→ Olympe & Victoria, 9 Juin. "I won't leave (you)"

Cela fait maintenant une semaine que Victoria est au Soudan et elle n'arrive toujours pas à y croire. Elle est impressionnée par l'expérience qu'elle est en train de vivre, ne s'étant jamais sentie aussi utile que maintenant. C'est une incroyable leçon d'humilité que de fréquenter les civils en danger et se rendre compte que ses petits problèmes quotidiens ne sont rien par rapport à ce que ces gens vivent - et survivent. Elle prend énormément de photos et de vidéos pour tout documenter et prépare déjà les plans d'un article et d'une vidéo qu'elle postera à son retour. En plus de tout ça, elle est contente de pouvoir partager ça avec Pia, avec qui elle s'entend de mieux en mieux, et, bien sûr, Olympe. Cependant, qi Victoria est bien plus à l'aise avec Olympe aujourd'hui, les deux étant devenues de réelles amies, elle reste, ce soir, assez en colère contre elle. Cela fait quelques jours maintenant que le camp a commencé à recevoir des menaces et Olympe semble déterminé à vouloir renvoyer Pia et Vi chez elles. Toutefois, malgré sa promesse faite avant de partir, Victoria refuse, sentant qu'elle peut encore être utile ici et refusant de laisser Olympe seule. Ce soir, elle bouillonne. Vi essaye de se concentrer sur son brouillon d'article mais elle n'y arrive pas, ses pensées retournant déjà aux discussions qu'elle a eu avec Olympe plus tôt, lui demandant de rentrer sur Cambridge au plus vite. Pour l'instant, elle l'a ignoré, a répondu non sans laisser vraiment place à la discussion mais ce soir, Vi a envie de faire comprendre à Olympe a quel point le fait qu'elle reste n'est pas négociable. Déterminée, elle se lève, sort de sa tente, et se dirige tout droit vers celle d'Olympe, peu importe si celle-ci est en train de dormir. Presque brusquement, elle rentre dans la tente et dit, fermement, les bras croisés, "Il faut qu'on parle."

@A. Olympe Rothschild

Quelques jours que les filles sont avec moi : Pia, mon amie d'enfance, et Victoria, que je ne saurais définir. Nous avons déjà beaucoup travaillé, que ce soit dans la reconstruction des bâtiments qui ont été endommagés, où dans l'accueil des femmes, de la prévention ou encore des soins avec les infirmières. Des bras ne sont jamais en trop, et j'avoue que je suis heureuse que les deux femmes soient avec moi. Piou s'y connaît déjà, en mission humanitaire. Mais Vic se débrouille vraiment bien. Ce qui me dérange le plus, c'est que je me vois la détailler toute la journée, observant ses gestes, sa façon d'être. Mais elle a fini par vraiment m'énerver. Les jours passent et les attaquent sont de plus en plus importantes et nombreuses. Je ne veux pas qu'il leur arrive quelque chose, à l'une ou à l'autre. Mais Vic refuse catégoriquement de partir. J'aimerai la mettre de force dans le jet, qu'elle parte d'ici, retourne à Cambridge, et par la même occasion, m'éviter une mort lente et douloureuse par Stella. Ce soir, nous nous sommes encore énervées, et j'ai préféré écourter la soirée pour retourner dans ma tente. Réfléchir. Un tee shirt jaune et la culotte blanche, je m'installe sur le tapis au sol, m'allonge. Sur le côté, j'essaye de trouver le sommeil mais mes pensées errent. Il faut que je trouve une solution pour qu'elles repartent, toutes les deux, même si aucune des deux n'est d'accord avec cette décision. Mais alors que je commençais juste à m'endormir, Vic entre rapidement dans la toile de tente. Je sursaute, me redresse vivement. « De quoi veux-tu parler Vic ? » Je frotte mes tempes alors que je sens le mal de tête arriver. Je sais déjà qu'elle est têtue comme une mule, et que jamais elle ne voudra repousser la conversation au lendemain. Je m’assois en tailleur, lui indiquant une place pour qu'elle vienne s'installer à côté de moi. « Je te préviens, je n'ai pas l'intention de m'engueuler avec toi ce soir.. » Je n'en ai pas le courage en fait, vraiment pas.

