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{ old ways won't open new doors }
crédit/ tumblr ✰ w/pluson

— Mercredi 13 juin, en fin d'après-midi.
J'en revenais pas, elle était à l'hôpital. Parce qu'une putain de personne a jugé bon de la kidnapper pour aller atteindre une fille proche d'elle. Et je n'avais jamais entendu parler de cette fille, ce n'était de toute évidence pas sa meilleure amie. Alors pourquoi la prendre elle ? Hein ? C'était une question qui me trottait dans la tête. Pourquoi prendre Louison alors que de toute évidence, elle n'était pas non plus les meilleures amies du monde ? C'était tout un tas d'interrogations qui tournaient dans ma tête dès l'instant même où je me suis retrouvé dans le bus, en direction de l'hôpital. J'étais stressé d'utiliser un transport en commun, mais bien moins que si j'utilisais un VTC au fond. Une voiture lambda était bien trop propice à un accident et c'était de toute évidence le pire moment pour en avoir un nouveau, déjà que je me remettais à peine de celui que j'avais eu. Enfin bref, là n'était pas la question. La question, c'est que j'arrivais pas à comprendre qu'est-ce qui se passait et que ça m'énervait. J'étais énervé oui, qu'elle soit à l'hôpital à cause d'une personne. Arrivant sur les lieux, je demandais sa chambre à l'accueil et on m'indiquait assez bien le chemin à emprunter, ce que je faisais avec appréhension. Elle était blessée à la gorge apparemment et j'avais peur de ce que j'allais voir. Son pansement serait refait mais ça reste un pansement à la gorge, merde. Soupirant, je finissais par frapper à sa porte avant de l'ouvrir pour lui montrer que c'était moi. Refermant derrière moi, je venais m'installer sur le fauteuil, attrapant sa main sans la lâcher du regard, ne sachant pas quoi dire, quoi faire.

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— Mercredi 13 juin, en fin d'après-midi.
Mon regard se perd dans l’écran de télévision toujours allumé. Je nage en plein déni. La nuit a été cauchemardesque, j’ai sûrement failli y passer et pourtant, je n’ai pas pleuré une seule larme. Rien ne sort. Les soignants m’interrogent toutes les demi-heures pour comprendre d’où proviennent les différentes marques sur mon corps et je feins de ne rien piger. Je ne peux rien dire. Rien. J’ignore encore où est Soledad. S'est-elle totalement sortie du piège dans lequel je l’ai involontairement conduite ? L'inquiétude est à son paroxysme. Ma tête me fait quand à elle un mal de chien. J’ai quasiment l’impression que mon cerveau veut sortir de sa boîte crânienne pour avoir un peu plus d’espace. Tandis que je somnole, un infirmier vient changer le large pansement qui enroule quasiment la totalité de mon cou. Restant muette, j’attends qu’il quitte la pièce et j’attrape mon téléphone en constatant que tu arrives enfin à moi. Pour t’accueillir convenablement, je me redresse péniblement dans mon lit et peu de temps après, quelques coups sourds préviennent ton arrivée. J’ai très bien distingué ta colère dans tes messages, je redoute désormais un sermon supplémentaire ou une recommandation de ta part que je ne suivrais pas. Silencieuse, je te laisse t’installer à mes côtés en fronçant à peine mes sourcils. Pourquoi me fixes-tu sans rien dire ? Vas-y, crie-moi dessus, énerve-toi, embrasse-moi, montre-moi juste que tu te soucies de moi d'une manière ou d'une autre. Je hais ces yeux aussi égarés et habités par l'anxiété. Portant doucement ma main libre à mon cou recouvert de la compresse, je prends enfin la parole pour rompre cette ambiance morbide « Si je parle trop fort ça pisse le sang » chuchotai-je pour te déconstiper un petit peu. Te connaissant, je sais que ces touches d'humour se feront recaler en moins de deux, mais j'aurais au moins essayé « On a recousu entièrement ma tête, c’est l’oeuvre du Dr Frankenstein » Souris ou retrousse ton petit nez et tes lèvres en guise d'exaspération. Réagis. J'ai besoin de toi. Ramène-moi à la raison comme tu sais si bien le faire. Sauve-moi du déni dans lequel je me baigne encore. Réveille-moi et rassure-moi.

