"Tu me manques à chaque fois que t'es pas là", qu'elle venait de me dire. Et franchement, il me fallait que dix secondes pour appuyer sur le bouton d'appel sur l'écran de mon téléphone. Ça confirmait ce que je venais de dire à Hae-Seong. Et j'attendais simplement qu'elle décroche maintenant, même si j'me doutais que ça ne serait pas long car elle devait avoir son téléphone à portée de main avec nos échanges de sms.

(appel en cours)

@Vega Avgeropoulos ma queen

j'avais à peine envoyé le message que l'écran se rallumait mais cette fois pour un appel. ah ? le truc, c'est que je décrochais en un temps record et ça, ça faisait vraiment la meuf accro. ce que j'étais si je voulais être objective sur la situation mais.. ouais bon, j'étais juste accro. activant le haut parleur, je posais le téléphone à côté de moi continuant d'étaler du vernis à ongle sur mes doigts "faut croire que je te manque aussi" que je disais pour lancer la conversation. donc dans la finalité, le peu de temps où on était pas ensemble, ou on s'envoyait des messages ou on était au téléphone.

Comme prévu, tu décrochais tout de suite, ce qui me fit doucement sourire. Sérieux, on dirait deux ados qui vivent leur premier crush, leur première histoire, leur premier amour. Et c'est foutrement mignon, dans le fond, qu'on soit aussi attachés l'un à l'autre. Du moins, c'était mon cas. Tu démarres la conversation et je me redresse un peu. Oui, tu me manquais aussi. "Emménage avec moi Vega." Ramène tes affaires à la villa. Et pas seulement un sac cette fois. Ça changerait quoi dans le fond, hein? Tu passais déjà la plupart de ton temps ici, la plupart de tes nuits aussi. On était tout le temps fourré l'un avec l'autre, alors que tes affaires soient chez moi ou chez toi, ça changeait pas grand chose au final n'est-ce pas? Et puis, si ça marchait pas, t'aurais toujours ton chez-toi et moi mon chez-moi. Ou même si t'as juste besoin d'intimité, tu pourrais toujours rentrer chez toi. Enfin bref, au lieu de me faire un monologue intérieur, fallait peut-être que j'écoute ta réponse.

j'sais pas, j'avais cette dépendance à toi en fait. c'était juste là et j'avais même pas envie de me battre avec ça. j'aimais juste être avec toi, c'était aussi simple que ça. et tant pis si j'avais l'air d'une idiote éperdument amoureuse de toi. j'étais juste profondément attachée, j'avais des sentiments qui se développaient jour après jour et j'étais bien. parce qu'avec toi, c'était différent. j'avais l'impression d'apprendre à vivre en fait. emménage avec moi vega. silence. "qu..quoi ?" mon vernis venait de déraper sur ma peau alors que je bloquais face à tes mots. tu venais de me demander quoi ? je.. wow. quoi ? je l'avais vraiment pas vu venir celle-là en fait. "t'es sérieux là ?" parce que ça sortait de nul part.

Okay, t'étais sur le cul, et j'pouvais le comprendre. Peut-être que tu voulais tout simplement pas? Et c'était le moment d'extérioriser mon monologue spirituel. "Ben, je me disais que... Tu passes déjà la plupart du temps ici à la villa, on passe quasiment toutes nos nuits ensemble, quand on l'est pas on arrête pas de se parler par textos ou autres, et tu viens de le dire toi-même, je te manque à chaque fois que je suis pas là et c'est réciproque. J'veux être tout le temps avec toi." Mais là, j'me disais que j'avais peut-être fait une connerie. "Mais si tu veux pas je comprendrais totalement." J'essayais de rester chill mais en vrai c'était l'anarchie dans ma tête là.

ouais. t'avais juste appelé d'un coup pour me sortir ça et moi, j'étais clairement sur le cul pour la peine en fait. parce que je m'y étais pas attendue, parce que c'était sûrement beaucoup trop rapide. mais en même temps, j'avais le coeur qui tambourinait dans ma poitrine, des étoiles pleins les yeux et.. wow, t'étais complètement en train de me faire perdre pieds en fait. "dis pas de bêtise" dans quel monde est-ce que je te dirais non alors que je me plaignais à chaque fois que je devais rentrer chez moi ? "j'veux être tout le temps avec toi aussi" me réveiller dans tes bras tous les matins, c'était sûrement le meilleur truc au monde d'ailleurs. "t'es sûr de toi ? c'est vraiment ce que tu veux ?" parce que t'as le droit de changer d'avis. t'as le droit de soudainement te rendre compte que c'est peut être trop tôt.

