J’étais de mauvaise humeur. Ce matin, me réveillant probablement du pied gauche et après être passé dans un café pour prendre mon petit déjeuner, je n’ai pas eu la viennoiserie que je voulais. Donc, j’étais encore plus de mauvaise humeur. La journée, un con avait failli me tuer avec sa voile sur la plage, et enfin, j’avais croisé une ancienne connaissance que je ne portais pas du tout dans mon cœur. Mauvaise matinée, mauvaise soirée. C’est pour ça que j’avais à cet instant précis, le seul besoin de sortir, de boire de l’alcool à foison et de donner une mauvaise image à ma famille en faisant la débraillée devant un groupe de journaliste, c’est pas ces vautours qui manquaient en tout cas, surtout au Portugal. Alors étant rentrée à l’hôtel, j’avais pris ma douche, je m’étais maquillée d’un smookie eyes charbonneux, j’avais mis une robe noire qui me collait la peau et qui avait un grand décolleté dans le dos. Des escarpins à la semelle rouge et me voilà fin prête pour passer une nuit de folie pendant mon Summer Camp. J’attrapais néanmoins ma pochette pleines de strass, celle que je ne prenais que pour les sorties qui duraient jusqu’au bout de la nuit et fourra un maillot de bain à l’intérieur. Au moins, je pouvais dire que j’étais prête pour tous les scénarios possibles. « C’est parti Eleanore. » Je replace une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille et quitte ma chambre puis l’hôtel où je séjournais actuellement. Je prends un taxi, et je me dirige vers l’un des bars les plus connus de la ville, c’était parti pour passer une soirée de folie. J’entre sur les lieux, je m’avance vers le bar et commande un whisky pur au barmaid. Tu commences fort ma petite. Oui, je commençais fort, mais mon but c’était d’avoir un total black-out.

Non, non, non, j'ai pas envie de sortir, hors de question. Je suis déjà en gueule de bois, ça suffit. Mais non, je suis beaucoup trop influençable, ma soeur m'a tiré de force dans ce bar et j'y suis, malgré moi, en train de boire une bière, puis une deuxième. Moi qui ne tient pas fort l'alcool, je décide de m'en tenir à deux bières. Mais Phoenix, elle en veut toujours plus. Elle m'envoie chercher de l'alcool fort pour elle, et aussi une bière pour moi, sauf que je vais prendre du soft. Arrivé au bar, je m'apprête à commander mais je bug, me souvenant pas de l'alcool que m'a demandé ma soeur. Je regarde derrière moi, suffit que je lui demande, mais un autre homme est à ma place. Un ami à elle ? Un plan cul ? Super, génial. N'importe quel frère irait lui casser la gueule mais pas moi. Ce type, il me donne l'opportunité de m'enfuir de ce bar, de rentrer chez moi et dodo. Je sais, il est 22h et alors ? Je suis encore un bébé moi. Je regarde à gauche et à droite et je vois une demoiselle brune qui boit un alcool fort, on dirait. Je me permets. « Qu'est-ce que vous buvez ? Ma soeur m'a demandé de lui apporter un alcool fort mais je ne me souviens plus du nom. » sourire en coin. Peut-être que je la dérange ? En même temps, je me suis même pas excusé d'avoir dérangé sa dégustation en solo. Mais bon, j'me dis qu'elle boit un truc de fille donc Nix appréciera surement.

Pourquoi est-ce que j’avais fait le choix de me mettre la tête à l’envers ce soir ? A croire, que je n’étais qu’une gamine pourrie gâtée qui obtenait toujours ce qu’elle voulait. Je détestais cette sensation. Alors, c’est tout naturellement que je me retrouvais dans ce bar branché. Contre mon gré ? Non quand même pas, mais disons que j’avais seulement envie de décompresser et de me remettre les idées en places. Et rien de plus bénéfique que de se bourrer la gueule et d’en faire qu’à sa tête le temps d’une soirée. « Qu'est-ce que vous buvez ? Ma soeur m'a demandé de lui apporter un alcool fort mais je ne me souviens plus du nom. » J’arque un sourcil et attrape la boisson que me tends le barmaid. Je tourne mon regard vers un garçon aux boucles noir de jais. Magnifique Ok, bon tu te calmes maintenant Eleanor. « Un whisky pur. Est-ce suffisamment fort pour vous ? » Mon léger accent portugais se faisait ressentir lorsque j’ouvrais la bouche pour parler. Je lâche un rire léger et porte mon verre jusqu’à mes lèvres. Je bois une gorgée de mon alcool légèrement ambré et repose le verre sur le bar. « Sinon, vous pouvez essayer le vodka tagada. C’est fort, mais ça un goût de bombec super bons. » Je l’observe du coin de l’œil.