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— Mercredi 13 juin, en fin d'après-midi.
Je ne savais pas trop comment prendre tout ça dans le fond. Elle s’était retrouvée dans une situation délicate et de toute évidence dangereuse, à cause d’une fille que je ne connaissais ni d’Adam ni d’Eve, dont je n’avais jamais entendu parler et qui était proche de ma petite amie. Alors ouais, c’était normal que je me pose des questions dans le fond, non ? Me rendant dans la chambre de cette fille qui détenait mon cœur, je ne savais pas quoi dire, quoi faire pour que les choses aillent mieux, pour elle ou pour moi d’ailleurs. Sûrement que ma maladresse allait prendre le dessus et ça allait tout faire foirer, que sais-je. Alors que je frappais à la porte pour indiquer mon arrivée, je venais ouvrir la porte pour rentrer, refermant directement derrière moi. Sans réfléchir, je venais m’installer sur le siège, attrapant sa main la plus proche de moi, sans détourner le regard d’elle, de ce pansement qui couvrait toute sa gorge. C’était vraiment une blessure qui allait de bout en bout… Ouais, ça me retournait le cœur. « Tant que t’es en vie, œuvre de Frankenstein ou non, c’est tout ce qui m’importe… Je veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit Louison » soupirais-je avec un air terriblement inquiet. Parce que ouais, j’étais mal à l’aise de voir ce bandage qui cachait ta blessure. Et c’était peut-être pas la seule que t’avais sur le corps et j’avais encore plus peur de découvrir l’étendue des dégâts. « Je veux plus que tu la vois… J’te jure, je peux pas te perdre » Et qu’importe l’importance de cette fille dans sa vie, elle peut se trouver de nouveaux amis, elle était assez sociable comme fille alors elle saurait retomber sur ses pattes. « Ça aurait pu être tellement pire… » Et la boule se formait dans ma gorge, celle de la tristesse qu’aurait engendré un tout autre appel si les choses avaient dégénéré. Baissant la tête, collant mon front au bord de son lit, je me retenais de ressentir bien trop de choses parce que je pouvais fondre en larmes sinon.

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— Mercredi 13 juin, en fin d'après-midi.
Qu’est-ce que cela t’aurait fait si je n’étais pas revenu de ce guet-apens ? Hein ? Tu aurais ressenti quoi au juste ? La mort fait partie de la vie. On ne s’est rien promis. On vit au jour le jour, comme tu me l’as si bien répété. Certes, tu me dis que tu m’aimes, mais à quel point ? Je hais l’inconnu, le flou qui nous enveloppe encore et qui me force à progresser à tâtons avec toi. Je voudrais tant savoir ce que le destin nous prépare à tous les deux. Mon humour se dissipe alors progressivement en percevant l’inquiétude qui te submerge. Je rabats ma main proche de mon pansement le long de mon corps et je fronce mes sourcils quand tu me demandes de rompre le contact avec celle qui m’a mise dans cette position. Mon nez remue en réprimant les larmes qui s’accumulent sous ma façade tranquille. Ma main serre la tienne un court instant pour te montrer le chaos que tu produis en moi avec cette requête. Ton visage disparaît ensuite et te voir aussi anéanti me fend le coeur. « Pluton ? » t’interpellai-je dans un murmure en apposant ma paume sur ton crâne. Maladroitement ou non, je caresse tes cheveux en permettant à une larme de sortir de son réservoir « Qu’est-ce que ça te ferait si je mourrais ? » te demandai-je presque naïvement, à la fois pour jauger ton attachement à mon égard, mais aussi pour me rassurer que tu tiens toujours à moi. Cela va faire trois mois que l’on sort ensemble, quatre que l’on se connaît, je crains que tu commences à saturer de Louison Chamberlain. Même si tu ne conduis pas, j’ai toujours si peur que tu me quittes sur une bande d’arrêt d’urgence, sans que je ne m’y attende. Je crains aussi que tu n’oses pas me dire que l’on est arrivé au bout du bout et que je ne suis pas celle qui te faut pour tracer ta route « Pardonne-moi » Pardonne-moi de ne pas pouvoir exaucer tes vœux, de me fourrer dans des histoires pas possible et de t'exaspérer de temps en temps. « Tu n'en as pas marre de moi ? »