Alors tu voulais? Sérieusement? Omg. C'était vraiment en train d'arriver. "Oui, c'est ce que je veux. Enfin, si c'est ce que toi tu veux. C'est ce que tu veux?" J'suis pas très rassuré là. Tu trouves que ça va trop vite? Dis-le maintenant, ça sera plus simple qu'après quelques semaines passées à vivre ensemble, officiellement cette fois. "J'me dis que même si ça marche pas, on aura toujours nos chez-nous, si t'as besoin de souffler un peu tu pourras toujours rentrer chez toi, enfin c'est pas une situation sans issue si ça colle pas." Qui sait? J'voyais pas trop comment ça pourrait pas coller mais j'en savais rien, j'étais pas devin. "J'ai le feeling, j'ai envie. Pourquoi je laisserais passer ça?" J'voulais pas être de ces personnes qui se retournaient des mois voire des années plus tard pleins de regrets et de 'mince, j'ai laissé passer ma chance'. On avait rien à perdre, si?

j'ai du mal à comprendre ce qui se passe. t'avais.. mis une éternité avant e poser le mot "couple" sur notre relation et là, tu me demandais d'emménager avec toi. c'était.. inattendu ? ouais. alors j'étais un peu sur le cul, perturbée, pas certaine de comment réagir. et j'crois que t'étais tout aussi anxieux que moi dans la finalité. "c'est ce que je veux si c'est que tu veux" et ça m'embrouille le cerveau en vrai. donc, c'est ce qu'on veut ? "je.. ouais, ok. ok." donc quoi ? j'allais devoir emballer toutes mes affaires et débarquer chez toi ? c'était.. wow. zeno allait me tuer. saphir allait.. rien dire mais se morfondre sur elle-même et mes parents ? eux, ils allaient s'inquiéter, me faire un topo sur les risques, me demander de ne pas tomber aussi bas qu'avec jax mais.. je le voulais. j'voulais être avec toi par dessus tout. "et si tu me supportes pas ? et si t'en as marre de moi ? j'veux dire.. peut être que tu seras fatigué de mes vidéos, de mes listes, de tout et.." je panique.

J'expose le pourquoi du comment, les bonnes raisons et les mauvaises et on a l'air soudainement tout aussi confus l'un que l'autre. Franchement j'suis désolé. "J'voulais pas te mettre dans une position inconfortable, vraiment si tu veux pas t'as le droit de refuser, je vais pas me vexer ou t'en vouloir." Vraiment. Parce que t'as l'air hésistante. Genre... vraiment. "Ça fait un mois que je te supporte plutôt bien, tu trouves pas?" Enfin j'dis ça, j'dis rien. J'essaye même d'alléger la lourde ambiance par de l'humour. "Estime toi heureuse, je te donne pleins de nouvelles possibilités de vidéos, genre "my boyfriend does my makeup", "my boyfriend does my voiceover", le "boyfriend tag", le "i do my boyfriend's makeup"..." J'en rigole ouais, mais d'un côté, c'est vrai. Et puis, clairement, jamais j't'empêcherais de faire ton travail. On pourrait même t'organiser un coin spécial, pour te faire un genre de bureau. Et tes listes et le reste, j'm'en fiche. J'aurais bien besoin d'un peu d'ordre dans ma vie.

je panique et je suffoque. j'me lève soudainement de mon lit, accédant à la fenêtre de ma chambre pour faire le plein d'air. "j'en ai envie elliot" c'était juste angoissant parce que c'était arrivé d'un coup. parce que je planifiais toute ma vie de a à z et que tu me prenais totalement au dépourvu mais.. ouais, j'en avais envie. j'disais pas oui quand c'était non, t'en fais pas pour ça. j'suis peut être pas la plus grande emmerdeuse du monde mais j'sais quand même ce que je veux ou pas. "c'est vrai" un point pour toi. zéro embrouille en un mois. tout allait pour le mieux, à croire qu'on était parfaitement fait pour être ensemble toi et moi. et.. tes mots il me détendait. j'riais même légèrement. "hâte de te voir participer à mes vidéos alors" j'savais pas si t'étais sérieux mais j'trouvais ça chouette que tu montres réellement de l'intérêt à ce que je pouvais faire en fait. "tu vas m'aider à faire mes affaires et tout ?"