@Victoria Santos Bautista

Le mois dernier, Victoria aurait été rouge comme une tomate en entrant dans la tente d'Olympe comme ça et en la voyant dans cette tenue. Elle aurait bafouiller, rit nerveusement, et eu du mal à parler clairement. Mais elle est plus à l'aise maintenant, et de toute façon, elle est tellement déterminé à faire comprendre à Olympe qu'elle fait ce qu'elle veut, qu'elle fait à peine vraiment attention à elle. Elle s'assoit en face d'Olympe, les bras toujours croisé, et lève les yeux au ciel quand Olympe lui indique ne pas vouloir se disputer avec elle. "On a pas à s'engueuler alors. Je veux juste que tu comprennes que je suis aussi libre que toi à prendre mes propres décisions." Vi sait bien qu'elle a promis à Olympe de rentrer s'il se passait quelque chose et qu'Olympe peut très bien utiliser ça contre elle mais c'est bien ça le problème, il ne sait rien passé, juste des menaces, rien de bien méchant. Les menaces, elle connait, elle en a déjà reçu, c'est pas aujourd'hui que ça va lui faire peur. Et puis, Vi est têtue. C'est bien quand on lui dit de faire quelque chose qu'elle refusera de le faire. Elle comprend pourquoi Olympe veut qu'elles rentrent mais Vi déteste qu'on prenne une décision à sa place. Et aussi, il y a Olympe... Au fond, Victoria se rend compte qu'elle tient beaucoup à la jeune femme et fuir et laisser Olympe derrière la met mal à l'aise rien que d'y penser, donc vraiment le faire, c'est même pas en rêve. "Si c'est si grave que ça, t'as qu'à rentrer avec nous," elle lui dit, sachant très bien déjà ce qu'Olympe va lui répondre. Il est clair qu'Olympe est elle aussi têtue mais Vi pense quand même pouvoir gagner à ce jeu là.

Cette situation m'épuise. Je n'aurais jamais du lui demander de venir, jamais. Ni à Piou, et surtout pas à Victoria. Je savais que tout pouvait changer rapidement ici, et les menaces que nous recevons sont les mêmes que quand je me suis faite enlever. Et je ne veux pas que cela se reproduise pour moi bien entendu, mais surtout pour les filles. Parce que je m'en voudrai terriblement... Victoria avance un peu sous la tente et s'assoit en face de moi. Elle n'a pas compris non, qu'elle n'avait pas le choix et que c'était moi qui décidais ici, pour sa sécurité. « Non justement. Tu m'as promis de partir si la situation le voulait. » Et c'est ce qu'il se passe en ce moment. Je me frotte un peu le visage, déjà fatiguée de cette conversation. « Vic, tu ne comprends pas... Cette association, c'est la mienne ! Et il est hors de question que je laisse des personnes briser ça. » Ce sont mes idées, mes valeurs, et je ne veux pas qu'ils détruisent ça. Je sens que ce soir, nous ne trouverons pas un sujet d'entente si je reste sur la défensive comme ça. Je tends la main vers elle, mais la recule pour la poser sur mon genou. Je dois rester encore quelques jours, pour essayer de régler les problèmes. Et après, je surveillerai de loin ce qu'il se passe. Est ce que ma présence augmente la violence de nos détracteurs ? Sûrement. Alors partir, ce serait peut-être une bonne solution après tout. « Stella va me tuer si il t'arrive quelque chose. » Et je m'en voudrai toute ma vie. Je relève les yeux vers elle. « Je t'assure que tu ne peux pas imaginer ce dont ils sont capable Vic, vraiment... Même si c'est juste pour me faire du mal, juste pour que je paye pour qu'ils te relâchent... Ils feront tout pour faire durer leur plaisir et ton cauchemar... » Et moi non plus, je ne veux pas imaginer cela.

