mais il abuse. J’suis pas payée pour les heures supplémentaires. Et sa dernière affaire est un vrai casse-tête. Par terre, les dossiers éparpillés autour de moi, j’mâchouille la gomme de mon crayon, sans parvenir à trouver la clé. La raison ? Pluton. Pluton et le cas Antonio. En parlant du loup, mon téléphone sonne. Damn it, je dois aller chercher à l’aéroport. Ses textos, ça sent le roussi. Putain, j’suis à la bourre. Tant pis, j’quitte mes collègues qui se feront une joie de tout rapporter au chef. Mon trench dans une main, mon sac à main dans l’autre, je dévale les escaliers du building et j’rejoins ma voiture au parking. Les pneus crissent sur l’asphalte. Je rage au beau milieu de la circulation et enfin, voilà l’aéroport qui se dresse devant moi. Pas le temps pour le créneau, de toute manière, j’sais pas faire. Je gare ma Chevrolet à cheval sur un trottoir et je cours. Je cours comme si ma vie en dépendait, parce que c’est le cas. Pluton, il devient toute ma vie. Alors je bouscule tout le monde sur mon passage, adulte, enfant, vieux. Pas de différence. « Restaurant asiatique, gros bonnet à pompon, restaurant asiatique, près des portes.. » Yes, droit devant. Encore quelques petites foulées et je percute violemment la table à laquelle tu dînes. Tout vibre. Tes baguettes roulent et ton verre d’eau déborde sur ta serviette « Je suis là, je suis là, je suis désolée. Il y avait plein de monde sur la route, des cons qui m’ont hurlé dessus pour un clignotant. Je.. J’en peux plus, excuse moi » Je suis essoufflée. Mes talons me font un mal de chien. Mon chignon tire sur mon cuir chevelu. Mon cerveau est cramoisi. « Tu as fini ? J’peux boire un coup avant de partir ? J'meurs de soif »

pluson ★ thunderclouds — w/ Louison Chamberlain
@ aéroport de Boston, novembre 2018
En vrai, j'aimais pas ça. Je sais que c'est égoïste et qu'elle avait mieux à faire que venir me chercher mais à la base, c'était son idée et.. je m'étais complu à l'idée que j'étais sa priorité. Mais son stage, son fichu stage... il l'avait accaparée. Elle n'était pas là. J'avais attendu trente minutes avant de lui envoyer un message pour apprendre qu'elle y était encore. Ok, pétage de câble. Visiblement, elle s'était rapidement libérée vu qu'elle était dans les bouchons vingt minutes après. N'empêche que moi, je me faisais royalement chier et j'avais décidé d'aller bouffer des nems. Ouais, rien de bien consistant, juste de quoi m'occuper, me sustenter le temps qu'elle arrive. Et puis j'aurais très bien pu prendre un taxi et rentrer à l'appartement. Mais je crois que j'avais trop peur de tomber sur son père. Peut-être qu'il n'était pas là, peut-être qu'il était déjà reparti en France. Mais je voulais pas prendre le risque. Donc ouais, j'étais encore dans l'aéroport, mon cousin barré et une copine - ou presque, j'en sais trop rien - qui n'était pas là. Bonnet sur la tête, oreillettes dans les oreilles, je tentais de m'occuper comme je pouvais. J'étais dans mon monde mais d'un coup, elle venait tout foutre en l'air. Enfin, son corps avait percuté ma table, des objets bougeaient, de l'eau coulait et moi, j'étais juste exaspéré. Je sais que c'est pas sa faute mais ouais j'étais pas dans mon assiette, notamment cette histoire sur Instagram. Elle était essoufflée et moi, calme comme jamais. « Installe-toi, calme-toi. On est plus à ça près de toute façon » Si j'avais voulu rentrer au plus vite, l'option taxi aurait pu être de mise. Mais bon, elle était là, j'étais là, autant qu'elle se pose et se calme, boive un coup et puis on s'en ira après.

