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— with jaspeandra

Je saurais pas dire comment tu fais. Je sais pas comment tu t'y prend, mais tu maîtrise cet art mieux que quiconque. T'es le premier, sur ma liste. Tu fais ressortir le plus mauvais chez moi, ce que je veux pas voir, ce que je préfère éviter, les fois où je préfère regarder sur le côté. « Si je suis capable de le dire, tu devrais être capable de l’entendre. » Je devrais être capable de beaucoup, tu sais. Je devrais être celle qui ne rate rien, celle qui plaît, celle qui fait mieux que tout le monde, celle qui possède l'ambition, celle qui se marie, celle qui a des enfants, celle qui peut conjuger carrière et vie au travail, celle qui pardonne trop facilement, je suis toutes celles-là, parce que je devrais être celle qui ne déçoit pas. Regarde-moi. Est-ce que je ne suis pas une déception ? Je suis capable de rien. Je suis capable de rien. Sauf peut-être de décevoir, dans cette lubie folle que de vouloir suffir à tous. « Tu vois, j'ai jamais été le meilleur de nous deux dans l'art de la fuite. » Le pire. Les yeux se figent, se plantent dans ceux de l'homme, "Tu t'fous de moi ?" j'ai juste envie de te jeter tout ce que je peux dans la figure. Tu vois, la différence, elle est là. J'ai constamment envie de te frapper, quand tu fais des choses comme ça. Jamais, ça m'est jamais avec lui. Pourquoi ? Parce que tu fais ressortir le pire chez moi. La rancune ressort comme un poison. "Quand tu t'es amusé à fuir un beau matin, t'a pas été le meilleur ?!" tu peux t'estimer heureux que cette pièce manque de couteau. S'approche, frappe sur le bureau. C'est pour canaliser, la boxe, tu vois. Canaliser tout ça, tout ce surplus trop gardé. Trop longtemps. "Tu m'offre le monde et ensuite tu t'enfuis !" rigole nerveusement, "Tu m'a laissé dans cette putain de chambre d'hôtel Jasper !" j'étais comme cette prostitué, que t'a payé de sentiment, avant de t'enfuir, toi et mes souvenirs avec. Je t'en veux encore tellement pour ça. C'est même pas tant pour l'acte, tu vois. C'est pour les sentiments. Celui de me lever dans un lit vide, abandonné de tout espoir. Tu connaîtra jamais ça, toi, depuis ton trône. "T'es le meilleur quand il s'agit de fuir, crois-moi." ne remarque même pas que dans la colère, elle a froissé un papier posé là, sur la table. Heureusement que ce bureau nous sépare. Heureusement que ces quelques mètres sont suffisants. Heureusement que la vie nous sépare, regarde, on aurait jamais sû faire rien de bon.

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Regardez comme c'est simple, comme il suffit de souffler un peu, juste un peu, sur ces braises qui semblent inoffensives. Ca crépite même plus. On dirait que c'est mort. Pourtant, il parle un peu vite, il pèse pas ses mots l'Ellington, et il souffle qu'à peine. L'étincelle, qui fait la flamme, qui fait le brasier. Ca lui crame la peau, ça réveille l'organe mort, ça réveille ce qui s'oubliait. "Tu t'fous de moi ?" Se redresse, pose la fourchette. "Quand tu t'es amusé à fuir un beau matin, t'a pas été le meilleur ?!" T'avais pas pensé à ça Jasper hein ? J'crois que t'as oublié ce passage, t'as retenu que la fin, t'as oublié les moyens, t'as oublié tes mains salies, le sang éclaboussé sur ta carcasse. T'as oublié tes pires heures. Ca semble tellement ridicule, face aux plaies dans ton dos. Mais, pas pour elle. Tu les vois, encore là, à vif, sur la brune. Dans ces éraflures qu'elle se fait sur les doigts, contre le bois de cette foutue table. Qui les sépare, dieu merci. Il est debout, maintenant. Il est debout, et les prunelles s'assombrissent, les nerfs se contractent. La mâchoire se souligne. "Tu m'offre le monde et ensuite tu t'enfuis !" On a pas la même version, définitivement.  "Tu m'a laissé dans cette putain de chambre d'hôtel Jasper !" Recule d'un pas, pour toi, pour nous. « Non non non.. » Secoue la tête, un sourire acide aux lèvres. « Je t'ai demandé de me suivre, je t'ai demandé de me choisir MOI. » Je devais pas fuir, on devait partir. La décision ne venait que de moi, certes. « Putain Leandra, tu voulais que je fasse quoi ? » La voix prend de la force. Elle essaye de se canaliser, sans franche réussite. « Moi j't'aimais à en crever, j'étais prêt à quitter toute ma vie ici pour nous permettre d'être heureux, pour éviter ce qui allait forcément arriver. » Que tes lèvres finissent contre les siennes, indubitablement. Tu n'arrivais pas à le quitter. S'appuie contre la table, se penche un peu. Susurre, entre ses dents serrées. Tu la vois, la rancune ? Allez, penche-toi sur mes prunelles, regarde comme elles ont obscurcies. Regarde comme on est loin de l'océan. Attarde-toi, tu verras le battant giser encore. Se redresse, trépigne, fait quelques pas, tente d'absorber le trop plein de son être. Ca déborde, ça devrait pas. C'était réglé putain, ça devrait être réglé. « On serait parti n'importe où, où tu voulais, j'aurai tout lâché pour toi. » Ma vie entière, ma carrière, mon entreprise. Ma vie, pour la notre. Et, il n'y arrive plus, la rage prend le dessus. « Mais t'as pas été foutu de PRENDRE UN PUTAIN D'AVION. » Le plat de salade s'éclate contre le mur, là, derrière toi. On est ce truc brisé, au sol. « Alors me fait pas chialer avec cette chambre d'hôtel. » Il est haletant. Le corps entier se surprend de ce regain, le cœur convulse, et le reste défaille. S'appuie contre le bureau, de ses deux mains, la respiration difficile. « Sort. » Dégage, va le retrouver. C'est bien ce que tu sais faire le mieux.

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Il nous en faut que peu. Une phrase, un mot, une pensée. Quelques syllabes, trop rapidement échappées. Cette rancoeur, trop présente, ce sentiment d'inachevé, ces mots qu'on s'est gardés. Pourquoi ? Protéger l'amitié ? Souviens toi ce soir là, quand tu m'a oublié. « Non non non.. » T'a beau reculé, t'a beau le nier, c'est ce qui s'est passé. « Je t'ai demandé de me suivre, je t'ai demandé de me choisir MOI. Putain Leandra, tu voulais que je fasse quoi ? » J'entend que ça gronde, là haut, là dedans, partout. J'espère que les murs ne sont pas fins, ici. Qui pour nous entendre, de toute façon ? « Moi j't'aimais à en crever, j'étais prêt à quitter toute ma vie ici pour nous permettre d'être heureux, pour éviter ce qui allait forcément arriver. » le regarde, qu'à peine surprise. Plus en colère qu'autre chose. Parce que tu crois que c'était quoi, de mon côté ? Un jeu ? « On serait parti n'importe où, où tu voulais, j'aurai tout lâché pour toi. » Tu mens. T'es qu'un menteur, Jasper. « Mais t'as pas été foutu de PRENDRE UN PUTAIN D'AVION. » La salade s'envole, termine contre le mur, le bruit dans un sursaut. J'aurais du m'y attendre, on est passionnés. Perturbés, aussi. « Alors me fait pas chialer avec cette chambre d'hôtel. » Hausse les sourcils, les yeux se plantent dans ceux d'en face. « Sort. » Si tu crois que ça fini comme ça. N'oublie pas qu'ici, c'est toi le meilleur, pour t'enfuir. "NON ! Non Jasper !" rigole nerveusement, malgré la voix qui s'emporte, "MOI je t'aimais, et je