Une soirée à la Mather, c'est souvent synonyme d'un carnage surpuissant en fin de soirée. C'est le truc que j'me dis à chaque fois pour tenter de ne pas finir dans un sale état. Sauf que ce soir là, j'ai mal fini. S'endormir en soirée, c'est toujours une mauvaise idée, et on l'apprend toujours trop tard, menottée à un mec, dans une chambre qui n'est pas la sienne. Et c'est comme ça que ça a fini pour moi.
J'aime bien picoler, fumer, prendre un peu de coke et il est rare que le mélange soit très positif. Et il se trouvait que ma coke était de mauvaise qualité, au point que l'euphorie qui me gagne habituellement pour une bonne poignée d'heures, s'est estompée en deux heures à peine, laissant à l'alcool le contrôle de mon corps et de ma tête. Assommée par le whisky, affaiblie par la fatigue, j'ai finalement fini la soirée endormie sur un canapé. Blackout total de cette fin de soirée, on aurait pu baiser à côté de moi, j'en sais foutrement rien. J'sais pas où j'ai atterri, je sais juste que j'suis allongée, sûrement dans un lit. Puis j'ai senti qu'on essayait d'me bouger. Je râlais dans mon sommeil, encore déchirée, accablée d'une gueule de bois violente. Mais l'fait que la personne ait essayé de m'bouger, ça me réveillait légèrement. J'essayais d'me frotter la tronche, alors que mon bras n'était pas le seul poids que j'sentais. J'ouvrais un oeil, pour voir une deuxième main, qui n'a rien de féminine. J'bloque un instant, avant de m'relever en sursaut. « Putain c'est quoi c'te merde ? » Des menottes, un mec, une gueule de bois. Le super cocktail d'une soirée qui a mal tournée. Dans un réflexe, j'regarde si j'ai bien toutes mes fringues et si lui aussi. Bon, j'ai toujours ma virginité hétérosexuelle, c'est déjà pas mal.

C'est dans ce genre de situations que j'me dis qu'il faut que j'limite ma consommation d'alcool quand j'suis crevée, parce que c'est drôle quand ça arrive aux autres, surtout aux hétérosexuels, mais quand ça m'arrive, alors que j'suis lesbienne et menottée à un mec, franchement, j'me sens mal. J'me demande vraiment ce qui a bien pu se passer pour que ça tourne aussi mal. Mon crâne est une bombe nucléaire, et Tatsuya tente de me rassurer en disant qu'il n'y a rien eu de sexuel. Encore heureux, sinon il allait perdre ses cojones. « De toute façon, t'es pas mon genre. T'es...un mec, quoi. » dis-je, d'une voix rauque. J'ai l'impression d'avoir bouffé un cendrier, c'est ouf, c'est horrible. Il me dit aussi qu'il ne sait pas pourquoi on est menottés ensemble, et là, j'commence à détester le monde entier. Qui sont les enfoirés qui ont fait ce truc là, que j'puisse niquer des mères ? « Faut retrouver les clés, qu'on sorte de cette situation cheloue. Après, j'irai frapper des gens. » J'avais vraiment le démon de me retrouver dans un plumard, avec un mec, et attachée sans savoir comment, par dessus le marché. Tatsuya cherchait dans un tiroir de son côté, m'embarquant par la même occasion. « Woooow. » Ca allait être vraiment chiant, pendant un moment. « J'espère que t'as pas envie de pisser, j'ai pas envie de m'retrouver dans cette situation là. T'as quelque chose de ton côté ? » J'espérais vraiment qu'il trouve, parce que j'ai envie d'être tranquille, de bon matin. Et en général, j'suis rarement accompagnée au réveil. J'dégage la fille avant. Alors un mec, j'vous laisse imaginer.