Super la soeur quoi, elle m'a nexté en moins de deux et elle est déjà en train de draguer un portugais. Je me suis fait la réflexion ici, mais les portugais sont vraiment pas très beaux. Trop poilus, trop erk. Et les filles, j'ai vu que des mamies pour le moment, à croire que les belles filles, ça court pas toutes les rues. Quoi que, si, une étrangère à ma connaissance, brune, aux yeux pétillants. Je lui demande conseil niveau alcool pour fille et là voilà qui me parle avec un accent délicieux. Oh bordel, ça fait bien son effet. Sur moi en tout cas. Elle boit gracieusement, comme si la forme du verre à été faite pour ses lèvres. Ouais, canon, trop canon. Et moi, bah je me dégonfle quand je parle avec une fille qui me charme. Je deviens un petit enfant ridicule et ne me poussez pas à draguer, je ne sais pas comment on fait. « Euh pour une fille oui, je trouve que c'est fort. » sourire con sur le visage. Et merde, elle va me prendre un sexiste ou je sais pas quoi. « Ok, je vais prendre votre truc bombec, je lui apporte et je me tire. » je souffle en posant mes coudes sur le comptoir, à côté d'elle. J'attends que le serveur vienne prenne de moi pour prendre ma commande.

Il m’en fallait beaucoup pour m’intriguer. Je n’étais pas ce genre de nana qui trouvait tout absolument cool ou qui portait un intérêt considérable à des personnes de la même race que moi. A savoir des humains. Cependant, je devais avouer que le jeune homme qui été assis à côté de moi, piqua ma curiosité et sa beauté était-elle, qu’il me déstabilisait presque. Je l’observe du coin de l’œil, me demandant si c’est un étudiant d’Harvard. Il ne ressemblait absolument pas à un portugais, et semblait presque perdu, comme-ci on l’avait délaissé pour cette soirée. Peut-être est-ce ton jour de chance, Eleanor ? Je lâche un fin sourire, jusqu’à ce qu’il me dise : « Euh pour une fille oui, je trouve que c'est fort. » J’espérais juste qu’il n’était pas du genre sexiste. Alors, moi, j’arque un sourcil et reste un moment silencieuse. Peut-être qu’il va se rattraper ? Ou peut-être qu’il est juste maladroit. « Ok, je vais prendre votre truc bombec, je lui apporte et je me tire. » Maintenant, il me fait rire, alors je lâche un rire amusé et tourne légèrement mon corps dans sa direction, de manière à être face à lui. « On dirait que ce n’est pas le genre de soirée que vous appréciez. » Bingo. Tu m’intrigues. Je l’observe un instant, puis fini mon verre d’un cul sec, penchant légèrement la tête en arrière afin que le liquide coule parfaitement le long de mon gosier. Je me lève du siège où je m’étais installée quelques minutes plus tôt. « Dans ce cas, je vous souhaite une agréable soirée, et j'espère que votre soeur appréciera sa boisson. » Je me dirige vers la piste de danse, la musique entraînante me pousse à me déhancher au même rythme de cette dernière. Un homme vient vers moi, et commence à me coller. Il empeste l’alcool. Lui, par contre, est plutôt répugnant.

Elle rigole. Pardon, je suis drôle moi ? Mais depuis quand ? Je suis amusé de la voir amusée. Je sais pas, on se regarde et c'est comme si les petits bonhommes dans notre tête étaient connectés. Ok Quito, tu dérailles là. Mais elle est tellement belle... je vous jure, je suis pas fan des brunes à la base mais celle-là, woaw, je vais avoir du mal à m'en remettre. « Je voulais pas sortir à la base. Et c'est à chaque fois le même refrain. "Quito, viens en sors, on va  s'éclater" et hop, cinq minutes après elle m'abandonne. » je lève les sourcils en soupirant. Ok, là, tu racontes ta vie mon vieux. Je n'ai même pas le courage de lui dire au revoir. Quel con. Je fais juste une mimique débile avec mon sourire puis elle s'éloigne. Je prends l'alcool que j'ai commandé, je l'apporte à Nix qui me calcule à peine et je cherche du regard la brune étrangère. Putain, je ne connais même pas son nom. Puis soudain, je la vois, en train de parler avec un garçon. Et merde. Trop tard Quito. Sauf que ce mec semble l'oppresser, je le vois à ses grimaces et à ses petits poignets contre le torse du type. Ok, je réfléchis même pas et j'interviens. « Tu recules de vingt mètres, c'est compris ? » que je lance au type en le fusillant du regard, mes mains tremblent et je me sens pris par une colère encore inconnue. Moi les filles, je les protège comme la prunelle de mes yeux, comme j'ai toujours protégé ma soeur dans la vie en rue. Quand des gaillards voulaient l'emmerder. Bon, je ne sais pas s'il a comprit mon anglais car je parle pas portugais moi ici. Mais il a bien compris que j'étais pas content non ?