serais JAMAIS partie comme ça !" Sans dire au revoir, comme un être trouvé la veille, abandonnée le matin. Fait le tour du bureau, s'approche, plus de table, plus de bureau. Je prends des risques, mais n'est-ce pas notre histoire, les risques ? "Si tu m'aimais vraiment, tu serai jamais parti." Tu serais resté, pour moi, pour nous, pour ce qu'on allait construire. Certainement une tour prête à se détruire a la moindre tempête, mais on l'aurait reconstruite, on aurait pu faire ça, on aurait tenté, on aurait essayé. Les yeux se plantent dans ceux d'en face, j'abandonne pas, je pars pas, je t'affronte. Je nous plante, un peu plus à chaque fois. "Si tu voulais que je prenne cet avion, fallait me laisser ce billet sur la commode. Fallait m'attendre. Fallait attendre le matin, qu'on se réveille, qu'on prenne le temps de profiter." Ce sourire triste au coin des lèvres, haussant les épaules, "si tu me voulais dans cet avion, tu l'aurais pris avec moi." le regarde, plutôt triste qu'en colère, "mais tu sais pas faire. Tu t'es enfuis, tu voulais rien abandonner du tout, tu m'voulais pas de l'autre côté de la balance." mon poids face à ta vie, on sait tout deux que je suis trop légère. Les larmes montent aux yeux, c'est beau. ça aurait pu l'être. "J'voulais juste qu'on soit ensemble, et toi tu voulais juste partir." On est devenus ces choses brisés qu'ils ont fait de nous. Ils ont eu raison de nous. Ou peut-être que c'est notre propre auto destruction qui s'active une nouvelle fois. Notre système d'auto-defense. On a jamais eu besoin de personne pour s'infliger des blessures, on a toujours su faire au mieux. Au pire. Au deux.

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"MOI je t'aimais, et je serais JAMAIS partie comme ça !" C'est comme si t'étais partie, tu m'as juste pas suivie, alors que j'te tendais la main. T'as laissé tomber, t'as pas eu le courage, t'as pas réussi. "Si tu m'aimais vraiment, tu serai jamais parti." Il lève la main, et celle-ci se rabat sur le bureau, les doigts se crispent contre le bois. « Je t'interdis de dire ça. » C'est justement pour ça, que je suis parti. C'est pour toi, que je l'ai fais. J'avais plus rien moi là-bas, j'ai juste erré, je t'ai juste cherché dans toutes les femmes que je croisais. "Si tu voulais que je prenne cet avion, fallait me laisser ce billet sur la commode. Fallait m'attendre. Fallait attendre le matin, qu'on se réveille, qu'on prenne le temps de profiter." Profiter, et ? On aurait repoussé l'échéance, c'est tout. Il fallait que l'un de nous prenne une décision, porte le poids de tout ça, et ce poids cisaille encore mes épaules aujourd'hui. "si tu me voulais dans cet avion, tu l'aurais pris avec moi." « Tu comprends rien Leandra, tu veux pas comprendre. » Les prunelles s'abritent derrière les paupières presque closes, le visage échoué, il entend mais ne regarde pas. Il contient, retient, avale le sel. "mais tu sais pas faire. Tu t'es enfuis, tu voulais rien abandonner du tout, tu m'voulais pas de l'autre côté de la balance. J'voulais juste qu'on soit ensemble, et toi tu voulais juste partir. Et, là, c'est juste trop. Il s'était redressé, il affrontait les billes d'en face. « Ca t'arrange, hein, de te dire que j't'aimais pas suffisamment ? » C'est plus simple comme ça, ça fait moins mal, y a moins de regrets. « Pourquoi tu veux pas l'entendre que j'étais prêt à tout sacrifier pour toi ? » J'vais te le répéter, jusqu'à ce que ça rentre. « Pourquoi tu veux pas entendre que j'étais fou de toi, et que j'avais tellement peur que tu