Bientôt un mois que j'avais emmenagé à Boston avec toi, et je n'avais pas vu les jours défiler. En effet, je passais la plupart de mon temps à droite et à gauche. Je commençais doucement à trouver mes marques ici, à connaître les endroits sympatiques pour manger, sortir, aller faire du sport, puis je rencontrais quelques personnes et c'était agréable. J'avais eu déjà plusieurs shootings photos et bientôt j'allais chercher des cours de théâtre en ville pour me perfectionner et percer dans le milieu, même si le mannequinat allait énormément m'aider.

En cette journée un peu pluvieuse, j'avais décidé d'aller faire du shopping pour renouveller ma garde-robe, j'en avais jamais assez.. Ensuite, j'avais décidé de rentrer vers 19 heures pour pouvoir préparer quelque chose à dîner pour tous les deux, rien de fou, mais une poêlée de légumes et du poisson. Mais le repas se déroula dans une ambiance assez.. froide? Je savais que tu vivais des moments difficiles par rapport à Harper et ça me révoltait, au final tu n'étais pas heureux avec elle.. elle t'apportait rien de bon cette fille. Pour le moment je voulais te laisser dans ta bulle, un instant. Le temps que je débarasse, que je mette tout dans le lave-vaisselle et que j'aille prendre une douche. Une douche apaisante, ça faisait un bien fou en fin de journée. Je décidais d'essayer un des pyjamas que je m'étais acheté aujourd'hui, une combi short raffinée, en satin, noir et rose pâle.

Je sortais de la salle de bain pour me diriger pieds nus dans le salon où tu te trouvais, en train de lire.. Cesses  de lire et regardes-moi, t'en penses quoi? tournant sur moi même, je prenais une pose exagérée de femme fatale en me retenant de rire. J'voulais simplement te voir sourire, t'étais tellement charmant quand je voyais la blancheur de tes dents. Malheureusement, depuis plusieurs jours c'était la routine, tu voulais pas sortir, tu passais tes journées à aller la voir à l'hôpital ou l'avoir au téléphone et je ne te reconnaissais plus. La folie que j'aimais en toi, mon Alejandro, où était-il? Je décidais de ne pas sortir ce soir, mais plutôt de rester en ta compagnie, j'en avais envie, et tu en avais besoin, j'en étais certaine.

Spoiler:

Ma nouvelle vie me changeait radicalement de ce que j'avais connu. Je tenais pas en place, j'avais visité des dizaines de pays et vécu longtemps à Paris, et cette ville avait été tellement belle, tellement vivante.. Ici il fallait que je reparte à zéro, sur le plan professionnel comme celui sentimental. Je n'avais pas d'amis ni personne sur qui me reposer pour l'heure, à part toi. Je n'avais jamais été une très grande fan des foules de toute façon, mais bon, ça allait venir avec le temps. Je m'amusais sur Tinder à rencontrer des hommes donc c'était pas comme ça que j'allais me faire des vraies relations..

Ce soir je ne me sentais pas de sortir, j'avais opté pour une petite soirée tranquille, avec toi. Après ma douche, je te rejoignais dans le salon et tu avais vraiment la routine d'un papi.. un livre à la main, en plus le titre me parlait et c'était quelque chose de pas très fun. Puis la télévision branché sur Trump, génial. Je faisais mon petit spectacle devant tes yeux et tu riais, donc j'étais satisfaite. Un homme? Pas qu'un trésor! Non mais, pourquoi se contenter d'être qu'avec une personne et souffrir? C'était pas dans mes plans pour le moment tout ça. Mais oui, pour une nuit, j'pouvais en satisfaire un. Je regardais la dentelle en la touchant, m'approchant pour m'asseoir à tes côtés sur le canapé. Me plaçant sur le côté pour être proche de toi, accoudée sur le haut du dossier. Oui, j'ai fais quelques achats aujourd'hui.. je savais que tu faisais diversion pour ne pas me parler de tout ce qui te tracassait, et je comprenais, j'étais comme toi. J'avais énormément de fierté et quand j'avais été dans ma période de dépression, je le niais complètement. Dis.. tu sais toujours aussi bien danser? mon regard se voulait joueur, je te mettais au défi.

