Une fois douchée et en meilleur état, il est temps d'exorciser Bambi de mon organisme. Mon reflet dans les beaux yeux de Scarlett m'a fait prendre conscience que me mettre dans ce piteux état, c'est pas une solution. Je dois être encore plus belle et heureuse qu'avant pour lui montrer ce qu'elle vient de perdre. Et si elle ne s'en rend pas compte, alors elle est ne me méritait pas. Je m'empresse de rejoindre la jolie rousse dans l'arrière cours de mon immeuble. Ici personne ne pourrait rien entendre. Flippant et amusant à la fois. « Quoi ? Tu m'a fait me laver et mieux m'habiller pour me violer et me tuer ici ? » Pas sur que ce soit un viole par contre si elle pouvait éviter d'abimer mon corps, Bambi s'est déjà chargée de mon esprit. Elle ouvre ensuite son sac, pour me montrer des tas de trucs fragiles et je reconnais notamment des bouteilles qui étaient dans mon appartement quelques minutes auparavant. Elle m'explique ce qu'elle a prévu et je me mets à sourire comme une gamine. « C'est une super idée ! » A défaut de lui casser la gueule ou de démonter son appartement, je vais pouvoir me venger la dessus. Je prends la bouteille qu'elle me tends et je me tourne vers le grand côté de la cours. Mais au moment où je vais pour balancer la bouteille je l'entends prononcer mon nom. « T'es venue m'aider pour qu'on s'en sorte ou parce que c'est la mode d'être pote avec une Kennedy ? » Mon côté parano ressort. J'ai toujours peur que ce soit pour ce que je représente qu'on se rapproche de moi et non pas pour ce que je suis. Alors je balance la bouteille contre le mur, de rage certes mais en silence avant de me tourner vers la jolie mather. « Pourquoi t'es là ? » S'il te plait, soit la seule depuis des mois à être honnête, t'es là mieux placé pour savoir que j'en ai besoin. Parce que sinon la prochaine bouteille je serais capable de te la balancer dessus.

Elle demande pas Scarlett, elle débarque et elle prends. Elle prends ton temps, ton rire, tes larmes, elle se sert. Et, des fois elle reste. Souvent, elle part. Souvent, elle se fout du monde autour, de tout ce qui se déroule autour d'elle. Elle se fout de voir le sang dégouliner de son propre cœur, de voir toutes ses cicatrices, qui couvrent son corps de battue. Elle se moque des horreurs de sa vie, et de la vie des autres. Elle leur donne cet œil là, celui qui te dit qu'il faut se relever de tout. Le sourire s'esquisse, quand la bête est devenue belle, et se joint à elle. Elle s'amuse d'un : « Parfaitement. Les tueurs en série ont aussi le droit d'avoir du goût, tu sais. » T'as quand même le droit de violer des filles qui te plaisent, et qui sentent bons. C'est le minimum. Même si c'était pas vraiment dans mes plans, j'préfère quand même quand les filles sont consentantes. J'préfère aussi quand elles sont confiantes, quand elles s'assument, qu'elles martèlent le monde de leurs talons. Moi, j'veux juste que tu relèves le regard. « Je sais ! » Qu'elle souligne d'un large sourire, genre plutôt fière d'elle. Par contre, la suite, j'le reconnais, je l'avais pas prévu. J'avais pas prévu que ma simple phrase, innocente, raisonne de cette manière en toi. Alors que Scar allait attraper à son tour une bouteille, se redresse plus rapidement, froncant les sourcils d'incompréhension. Le regard se fixe sur la demoiselle, et Strudwick se fait presque surprendre par le bruit du verre se brisant contre le mur, sursautant légèrement. « Alors c'est ça, d'être une Kennedy ? » J'me pose réellement la question. « S'inquiéter constamment qu'on s'approche de toi pour ton nom ? » C'est ce que je crois comprendre, en sous titre de ta réplique. Se pince les lèvres, et s'approche d'un pas de l'autre rousse. « Et toi, t'accepte mes conneries car je suis une Strudwick ? » Juste pour te signifier que c'est pareil ; pour moi, ton nom n'a pas plus d'importance que le mien. Ava, Azrael et Alexander ont fait raisonner le mien à Harvard ; maintenant, y a plus que moi. « J'suis là, parce que t'as besoin de moi, et que moi j'ai besoin de toi. » J'ai pas mieux comme raison. Et, j'attrape la boule de neige que Tamsin m'avait ramené d'un de ses voyages, et j'le balance contre le mur, avec toute la rage qui entoure mon battant. Le liquide pailletté rejoignant le bitume.