reviennes vers Jude, que pour moi la seule façon de te garder c'était qu'on parte ? » Les cicatrices pètent, une à une, c'est l'hémorragie là-dessous. Hausse les épaules, ces épaules qui portent bien trop. S'approche, sa gorge n'est qu'un étau. « Est-ce que t'imagines combien il faut aimer une personne pour revenir, pour aimer l'enfant qu'elle a fait avec un autre, alors.. alors même qu'on considère cette femme comme une espèce d'âme-soeur, de femme d'une vie, .. pour accepter un semblant d'amitié, de tout pardonner ? » Je sais même plus pourquoi j'essaye. J'devrais faire comme toi, fermer les yeux et plaquer mes mains sur les oreilles, attendre que ça passe. Je me chanterai la mélodie du bonheur, et je tomberai amoureux, une autre fois, de la première blonde qui passe. J'en choisirai une qui sait coudre, pour rafistoler les trous. Les pas entre nous ont été fait. On est proche, mais faut que tu vois ce que tu as fais, je te l'hurlerai jusqu'à ce que ça te percute. « Putain mais est-ce que tu t'imagines combien je t'aime pour vouloir quand même que tu sois heureuse ? » Qu'importe l'homme à ton bras. Je m'emmêle dans la conjugaison, dans le temps, de toute façon, j'ai juste l'impression que tout crève à l'intérieur. J'veux pas revivre ça, et surtout pas avec toi qui refuse d'entendre ce que je te crie depuis des mois. Carreirao, foutu poison. L'idiot se pensait immunisé, quel naif. Maintenant, son corps n'est que douleur. T'as pas le droit de douter de l'état de mon battant après ton passage, sinon, j'te le fous devant les yeux, sur la table, et tu verras qu'il n'est qu'un morceau de chair, trop souvent découpé. Y a l'infini gravé dessus.

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Et qu'importe ce que les murs en diront, si nos cris les traspercent. « Tu comprends rien Leandra, tu veux pas comprendre. » Je crois qu'au fond, on s'est jamais réellement compris. Qu'on s'est souvent écouté, mais jamais vraiment retenu ce que l'autre disait. Trop concentré dans notre version de l'histoire, bien trop de mal qu'on se fait, infligé à nous-même. Ton regard soutient le mien et je crois que c'est ce qui fait le plus mal. De voir ton visage comme ça, de voir comment je te rend, de voir qu'il en faut de peu, pour qu'un feu se déclare. On est toujours à la limite, toujours à marcher sur le fil. Il suffit que l'un brise le rythme et ce sont les deux qui se sacrifient. « Ca t'arrange, hein, de te dire que j't'aimais pas suffisamment ? » C'est peut-être plus simple, oui. C'est ce que j'ai préféré retenir, pour éviter de trop t'en vouloir. Pour moins sentir le goût de sang dans le fond de la gorge, quand je ravale mes sentiments. « Pourquoi tu veux pas l'entendre que j'étais prêt à tout sacrifier pour toi ? Pourquoi tu veux pas entendre que j'étais fou de toi, et que j'avais tellement peur que tu reviennes vers Jude, que pour moi la seule façon de te garder c'était qu'on parte ? » Est-ce que partir était une solution ? Est-ce que j'aurais cessé de penser à lui, depuis l'autre bout du monde ? Est-ce que ça aurait réellement changer quelque chose ? « Est-ce que t'imagines combien il faut aimer une personne pour revenir, pour aimer l'enfant qu'elle a fait avec un autre, alors.. alors même qu'on considère cette femme comme une espèce d'âme-soeur, de femme d'une vie, .. pour accepter un semblant d'amitié, de tout pardonner ? » Je percute. Je comprends, et bordel ce que ça fait mal. Je voulais pas que ce soit le bordel pour lui, là dessous. Je sais comment il est, avec Riley. Je l'ai vu, je le