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crédit/ tumblr ✰ w/@"pluton"

C’est la panique à bord. Une houle se déchaîne en moi. J’ai foiré ton retour, je l’ai majestueusement foiré. J’suis pas venue à l’heure, j’ai un retard d’une heure. Je débarque au restaurant comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. J’attire les regards. Ne vous inquiétez pas, j’fais pas un infarctus, personne ne veut se faire exploser ici, c’est juste cet homme qui me fait vriller. Cet homme impassible pour qui je me suis vraisemblablement inquiétée pour .. Rien. T’es serein, trop serein. J’le sens pas. J’parie que t’as couvé toute la journée l’affaire Antonio. Que tu t’es fait des montagnes de pas-grand-chose. Regardant rapidement le désastre que j’ai créé, je fronce mes sourcils et je reporte mon regard vers toi et notamment vers ton bonnet qui ne passe pas inaperçu. Bordel, le ton que t’emploies, il veut tout dire. Récupérant alors mon souffle, je m’installe et cale mon sac entre mes jambes. Donc ce soir, c’est moi qui suis sur le banc des accusés c'est ça ? Parfait. Dans un silence étourdissant malgré le bruit qui nous entoure, j’attrape ton verre tant convoité. Je le bois d'ailleurs en intégralité, quelques sons en provenance de mon œsophage résonnent. Tu veux me foutre mal à l’aise ou quoi ? Bingo, t’as réussi. « Tu me fais la gueule n’est-ce pas ? » Entre les textos de ce matin et ceux de ce soir, je n’ai vu aucune joie à l’idée de me retrouver. Alors parle s’il te plaît, le silence est encore plus coupant que les mots parfois, je te jure. Le vide m’angoisse si profondément. Il m’angoisse tellement que je le comble. Je parle, je débite, je change de sujet. Je redoute le pire. J’ai peur que tu imploses. « Désolée, je dois avoir une de ces tronches, je n’ai pas arrêté de travailler aujourd’hui » J’arrange alors mes cheveux électriques autour de mon visage, ton regard pesant toujours braqué sur moi. Et soudain, mon téléphone vibre contre ma cheville. Déconcentrée, je le sors de mon sac au bout de la troisième sonnerie et je le pose sur la table en ignorant l’appel d’un de mes collègues de droit. « Mh.. Donc ? Ai-je tort ? Les nems valent le coup ? » Coq-à-l'âne ou comment noyer le poisson.

pluson ★ thunderclouds — w/ Louison Chamberlain
@ aéroport de Boston, novembre 2018
J'avais passé quelques jours loin d'elle, j'étais même excité à l'idée de la retrouver mais il a fallu que je tombe sur ces putains de commentaires Instagram. Elle qui chauffe un autre mec, Antonio de la Dunster. Putain, encore un autre. Sérieusement, elle va se taper tous les jaunes ou quoi ? J'avais la rage en vrai. Je sais que je ne devrais pas, je sais que ça ne sert à rien, c'était pas comme si elle m'avait trompé avec mais... ouais, ça me blasait de savoir que toute ma maison avait pu la baiser dans toutes les positions. Serrant la mâchoire, je posais mon téléphone sur la table, commandant alors des nems pour faire passer le temps. Rien de très copieux, juste de quoi m'occuper. Seulement, mon esprit retournait sans cesse vers elle et sans que je n'y puisse grand chose, des images provenant de mon imagination surgissent. Putain. Et puis elle arrivait en trombe, menaçant de tout faire tomber au sol, totalement essoufflée. Pourquoi elle a couru ? C'est pas comme si j'allais m'envoler d'une seconde à l'autre. Elle avait déjà une heure de retard alors une seconde