Cette fois s’en était assez, ça faisait quelques semaines que j’essayais d’arranger une soirée avec Nirvana, sans succès. Normalement c’était moi le problème dans l’histoire à cause de mes horaires surchargés, alors je me doutais qu’il y avait quelque chose d’autre, quelque chose qu’elle ne me disait pas. Vers 17h, sur un coup de tête je m’étais décidé à aller lui rendre visite, directement chez elle. Au moins, comme ça elle ne pourrait pas fuir. Je garais ma voiture dans la rue avant de me rendre au dernier étage de son immeuble. Mes mains tremblaient légèrement à cause de la nervosité, après tout je n’avais pas vraiment l’habitude de débarquer à l’improviste chez les gens et j’ignorais comment elle allait recevoir ma subite apparition. Prenant une grande inspiration je toquais trois fois à sa porte puis croisais les bras en attendant qu’elle ne vienne ouvrir la porte. Depuis le temps qu’on se connaissait, c’était une des premières fois où l’on restait si longtemps sans se voir et se donner des nouvelles. La porte finit par s’ouvrir et mon regard finit par croiser celui de la jeune femme qui, comme je me l’attendais, avait l’air assez surprise de me voir. « Salut Nirv… J’espère que je te dérange pas? »

La solitude me va comme un gant. Tout là-haut, dans ma tour d’ivoire, je contemple le monde avec mes airs supérieurs. Mon nez se colle à la fenêtre et je me noie dans ce panorama qui scintille, totalement vide. Où je vais ? Qu’est-ce que c’est que d’être heureuse ? Tous les jours, je croise des tas de personnes le sourire jusqu’aux oreilles et je les imite, sans forcément ressentir ce bonheur immense au creux de mon estomac. Puis, quand je me sens beaucoup trop happée par la foule, je m’isole et je reste enfermée ici, en face-à-face avec moi-même. J’ai tout coupé, téléphone, télévision et autre objet connecté. Une invasion zombie pourrait avoir lieu, je ne serais pas au courant. J’sens mes longs cheveux qui caressent ma peau et je souffle sur la fenêtre pour y laisser un message avec mon doigt. Tout à coup, on toque à ma porte et je maudis déjà le concierge qui n’a rien compris à mes ordres. Personne ne doit pouvoir venir jusqu’ici, personne, à moins que je ne change les règles. Mon verre de vin à la main, je me dirige vers la porte dans ma petite nuisette et ouvre franchement pour me retrouver nez à nez avec toi, Nick Larsson, cet homme qui ferait frémir les plus lesbiennes de la planète terre. « Nick ? » Bah oui, c’est bien toi, à moins que tu aies un jumeau maléfique dans le coin « Qu’est-ce que tu fais ici ? Je croyais t’avoir rendu tous tes slips kangourous depuis l’temps » Faisant rouler le liquide rouge dans son ballon en verre, je bois lentement une gorgée et me décale de sorte à ce que tu puisses rentrer « Casse rien espèce d’éléphant, je te connais » Ben oui, tu te souviens quand on craquait face à cette attirance physique qui nous lie ? Quand tu n’en pouvais plus de me résister et que tu m’emportais sauvagement partout pour m’avoir ? Tu te souviens ? Malheureusement, un jour, t’as tout arrêté, t’es parti avec elle et je n’ai plus trop eu de nouvelles. Je t’en veux encore pour ça. Personne ne lâche Nirvana. Alors, ne crois pas que mon sourire espiègle signifie que tout va bien entre nous, ce n'est pas le cas. J'ai pas digéré ton éloignement. Bref, je referme ensuite derrière toi pour te séquestrer dans mon antre luxueuse. Je te laisse silencieusement prendre tes marques dans mon environnement rangé au millimètre près, mon regard déroutant rivé sur toi et ta carrure imposante qui me rappelle ô combien c'était bon d'être dans tes bras.