vois. On s'est pas remis de notre séparation qu'on se lançait dans cette espèce d'amitié. Il est venu à l'hôpital, il l'a porté, il l'a aimé. Il a accepté d'être son parrain, même si Jude bloque là dessus, ça m'avait déjà étonné. Il a tout accepté, il a tout pris sur lui. Comme si le fait que je travaille ici lui rendait la tâche moins difficile. N'importe quoi, Leandra. Le pire dans tout ça c'est que je le voyais pas. Que je regardais ailleurs, parce que c'était plus simple. « Putain mais est-ce que tu t'imagines combien je t'aime pour vouloir quand même que tu sois heureuse ? » les yeux se font ronds, le regard à changé. Il utilise le présent, je l'entend. Je pensais que l'ignorer c'était la meilleure solution, pour que tu sois dans mon monde, que tu reste dans le paysage. Je me disais que te conjuguer à l'amitié, c'était le plus simple, pour nous deux. Pour mon histoire, pour la tienne, mais à en voir où nous en sommes, je suis pas sûre que ce soit la meilleure chose qui puisse être. Je sais pas c'est quoi le mieux pour nous, j'en sais rien. Comme un reflexe, je m'approche encore plus, séparant les distances, rapprochant mes organes des tiens. Ma main passe dans la nuque, mon autre bras autour de son corps. Je me met sur la pointe des pieds, glisse mon visage dans sa nuque, le serre contre moi. Je suis désolée. "Je suis désolée." j'aurai du le voir, j'aurais du m'en rendre compte, je déteste que tu souffres, je déteste être la raison pour laquelle tu souffres. J'en ai les larmes aux yeux, tellement je me déteste. Le coeur accélère, les poumons étouffent. La respiration est plus courte, plus difficile. Où on va, comme ça ? "Je t'aime Jasper.." comme un murmure, presque innavoué. Moi je l'assume pas, pas aussi bien, pas de manière aussi belle. Notamment parce que j'ai une autre vie à côté, que c'est compliqué, d'aimer deux hommes et de les conjuguer. Je sais même pas dans quoi je me suis embarquée. On arrivait à le gérer, avant ces dernières années. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je resserre un peu plus l'étreinte, parce que je sais qu'il aura envie de me repousser, je peux pas être celle qui lui fait du mal et puis celle qui le soigne. J'ai pas le droit de forcer les barrières que t'a mise contre moi, mais regarde donc. Je resserre mon emprise, parce que j'ai pas envie que tu parte, j'ai pas envie que ça s'arrête, j'ai envie d'être présente pour toi. Entend-ça. Ce mensonge même. L'égoïsme pur. Si j'ai envie que tu sois là pour moi, c'est par simple égoïsme. Si j'avais voulu être présente pour toi, je t'aurais suivi, je t'aurais rejoins, j'aurais fait fonctionner cette stupide relation à distance. Tu partage la même crainte que Jude, celle que j'aille vers l'autre. Je suppose que c'est ma malédiction, celle d'être amoureuse de deux hommes. En choississant, je t'ai emporté dans mon cratère sans fin, dans la noirceur la plus pure. Je savais que là bas au moins, t'allais y être ma lumière. J'ai pas réfléchis, j'ai pas pensé à toutes ces conneries, j'ai pas pensé au jour où t'aurai plus la force, le jour où tu partirais. Je sais pas quoi faire Jasper, j'ai jamais su quoi faire, alors je baissais les yeux, je regardais par terre, je continuais d'avancer, j'ignorais les sentiments que tu pouvais cacher. Je pensais être assez grande, assez forte pour gérer les miens. Déjà, gérer les miens. Les enfouir au fond d'un tiroir, les enfermer à double tour, les cacher sous le lit et les oublier là. Il suffit d'un rien, il suffit d'un tout, il suffit de toi, de nous.