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— Mercredi 13 juin, en fin d'après-midi.
Je sais qu’elle n’était pas au courant de toute ma vie, elle ne pouvait pas savoir les traumatismes que je pouvais avoir. Mais savoir qu’elle avait failli perdre la vie hier, c’était quelque chose qui me faisait peur, qui m’effrayait. J’avais du mal à voir ma vie sans elle à présent et j’étais tout bonnement paralysé à cette simple idée qu’elle puisse un jour partir dans d’autres cieux. Non, je refusais ça, je refusais que ça arrive une nouvelle fois. Putain de poissard de mes deux. Je suis sûr qu’il lui serait jamais arrivé ça si elle avait été loin de moi, si elle avait trouvé du réconfort dans les bras d’un autre. Enzo par exemple, ou Liam. Que sais-je. Alors oui, forcément que je ne voulais plus qu’elle voit cette fille. Est-ce que c’est celle qu’elle aime ? Est-ce que c’est celle que j’avais soi-disant battu à plate couture ? Cette interrogation s’immisçait un peu plus dans mon esprit. Pour le coup, c’était pas forcément le moment, elle avait un bandage sur son cou, elle semblait encore sous le choc de ce qui s’était passé et je préférais l’épargner le temps de sa convalescence. Tête baissée contre son lit, ne supportant pas la vue qu’elle m’infligeait, elle m’interpellait malgré tout, une main sur mon cuir chevelu qu’elle caressait doucement, avant de me questionner de façon assez morbide. Relevant la tête pour poser mon regard sur elle, je sentais la boule se former un peu plus dans ma gorge. Ce que ça me ferait si elle mourrait ? Elle n’en avait aucune idée… Et ce serait loin de tout ce qu’elle pouvait imaginer. « Je vrillerai… » Ne pouvant pas dire plus. Je fermais les yeux, tentant d’éloigner toutes les images que j’avais de Tanja, de ce qu’on avait vécu et du deuil que j’avais du vivre par la suite… des années durant. « Pourquoi j’en aurais marre de toi ? T’es juste… plus poisseuse que moi. Ou alors c’est contagieux et je t’ai filé un peu de ma malchance.. Sûrement que tu devrais t’éloigner de moi si tu veux rester en vie jusqu’à 100 ans » C’était une touche d’humour, mais quelque part de la vérité. Elle ne vivait que des merdes depuis qu’elle était avec moi et j’avais cette impression que j’étais pas étranger à tout ça.

— Mercredi 13 juin, en fin d'après-midi.
J’ai la force qui faut. Je peux me relever. Je dois me relever. J’ai beau être la balafrée qui gît dans un lit, je te trouve soudainement bien affaibli. Il ne faut pas que tu t’inquiètes pour moi mon amour, écoutes bien, tends l’oreille, je respire toujours. Tout va cicatriser. Ce n’est pas la première fois que je frôle la mort. On est des habitués tous les deux pas vrai ? Posant ma main sur ta tête disparue contre le matelas, je tente par tous les moyens de retrouver ton regard. Tu te caches de moi ? Je t’écoeure ? Je le savais. Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Ta voix se fait plus serrée et tu ne t’étends pas dans les détails. Tu vrillerais. Je dois donc me contenter de cette réponse succincte qui titille mon imagination débordante. C’est une façon de me dire que tu ne peux plus imaginer ta vie sans moi ? Ou bien tu vrilleras temporairement avant de retrouver la paix... Bref, forcée de constater l’effet de ma mésaventure sur toi, je t’interroge maladroitement sur l’état de notre relation et sur ta capacité à me supporter. Quand tu me retournes ma question, je hausse les épaules en gonflant mes joues. Je laisse ensuite l’air emmagasiné sortir et je fronce petit à petit mes sourcils. Où tu veux en venir ? « Quoi ? » relevai-je en jetant le drap qui me recouvre. J’ai de la fièvre. Je brûle et me consume sous l’angoisse qui surgit. Il fait aussi chaud qu’en Enfer ici. Mon coeur s’emballe dans ma poitrine. Mon ventre se noue. Je sais à quoi cela ressemble ce que tu jettes là. Alors tu décides de baisser les bras ? Nous deux, c’est donc voué à l’échec, tu l’avoues enfin. « Tu voudrais qu’on rompe ? » te demandai-je en soutenant ton regard fuyant. J'ignore si je fais subitement dans le catastrophisme, mais tu me fais peur avec tes conneries. Sois un homme, dis moi franchement ce qui se passe en toi Pluton. Je peux tout entendre, même si je suis dans cette chambre aseptisée. Au point où j’en suis, tu peux asséner le dernier coup, frappes, décapites moi complètement. Dépossède-moi de toi que j’agonise un peu plus. « Je ne sais pas pour toi, mais je me voyais bien souffler mes cent bougies à tes côtés moi. Paie ta désillusion Louison » avouai-je en levant mes pouces pour probablement me féliciter de ma naïveté.

