La première semaine de rentrée était plus difficile que prévu. Ce n'était jamais évident de trouver un rythme et il allait me falloir quelques jours pour réussir à m'y faire. Entre les cours, le travail au Luna Caffe, le babysitting que je faisais régulièrement. Je passais un maximum de temps le nez dans mes bouquins et pour le reste de mon temps libre, je le consacrais à mes amis et surtout, à Philip. Une soirée par si, une soirée par là. J'avais un peu peur de ne pas réussir à suivre ou pire, de voir mes notes chuter. Je refusais de céder ma première place des meilleures élèves au risque de me faire insulter d'intello, rien à faire. J'ajustais à nouveau mon tablier, glissais une mèche derrière mon oreille et je regardais d'un air concentré la machine à café qui semblait faire des misères à ma collègues. J'allais devenir mécano en plus d'être serveuse. J'étais tellement à fond dans ce que j'étais en train de faire, je ne voyais pas le client s'approcher et quand je relevais la tête, je croisais son regard étrange sans comprendre. Je ne me souvenais plus l'avoir nexté sur tinder avant d'avoir supprimé l'application de sur mon téléphone. « Oui ? » Je ne savais pas ce qu'il voulait, mais son regard me faisait rougir.

@Alex Callahan

J'vous jure que la rentrée, avec son lot de cours et de stages, ça m'avait pas manqué. C'était quoi leur délire de nous balancera un tas de taff dès les premiers jours sans déconner ? J'me sentais ko. Enfin ça, c'était peut-être davantage en rapports avec les soirées qui s'enchaînaient en fait. Et tout le monde sait que les soirées étudiantes sont les meilleures pas vrai ? Je m'étais levé en retard ce matin, ne prenant même pas la peine d'avaler un truc pour au moins essayer d'arriver à l'heure. Sauf que maintenant à midi passé, je crevais clairement la dalle. Et quand j'avais faim, j'étais encore plus casse-couille que d'habitude. Donc ouais, fallait que j'avale quelque chose. Du coup en sortant de l'amphi, j'avais pris ma moto et foncé en direction du Luna pour aller me chercher un truc. Heureusement la file avançait vite, et je me retrouvais rapidement devant la rouquine derrière le comptoir. Sauf que tout d'un coup, j'avais un beug. Je la connaissais elle ou quoi ? Et puis d'un coup ça me revenait: j'avais liké son profil sur tinder. Et vu que j'avais pas de retour, apparemment, elle avait pas matché. Ah putain les meufs. Mais du coup, un large sourire amusé étirait mes lèvres, alors que j'voyais le malaise s'afficher sur son visage. Est-ce qu'elle arrivait à me situer ou.. ? Alors comme ça on met des vents sur Tinder mademoiselle ? demandai-je sans détour, attendant sa réaction.

HJ: désolée pour le retard

La machine à café qui tombe en panne en plein service, c'était rarement le bon moment. Pourtant, c'était exactement ce qui était en train de m'arriver alors que l'inconnu de tinder - que je n'avais même pas reconnu - était en train d'entrer dans La Luna Caffe. Je sentis le stress monter d'un cran, ne sachant comment réparer au plus vite sans faire davantage de dégâts. Sauf que la présence du jeune homme me mettait mal à l'aise. Je ne comprenais pas pourquoi il restait ainsi devant moi alors que ma collègue juste à côté pouvait très bien le servir. Mes yeux se relevaient en même temps que mes joues étaient en train de se mettre à rougir. Son sourire en disait long. Je lui reconnaissais un certain charme, mais c'est tout. Impossible de mettre un prénom ou une quelconque rencontre à son sujet. Je m'arrêtais, le regardant toujours, attendant simplement qu'il se mette à parler. Peut-être était-il un client... heureux ? « Alors comme ça on met des vents sur Tinder mademoiselle ? » Le rouge à mes joues est si intense qu'il me brule le visage. Ma bouche s'entrouvre, mais aucun son en sort. Merde, merde, merde. « Vous devez faire erreur... Je n'ai pas tinder... » Plus. Je ne mentais pas vraiment parce qu'en effet, je n'avais plus tinder.

Vous auriez dû voir son visage se décomposer, et la voir bafouiller comme elle le faisait là, maintenant parce que franchement, c'était juste à mourir de rire. Enfin moi ça me faisait marrer du moins. A croire que j'adorais mettre les gens mal à l'aise et.. ouaiiis devait y avoir un peu de ça. Et la rouquine que je ne connaissais pas plus que ça au final semblait grave mordre à l'hameçon, ah ah. Son visage pâle devenait rouge tomate au fil des secondes alors que moi, je me régalais du spectacle, devant le regard incrédule de sa collègue. Pas la peine d'avoir honte tu sais, tout le monde a Tinder maintenant de nos jours. C'est banal. Comme d'avoir des plans culs dis-je avec un large sourire, histoire de bien la mettre mal à l'aise. Sa collègue semblait être en beug, la bouche entre ouverte, passant de moi à elle comme un poisson rouge. J'vais prendre un café dis-je pour rajouter une couche, voyant bien que la machine semblait en panne. Oups.

Je ne m'attendais absolument pas à ce qu'un homme puisse me dire ça un jour. C'était terriblement gênant. Je sentais même le regard de ma collègue me questionner, mais bien heureusement, comme je ne disais jamais rien à personne, elle ne pouvait pas savoir que j'étais... pas en couple mais presque avec un homme. Enfin, c'était compliqué. Bien évidemment, je n'étais plus du tout avec Philip en ayant réinstallé l'application de rencontre, mais là, ce n'était plus le cas. Je n'étais plus sur tinder et même si j'essayais de le dire au jeune homme, il ne voulait rien entendre. « Pas la peine d'avoir honte tu sais, tout le monde a Tinder maintenant de nos jours. C'est banal. Comme d'avoir des plans culs » Je m'empourpre d'avantage, ma main glisse sur mon front et mon cœur s'emballe à une vitesse folle. « Je... Je ne... Je ne suis plus sur Tinder et tout ça, ça ne m’intéresse pas... » que je bredouille alors que mes mains tremblantes cherche encore ce qu'elles doivent faire pour réparer la machine à café. J'avais l'impression de mes secrets étaient exposés et je détestais ça. « J'vais prendre un café » Bah tiens. « Une minute » que je lui demande en me concentrant pour réussir à refaire fonctionner la machine infernale. « J'ai bien fait de ne pas matcher » que je disais enfin en le regardant dans les yeux, l'air ferme.