Je me relevais à nouveau, éteignant la TV pour allumer une chaîne hi-fi juste magnifique. Le son ressortait dans tout l'appartement et je choisissais une de mes clés USB avec https://www.youtube.com/watch?v=hXI8RQYC36Q&list=PLw6L8LIBoKZRqprz9sMwJnqdKtqdEp7EZ, une musique espagnole. Je m'approchais pour attraper ta main droite pour que tu t'approches de moi. Cet appartement était parfait, ce salon aussi, on avait de la place. Je relevais mon regard sur ton visage, en t'offrant un faible sourire. Ce soir je veux te retrouver.. Cesses de te prendre la tête.

J'occupais mes journées oui, c'est le cas de le dire. Je n'étais plus étudiante donc c'était une vraie vie de jeune femme active qui s'offrait à moi et qui commençait depuis peu. Terminé les voyages et les tours du monde ou d'Europe pour le moment. Je restais moi-même mais une part de moi voulait un minimum de stabilité et de cohabiter avec toi dans ce sublime appartement avait été une opportunité en or. Mais il fallait peut-être bientôt que je cherche mon chez-moi.. bien que pour l'heure, je n'en ressentais pas l'envie, ni le besoin.

Cette soirée était triste à l'extérieur, les nuages pleuraient, et toi tu avais le cafard. Tu pensais, à Harper bien évidemment. Elle avait fait une tentative de suicide il y a de ça une semaine et tous les jours, tu les passais à ses côtés. Y a plusieurs choses que je ne comprenais pas.. Pourquoi avait-elle fait ça? C'est un geste assez.. lâche et égoïste à mon goût. Puis lorsque l'on est amoureux, à quel moment avons-nous envie de tout arrêter? De mettre fin à ses jours? Je ne la connaissais pas mais je ne la portais pas dans mon coeur. Tu étais différent depuis que tu étais avec elle. Notre complicité me manquait, cette complicité qui existait encore l'an dernier, où tout avait failli déraper..

Je mettais une musique latino pour danser, mais dans un premier temps tu refusais ma proposition, en râlant que tu n'étais pas d'humeur et que c'était Iglesias. Je me mis à rire légèrement en haussant les épaules. Y en a plusieurs à la suite.. t'as que 3 minutes à subir.. puis à mes derniers mots, tu faisais un effort. Tu me donnais la main et commençais à danser avec moi. Je te remerciais d'un sourire, doux, et surtout sincère. Tu savais à quel point la danse c'était toute ma vie, puis j'aimais ce moment là. Non pas pour la danse ou pour les pas, mais pour cette complicité. On se connaissait depuis 20 ans, et même si une sacré alchimie existait entre nous, tu étais bien le seul avec qui je n'avais pas voulu juste du sexe. On ne s'était même jamais embrassé, on était amis. Quelques fois, c'était dur de résister, comme à ce moment précis.

Nos corps était en parfait harmonie, et je murmurais même T'as plutôt progressé depuis la dernière fois.. un sacré déhanché le petit Ortega. Je laissais mon corps onduler davantage contre ton buste, tes jambes, me rapprochant légèrement plus. Mes mains se posaient sur tes épaules puis je les remontais doucement contre ta nuque, et dans tes cheveux, bouclés. Fallait que j'arrête ça rapidement, mais si ça pouvait te changer les idées, alors tant mieux.

De temps en temps, ça faisait un bien fou de rester à la maison, de ne pas se mettre sur son 31 pour sortir dans des soirées ou en ville. Non pas que je n'aimais pas ça, bien au contraire, mais ce soir, j'appréciais beaucoup être au chaud. Il pleuvait de toute façon, donc cette météo me déprimait, j'étais habituée à la chaleur, la canicule, sentir les rayons du soleil à n'en plus pouvoir. Pour retrouver un peu de nos origines et se détendre, je t'avais proposé une petite danse, en tout bien tout honneur! Une danse sensuelle, un mélange entre de la kizomba et un bacchata. J'aimais ce genre de danse, même si ce n'était pas tout à fait ce à quoi j'étais spécialisé pendant mes études. J'avais été plus habituée à la danse classique, mettre des chaussons, faire de beaux chignons et réaliser de magnifiques pointes. La danse m'avait toujours permis à me canaliser, j'étais une boule de nerf, toujours en activité mais quand je dansais, ça m'aidait à faire ressortir mon côté tendre.