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— Mercredi 13 juin, en fin d'après-midi.
Elle ne connaissait pas toute l’histoire et c’était certainement pour ça qu’elle semblait aller si bien pendant que moi, j’étais au bord du précipice. Si elle avait eu les jours de coma que j’ai vécu moi-même quelques semaines auparavant, ouais, ça aurait été compliqué à vivre. Heureusement, ça n’avait pas été le cas et je m’en portais bien mieux comme ça, relativement parlant. Quoiqu’il en soit ouais, je vivais mal sa présence sur ce lit d’hôpital et ça se voyait sur ma tronche. Alors quoi ? J’allais devoir vivre avec cette peur constante que l’amie en question vienne la foutre dans la merde à chaque fois ? Faut croire. Alors non, je veux qu’elle cesse de voir cette fille pour ne plus avoir de lien avec elle et une épée de Damoclès sur la tête. « Quoi quoi ? » J’avais le regard posé sur elle et je voyais que j’avais dit un truc qui n’allait pas mais je ne savais pas quoi. Enfin, peut-être le fait de s’éloigner… On parlait de Louison. Et de moi. Donc ouais, l’incompréhension pouvait être de mise entre nous. « Non, non, j’ai jamais dit ça » soufflais-je doucement, la tête se secouant négativement. « J’ai pas dit le contraire mais… t’as la poisse, depuis que t’es avec moi. Tu l’as pas remarqué ? » Et puis il fallait que je lui dise, que je cesse de cacher les choses. Il fallait que je sois honnête, quitte à souffrir par la suite. Je ne voulais pas la perdre Louison. Je l’aimais et j’avais le cœur qui s’affolait à chaque fois que j’étais dans la même pièce qu’elle. Mais il y avait Camila. Il y avait toujours Camila et ça me tiraillait toujours autant, comme au premier jour. « J’te mérite pas… J’te mérite pas et je sais que j’te fais souffrir et ça me bouffe » Je me levais pour faire quelques pas. « C’est toi qui voudra rompre Louison » que je disais quand je me tournais vers elle, le regard montrant à quel point j’étais tiraillé.

— Mercredi 13 juin, en fin d'après-midi.
Si, c’est bien ce que tu as sous-entendu. Tu sais pertinemment et depuis toujours que nous deux, ça ne pourra jamais fonctionner. Pourquoi tu ne m’as pas repoussé quand je t’ai choisi, tu le savais à l’avance que ça ne mènerait pas bien loin ! Et tout ce que tu m’as dit alors ? Ces mots d’amour ? C’était du vent ou tu les pensais vraiment ? J’ai la nausée. Il y en a bien une que tu désires plus que tout au monde, je le savais et j’ai foutu de belles œillères. Justifie-toi de la manière que tu veux. Tu peux dire que c'est de ma faute, que mes crises de jalousie étaient de trop. Moi je les trouve carrément légitimes ces crises. Dans tous les cas, mon coeur s’emballe, car me connaissant, je sais très bien où tout ça va finir. « J’ai la poisse depuis que je suis née » répondis-je consternée. Mon visage se baisse et je me focalise sur mes mains entre mes jambes. J’aurais espéré que tu aurais été plus fort que tout ça. Finalement non. Une part de mon instinct savait que c’était foutu d’avance. Te regardant t’accabler, je fronce mes sourcils en suivant ta silhouette qui évolue dans la pièce. « C’est vrai » lâchai-je froidement avant de pousser un long soupir. C'est vrai, je crois que pour une fois, j'ai été réglo dans cette histoire, je n'ai rien à me reprocher. C’est peut-être l’heure de te laisser définitivement partir. On a passé du bon temps ensemble, mais je sais que tu n’es pas l’homme qui m’offrira ce que je désire le plus au monde. Je t’aime ouais, mais je ne peux plus supporter d’avoir le cul entre deux chaises. J’suis souple, mais il ne faut pas abuser. « On peut rompre dès maintenant. De toute façon, il semblerait qu’il y ait une bonne raison pour le faire. T’es complètement décomposé. Parle » Qu’est-ce que t’as branlé ? Enfin, qui t’a branlé ? Je disjoncte complet, ça me ferait presque rire, pourtant j’ne suis pas shootée. C’est nerveux. La fin me rend nerveuse. Je commence à être abonnée aux déceptions, une de plus ne me surprendra pas.

