Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours beaucoup aimé les animaux, même si je ne me vois pas vivre avec une bête à poil dans la même pièce que moi, je suis fascinée par ces espèces différentes et variées qui rendait notre existence facétieuse. L’idée même qu’un animal qui rampe ou qui vol puissent penser par lui-même, agir par instinct, se reproduire comme nous, ça me donnait l’impression de n’être qu’un grain de sable parmi une plage si vaste.

Pourtant j’étais un grain de sable aux pieds de féé que seule une pantoufle de verre saurait comblé un jour. Un grain de sable rêveur, même si on l’avait éduqué de tel façon qu’il se fondait parmi les autres grains dorés d’une plage de luxe. C’était mes plus vieux souvenir de cette époque où je trouvais les petits chiens mignon et les enfants adorables.

Aujourd’hui j’avais terriblement de mal avec ces démons qui veulent sans arrêt de l’attention, pire qu’un gosse ou un chien, il y avait les chats qui demeureraient l’animal le plus avilissant de l’histoire. Alors quand on me demandait dans mon cours d’étude de la femme de m’investir dans une œuvre philanthropique, j’avouais que la fourchette devenait mince.

J’avais le choix entre les orphelins, les clochards, les estropiés, les petits chats errant et pestiférés … Rien qu’en y pensant je grimaçais en me demandant si ça n’était pas plus simple de changer d’option pour l’année en cours, mais ça voudrait dire perdre la face devant ces autres filles tellement fière de leurs causes à défendre.

Il y en avait une qui tombait en pamoison devant cet enfant atteint d’une maladie dégénérative, moi ça me faisait vomir. Je sais qu’il fallait les aider, mais d’une certaine façon j’étais trop faible pour affronter ça. C’est alors que je tombais sur ce site internet, une association qui proposait de parrainer un bébé panda pour lui garantir une vie confortable.

Je regardais la photo du petit panda et je tombais amoureuse tout de suite de l’animal. Rien à voir avec une photo à vomir, là c’était juste un panda qui avait besoin d’argent, je n’aurais même pas besoin de l’accueillir chez moi, juste à financer son rythme de vie. Je contactais directement la personne du site pour en savoir plus.

En échangeant avec un responsable sur le site de l’association, il se trouvait qu’ils avaient un bénévole justement près de chez mois. Je décidais de lui donner rendez-vous dans un parc pas loin dans Cambridge pour discuter des formalités pour mon Panda. J’avais déjà choisi un nom pour l’animal, est ce que j’aurais le droit de l’appeler comme je voudrais ?

Je ressentais déjà un amour platonique pour cet animal que je ne connaissais pas. Etre mairraine c’était la meilleure idée que j’aie eu depuis des années, j’aurais juste à utiliser le solde de l’économie Allemande pour faire vivre un animal qui en avait peut-être plus besoin que d’autre. J’avais enfilé des bottines pour pouvoir marcher dans l’herbe qui s’affichait par-dessous une robe longue dans un tissu de saison.

En levant la tête je pouvais voir ce petit oiseau, un merle je crois, avec une encolure grise qui venait moucheter son plumage plus foncé. Il était en train de chanter, certainement pour pavoiser devant ces congénères à plumes, mais attention aux renards en quête de fromage petit merle au ramage si stimulant.

Je venais alors me poser dans un coin d’herbe, je m’y allongeais même sur le dos pour regarder ce magnifique ciel bleu et ce petit oiseau qui ne semblait pas peu fière sur sa branche de peuplier. Mon interlocuteur saurait où me trouver, non ? Je lui avais mis dans la description du site, la plus belle fille que tu trouveras dans le parc, c’était facile comme description.

Allongée à observer le ciel, je repensais à cette idée de Panda. Je crois que ça me plaisait bien, et même si je n’aurais pas financé spontanément les soins de l’animal, j’étais satisfaite de ma démarche. Maintenant j’attendais la personne de l’association, j’imaginais un informaticien boutonneux, un mathématicien à lunette, ce genre de truc.

Quand j’étais interpelé par ce dernier qui prononçait mon prénom, je me penchais, relevant la tête intrigué de voir un garçon normal, même un garçon plutôt mignon. Je m’accoudais sur mon coude dans l’herbe en observant celui qui devait venir pour qu’on parle de mon panda. Je lui offre un sourire en guise de salut.

