on l’a fait. on a sauté et on est toujours vivant. j’suis en un seul morceau, mais pour combien de temps ? lorsqu’on retrouve la rive, je découvre une faune et une flore peu accueillante. non, hors de question que je dorme ou bien debout alors. ouais, je préfère jouer au lampadaire, je dormirais deux jours d’affilés si on retrouve la civilisation. « mais t’es un vrai connard en fait ! » tu me tires la langue, je te lance mon fuck, ex-aequo ok. on s’enfonce ensuite dans la cambrousse et je dégote un endroit assez plat, mais cela ne me donne pas forcément envie d’y pieuter « notre nid d’amour ? j’en peux plus alan » j’ai des courbatures en veux-tu en voilà. ton bras autour de ma nuque, il m’écrase. et tout à coup, je zieute ton index et je saute sur place en voyant un scolopendre ondulant sur le sol à toute vitesse « moi non plus, je dors pas du tout !!! » mais oh ! pourquoi tu me pousses vers lui ! t’es un gros taré ! je te hais ! je pousse un cri strident réveillant toutes les bêtes sauvages à la ronde et je te rejoins sur la plage derrière des buissons. très bien, je cohabiterais avec les grenouilles, j'ai pas le choix. arrivant à mi-chemin entre la forêt et la mer, je m’étale de tout mon long sur le sable, les yeux rivés sur le ciel étoilé « vivement que le soleil se lève.. » murmurais-je en tentant d’oublier à quel point nous étions paumés et à quel point je traînais sur le territoire de tas de bestioles. me tournant ensuite vers toi, je m’accroche à ton corps et dépose ma bouille sur ton torse. nickel l’oreiller. « demain on longe la plage et on tombera forcément sur quelques touristes.. » ma voix n’a plus la même intonation, j’suis complètement lessivée et je n’ai plus assez de force pour te chahuter. ouais, je peux même plus me venger pour toutes tes saloperies de la journée, j’ai les boules. « merci d’être mon ami alan, je n’en ai pratiquement plus tu sais.. en même temps je finis par tomber amoureux d’eux et ça se retourne toujours contre moi.. t’es un immunisé toi, bravo » ma main tapote ton pectoral opposé à celui où se repose mon visage. et voilà que je souris comme une crétine en pensant à nous plus intimement « bonne nuit landrum, ne rêve pas de nous tout nus » embrassant timidement ta joue toute lisse, je reprends ma position contre toi en fermant paisiblement mes yeux. tant pis si je me fais marcher dessus par des crabes ou des araignées, j’suis à plat, j’peux plus lutter.