Il ne restait que quelques jours pour profiter de ces vacances en Europe. On était resté pas mal de temps en Grèce, mais il fallait dire que c’était une des plus belles destinations. Je décidais de me balader dans la ville histoire de trouver quelque chose d’atypique, un souvenir pour mes sœurs cabots.

Je ne me souviens pas avoir croisé d’autre rose ici, en même temps il ne reste plus énormément de fille dans nos rangs, mais je pense que ça ferait plaisir à celles qui restent de voir que j’ai pensé quand même à elles. Au moins pour mes bizutes que je serais étrangement contente de retrouver, si on m’avait dit ça il y avait encore six mois, je ne l’aurais pas cru.

Le soleil tapait par-dessus ce chapeau que j’avais enfilé pour me protéger. Une petite robe et des escarpins, juste ce qu’il fallait pour se balader sans passer non plus pour la touriste de base. Mais finalement j’aurais dû écouter cette fille sur le bateau qui m’avait déconseillée de sortir avec mes chaussures à talon.

J’avais fait à peine quelques pas que je me retrouvais coincée entre les pavés de la rue. Je pestais en retirant mon pied, mais c’était sans la chaussure qui restait bloquée au sol. J’avais payé la paire assez chère pour ne pas la laissé dans la rue. En me baissant je forçais pour récupérer mon bien, et me retrouvais projetée en arrière quand la chaussure se libérait.

- Saloperie !

Le recul avait été si fort que je percutais une personne qui passait derrière moi. Heureusement peut être qu’elle était là, sinon j’aurais terminé les fesses par terre. J’essayais de retrouver un équilibre en sursautant prise entre on désarroi de devant et celui de derrière. Mais quand je me retournais pour m’excuser, je reconnaissais ce visage singulier.

- Excusez-m… - Sofia ?

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{ confiance brisée comme une paire d'escarpin }
crédit/ tumblr ✰ w/minna

Je ne pouvais toujours pas croire que je me trouvais en Grèce avec le reste des étudiants. Après mon stage en Afrique, j'avais fait quelques escales en Europe et j'avais fini par remettre les pieds à Boston. C'est Cassie qui m'avait convaincu de les rejoindre au Summer camp, le temps de quelques jours. C'est quelques jours étaient maintenant terminés et j'étais en route pour l'aéroport afin de retourner à la maison. Il ne me restait que quelques jours pour me trouver un logement et m'y installer si je ne voulais pas rester chez mes parents. J'avais beau les aimé, je n'avais pas envie de revenir vivre dans ma chambre de gamine. Je voulais aller de l'avant.
Bref, traînant une petite valise sur roulettes derrière moi, je quittais l'hôtel où ma copine logeait pour me diriger vers l'avion qui m'attendait. Bon, j'étais assez d'avance mais j'avais pas envie de me presser à m'y rendre. Je voulais faire un dernier tour dans les alentours, mémoriser chaque magasins, chaque chemin. D'ailleurs, j'étais tellement concentrée à regarder partout autour de moi que je ne remarqua pas la jeune fille qui tirait sur son soulier jusqu'à ce qu'elle tombe sur moi. Échappant simplement mon sac à main, je repris rapidement ce dernier avant de lever les yeux vers la blonde qui tentait de s'excuser. Assez surprise d'entendre mon prénom, je reconnu la cabot en quelques secondes. "Minna? Wow, je m'attendais pas ça tomber sur toi. Ça va? Tu n'as rien?" lui demandai-je. Je n'avais pas vu l'étudiante depuis bien longtemps, n'ayant pas pu garder contact avec beaucoup de monde après mon départ.

J’étais tellement concentrée sur l’extraction de ma chaussure au milieu des pavés de cette rue infâme que je n’avais pas reconnu immédiatement la fille que j’avais percutée. Ça n’était autre que Sofia, celle qui c’était occupée de mon bizutage chez les roses. Je me retournais en sursaut en prenant quelques secondes pour tempérer la situation.

Il n’y avait pas de doute, c’était elle, son visage un peu changé, comme s’il avait subi les effets d’un voyage lointain, mais elle restait la cabot que j’avais connu. Je la regardais, interdite, sans savoir si je devais me réjouir ou non de la retrouver ici. Je me contentais de lui répondre avec une certaine franchise.