de plus ou de moins, ça changeait plus grand chose pour moi. « Non. Peut-être, je sais pas » Est-ce que je lui faisais la gueule ? Je crois pas, sinon, je ne l'aurais pas attendue. Mais j'étais pas forcément bien non plus alors... je sais pas. J'attrapais un des derniers nems restant, croquant dedans pour avoir la bouche pleine et ne pas parler tout de suite. Mais c'est Louison, évidemment qu'elle va parler, de tout, de rien. Tant que le silence n'est pas de mise. Et pourtant, on était dans un aéroport, y'a du bruit. Mais elle avait tout de même besoin de parler. « T'es belle en toutes circonstances » Parce que oui, même si j'suis dégoûté, elle restait belle, très belle. La plus belle. Elle avait quelques cheveux qui s'étaient échappés de son chignon mais ça la rendait un peu moins rigide, un peu plus humaine. Elle avait le teint légèrement rosi, par la course qu'elle venait de faire, sûrement le froid extérieur aussi. Puis son téléphone trouvait place sur la table. Elle ne semblait pas vouloir prendre l'appel et mon regard fixait cet objet. Je me demande si elle lui parle encore d'ailleurs. « Ça m'énerve, ok ? Ça m'énerve de voir que tu as couché avec des mecs sur les réseaux sociaux, de voir que t'as couché avec des mecs de ma maison. Déjà que je dois gérer Liam, maintenant je vais devoir gérer Antonio. Le prochain c'est qui, Roméo ? » Je soupirais, baissant la tête tout en serrant mon poing contre ma cuisse. « Je les déteste, tous ceux qui t'ont touchée. Je les déteste tellement, t'imagines même pas » Quelque part, j'aurais du aller à la Winthrop, ils ont cette putain de règle sur les copines/ex. Même si pas vraiment, de ce que j'ai entendu. Même quand le président est fiancé, les membres veulent se taper sa copine. Y'en a bien un qui l'a fait.

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C’est la fin du monde pour moi. Parfois, une minute peut-être fatale, alors je me dépêche pour te rejoindre. J’arrive à bout de souffle à ta table, je créé le chaos et je m’installe. Les traits de ton visage ne laissent rien transparaître. C’est neutre et le neutre, je hais ça. C’est pas bon signe. C’est le calme plat avant que l’orage ne jaillisse brutalement. Tu ne sais pas si tu me fais la gueule ? C’est parti, l’angoisse monte. Je te regarde croquer dans la pâte croustillante du nem, désarçonnée. Le silence s’instaure, je veux pas. Je comble en bifurquant de sujet. Ok, tu me trouves toujours belle, c’est déjà positif. T’aurais pu m’envoyer bouler avec un de tes mythiques « gniagniagnia ». Un sourire s’étire alors sur mon visage, mais mon téléphone interrompt cet intermède. Le sortant de sa cachette, je plaque écran contre la table et je le laisse chouiner. Je me concentre sur toi, revenant chercher la raison de ce masque impassible dont tu t’es paré. Ouais, j’crois bien que j’ouvre les hostilités, j'supporte pas les ambiances tendues. Autant prendre l’aiguille et percer d’un coup l’abcès non ? Non. J’aurais pas dû. Je t’ai réveillé et tu parles trop fort. Je baisse la tête, gênée et je me focalise sur mes ongles vernis. Il est beau ce rouge, très profond, c’est pas le rouge prostitué vous voyez. Pourtant je le suis. Je crois que je suis une pute, enfin, c’est ce que je comprends sous tes commentaires. Roméo ? Sérieusement ? « T’exagères, chut putain » Je trouve ça beau cette colère qui gronde en toi, mais je ne crois pas que ça te