Ce voyage d’été aussi incroyable aura-t-il été touchait bientôt à sa fin. Je crois que je pouvais dire que j’en avais profité un maximum, j’avais pu visiter l’Europe pour la première fois, je n’en avais pas loupé une miette. Participant à toutes les activités que je pouvais, j’avais remplis mon appareil de photo souvenir.

Aujourd’hui j’avais décidée de profiter encore un peu de la plage, il n’y avait pas de sortie particulière de prévue alors je me ferai dorée au soleil, mais avant ça je devais dire que j’avais le ventre en train de gargouiller. Ne voulant pas perdre de temps sur notre prochaine escale, je décidais de lier l’utile à l’agréable et de profiter du restaurant sur le bateau.

Je ne savais pas quand je pourrais encore me vanter d’avoir profité d’un restaurant de croisière, j’avais peut-être un peu dépassé le budget vacance pour cette fois, mais je me rattraperais en travaillant double à la rentrée. Ce à quoi je ne m’étais pas attendu, c’était le nombre de personne qui avait décidé de manger en même temps.

Comme si tout le monde avait l’idée de venir ici à la même heure ? Bon d’accord, il était un peu plus de midi et c’était le seul restaurant du bateau. Je soupirais en regardant toutes les tables qui avaient l’air bien occupée. Est-ce que ça voulait dire que je devrais me passer de repas pour l’instant ? Je posais une main sur mon ventre pour essayer de me convaincre que ça allait passer.

Après tout je pourrais manger un peu plus tard ? J’étais sur le point d’abdiquer quand je repérais cette table vide un peu plus loin. C’était ma période de chance, je me dépêchais avant qu’on ne vienne prendre ma place. J’aurais dû certainement courir un peu plus vite, parce qu’à peine j’arrivais devant une des deux chaises de cette petite table que je remarquais cette femme d’une beauté asiatique naturelle qui m’avait devancé.

- Oh …

Je poussais un soupir, à la fois étonnée, et un peu déçue. Je roulais des yeux en observant la belle prendre place à ce qui devait être la dernière table disponible. J’avais déjà une main sur l’autre chaise sur laquelle j’avais prévu de m’assoir il y avait encore dix secondes. Je me pinçais la lèvre en dévisageant la nouvelle occupante de la table.

- Vous êtes toute seule à manger ?

Sans même m’en rendre compte je devais avoir le regard presque suppliant. Si je pouvais m’assoir à cette place en face de cette femme je me ferais toute petite. J’étais tellement occupée à réfléchir à cette place occupée que je ne remarquais que maintenant à quel point l’asiatique ressemblait à Asami Abe.

- Asami ? Asami Abe ?

A ce moment-là, la place vide n’avait même plus d’importance, je m’asseyais sur la chaise d’une façon enthousiaste sans même me préoccuper de savoir si j’en avais le droit. Je ne quittais plus la jeune chanteuse des yeux, mon sourire et mes complexes s’envolaient en même temps que mes yeux se mettaient à pétiller.

Je n’arrivais pas à en croire mes yeux, j’étais en face d’une de mes idoles, enfin ça n’était pas comme si j’avais tous ses albums dans ma chambre, mais c’était quand même une chanteuse que j’admirais, surtout pour l’avoir vue aux côtés de tant d’autre. Elle avait l’air surprise que je la reconnaisse, pourtant j’imaginais que ça devait lui arriver régulièrement.

- Boston il y a quelques années, un gala avec Taylor Swift, et puis il y a 6 mois un concert à Los Angeles avec Katy Perry

De mon côté je trépignais en observant cette femme d’une élégance raffinée. Elle allait certainement me prendre pour une provinciale, une touriste d’Amérique latine pourtant je rêvais un jour de pouvoir danser avec des artistes aussi grandes qu’elles. Peut-être que partager un repas serait un début vers une collaboration future.

- Je suis désolée, je vous promets je ne suis pas une paparazzi, juste une fille qui aime la musique peut être autant que vous, et qui a le ventre qui gargouille.

En revenant sur le fait qu’il n’y avait qu’une table pour deux, j’espérais qu’elle me laisserait s’assoir près d’elle pour prendre mon repas. Elle s’était levée et je pouvais la regarder du haut de ma position, un peu intimidée face à cette étoile de renommée mondiale. Est-ce qu’elle savait qu’on connaissait son nom jusqu’en Argentine ?

J’étais tellement perturbée par mon ventre, les gargouillis, la japonaise devant moi, que je n’avais même pas remarqué que j’avais oublié de prendre un plateau pour manger. Je détaillais le choix de ma voisine malgré moi et fini par prendre un peu plus d’assurance en posant mon sac à main sur la banquette en face d’elle.

- Je peux ? Je vais chercher un plateau et je reviens de suite.

En sautillant sur place je décidais de tourner les talons avant qu’elle ne prenne le temps de dire non. J’allais en direction des plateaux d’un air guillerette. Si mon ventre me rappelait pourquoi j’étais là, je n’arrêtais pas de penser que j’allais manger en face d’Asami. Je me dépêchais de remplir le plateau sans faire grande attention à mon choix.