- Monsieur Panda ? Je m’attendais à quelqu'un de … différent

Je secouais la tête pour remettre mes cheveux comme il faut derrière mon épaule et continuais de dévisager mon voisin. Après plusieurs secondes je finissais par me relever pour venir m’assoir en tailleur en prenant soin de ne pas abimer le tissu de la robe. On avait bien fait de choisir ce parc, je trouvais l’ambiance plutôt idéal pour ce genre de conversation.

- Alors dis-moi, tu as accosté plusieurs filles avant moi ? Ou est-ce que je corresponds à la description ?

Continuant de dévisager le garçon avec des yeux pétillants, je ne pouvais m’empêcher d’analyser sa réaction. La première impression en disait long sur quelqu’un et il n’en serait pas autrement pour lui, du moins c’est comme ça que je voyais les choses, assise au chaud sur ce carré d’herbe.

Ce garçon paraissait plus téméraire que ce que j’avais imaginé, plus mignon aussi. Il avait une certaine assurance qui n’était pas déplaisante. Je lui souriais en essayant de mettre son prénom dans un coin de ma tête. Je ne voulais pas offusquer ce garçon qui avait fait du chemin pour me rencontrer, mais finalement je préférais le surnom de monsieur Panda.

- J’avais imaginé un garçon plus … âgé peut être ? Ou peut être plus jeune, mais un peu plus coincé. Le genre binoclard avec des boutons.

Il avait demandé, alors je lui répondais sincèrement. Je pensais avoir à faire à l’intello du campus, pas à ce genre de garçon désinvolte. Peut-être qu’il fait ça comme moi, pour se donner bonne conscience ? Dans tous les cas on était arrivé à se rejoindre malgré qu’on ne se soit jamais vu avant ça.

Si j’aurais pu me vexer à l’idée que je n’étais qu’un premier choix par défaut dans le parc, il fallait quand même avouer qu’il ne s’était pas tromper de fille. Une fois assise d’une façon assez posée pour pouvoir discuter avec mon jeune monsieur Panda, je le laissais poser la première question avant d’y répondre.

- Mon dévolu ? Je compte pas signer un contrat de mariage, je veux juste être la marraine comme c’était demandé dans l’annonce.

Est-ce qu’il y avait des qualités requise pour parrainer un panda ? J’avais trouvé cette annonce et j’imaginais que ça serait plus facile que de s’attacher à un enfant du tiers monde qui voudrait peut-être autre chose en retour. Je n’étais pas faite pour les relations, alors autant donner ce que j’avais à un animal qui ne m’en demanderait pas plus.

- J’avais pour idée de signer les chèques, enfin, c’est papa qui signera … De venir voir le panda de temps en temps, mais je ne pense pas lui créer une page instagram à son nom.

Je faisais allusion à toutes ces filles qui dédient des espaces entiers à leur animal, des pages où l’on voit plus de photo de chat que de selfie. Je trouvais ça d’un ridicule, mais en même temps chacun sa vie non ? J’attendais de voir la réaction de monsieur Panda avant de lui demander plus d’information sur la suite.

- On est d’accord j’ai pas besoin de lui faire une place dans ma chambre ?

Mon interlocuteur semblait perturbé par l’idée que je me faisais de lui, du moins de la personne que je comptais rencontrer. La vérité c’est que je ne savais pas du tout à quoi ni à qui m’attendre, c’était la première fois que je faisais ce genre de truc. Je souriais quand même à sa réplique, au moins il ne faisait pas semblant d’être quelqu’un d’autre.

- Un monsieur panda rebelle ? Rassure-toi, il en faut plus que ça pour me choquer.

J’essayais d’en apprendre plus sur ma mission, savoir un peu ce qu’on attendait de moi. Est-ce que ceux qui dépensent une telle somme habituellement pour aider un bébé panda se renseignent avant ? J’avais espéré que c’était justement ce garçon qui comblerait mes lacunes en m’expliquant tout comme il fallait.

