Le soleil omniprésent cet été avait le don de me faire tourner la tête. J’adorais cette période de l’année où les jardins étaient en fleur, où le sable chaud balayait mes pieds sur la plage et où les vagues de l’océan venaient se briser contre les rochers en emportant avec elle ces formes si personnelles que chacun pouvait y voir ce qui lui plaisait.

J’étais en train de danser dans le sable comme si j’étais seule au monde. Je crois même que c’était le cas, cette plage était totalement déserte, je tournoyais, sautais en me mettant à chanter sans me préoccuper de ce vide qui m’entourait. Les paroles de cette chanson de Demi Lovato venaient raisonner dans ma tête, et elles raisonnaient sur cette plage où je chantais à tue-tête.

"Got my mind on your body, And your body on my mind, Got a taste for the cherry, I just need to take a bite, Don't tell your mother, Kiss one another, Die for each other
We're cool for the summer !!"

A ce moment-là je me sentais belle, pulpeuse, comme si le monde m’appartenait. Je reculait en continuant de danser, je sautais en arrière sans comprendre pourquoi un corps étranger me faisait trébucher. Je me laissais tomber sur le sable, je m’étalais de tout mon poids en tombant sur le dos, mais c’était si doux, comme si je venais de plonger dans une mer de plume. D’ailleurs je voyais les plumes bleues turquoises s’envoler tout autour de moi.

Quand je me retournais sur le ventre au milieu de cette plage, elle avait disparue. Le sable n’était plus là, j’étais en train de flotter au milieux de nuages en coton rose. J’attrapais une de ces plumes qui volaient autour de moi, et commençait à caresser mon nuage en me focalisant sur l’horizon.

Par-delà l’étendue de nuage se dessinait une cascade d’un liquide épais arc en ciel. La cascade venait se perdre par-dessous ces nuages, mais le plus surprenant c’était cette silhouette. On dirait que le corps d’une femme se formait au sein même de la cascade pour en émerger telle une nymphe des cieux.

Est-ce que j’étais en train de rêver ? Rien de tout ça n’avait de sens, rien n’était réel, pourtant cette fille, quand elle venait à sortir de sa cachette colorée avait l’air d’être aussi réelle que moi. Elle avait un visage qui m’étais familier, comme si je l’avais déjà vue, pourtant aussi loin que je faisais marché ma mémoire, je ne me souvenais pas d’elle.

J’avançais pied nu à travers les nuages, je sautillais comme si la gravité n’avait pas d’effet ici. Ma robe légère flottait avec moi quand je faisais des sauts plus grand et le blanc nacré dont j’étais nappé avec légèreté s’accordait bien avec les couleurs pastel du décor. Je venais à la rencontre de cette étrange fille près de la cascade, mais à peine j’essayais de toucher l’eau colorée de celle-ci qu’elle se transformait en eau claire d’un bleu limpide, mais trop normale à mon goût.

- Où est ce qu’on est ?

Je retirais mon doigt et l’eau redevenait colorée, comme si le simple fait de vouloir la toucher brisait cet enchantement. Je réitérais mon action sur le visage de ma voisine, venant lui caresser la joue en me demandant si ma main passerait à travers. Mais elle avait l’air d’être là, bien plus réel que tout ce qui nous entourait.

- Est-ce que tu es réelle ?