C’est un burger végétarien qui finissait dans mon assiette accompagnée d’un assortiment de légume du soleil. Je prenais une bouteille d’eau et retournais voir ma voisine de table dès que j’avais pu m’occuper de l’aspect plateau. Je posais mon plateau en face d’elle pour finalement m’assoir en souriant à la belle Asiatique.

- Au fait, je m’appelle Vainilla. Je suis danseuse, enfin, j’aimerais bien.

Devant la chanteuse j’étais beaucoup plus intimidée qu’en temps normal, alors quand elle me dit qu’elle se souvenait de m’avoir vu à un concert, je me sentais vaciller. Asami avait l’air si naturelle, comme si c’était tout à fait normal que je partage mon diner avec une star internationale. Peut-être qu’elle disait la même chose à tous les gens qu’elle rencontre, juste pour leur faire plaisir.

- C’est vrai ? Vous vous souvenez de chaque personne que vous avez aperçu lors de votre concert ?

Ça devait représenter tellement de monde que c’était impensable. Lorsque la belle asiatique acceptait l’idée que je me joigne à sa table, je ne mis pas longtemps pour allez me préparer une assiette et revenir vers elle. Pour moi c’était totalement irréaliste de manger à côté de quelqu’un comme elle.

J’avais idée que quand elle se déplaçait elle devait avec au moins un ou deux gardes du corps, mais pourtant elle semblait être seule en face de moi. Je lui offrais un grand sourire pour la remercier de m’accorder ce petit espace autour d’elle.

- Je ne suis pas si sensible d’habitude, c’est juste que vous m’intimidez.

A la fois curieuse et perturbée, j’essayais quand même de ne pas être agaçante. Je me disais que je pourrais juste manger en faisant comme si de rien était, mais je n’imaginais pas qu’Asami voudrait entamer la conversation. Elle me complimentait sur mon prénom et je relevais la tête fièrement, moi aussi j’aimais beaucoup mon prénom.

- Par contre ça limite les choix de parfum, j’aurais dû demandé à mes parents un prénom pour chaque jour de la semaine.

Souvent les gens autour de moi s’attendaient à une certaine odeur, et c’était bête à dire mais le pouvoir subliminal de mon prénom faisait que même avec un autre parfum j’arrivais à sentir la vanille pour les autres. Je souhaitais également un bon appétit à ma camarade de table en commençant le hamburger.

C’était juste une tuerie, surtout que j’avais tellement faim que j’avais du mal à ne pas me goinfrer. Mais la compagnie en face de moi faisait que j’essayais de rester un minimum gracieuse en prenant des bouchées modestes, savourant chacune d’entre elle comme si c’était la première que je mangeais.

- Est-ce que je peux vous tutoyer ? J’avoue que c’est assez étrange pour moi de vous rencontrer ici. Vous êtes en vacance ?

En mangeant en face d’elle, je me rendais compte que l’asiatique n’était pas aussi inaccessible que je l’avais imaginée. Asami me faisait comprendre qu’elle restait une femme comme les autres et j’étais assez étonnée. Si on m’avait dit un jour que je la rencontrerais et qu’elle essayerait de me mettre à l’aise je ne l’aurais pas cru.

La brune était un peu plus âgée que moi, beaucoup plus populaire et certainement plus fortunée aussi, mais elle restait humble et ça me faisait sourire. Je me retournais avec un des yeux pétillant pour la regarder d’une façon un peu moins timide. Est-ce que je serais comme elle dans plusieurs années ?

- Merci … d’être là, d’être toi, d’être aussi naturelle.

Je n’étais tellement pas timide d’habitude alors j’essayais de prendre sur moi pour faire avec elle comme je ferais avec n’importe qu’elle inconnue en essayant de ne pas la mettre mal à l’aise. Je l’écoutais me parler de ses tournées, et une nouvelle fois ça n’était pas une conversation que j’aurais avec des inconnues, mais c’était plus qu’intéressant.

- Je suis venu aux états unis pour suivre mes rêves, j’ai envie de pouvoir danser avec de vrais danseurs, je veux pouvoir m’exprimer sur scène, et j’aimerais tant comme toi que mon père vienne me voir et soit fière de moi.

Il était fier de ma réussite à l’école, je sais qu’il m’avait toujours encouragé à poursuivre mes études, mais j’avais si peur de lire un jour la déception dans ses yeux en imaginant sa fille faire autre chose que de brillantes études scientifiques. Je n’en parlais pas souvent, mais ça m’aidait à me sentir moins intimidée de parler de moi.

- J’imagine qu’en tant que ministre tu ne dois pas le voir aussi souvent que tu le voudrais. Tu dois être contente qu’il vienne assister à ton concert ?

Je la regardais et j’essayais d’imaginer un ministre japonais à ses côtés, certainement un homme élégant comme la caricature du japonais que j’imagine. Je n’avais aucune idée du fonctionnement de la politique au japon, j’aimerais poser des milliers de questions à ma voisine, mais je réprimais un instant ma curiosité en reportant l’attention sur nos assiettes.

- En tout cas c’est délicieux, je me régale moi.