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"Je suis désolée." Et, ça se débloque, la respiration devient plus fluide, une partie du battant, laissée pour morte, se fait réapprovisionner en sang. Il retrouve sa couleur flamboyante, il loupe quelques battements, il ne suit pas le métronome, mais il raisonne, plus fort, dans un bruit sourd, se faisant entendre dans le reste du corps. Le cœur se libère, retrouve ses fonctions, ordonne au reste de la carcasse de faire de même. J'crois qu'il attendait ça depuis des mois, années, depuis qu'il t'attendait à la porte. A la fenêtre. Dans toutes les maisons, les appartements, les rues, dans tous les vols. Pauvre organe, qui s'est laissé crever face à ton ignorance. Un choix. T'as fais le bon, on le sait tous les deux. Il est celui qui te donne descendance, sécurité, assurance d'un bonheur perpétuel. Il pardonnera ton excès d'ambition, il nous pardonnera nous, même. Il partira pas, lui. Il devrait, surement. Mais il le fera pas. Il est stable, il ne te détestera que dans tes rares errances. Et, il oubliera quand tes lèvres rejoindront les siennes. Il est fait de concessions, alors que je ne sais en faire aucune. J'sais même pas aimer autrement, moins fort, moins intensément, aimer mieux. Aimer comme lui. Aimer une autre. T'es complète qu'en t'appuyant, une main sur chacune de nos épaules, moi pour te bousculer, lui pour ton réceptionner. Moi pour griffer, lui pour soigner. Parfois, l'inverse. Toi, contre moi. Ta peau fait pansement, t'asperge les plaies réouvertes d'un peu d'alcool, et tu recouvres. Et tu serres. Tu sentiras que ça fait n'importe quoi là-dessous, du cœur aux poumons, ils se perdent, ils hésitent entre suffoquer ou respirer un air plus clément. On a éteint le boucan autour, ou peut-être juste que j'ai hurlé assez fort cette fois-ci, pour que tu m'entendes. On a mit du temps, à trouver le bon canal, celui où on se comprend, où on s'écoute. Celui où j'entends ton cœur battre dans le mien, où mes doigts se crispent contre ta carcasse quand tu oses : "Je t'aime Jasper.." J'emprisonne, j'l'enferme dans une boite, et j'me le garde dans un coin. On se raccroche, on s'empêche de fuir mutuellement. On s’étouffe, on suffoque. Foutez-nous la paix un moment, accordez-nous quelques secondes, minutes. Tu passeras cette porte, et on oubliera. On retrouvera nos autres vies, nos vraies vies, pas celle qui n'existe que dans nos possibilités. Qui vient hanter des rêves aux allures de cauchemars, des regrets quand la nuit tombe, quand je te trouve bien trop belle. J'vais pas te dire que moi aussi, parce que je te l'ai déjà hurlé, écrit sur tous les murs, c'est écrit sur mon front. C'est écrit dans mes prunelles quand j'te regarde, ça le sera quand je me tairais, le jour du mariage. Quand je me tairais, le reste de nos vies. « Ca m'aurait arrangé que ça soit pas le cas. » Qu'il relève dans une tentative de légèreté, alors qu'ils sont allongés dans leur enfer. Allez, on a qu'à en rire de notre désastre. L'histoire est moins belle, quand Juliette se barre avec Tybalt, et que ce con de Roméo avale seul le poison. L'idiot, mort pour rien. S'écarte, à peine, juste pour la regarder. « Je suis désolé d'être parti.. je savais pas quoi faire, j'avais peur. » Avoue le désespoir, l'échec, l'impuissance. Le roi n'est qu'un bouffon apeuré. Les excuses, des deux côtés. J'te libère, aussi. Merveilleux héros, aux yeux salés. Mes doigts détaillent tes traits, avec une infinie délicatesse. Prend son temps, rallonge les secondes, emmerde les aiguilles de la montre. Il restera là une éternité, s'il le souhaite. La main glisse dans la nuque, se perd dans la crinière. Qu'ils viennent me chercher. Et, il plaque ses lèvres contre celles adverses. A peine, délicat, comme le tout premier. Juste pour que le battant communique un peu avec le sien, qu'il lui dise que c'est pas grave, qu'il lui pardonne les blessures passées, celles à venir. Un espèce d'adieu. « J'te louperai pas, dans la prochaine vie. » Qu'il souffle, douce promesse. J'marque de mon sceau ta peau, et chacun de tes souffles, j'me laisserai pas partir, j'te laisserai pas m'oublier, dans la vie d'après.