D'ailleurs, je ne pouvais m'empêcher d'être tactile avec toi, caresser doucement ta nuque et tes cheveux, ça ne te dérangeait pas et tant mieux. Nous avions toujours été plus ou moins proche physiquement.

La musique se terminait et tu attrapais mes mains en soupirant, apparemment tu n'attendais que ça.. que ça se termine. Enfin? personnellement, j'aurais bien voulu que ça dure encore longtemps mais, t'étais pas du tout dans le truc. Je te fixais, pendant quelques secondes sans rien dire. Tu voulais aller te doucher, et ensuite aller dormir. Fronçant frénétiquement les sourcils, je laissais tes mains quitter les miennes. Tu sais, on est pas forcé de danser.. on pouvait très bien parler. Faire autre chose, j'en sais trop rien. Va te laver, ça va te faire du bien.. en plus, tu sens l'homme.. un peu trop viril! ce petit pique c'était pour te détendre aussi et t'arracher un sourire.

En attendant, j'allais m'installer sur le canapé, assise en tailleur en attrapant mon téléphone portable. Je t'attend.. avec un peu de chance, la douche allait te détendre et tu allais me parler de tout ce que tu avais sur le cœur. Une fois que tu partais dans le couloir, je soupirais, cette fille te faisait du mal, ça me mettait en rogne.

Je te connaissais assez bien pour savoir que ce n'était pas que la faute d'Enrique si tu ne voulais plus danser. Tu étais complètement tracassé, tu étais ailleurs et depuis toute à l'heure, tu ne profitais pas du moment présent. Alors certes, c'était compliqué. La situation voulait que tu t'inquiètes pour elle, mais je restais persuadée qu'elle ne te rendait pas heureux. Ce n'était que mon avis personnel de part ce que je voyais. Je co-habitais avec toi tout de même.

Tu partais te doucher et pendant ces quelques minutes, je me laissais aller à fouiner sur instagram, snapchat, et envoyer un petit sms à Soledad pour lui demander des nouvelles. [...] tu revenais rapidement, en peignoir. T'as la classe.. on pourrait presque faire un shooting photos je vous promet! Toi avec ton peignoir et boxer -de marque toujours- et moi dans mon ensemble satiné et raffiné. Te dirigeant vers la cuisine, tu sortais une bouteille de vin rouge et deux verres à vin, les remplissant. Tu revins dans le canapé et m'en donnant un verre. Sans me faire prier, j'en bu une gorgée, fermant les yeux. Excellent.

Ta main attrapait la télécommande pour changer de musique, les tiennes. Toujours dans les tons latinos, ce qui me fit sourire un peu, peut-être que la douche t'avait détendu finalement? Pour le moment je me concentre sur les shootings, le mannequinat.. puis si je trouve des cours intéressants en ville pour du théâtre, je me lancerais! j'étais déterminée. Mais oui, j'ai plusieurs petits contrats là.. et je vais sûrement en avoir de plus en plus, j'aurais le choix et je pourrais trier.. mais tu déviais complètement le sujet pour ne pas parler d'Harper. Je bu à nouveau une gorgée de vin, m'asseyant sur le côté pour te regarder. Tu l'aimes, cette fille? amoureux, vraiment? Ou elle se servait de toi? J'haussais les épaules même avant que tu répondes. Ca fait une semaine que t'es un déchet humain.. c'est pas une critique, tu sais que je suis franche. Mais elle est un tantinet égoïste Harper. Si elle a tenté de se suicider c'est que tu n'es pas si important pour elle.. tu n'crois pas? et ce n'était pas une véritable question, j'étais bien certaine que j'avais raison. Soupirant, je te fixais toujours. Elle ne te rend pas heureux.. je te connais.