Depuis notre discussion, notre ‘séparation’ j’avais essayé de me plonger tête baissée dans de nouveaux plans, de nouvelles magouilles. Et quand mes stratagèmes ne suffisaient pas à l’occulter de mon esprit, j’attrapais mes pinceaux et me lançais dans quelques gribouillages colorés pour alimenter ma story instagram. Sauf que ça n’avait pas suffit… J’avais flanché, je lui avais écrit. Je me disais que peut être, si elle m’avait écouté, elle m’aurait bloqué, elle ne lirait jamais mes mots, mon sms resterait sans réponse donc… Sauf que, la demoiselle m’avait répondu. L’échange s’était poursuivi. La culpabilité n’avait fait qu’augmenter en apprenant combien Belle se sentait mal. Ce soir, c’était pire que tout. Avec ce que Sullivan venait de m’apprendre, je tournais en rond dans ma chambre minuscule, comme un lion en cage. Je cogitais, en pensant à lui, à sa femme, et le feu de la colère commençait à crépiter à l’égard des salopards qui s’en étaient pris à la jeune femme. Et je me sentais mal… L’évidence me frappa alors : j’avais besoin d’elle, j’avais besoin de Belle. Pire qu’une envie, une nécessité. Alors forcément qu’après ses sms, je lui demandais, je la suppliais presque de venir. La porte ne tarda pas à s’ouvrir, peu de temps après qu’elle ne m’ait annoncé être en chemin. Elle me soufflait de ne plus la laisser s’en aller et s’approchait pour m’embrasser. Mes doigts lâchèrent mon téléphone pour venir agripper sa taille, mes lèvres répondaient à la pression des siennes, avec la même urgence, la même envie. Mes mains glissèrent sous ses fesses, la soulevant alors, la décollant du sol tout en continuant de l’embrasser avec passion, venant la plaquer contre la porte par laquelle elle venait d’arriver. La tenant d'une main, l'autre alla verrouiller la chambre, nous enfermant dans la pièce pour éviter toute éruption de ma coloc, et je commentais contre les lèvres de Belle : « Voilà, t’es ma prisonnière… »

J'avais besoin de la voir. Besoin de la serrer contre moi. Et elle était là. À la seconde où ses lèvres touchèrent les miennes, je me sentis déjà mieux. Comme si ces quelques jours loin d'elle n'étaient plus qu'un lointain souvenir. En pratique, il était fort probable que ça ne soit pas le cas, ses retrouvailles n'étaient elles qu'ephemeres ?  Mon esprit balaya la question pour ne me concentrer que sur l'instant. Sa bouche contre la mienne. Nos langues qui se cherchaient. Nos corps qui s'aimantaient. Mes mains qui la soulevaient contre cette porte que je verrouillais. Ne plus la laisser s'en aller, c'était ses mots. Nos visages tous proches, Belle toujours dans mes bras, plaquée contre cette porte, elle me souffla des mots qui affolèrent mon pouls. Je ne devrais pas. Où elle était l'indifférence que j'aurais du afficher au vue de la situation ?  Pourquoi ça me plaisait tant qu'elle se dise mienne. "Tu peux pas savoir comme tu m'as  manqué..." Mes lèvres retournaient à l'assaut des siennes, pivotant ensuite pour l'emmener jusqu'à mon lit où je l'y allongeais. Mes baisers se dirigèrent dans son cou, dévorant sa peau délicate, constatant que le suçon que j'avais laissé quelques temps plus tôt s'était estompé, je recommençai donc le même geste, laissant ma trace sur son épiderme... "J'ai envie de toi Belle." De sa peau. De ses baisers. De son corps. Et le pire de tout : de sa présence. Quand usuellement j'aimais tant dormir seul...