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Ce sont nos silences qui font le plus de bruit, nos silences qui murmurent des sentiments, ceux qui exposent les regrets. Ces mêmes silences qui trahissent nos douleurs. Silences parfois trop longs, d'autres fois trop court. Quand tu parle d'une taquinerie qui mène au drame. Quand un cri nous mène à la scène finale. « Ca m'aurait arrangé que ça soit pas le cas. » La machine a repris, je l'ai entendu. Je le sens, contre moi, là. Je pourrais rester là pour une éternité, si l'éternité n'était pas aussi courte. Je souris. Je pourrais te lister toutes tes qualités, et même y mettre tes défauts. Arrive à rire dans les pires moments. Arrive à garder la tête froide, à être présent, quand plus rien ne l'est. C'est déraisonné, d'être là quand tout le monde est parti. J'aurai aimé que ce soit plus simple, j'aurais aimé ne connaître que l'un d'eux, n'aimer que l'un des deux. Ne demandez pas de faire l'impossible, ne demandez pas de choisir. Dans l'histoire, il est écrit que la belle meurt, attendant l'amant, dans la dernière gorgée de poison. Nous, notre histoire écrit que la belle meurt, de n'avoir réussi à vivre complète qu'avec deux hommes qui se détestent. La belle meurt, le poison étant les sentiments durement ravalés. Si j'avais pu, j'aurai pris les deux. L'égoïsme le plus total qui cogne aux portes du coeur. « Je suis désolé d'être parti.. je savais pas quoi faire, j'avais peur. » Les yeux se perdent dans la sincérité d'en face, j'hoche simplement la tête. On savait pas quoi faire, ensemble. On était tous les deux appeurés, on voulait tellement que ça fonctionne qu'on s'en est senti détrôné. On était beaux, nos couronnes sur la tête, ordonnant qui vit et qui meurt. Ordonnant au coeur ses bâtements, aux poumons le rythme de la respiration, à la peau ses frissons. On a toujours réussi à contrôler les autres mais jamais nous-même, et c'était là notre pire problème. On contrôle rien. On contrôle plus rien. Je contrôle pas ce relevé de frisson sur ma peau quand sa main vient s'accrocher à ma nuque. Le visage s'approche, comme d'un mouvement copié, et se laisse faire. Jasper. « J'te louperai pas, dans la prochaine vie. » Je le regarde, souris. "T'as pas intérêt." je cogne fort, tu sais. La colère sera trop présente, si tu m'oublie. Je te tracerai un chemin, de pain d'épice et de miettes de sentiments. Je serais poucet, te guidant à travers le chemin. J'en oublierai ma chaussure, dans une robe bleue scintillante, sur les escaliers de ton empire. Je m'endormirai à la pleine lune, entouré de loups, attendant que tu me secours. Je serai Belle et tu sera Bête. J'apprendrai ta beauté et tu me montrera ma noirceur. T'apprendra à m'aimer, malgré quelques objets enchantés. Je saurai te démasquer, derrière quelques couches de pudeur. Je saurai voir le prince, là où les autres ne voient que le mystère. La main remonte caresse la nuque de l'homme, de mes doigts, je trace un trait. Un arrondis. Un trait. Un arrondis. Je boucle. Je chiffre. Ce chiffre. Le notre, celui qui pardonne tout, celui qui signifie nous. Je le trace sans arrêt, j'approche de nouveau mes lèvres. A mon tour de craquer, à mon tour d'être celle qui s'avance. Le baiser est tout aussi doux que le premier, aimant, apaisant. Notre histoire, c'est des hauts et des bas. C'est un dîner où les assiettes volent. C'est une tasse fêlé, qui abîme tes lèvres quand tu la touche. C'est une horloge qui ne sonne plus le temps, qui est pressé quand on prend tout notre temps. C'est une robe jaune, qui virevolte et tourne, lors d'un bal à une chanson. C'est une rose, c'est un coeur, qui se perd s'il n'est pas réanimé. C'est un apprentissage que celui d'être aimé. De l'assumer. Je serai Belle, tu sera Bête.