plairait que je le balance dès maintenant. Ouais, c'est pas le moment. Et d’un autre côté, j’commence à rougir de honte et d’exaspération. Si j’en suis arrivée à cette débandade, c’est à cause de toi. « T’as rien à gérer du tout. Tu ne crois pas qu’ils doivent plutôt te jalouser ? » Je relève ma frimousse et je pars chercher une de tes mains sur la table, m’attendant déjà au rejet. Mes doigts glissent sur le dos de ta paluche et s’y posent, sans caresses. Le contact, c’est tout ce que je veux rétablir après plusieurs jours passés à des milliers de kilomètres l'un de l'autre. « Je veux dire, j’ai peut-être inconsciemment consommé des Dunster parce que je ne pouvais pas avoir le seul qui m’intéressait parmi eux, tu vois de qui je veux parler ? Cet été, t’étais plus à moi, Liam. À notre seconde rupture, Antonio. Je.. Je dis ça, je dis rien »

pluson ★ thunderclouds — w/ Louison Chamberlain
@ aéroport de Boston, novembre 2018
Je sais que c'était idiot tout ça, mais j'y pouvais strictement rien. J'étais jaloux, je voulais tous les trucider et n'être que celui qui lui convenait. Mais à chaque rupture, elle tentait de nouvelles choses, de nouveaux mecs et moi, dans le fond, il n'y avait eu qu'elle et Camila. Depuis mars, je n'avais vu que ces deux filles et jamais je n'avais été voir ailleurs. Alors savoir qu'elle a couché avec un tas de mecs, avec ceux de ma maison de surcroît, ça m'énervait. Ça me foutait en rogne. Cependant, je ne laissais transparaitre aucune colère pour l'instant, me contentant habilement d'être neutre, d'être impassible, même quand elle manquait de renverser toute la table. Installée face à moi, elle restait sur des sujets assez neutres, qui ne rentraient pas dans le vif du sujet. Mais moi, je n'attendais que ça. En vrai, je ne portais pas de jugement sur ce qu'elle faisait, c'était surtout le “avec qui elle le faisait” qui me dérangeait. « J'exagère de quoi ? » J'exagère rien du tout. Bon, mauvaise foi, oui j'étais en plein dans l'exagération mais qu'importe, au moins elle comprenait le point de vue. Je serrais les dents, le poing, tout en cherchant à me calmer. Mais en parler, ça n'aidait rien du tout, au contraire. « Si, je dois gérer que dès que je les vois, je dois pas te voir en train de les chevaucher, de leur dire ce que tu me dis pour que tu kiffes le moment... Et je suis leur vice-président, alors je dois les côtoyer, même si j'ai envie de les frapper de toutes mes forces » Mais je peux pas ça. D'une, parce que je me ferai plus mal qu'autre chose. Et de deux, on me destituerait de ma fonction de vice-président, ce dont je n'ai pas envie. Son explication me laissait cependant perplexe. Peut-être qu'elle se tenait, j'en sais rien. Mais je n'aimais tout de même pas ça. C'était... trop. « Je suis aux antipodes de ce qu'ils sont... On a que le statut de Dunster en commun » Et c'est vrai. Je suis pas un tombeur, je ne cherche pas à les faire toutes tomber comme des mouches, contrairement à eux. Alors ouais, elle allait chercher l'opposé de moi pour être plus proche de moi ? J'en sais rien, je crois pas. J'en doute fortement ouais. « Et puis Liam... c'est pas juste un coup d'un soir » C'était toute une relation, que j'ai mis à mal. Mais si je n'étais pas revenu, elle serait encore avec lui à l'heure actuelle, à lui dire des mots doux et le laisser la baiser dans toutes les pièces d'un appartement de Boston ou Cambridge.