Quand Olympe réagit exactement comme Victoria l'avait prévue, celle-ci lève à nouveau les yeux au ciel. Olivia lui dit toujours que c'est hyper énervant comme geste, surtout quand l'autre personne est énervé, et qu'elle se fera surement frapper à cause de ça un jour, mais, en core une fois, Victoria s'en fout. Elle s'est jamais retenue pour personne et c'est pas aujourd'hui que ça va commencer. Et puis, elle aussi elle est énervé, bordel ! "Oui, si la situation le voulait. C'est que des menaces, Oly. Vous devez en recevoir tout le temps. Non pas que ça m'enchante, hein ! Mais ce que je veux dire c'est que le travail effectué ici va forcément énervé certain groupe et c'est pas pour autant qu'il faut tout plaqué. Je suis autant impliqué que n'importe qui ici. C'est pas parce que c'est mon premier travail humanitaire qu'il faut me préserver." Vi sait très bien de quoi elle a l'air, d'une hipster fraîchement débarqué des states qui fait ça BA pour quelques clics. Elle a l'habitude qu'on la voit comme ça, elle espérait juste qu'Olympe ne fasse pas partie de ces gens... Vi doit tout de même reconnaître que l'émotion qu'Olympe a dans sa voix et dans ses mots quand elle parle de son organisation fait un peu fondre sa flamme. Elle voit bien a quel point c'est important pour elle mais c'est justement aussi pour ça qu'elle veut rester et l'aider. Vi voit Olympe faire mine de prendre sa main pour au final la poser sur son genoux et fronce légèrement les sourcils. Toujours aussi déterminé, elle fixe Olympe du regard et prend elle-même la main d'Olympe dans la sienne, espérant qu'elle comprenne enfin où elle veut en venir. "Je comprend, Oly. Je te vois depuis que je suis ici, je vois à quel point tu es dévouée à cette association. Alors laisse moi t'aider s'il te plait." Vi ne peux s'empêcher de sourire un peu quand Olympe mentionne Stella. Elle espère qu'elle ne la harcèle pas trop par sms... Dieu sait que Vi en reçoit à peu prêt quinze par jours. "Non, en effet, je peux pas imaginer ce que c'est," Vi répond la voix plus tendre, moins froide, la tension quittant enfin ses épaules, son visage s'adoucissant un peu plus. "Mais je refuse que tu revive ça. Qu'est ce qu'il va se passer si je m'en vais ? Si Pia s'en va ? Oly t'as vécue une expérience traumatisante. En revenant ici, c'est sûr que tu vas avoir des souvenirs, des angoisses. Laisse nous être là pour toi." Tout en parlant, Vi caresse doucement le dos de la main d'Olympe avec son pouce.

Je n'aurais pas du l'inviter. En fait, depuis le début, je crois que je savais que je ne devais pas la faire venir ici. Son entêtement se heurte au mien, et nos deux têtes de cochons refusent d'abandonner. Parce qu'aujourd'hui, je sais que j'ai raison, et il est hors de question que je change d'avis. Et même si je baisse un peu ma garde, elle ne doit pas savoir qu'au fond, je cherche une solution pour la mettre de force dans cet avion ! Elle me lance une tirade, essaye de me convaincre qu'elle a sa place ici. Mais ça, je le sais déjà. Elle est importante, autant pour l'association que pour moi. Vic est impliquée oui, elle prend son rôle bien à cœur et cela se voit. Je me sens pourtant obligée de la préserver. Parce que ce pays n'est pas une bonne idée pour une première mission humanitaire justement, parce que c'est dangereux et qu'il m'est interdis qu'il lui arrive quelque chose. La main posée sur mon genou, je regarde sa main prendre la mienne dangereusement. Je me mords nerveusement la lèvre et déglutis. Vraiment Vic ? Tu joues à quoi là ? Ses paroles ne viennent pas jusqu'à mes oreilles, mais je préfère ne plus faire attention à mes réactions. Nous reprenons à discuter, alors que ma main dans la sienne reste paralysée. Je la sens moins agacée, un peu plus calme alors que nous parlons de l'enlèvement il y a quelques années. Les images reviennent malgré moi, et je regarde les cicatrices sur mes poignets. Je remonte le regard vers le sien, le soutenant alors que je sens cette sensation étrange dans mon ventre. J'ai déjà des angoisses, et revis le traumatisme de ses jours toutes mes nuits ici. Les cernes sur mon visage peuvent le prouver, en plus de la fatigue de mes longues journées. « Je ne veux pas qu'il vous arrive ce qu'il m'est arrivé, c'est tout. » Sa caresse sur ma main me met un peu mal à l'aise. Pourquoi Vic n'est-elle pas un homme ? Je crois que c'est ça, mon interrogation. Parce que je sens que je pourrais réagir avec elle, comme avec un garçon. Et je suis hétéro moi. Non ? Un peu perplexe, je regarde sa main et son visage en alternance. Je secoue la tête, et libère ma main. « Si vous partez, je ferais attention à moi, et pas à vous ! Le moindre bruit me fait sursauter Vic. Jamais tu n'aurais du venir ici. Et d'ailleurs, pourquoi as-tu décidé de venir ? » J'essaye de dissimuler mon malaise, la regarde dans les yeux.