- Alors c’est ici que tu te cachais pendant tout ce temps ?

Elle n’avait pas donné de nouvelles à ses sœurs, et j’avais encore plus l’impression qu’elle avait abandonné toutes les filles en quittant la maison cabot. Je m’approchais tout de même pour venir déposer une bise légère sur sa joue. Mon sourire n’était pas aussi enthousiaste que d’habitude, je gardais une certaine introversion.

Je détaillais mon ancienne bizutrice pendant quelques secondes avant de me pencher sur ma chaussure. J’enlevais mon autre escarpin pour rester pied nu, de toute façon je crois que c’était ça ou pencher d’un côté. Je gardais les deux chaussures dans une main en essayant d’habituer mes pieds au sol chaud de la ville.

- Je crois que j’ai pas le choix, il va falloir que je continue sans.

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{ confiance brisée comme une paire d'escarpin }
crédit/ tumblr ✰ w/minna

Ça faisait vraiment une éternité que je n’avais pas parlé avec Minna. Je n’avais aucune idée de ce qu’il se passait dans sa vie, ni comment elle allait. Déjà, de la voir ici me disait qu’elle était venu profiter du soleil de la Grèce comme les autres étudiants durant le summer camp. Alors que normalement, elle aurait montré beaucoup plus d’enthousiasme à me revoir, ce ne fut pas le cas. Le fait que j’ai quitté la cabot house un peu avant de quitter l’université ne lui avait pas plu. Comme si je l’avais abandonné. Mais ce n’était pas du tout mon but. J’avais besoin de prendre du recul sur ma vie, de prendre du temps pour moi. Bref, la blonde me donna une bise sur la joue avant de faire un commentaire sur le fait que je me trouvais ici. "Ici et là. J’ai été principalement en Afrique pour le stage mais j’ai pris le temps de voyager un peu avant de retourner à Boston." Parce que oui, je retournais dans ma ville natale pour la rentrée. D’ailleurs, j’y étais quelques jours plus tôt et c’est là que je me dirigeais avant de tomber sur mon ancienne bizute. Celle-ci semblait d’ailleurs dans un mauvais état avec seulement un seul soulier au pied. Elle se résigna d’ailleurs à marcher sans soulier ne pouvant plus rien faire de celui qui était coincé. "J’ai une paire de sandale dans mon sac si tu veux." Dis-je en fouillant dans un de mes sacs. Je traînais toujours une paire de surplus au cas où celle que j’avais dans les pieds casse.

Si on m’avait dit que je retrouverais mon ancienne bizutrice ici, je m’y serais certainement préparée. Je pense que d’une certaine façon Sofia avait de la chance de tomber sur moi au dépourvu, enfin en l’occurrence c’était moi qui était tombé sur elle. Il y avait tellement de chose que j’avais sur le cœur depuis son départ, mais je n’étais pas préparée à tout déballer aujourd’hui.

- En Afrique ?

J’observais mon ancienne amie avec un œil dubitatif. Pourquoi est-ce qu’elle n’avait prévenue personne avant de partir en Afrique ? Si j’avais su qu’elle quittait le pays pour un temps j’aurais certainement passé moins du mien à pester contre elle sans savoir pourquoi.

Elle était partie en même temps que d’autres filles, et ma bizutrice qui quittait la maison à ce moment-là c’était la goutte d’eau de trop. J’essayais d’assimiler la nouvelle information, j’avais toujours du mal à savoir si je lui en voulais ou pas, mais sa proposition de me prêter une paire de sandale me soulagerait un peu.

- Tu me prêterais tes chaussures ? J’avoue que ça me touche, ça me dépannerait.

Dans la situation inverse, je sais que je ne lui aurais certainement pas prêter de chaussure, en tout cas pas dans l’état actuel des choses. Je me sentais du coup un peu bête, coupable de lui en vouloir alors que l’ancienne cabot avait l’air d’être restée la même que j’ai connue à l’époque.

Sans attendre plus longtemps, on s’arrêtait pour que j’enfile les sandales de Sofia. Je la gratifiais d’un sourire sincère sans arriver à garder plus longtemps cette mine frustrée de la fille qui en voulait à sa bizutrice. Les sandales étaient presque à ma taille et ça irait parfaitement pour finir la balade sans abimer ma pédicure.