Quand on me parlait de parrainer un panda, j’avais imaginé tout et rien à la fois, mais lorsque ce Micah pris un ton sérieux j’écoutais plus attentivement. Je ne connaissais encore pas mon bébé panda qu’il parlait déjà de le relâcher, alors à quoi le don servirait dans l’histoire ? J’arquais un sourcil en détaillant le regard de mon voisin.

- Le relâcher où ? Je pensais qu’il fallait de l’argent pour le nourrir. S’il se nourri tout seul dans la nature ça lui servira à quoi d’avoir une marraine ?

Est-ce que c’était simplement une mission par intérim qui se terminerait si vite que j’en venais déjà à me demander si je n’aurais pas eu meilleur temps de choisir une autre option ? Je regardais autour de nous ce parc magnifique, je crois que j’aurais aimé montrer ce parc au panda, même si au fond de moi je savais bien que c’était impossible.

Monsieur Panda, il avait déjà vu mon panda lui-même ? Je ne savais même pas où il était actuellement, ni même si je le connaitrais un jour. Je soupirais en caressant l’herbe près de moi du bout des doigts. Je ne sais même pas ce que ça mange un panda, est ce que ça mange de l’herbe, de la viande, des fruits ?

- Je suis désolée, je suis nulle en Panda. Je pensais que j’allais avoir une grosse peluche à moi quelque part pour faire des câlins. Tu dois me trouver idiote hein ? C’est juste que c’est la première fois pour moi.

Lui avait déjà dû parrainer des tas d’animaux, j’imagine que ne deviens pas monsieur Panda qui veux. J’essayais de lire dans son regard un peu d’espoir, quelque chose qui me dirait que même si je me sentais démunie, il ne me jugerait pas, ou pas trop.

- Est-ce que j’aurais le droit de lui donner un prénom ? Ou de savoir le sien s’il en a déjà un.

Quand j’avais décidée de m’engager dans cette aventure de parrainage, je n’avais pas du tout imaginé ce que ça pouvait impliquer. Ecouter parler monsieur Panda sur la situation était beaucoup plus intéressant que ce que j’aurais cru. Si au début je commençais le discours en plaisantant, je prenais un tout autre ton en poursuivant.

- Sérieusement ? On habitue le panda à craindre l’homme pour pouvoir se défendre dans la nature ? Je trouve ça navrant, mais j’imagine que si on le fait ça doit être nécessaire.

Je ne le connaissais pas encore, et j’avais déjà de la peine pour mon filleule panda. J’espérais seulement qu’on ne le martyriserait tout de même pas dans sa cage. Quand il me parlait ensuite de la chine, je me rendais compte d’à quel point c’était loin, j’avais lu l’annonce si vite que je n’avais pas intégré les distances qui me sépareraient de mon panda.

La prochaine fois j’achèterai un tamagotchi, ça serait peut-être moins contraignant. Pourtant je me souvenais de ce petit animal attachant qui m’avait fait versée plusieurs larmes le jour où j’avais compris que c’était la fin. C’était tellement loin tout ça, mais c’était le seul souvenir que j’avais d’un animal à la maison.

Je commençais par prendre appuis sur mes mains et essayais de me relever jusqu’à retrouver une position verticale. Toute cette conversation m’avait rendue nostalgique et je crois que j’aimerais prolonger cette expérience. Je dévisageais alors ce garçon qui gardait un air malin dans les yeux en me demandant s’il accepterait de passer plus de temps avec moi.

- Je n’ai jamais eu d’animal domestique, je n’y connais pas grand-chose dans cet univers que tu sembles affectionnés.

C’était le genre de garçon à avoir un petit chien, trois chats et peut être même un poisson rouge à la maison. Je lui souriais en imaginant un instant ce que pouvait être la vie au milieu d’une telle agitation. Je n’étais pas certaine que ça me plairait, mais ça me rendait curieuse. Je voulais apprendre pour mieux savoir m’occuper de mon bébé panda.

- Il y a un parc animalier pas loin d’ici. Tu crois qu’ils ont des pandas ? Est-ce que ça te dirait de m’accompagner là-bas ? Je voudrais comprendre comment vive les animaux en captivité, à défaut de voir un panda, j’apprendrais certainement des choses.