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T’exagères, c’est tout. T’insinues que je serais capable de me taper mon cousin, c’est carrément déplacé. C’est blessant. « J’fais pas dans l’inceste » J’suis bien gentille de garder mon sang-froid. Je me surprends sérieux. D’habitude, je prends la fuite en hurlant et brisant tout sur mon passage, pas ce soir. Pas de tornade. J’reste posée. Je me maîtrise. J’arrondis les angles, mais toi, tu repasses juste derrière pour les aiguiser. Tu cherches quoi ? Le clash ? Booba vs Kaaris à Boston ? J’entends bien ta colère, j’entends bien. J’pense pas que j’serais la plus enthousiaste si t’avais baisé quelques Mather autour de moi, pas enthousiaste du tout même. « J’suis désolée.. » Le dégoût coule dans mes veines. Plus tu l’ouvres, plus tu libères la honte en moi. J’sais pas comment réagir face au vide, je le comble directement. Quand je t’ai dit au revoir à contre-coeur, j’ai choisi la facilité, j’ai écarté les cuisses, j’ai fermé les yeux et j’ai pas réfléchi. J’me suis focalisée sur le plaisir purement physique. Le reste, c’était totalement absent. La connexion de l’âme n’y était pas. Je l’avais perdu en te quittant, j’ai tout perdu en te quittant. « Je sais bébé, je sais.. » Que ce soit Liam ou Antonio, t’es bien à l’opposé. Tu m’apportes une douceur inouïe, pas eux. Tu rappliques en une seconde lorsque je suis au bord du gouffre, pas eux. Tu te sacrifies pour moi, pas eux. Tu m’aimes, pas eux. Je le saurais sinon, ouais, je le saurais. Ok, mon explication ne tient absolument pas debout, mais j’aurais au moins essayé. Allez expliquer l’inexplicable aussi. Mes conduites sont purement impulsives. J'suis pas équilibrée comme fille. La frustration mène à l’action, point. « Qu’est-ce que Liam vient faire ici ? » J’soupire et m’enfonce dans mon siège. Mon regard rebondit sur les voyageurs pressés. « Liam n’a pas la paire de couilles que tu portes. » Les frissons naissent. Mon coeur cogne. Je retrouve finalement tes prunelles noisette et je laisse une poignée de secondes entre nous. J’profite alors de ce silence pour te fixer, non, pour t’admirer. J’ai pas besoin de parler, tu devrais comprendre que t’es le seul et l’unique. Les mots sont accessoires dans ce type de situation, mais j’suis consciente que tu en as peut-être besoin. « Pluton, t’as foutu ma vie en l’air à l’instant où je t’ai vu. T’arrêtes pas. Ma vie c’est de la pâte à modeler, t’en fais ce que tu veux. Tu la fous en boule et puis tu l’effrites. Tu vas et tu viens, tu hésites, tu.. Tu m’as rendu folle et j’ai agi en conséquence il y a peu. J’ai craqué en bonne borderline que je suis. » J’suis effrayante, paradoxale, sincère, si c’est trop, dis le moi et je te laisse partir. Enfin non, si tu veux partir, pars, mais je me pendrais à ta jambe.

pluson ★ thunderclouds — w/ Louison Chamberlain
@ aéroport de Boston, novembre 2018
Oui bon, c'était le coup de l'énervement. Mes paroles dépassaient mes pensées, j'étais énervé, possessif, jaloux. Au point de me dire que j'étais en train de penser à des choses tellement pas saines, à des choses totalement malsaines. La garder dans notre appartement, ne jamais la laisser sortir, faire d'elle mienne, faire en sorte qu'il n'y ait que moi aussi. Mais la vie ne se passe pas comme ça et j'étais pas forcément en train de réfléchir de la bonne manière. Mais ouais, je lui expliquais comment je devais les gérer les deux et elle s'excusait. Le mal était fait et il fallait passer à autre chose. J'allais le faire, c'est juste le coup là, j'accusais le coup. Et je voulais pas la faire passer pour ce qu'elle n'est pas, faire naître un sentiment de honte en elle, c'est juste que je sais pas gérer ce qui me bouffe et je pique, je pique peut-être même trop. Laissant sa main sur la mienne, je laissais mon regard vagabonder avant de finalement la regarder. « Rien, il n'a rien à faire là... il est juste constamment dans ma tête » Avec son sourire d'abruti fini. Il m'a nargué, il me nargue encore. Si je foire, possiblement qu'il sera là pour ramasser les morceaux, que sais-je. Est-ce qu'elle l'aimait encore ? Est-ce qu'une