- Tu disais que tu comptais revenir à Boston ? Je peux te rendre les chaussures là-bas ?

L’ancienne cabot allait revenir parmi les roses ? Je ne l’avais pas vue dans la liste des prochaines bizute, mais si elle comptait revenir là-bas, je m’arrangerais pour la bizuter à mon tour. Je lui poserais la question si elle acceptait qu’on marche un peu toutes les deux, après tout ça faisait trop longtemps qu’on n’avait pas fait ça.

- Sinon si tu as un peu de temps on cherche une boutique tout de suite et j’achète une nouvelle paire.

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{ confiance brisée comme une paire d'escarpin }
crédit/ tumblr ✰ w/minna

J'avais coupé les ponts avec pratiquement tout ce qui me rattachais à Harvard et à la réputation que j'étais en train de me faire entre Jake et Nate. La Cabot house avait été la première chose que j'avais délaissé pour ensuite, laisser les études de côté. Pour certains, le fait de partir faire un stage en Afrique était d'un grand courage. Oui, c'est vrai. Mais il y avait une partie d'envie de fuir ma vie actuelle qui s'y ajoutait. Bref, quand j’annonçai à Minna où je me trouvais, elle fut surprise. "Oui, j'ai fait un stage étudiant là-bas pour le restant de la session." Théoriquement, ça n'avait pas été organisé par l'université mais j'avais réussi à faire en sorte que ça me donne des crédits supplémentaires. Quand la blondinette se résout à marcher sans chaussure, je lui offrit une paire de surplus que j'avais dans mon sac. "Évidemment. Je te laisserai pas te promener pied nus." rigolai-je avant de sortir les sandales de mon sac et de lui donner. J'approuva ensuite quand elle me dit qu'elle pourrait me les rendre une fois de retour à Boston. Elle proposa ensuite d'aller faire quelques magasins histoire d'en acheter une autre paire. Je regarda l'heure sur mon téléphone avant de reporter mon attention sur la cabot. "Oui, j'ai encore du temps devant moi." Après tout, j'étais vraiment d'avance pour me rendre à l'aéroport.

Je n’aurais pas cru la revoir un jour, mais en écoutant les explications de la brune, ça avait l’air d’être un projet qui lui avait tenu à cœur. Je ne pense pas que j’aurais aimé ça, mais c’était déplacer de lui demander comment elle avait survécu sans spa dans un pays où l’eau potable est un luxe.

Si je faisais de mon mieux pour toujours afficher une image parfaite de celle que je suis, je n’avais jamais fait semblant d’être une autre hypocrite au point de lui dire que je l’admirais. Je ne relevais pas, en préférant passer à la suite de notre conversation tout en enfilant ces chaussures qu’elle me prêtait pour un temps.

- C’est la taille cabot ? On dirait qu’elles sont faite pour moi.

En regardant mes pieds j’étais plutôt satisfaite, ma bizutrice avait du goût et je devais avouer que son geste m’allait droit au cœur. J’avais rangé mes talons abimés en émettant une hypothèse sur l’idée d’aller faire les boutiques avec elle et de m’en trouver une paire à moi. Ça nous rappellerait le temps où elle était encore à la maison.

Quand j’avais la confirmation que Sofia avait du temps à me consacrer j’affichais un sourire un peu moins forcé. L’idée de passer du temps avec elle me faisait plaisir, pourtant elle devrait ramer encore un peu si elle voulait retrouver cette confiance qu’on avait autrefois. Je scrutais les horizons à la recherche d’une boutique de circonstance.

- Tu crois qu’on va trouver un magasin qui vendra autre chose que des Spartiates en ville ?

Je vulgarisais les chaussures grecques avec un stéréotype, mais si on trouvait quelque chose de pas trop moche j’essayerais de ne pas être difficile. Pour faciliter les recherches j’arrêtais une fille dans la rue, élégante et typée des couleurs locales. Je lui demandais conseil et elle nous envoyant au croisement de la prochaine rue. Je remerciais l’inconnue et prenais la direction indiquée avec ma voisine.

- Il fallait quoi comme chaussure en Afrique ? J’imagine que Sandale ou escarpin dans le sable chaud c’est à bannir ?