Victoria n'arrive pas à comprendre pourquoi Olympe refuse de voir que si Pia et Vi sont réellement en danger, elle l'est aussi, et elle devrait donc partir aussi. Jouée les héroïnes, c'est mignon cinq minutes mais s'il est hors de question qu'il arrive quelque choses à Pia ou à Vi, alors il est hors de question qu'il arrive encore quelque chose à Olympe. Vi n'est pas stupide. Et même si elle l'était, vu le temps qu'elle passe à regarder Olympe, jamais elle n'aurait pu rater les cicatrices sur ses bras et les cernes sous ses yeux. "Et je ne veux pas qu'il t'arrive à nouveau ce qu'il t'est arrivé. Je partirais pas sans toi et vu que t'es déterminée à rester, faut croire que je vais pas bouger de cette tente." Victoria fronce à nouveau les sourcils quand Olympe finit par retirer sa main de la sienne. La tension regagne un peu ses épaules, voulant être rester calme mais se sentant vexée par ce signe de rejet. "On peut faire attention à nous-même ! Et on peut être là pour toi ! Et on est pas seules ici. Plus on est, plus on a de chances de résister." La phrase d'après touche Vi en plein cœur. Elle est encore plus vexée. C'est Olympe qui lui a demandé de venir et maintenant elle regrette ? Bah trop tard. Elle la connait. Si sa personnalité lui pose un problème, tant pis. Au début, Vi veut lui dire ce qu'elle n'a eu de cesse de répéter à tout ceux qui lui posait la même question: J'ai toujours eu envie d'aider, de me sentir plus utile, de faire quelque chose pour ceux qui souffre, blablabla. Et au fond, c'est vrai. Mais Vi reste une personne qui pense d'abord à elle et si elle a accepté de venir sur un coup de tête, c'est avant tout pour Olympe. Elle ne veut pas lui dire ça au début, ne veut pas rendre les choses encore plus bizarre, surtout après qu'elle ait retiré sa main de la sienne, mais le regard d'Olympe qui se plonge dans le sien lui fait enfin dire la vérité. "Tu te souviens du pari ?" Elle lui demande un peu inutilement, comme-ci elles allaient oublié ça. "Je t'ai mentis. A propos de mes maladresses. C'était jamais les examens, le stress, ou mon manque de sommeil. C'était toi. Et c'est pareil aujourd'hui. C'est encore toi. C'est toujours toi." Maintenant qu'elle est lancé, elle sait qu'elle ne va plus être capable de mentir, qu'elle va juste tout déballer jusqu'à ce qu'elle n'est plus aucun secret pour Olympe. Elle est tellement soulagée de pouvoir enfin lui avouer ce qu'elle ressent.

Nous sommes dans un dialogue de sourd. Je vois bien qu'elle ne changera pas d'avis, et moi non plus. Elle ne veut pas partir, et je vais quand même tout faire pour qu'elle parte. Elle pourra ne plus me parler par la suite, tant pis. C'est trop important, mais elle n'a pas l'air de comprendre que sa vie peut être en danger. Je ne sais pas comment les mettre de force dans un avion, mais il faut que je la joue plus finement. Pourquoi ne pas leur dire que l'avion va les emmener sur une autre ? Est ce qu'elles vont y croire ? Mais pour l'instant, Vic me parle sans cesse, caressant ma main de son pouce. Le malaise m'envahit. C'est étrange avec elle. Cela ne le serait pas avec Piou. Et elle parle, encore et encore. Non, plus nous sommes, et plus la cible est grande et facile à atteindre. Parce qu'ils savent que si l'une disparaît, je mettrai tout en œuvre pour les récupérer. Les yeux dans les siens, je sens qu'elle semble se fissurer petit à petit. Le pari ? Bien sur que je m'en souviens, et mon tee shirt aussi. Mais la suite de ses paroles me paralyse. « Qu'est ce que tu veux dire par... c'est moi? » J'ai besoin de comprendre si ce que je pense est la réalité. Je me prends une claque. « Je te mets mal à l'aise Vic ? » C'est l'impression que j'avais eu, mais elle avait préféré me parler d'autres raisons. Je ne sais pas quoi en penser, réellement. Je … suis contente qu'elle aime les femmes ? Ça me fait un peu peur, je sens l'angoisse grandir dans mon ventre en même temps que je me sens un peu excitée par sa présence. Je soutiens son regard. Maintenant, c'est le moment de cracher le morceau. Mon visage se rapproche du sien, au point qu'elle peut sentir mon souffle quand je lui parle. « Je te plais ? » Sans passer par plusieurs chemins, droit au but. Je frotte mon front, parce que même si je m'attends un peu à la réponse, je ne sais pas si je suis capable de l'encaisser. Peut-être pas encore. J'ai pourtant envie de reprendre sa main dans la mienne, et de me rapprocher encore un peu plus d'elle.