Je rigole à ce que tu viens de me dire. Ouais les tueurs en série ont aussi le droit d'avoir bon goût. Et je pense que je serais la cible idéale. Seule, triste, qui donne de nouvelles à personnes, qui se renferme dans sa piaule pour chialer, manger et dormir en même temps. Je secoue la tête pour tenter d'oublier tout ces trucs totalement ridicules que j'ai pu faire ses derniers jours, comme par exemple aller me piquer à la morphine. Ce secret, je l'emporterais dans ma tombe c'est sur ! Et puis j'te félicite pour l'idée, parce que c'est une super idée. Balancer des objets, imaginer que c'est Bambi que j'attrape violemment et que je fracasse contre un mur, ça procure une sorte de soulagement. Ça me permet d'évacuer ne serait-ce qu'un instant, toute la colère qui habite en moi et qui refuse de me quitter de puis que j'ai appris qu'elle allait batifoler avec des mecs pendant le Summer Camp. Mais alors que je m'apprête à balancer ma première bouteille, tu dis un truc qui m'arrête net. Je jette pourtant la bouteille, dans le plus grand des silences avant de me tourner vers toi. J'ai peur Scarlett, j'suis effrayer à l'idée que tu sois là uniquement parce que je suis une Kennedy et que c'est classe d'être pote avec la petite fille de JFK, ou parce que j'ai tout l'agent que je veux. J'ai peur qu'on m'utilise encore alors que tout ce que je veux c'est qu'on apprenne à me connaitre moi, pas mon nom qu'on peut lire dans un bouquin d'histoire. tes paroles elles me rassurent et en même temps elle me secoue. En trois secondes, tu m'a remise à ma place. C'est vrai ça, ta famille elle est aussi réputée ici à harvard pour ce que tes frères et soeurs ou cousins cousines ont pu faire, la réputation d'être des mathers toujours en train de faire des conneries. Et t'as raison, j'ai besoin de toi et toi de moi. J'te laisse balancer ce qui ressemble à une boule à neige contre le mur de l'arrière cours mais moi j'ai pas bougé. J'suis toujours droite comme un i face à toi. J'ai entendu ce que tu m'as dit, du plus profond de mon être. Putain la claque que tu m'a mise aujourd'hui. Et comme si je contrôlais pas mon corps, mes mains viennent saisir ton visage et mes lèvres se poser sur les tiennes. Sans rien prévenir. J'sais pas trop ce que je fais. Je crois que j'ai besoin de chaleur humaine et aussi de te dire merci. Sauf que je sais pas trop remercier les gens autrement qu'en leur donnant, tout.

J'ai jamais compris. Le poids d'un nom. Pourtant, le mien me colle à la peau, et je le porte comme un étendard, pour ne pas oublier. Mais, j'ai ignoré toutes les répercussions, les rumeurs, tout ces trucs qu'on disait sur mon frère et ma sœur. Ouais, ils ont batifolé ; ouais, c'était sale. Ouais, d'accord. Pourtant, ça m'le salit pas pour autant, ce foutu nom. Le tien non plus. Ca  fait quoi, d'être une Kennedy ? Est-ce que les regards se tournent pour ce mot qui suit ton prénom, ou est-ce qu'ils te détaillent juste, jalousent ta silhouette. Peut-être que j'suis naïve. Surement, même, après réflexion. C'est ce qui te permets de résister au monde, Scarlett, de repousser les assauts, de cicatriser de tes cicatrices. D'avoir même assez d'énergie pour essayer de laver les plaies d'autrui, pour peu que tu les estimes digne de ton temps. Je t'ai choisie pour mon après-midi, je t'ai choisie pour me réparer, aussi. Ta rage nourrie la mienne, ta rancœur se trouve un reflet dans mes prunelles. L'intérieur est semblable, dans un corps comme dans l'autre, nos chevelures et notre peau diaphane s'assimilent. Nos lèvres aussi, sans vraiment que la candide ne s'y attende. Oh, surement qu'elle aurait pu esquiver, reculer d'un pas avant le choc final, se défaire de l'échange. Surement qu'elle aurait pu faire autrement que de saisir les traits féminins entre ses doigts fins, pour en prendre encore une part, pour se rassasier d'un peu de douceur. Une parenthèse dans notre chaos. On balance de la couleur dans le ciel sombre, alors que mon corps s'approche, vient chercher de la chaleur, s'éloigner du monde glacial. J'absorbe ton désespoir, je le mélange au mien, et j'espère que quand ma bouche s'écarte, elle a pansé ce pauvre cœur perturbé qui bat dans ta poitrine. Ca a réconforté le mien, en tout cas, jusqu'à ce que mes prunelles s'ouvrent sur toi. Je recule un peu, j'ouvre les lèvres, et j'sais plus bien ce que je fais. Mon corps dit encore, mais mon esprit ne sait plus ce qu'il fait. Il n'a pas encore assimilé qu'il pouvait rêver d'autres peaux, il ne sait pas faire. Il est maladroit. Toute la femme l'est. « Voilà c'est euh.. t'as bien avancé j'pense. » Qu'elle hésite ; son cerveau pas encore habitué à cette nouvelle situation, qui lui hurle qu'elle a pas le droit, qu'elle peut pas croiser d'autres lèvres, comme ça. « Pense à toi maintenant. » Tu vois bien, j'amorce la fuite. Je m'éloigne, encore, j'attrape juste un dernier souvenir, que j'explose contre le mur. Et, j'fais ce que je fais le mieux, je prodigues les premiers soins, et je pars.