partie d'elle voulait être avec lui ? Ces questions, je sais qu'elle a les mêmes de son côté et c'est douloureux. Je n'ose même pas imaginer la peine qu'elle peut avoir. « Quelles couilles ? » Pour beaucoup, je ne suis qu'un lâche, alors ouais, je ne sais même pas de quelles couilles elle peut parler. Mon regard captait le sien, je redescendais doucement en pression. C'est juste, ça m'énerve putain, ça m'énerve. Retirant doucement ma main de la sienne, je revenais à la charge en glissant mes doigts entre les siens. C'était mieux comme ça. « Je t'aime... je t'aime comme tu es. J'ai voulu le package entier et je l'ai et... ça me tue que d'autres aient eu droit à ce que j'ai droit » Son corps, ses pensées dirigées sur eux. Je veux être le centre de son attention, d'être tout le temps là, près d'elle, dans sa tête, contre son corps. Je veux... le package premium. « Je suis désolé... d'agir comme ça, de t'avoir fait subir tout ça... je voulais pas » Jalouusie. Ni plus, ni moins. Et puis ouais, l'amour que je lui porte a foutu la merde dans ma vie au point que j'en aime deux. Et forcément, je ne sais juste pas gérer tout ça moi. « Pendant qu'on y est... Y'a d'autres noms que je devrais savoir ? » Non mais pendant qu'on y est, autant retirer le pansement et y aller franco.

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Tu parles de Liam ? Liam est dans ta tête alors qu’il en sort de la mienne ? C’est se faire du mal pour rien. Tu devrais arrêter. « Il n’est pratiquement plus dans la mienne tu sais, contrairement à toi avec Cami » Je crois que ça devait sortir, parce que c’est le seul moyen pour me dépêtrer de ces attaques sans queue ni tête. J’sais pas ce qui est le pire ouais, se taper des gens qui n’font aucunement palpiter mon coeur ou en aimer un autre ? Hein, c’est quoi le pire sérieusement ? T’as pas le droit de me faire ces reproches alors que tu .. tu dois encore hésiter. C’est reparti. Je fulmine intérieurement. J’ai envie de soulever cette table entre nous et me barrer n’importe où. Je dompte pourtant la tempête qui se soulève en moi. Je formule même un compliment vulgaire dont j’en ai le secret. « T’es venu me récupérer quand je n’étais plus la tienne. Assume-les tes couilles, assume aussi tes choix une bonne fois pour toute » J’en peux plus d’être le lot de consolation. Et vas-y, CS qui s’immisce en moi. J’suis pathétique. Combien de fois j’ai attendu le moment, l’appel en pleine nuit où tu me dirais : Eurêka ! c’est toi, c’est toi que je veux maintenant et pour.. toujours, ou un truc qui s’en rapproche. Je crois que je peux encore me brosser pour entendre ces mots. Je me trompe ? J’sais pas. « Ils n’ont jamais eu ce que toi tu as en permanence Pluton. Le coeur n’y était pas autant qu’avec toi. Je te fais l’amour, j’ai couché avec eux, la nuance est énorme. Enfin, je comprends que ça puisse être rageant. J’serais pas aussi zen que toi si les positions étaient inversées » J’cramponne ensuite mes doigts aux tiens, observant vaguement nos mains soudées. Je les balance de droite à gauche sans grande énergie. J’suis un peu à l’ouest ou à l’est, j’sais plus. « De m’avoir fait subir quoi ? Un amour intense et déchirant ? Une de mes plus belles histoires ? » Nos regards se re-connectent. Ou t'es plutôt désolé de m’avoir foutu dans une situation extrêmement épineuse ? Parce que je sais plus où tu en es vis-à-vis de ton ex-femme, plus du tout. Et quoi ? C’est quoi cette ultime question ? « Chez les Dunster non.. Dans les autres confréries non plus. Il y a juste .. Un vieux concurrent à toi » On fait un pendu pour découvrir son prénom ? Ça devrait vite y aller : E _ _ O. Aïe, lui, je pense pas que tu vas me le pardonner aussi facilement qu’Antonio, pourtant il n’a rien demandé, c’est moi qui suis allée le chercher quand l’angoisse était trop présente. « Enzo, c’est Enzo. » Je contracte mes mâchoires, exhibant mes dents alignées à la perfection. Tu vas crier ? Partir ? « Pour ta gouverne, tu étais présent quand ça s’est produit. Sauf quand il m’a bifflé » murmurais-je sur la fin, le rouge colorant mes pommettes. J'ai rien dit, rien du tout.