Victoria a le cœur qui bat la chamade et à ce moment précis, elle est sûr qu'il va bientôt carrément exploser. Depuis qu'elle a vu Olympe pour la première fois, elle est complètement perdue, se sentant vraiment impuissante et n'ayant aucune idée quoi faire pour la première fois depuis des années. C'était comme retourner à ses douze ans quand elle s'était rendue compte pour la première fois que pendant que toutes ses camarades de classe fantasmaient sur les garçons, elle, c'était les filles qui lui plaisaient. Au début, Vi croit qu'Olympe ne l'a pas bien comprise, et sa gorge se sèche alors qu'elle réfléchit à une façon plus directe de lui expliquer les choses. Ensuite elle lui redemande la même chose qu'avant, si elle la met mal à l'aise, et Vi ne sait toujours pas quoi dire. Quelque part, elle se demande si les mots "mal à l'aise" correspondent réellement à comment Vi se sent quand elle est avec Olympe. Certes, Elle est toujours assez gênée et maladroite, du moins avant, au début, mais c'était surtout parce qu'elle ne savait pas, ne sait toujours pas, si ses avances seraient repoussées, si même Olympe pouvait être intéressée. Et puis, Olympe lui pose une troisième question et cette fois-ci, Vi a l'impression que son cœur passe de 100 à 0 en moins d'une seconde. Olympe est si proche et Vi a l'impression d'être figée alors qu'elle se crie à elle-même de dire, de faire quelque chose, n'importe quoi. Son corps semble reprendre vie quand elle acquiesce doucement puis plus franchement avant de prendre son courage à deux mains et d'avancer sa tête pour déposer un léger baiser sur les lèvres d'Olympe. C'est doux et léger et elle ne s'attarde pas, ne laissant peut être pas vraiment le temps à Olympe de réagir avant de s'écarter à nouveau, un léger sourire aux lèvres. C'est la première fois qu'elle est aussi déterminée et sans peur face à Olympe et elle ne sait même pas pourquoi elle sourit. Ce n'est même pas un sourire joyeux, plus résigné au fait que toutes ses cartes sont sur la table à présent et qu'elle ne peut plus faire marche arrière. Finalement, pour être vraiment sûre qu'il n'y a plus rien à révéler, elle répond à Olympe. "Tu me plais."

Je ne sais pas ce que je ressens. Moi qui me connaît tellement, Vic brise mes convictions. Je ne suis pas lesbienne. Je n'aime pas les femmes. Mais quand Victoria se rapproche de moi et dépose ses lèvres sur les miennes, je sens que mon cœur bat la chamade. Elle est douce, apaisante, et ce baiser me fait oublier notre engueulade précédente. Que m'as tu fait ? C'est une sorte de sortilège, j'en suis certaine. Elle recule. Un bisou d'enfant. Mais je touche mes lèvres quand nous nous séparons. C'est stressant, et pourtant, j'ai aimé. Tout me passe par la tête, toutes les galères de mes derniers jours. Yaël, l'homme décédé dans mes bras pendant un braquage sur Detroit, les soucis du Soudan. J'ai juste dit aux filles pour les menaces, les mots reçus... mais j'ai été suivie en ville, et je sais très bien que tout commence comme ça. Je ne dors plus les nuits, entre cette angoisse qu'il arrive quelque chose aux filles, et la vision du cadavre dans mes bras. Et elle est là, rayonnante, le sourire aux lèvres, avec cette expression mi triste, mi résolue. Elle ouvre la bouche pour m'avouer que je lui plais. Mon cœur rate un battement. Je n'arrive plus à réfléchir, tant pis. C'est comme si mon cerveau s'était bloqué sur sa voix. Je soulève mes fesses, attrape son visage entre mes mains comme pour l'empêcher de partir si elle en avait l'envie. Mes yeux se ferment et je l'embrasse doucement. Un léger baiser, que j'appuie un peu plus, entrouvre même la bouche pour découvrir sa langue. Mais qu'est ce qu'il me prend ? Je me laisse un peu aller, laisse ma main glisser dans ses cheveux pour prolonger un peu plus le baiser. Et comme pour me ramener à la réalité, je me prends quelque chose au niveau de l'arcade, qui me sépare de Victoria avec force. Un cri de douleur étouffé par la bouche de Vic sur la mienne, je pose ma main sur mon arcade et remarque du sang. « Oh putain ! » Ce n'est pas mon style de jurer, et j'entends quelque chose taper de nouveau sur la toile de tente. Je me couche sur Victoria, ma poitrine au dessus de son visage pour la protéger, la tête dans mes mains.

HJ : @Pia M. Ciantelli Piou, vois avec Vic mais tu peux peut-être réagir après le prochain poste de Vic non ?