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— Mercredi 13 juin, en fin d'après-midi.
C’était dingue à quel point je pouvais être amoureux de cette fille, mais qu’à la fois, je me sentais comme le poison de sa vie. Peut-être n’aurais-je pas du me précipiter après Camila, peut-être aurais-je du me soigner entièrement avant d’aller vers une autre fille. Mais le mal était fait. Je la blessais malgré moi et maintenant, elle se retrouvait dans un lit d’hôpital. C’était pas ma faute ça, mais je me sentais mal, je me sentais plus que mal. J’avais été voir Camila la veille, heureux de voir qu’elle se sortait “indemne” de son enlèvement, de sa captivité. Mais les choses n’en étaient pas restées là, d’où le fait que je me sentais mal. J’avais peur de la perdre, mais je savais que c’était inévitable. Elle souffrait trop à cause de moi, elle souffrait et j’étais cette bombe à retardement qui allait tout briser sur son passage. Je le savais, je le sentais. Elle confirmait mes dires de toute façon. Je ne la méritais pas, elle aussi le pensait. Pourquoi on était ensemble alors si elle pensait tout ça ? De toute façon je la connaissais. Dès que j’allais lui dire ce qui s’était passé, elle allait vouloir rompre. C’était obligé, je le savais. Et même si je l’aimais, je savais qu’il ne fallait pas que je lutte contre tout ça. Ça ne servait à rien, mon cœur était tiraillé et c’était peut-être une délivrance, pour elle, pour moi. Pour tout le monde. « Camila m’a embrassé » soufflais-je alors dans un murmure presque inaudible. « Je suis allé la voir hier, elle venait d’être retrouvée après avoir été retenue captive par des canadiens et dans un moment de flottement elle m’a embrassé » Je n’y ai cependant pas répondu, mais je ne l’ai pas repoussée pour autant, incapable de le faire.

Je n’avais jamais entrevu ton pessimisme autour de nous deux. Tu étais toujours celui qui se battait pour nous, celui qui me sortait de mes doutes. Mais aujourd’hui, tu me laisses couler dans ma mare nauséabonde remplie de craintes. Je voudrais que tu me tendes ta main, que tu me ramènes sur le bord, mais non. Tu ne m’aides pas, tu ne m’en sors pas. Ta tronche qui se décompose est un signe. Il s’est passé quelque chose. Tes yeux me fuient comme la peste. Je me crispe dans mon lit tout en cherchant à retrouver de force ton regard. Je n’en peux plus de cette tension qui s’est immiscée, alors je décide sans tarder de crever l’abcès, une pointe d’agressivité dans ma voix. Après une poignée de secondes interminables, tu craches le morceau et je me fige. J’entre en mode introspection et je me gueule dessus à l’intérieur. C’était si prévisible que cela en devient risible. C’est d’ailleurs ce que je fais, je pouffe de rire en détournant mes prunelles qui ne méritent plus de croiser les tiennes « Félicitations, la reine des garces à enfin frappé et elle a enfin obtenu ce qu’elle voulait » J’applaudis ta Camila et me débranche de tous les tuyaux inutiles « Je ne veux plus entendre parler de toi Pluton, nous deux, c’est fini, va la retrouver, je me bats plus », et même si c’est elle qui s’est pitoyablement jetée sur toi, je suis sûre que tu as pris ton pied. Aucun respect cette fille. Du coup, alors que je perdais quasiment la vie cette nuit, tu roucoulais avec elle c'est ça ? Ça me dégoûte. Je n'en peux plus de rester inerte. Je saute alors du lit, sans éprouver une quelconque douleur grâce à la colère qui s’empare de moi, puis je me plante devant toi. L’envie de pleurer est là, mais tu n’auras pas accès à ce privilège. Tu ne pourras pas voir à quel point cette rupture que je fous sur la table me démonte le coeur. Parce que je t’aimais et je me sentais vraiment capable de t’apporter une vie de rêve. Toi et moi, main dans la main, marchant toujours plus près de l’horizon, c'est mort. Si seulement, si seulement j’étais venue plus tôt qu’elle dans ta vie. Je la déteste, définitivement. Près de toi, je sens l’odeur de la trahison et sans pouvoir me contrôler, ma main part dans ta joue pour une gifle que tu mérites sûrement « Je te déteste autant que je t’aime »