pluson ★ thunderclouds — w/ Louison Chamberlain
@ aéroport de Boston, novembre 2018
Je devenais ronchon, quand on me foutait les choses dans la gueule. Et là, elle me mettait Camila en pleine tronche. Ouais, j'appréciais peu, même si c'était légitime. Oui, elle avait droit de le faire, mais non, je n'avais pas envie de commenter. « Pour ce que ça vaut, je pense plus souvent à toi » Là en Suède, je voulais qu'elle soit à mes côtés, qu'elle soit avec moi. Qu'on partage des choses ensemble. C'était elle que je voulais en somme et j'étais là, face à son corps tout entier assis sur une chaise, à me prendre la tête pour un mec qu'elle a baisé quand on était plus ensemble. Et un autre mec qu'elle a aimé. « Encore une fois, je suis avec toi là, non ? » Ce qui prouve que mon choix est fait. Mon choix d'être avec elle, de l'aimer et de faire en sorte que les choses se passent pour le mieux pour le reste de nos vies. Ouais bon, c'est ambitieux mais ouais, je voulais surtout faire en sorte que mon enfant soit heureux dans cette situation complexe. « C'est avec toi que je suis depuis Halloween » De surcroit. J'ai envoyé qu'un ou deux messages à Camila depuis et c'est silence radio. C'était mieux comme ça après tout, qu'elle se reconstruise, loin de moi. Je la laissais même tranquille pour le reste de la grossesse, zappant toutes les échographies possibles et imaginables. Zappant même l'accouchement. Pour elle, putain. Je loupais toutes ces étapes, pour elle. Pour Louison. Bien que ma main restait en place, les doigts entre les siens, je baissais la tête. Je ne savais pas ce qu'elle me trouvait, malgré toutes les explications possibles qu'elle me sort à chaque fois... ouais, je trouvais pas. Elle balançait nos mains, avant de décrire notre histoire. Je relevais le regard sur elle, le cœur battant. « Une de tes plus belles histoires ? » Ouais, je ne pensais pas qu'elle répondrait ça pour le coup et j'esquissais un sourire en coin, quand même ravi de tout ça. En vrai, je pensais surtout à la situation merdique dans laquelle on était embourbés depuis quelques mois maintenant. J'espérais simplement que c'était terminé à présent. Mais voilà que ma curiosité a poussé un peu trop loin, avec la question de trop. Un vieux concurrent à moi. Putain, ne me dis pas que t'as couché avec... Enzo, si. Elle... Je serrais les dents, détournant le regard avant d'entendre la suite. « On rentre » que je disais sèchement, lâchant sa main en me relevant, posant quelques billets sur la table pour ensuite attraper ma valise et sortir d'ici. J'ai besoin d'aide, de beaucoup d'air. Je suffoque, emmitouflé dans mon écharpe. Et comment ça j'étais là ? Non, j'étais pas là, je m'en souviendrai. Une fois à l'extérieur, je m'arrêtais pour fouiller dans mes poches et sortir un paquet de cigarettes, il en restait trois dedans. Plus que deux à présent puisqu'un des tubes se trouvait entre mes lèvres. Briquet en main, je l'allumais rapidement dans le simple but d'avoir une bonne dose de nicotine qui saura me calmer au plus vite.