« JAYJAY descend de la immédiatement, tu vas tomber! » La voix de ton père en écho dans le quartier qui te fais sourire. Tu es monté dans l’arbre mort sur ton terrain. Un gros arbre vieux, mais haut, très haut. Personne ne voulait monter si haut, mais toi tu faisais toujours le contraire des autres. Tu as malheureusement ratée une branche est tu es atterrit sur le sol, un bras cassé. Ça ne t’a pas arrêtée, rien ne t’arrête.

Jay Jay c’est ton surnom, tu es née le 15 Avril de l’année mille neuf cent quatre-vingt-treize. Enfant unique, ta mère est morte lorsque tu avais 2 ans, d’une tumeur au cerveau. Elle était folle selon ton père, en fait, elle était bipolaire et c’est ce qui l’aurait tuée. Tu as donc été élevée par ton père, qui ne s’est jamais remarié. Il n’avait pas le temps disait-il, entre le boulot, tes sports et ton éducation, il n’avait même pas le temps pour lui. Être élevé par un homme qui te chérie comme sa princesse donne…toi. Tu as un grand côté « garçon manqué », mais ton côté princesse est toujours présent. Tu peux changer une roue en talon aiguille, changer un moteur en robe de soirée, travailler dans ton garage avec des ongles aussi long, sans jamais t’en casser un. Tu as joué au soccer, au hockey et au volley-ball durant ton lycée. Tu avais principalement des gars comme amis et les filles ne t’aimaient pas trop. Tu prends de la place, tu es expressive et au passage très jolie. Le problème est venu à l’adolescence, alors que tes hormones ont joué au ricochet avec ton cerveau. Tu t’es mise à faire des caprices, à faire des crises, à pleurer pendant des jours toute seule dans ta chambre. Ton père ne savait plus quoi faire, il croyait que tu avais hérité de ta mère, mais selon les médecins tu n’es pas bipolaire. Tu es TPL (trouble de la personnalité limite) en d’autres mots, tu es borderline. Ça t’a causé bien des soucis, tu as perdue beaucoup d’amis. Bien sûr tu suis un traitement pour ça, mais tu n’as plus vraiment été la même. Néanmoins, tu es entrée à l’université en science et tu as obtenue ton bac. Et oui, tu es scientifique, mais tu n’exerces pas ce métier.

Tu es artiste à tes heures, mais surtout pour la musique à laquelle tu voues un amour sans borne. Toujours une radio qui joue quelques part. Dans ta voiture, dans tes écouteurs, quand tu grattes ta guitare, quand tu chantes, bref en tout temps. C’est la musique qui te sauve de tes tourments. Elle est la seule confidente que tu as, la seule qui ne te juges pas. Tu aimes aller sur les quais la nuit, t’assoir sur le capot de ta Shelby (qui est ton bébé d’ailleurs) et gratter des airs connus en ajoutant ta voix. Petit joins accompagnant ta solitude, tu respires à pleins poumons l’air qui t’entoure. Les marins et les pêcheurs qui s’y trouve, aiment te voir arriver. Ils savent qu’ils auront une belle soirée, mélodieuse et relaxante. C’est pour toi, ta thérapie, ton exile, ta force centrifuge. On peut aussi dire que tu aimes le dessin, bien que tu ne sois pas douée. En fait, ton corps est un canevas vivants et c’est sur ça que tu laisses la plume de grands artistes venir s’y déposer. Tu aimes les couleurs et les jolies marques de ta vie laissée sur ta peau. Tu aimes ce qui sort du cadre, tu es marginale et tu aimes ça.

Tu n’as été amoureuse qu’une seule et unique fois, bien que tu aies été en couple souvent. Tu ne saurais dire comment tout ça à commencé et pour être honnête, tu n’as pas envie d’y penser. Ce bel artiste qui t’a conquis dès les premières secondes que tes yeux se sont posé sur lui. Tu t’es sentie attirée, aimantée. Même les pôles de la terre ne le sont pas autant que tu l’étais. Allez savoir pourquoi, mais il avait quelque chose de plus, ce Moses. Tu as fait ce que tu as toujours su faire, ta salope. Tu l’as eue, tu lui as jouée dans le crâne, dans le cœur, mais tu l’aimais. Tu bousilles toujours tout, alors cela n’y a pas échappé. C’était comme viscéral, tu avais besoin de lui, de vous, mais c’était trop en même temps. Ton père, qui était retourné à Chicago chez son frère, est tombé gravement malade. Tu n’as fait ni une ni deux et tu es partie sans rien dire, par peur. Par peur de tout gâcher. Par peur de tout perdre, si bien que tu as tous perdue. Au moment où tu voulais lui dire, des mois avaient déjà passés, il était trop tard. Ton père mourut du cancer généralisé, t’ayant tout légué. La maison, la Shelby, le garage, l’argent…TOUT. C’est comme ça que tu es revenue de Chicago 1 an plus tard. La sensation que tu n’as jamais existé te fiche la trouille, mais tu fais comme si tu n’étais jamais partie. Tu as repris le garage de ton père pour y exercer son métier, la mécanique! Toi qui raffole des voitures et de leurs odeurs, tu es comme un poisson dans l’eau dans ce garage. Tu tentes de penser à autres choses, tu rénoves ta petite maison, travail et sors dans les clubs. Tu essaies mais le plus dure sera de recontacté Moses, parce que tu le feras. Tu ne peux pas tirer un trait sur lui, sur vous. Tu l’aimes, mal certes, mais tu l’aimes à en mourir. Pas question de le laisser tranquille, tu remuras ciel et terre pour parvenir à tes fins. Tu as dit que rien ne te faisait peur?