Je voyais bien que la jeune femme gardait une certaine méfiance avec moi et à quelque part ça me rassurait, comme quoi l’alcool n’avait pas eu totalement raison d’elle. Je l’aidais comme je pu à se relever et je ne pu m’empêcher de rigoler lorsqu’elle passa une remarque au sujet de ma musculature. « Oui.. je boss dans une salle de sport alors faut bien que je garde la forme moi-même. » soulignais-je en me disant que de toute façon elle ne s’en rappellerait probablement même plus demain. On continuait de marcher et je tentais de lui faire un peu la conversation histoire que le trajet semble moins long. Elle sembla hésiter un moment, cherchant ce qui l’avait amené à consommer autant d’alcool. « Un déménagement hein? J’espère que tu déménages pas trop souvent! » Vue l’état de ses reins, je ne crois pas que ceux-ci survivraient encore bien longtemps au rythme où elle allait. Parlant de déménagement j’en profitais pour demander l’adresse que je puisse la raccompagner chez elle, mais il semblerait qu’elle ne s’en rappelait plus trop. « T’es sur que tu sais comment te rendre? » Vue son état… j’avais l’impression qu’on allait passer la nuit à zigzaguer dans les rues de Boston. Je tournais mon attention vers la jeune femme lorsqu’elle me demanda si on approchait de ma voiture et rigolais à nouveau – bon c’était quand même marrant les dires d’une personne saoule. « Oui oui, on y est presque, elle est là-bas. » dis-je en pointant ma voiture qui se trouvait à environ 2 coins de rues d’où on était. « Si tu penses ne pas pouvoir t’y rendre autant le dire tout de suite que je te porte jusqu’à la voiture ça ira plus vite! » ajoutais-je en riant, car il faut dire qu’avec la jeune brunette qui avait du mal à se tenir debout on avançait, mais très lentement.

Je plisse des yeux et je le regarde avec un air surpris. Il bossait dans une salle de sport ? Je ne comprenais plus rien. Il n’était pas l’infirmier qui s’était occupé de moi ? Je réfléchis sans vraiment pouvoir le faire avec cette saleté d’alcool en moi. J’étais confuse. C’était mon coach ? – Ah mais oui, tu es mon entraineur c’est juste ! Je frappe des mains, comme si je venais de me rappeler d’un truc. Alors que non. Ma pauvre fille, j’étais totalement à côté de la plaque. Nous parlions de déménagement et il espérait que je ne déménage pas souvent. Je rigole sans lui répondre. S’il savait que je déménageais presque chaque année. J’étais assez terrible comme fille. Je ne tenais pas sur place et j’avais toujours besoin de nouveautés. Alors que nous marchions vers sa voiture, il me demande mon adresse et je lui propose d’être sa copilote qui lui donnera les directions. Mauvaise idée, il me regarde douteusement. – Oui oui t’inquiète. Il fallait qu’il s’inquiète. Il me montre où se trouve sa voiture car franchement, je n’en pouvais déjà plus. Et mes talons me faisaient horriblement mal. – La bas ? La bas ? Je lui regarde, la bouche presque tombante. Mon dieu, on n’allait jamais arriver. D’ailleurs, je m’arrête un cours instant et je décide de retirer mes escarpins. Oais à pied nu, ca ira mieux ! Il me propose de me porter, plaisant à moitié. – Qu’est-ce que je t’ai dit, un doigt sur moi et t’es mort ? Bon sur le coup, il me touchait déjà en essayant de m’aider mais ce n’était qu’un détail…

Le regard plissé de la jeune femme me prouva que je venais de la mélanger plus qu’autre chose en lui parlant de mon emploi à la salle de sport. Évidemment ça ne devait faire aucun sens pour elle puisqu’elle avait plutôt l’habitude de me connaître comme infirmier, sauf qu’elle finit tout de même par trouver un sens à ce que je venais de dire. « Euh.. oui disons ça comme ça. » finis-je par lui répondre tout en rigolant alors qu’elle frappait dans ses mains heureuse d’avoir fait un lien. J’étais loin d’être son entraîneur, mais comme la dernière chose que je voulais c’était de la mêler encore plus je m’abstins de tout autre commentaire détournant plutôt la conversation au sujet de sa beuverie. Fêter son déménagement, c’était une idée comme une autre. En tout cas cette idée était toujours mieux que lorsqu’elle me proposa de me donner les directives jusqu’à chez elle, car même lorsqu’elle tenta de me rassurer un doute persistait. S’impatientant d’arriver, je lui indiquais où se trouvait la voiture, elle avait l’air bouche bée, comme si je venais de lui annoncer qu’il nous restait un marathon à parcourir. D’un coup elle s’arrêta me forçant à faire de même puis retira ses talons préférant marcher nu pied qu’avec. « Je disais ça pour t’aider hein.. t’es sur que tu veux marcher nue pied sur le trottoir..? » Je préférais franchement ne même pas imaginer tout ce qui pouvait s’y trouver. « Aller continuions… je vais amener tes talons si tu veux. » ajoutais-je en tendant la main pour qu’elle me les laisse. Le mieux était qu’elle n’ait rien d’autre à s’occuper à part faire un pas devant l’autre. On arrivait finalement à ma voiture et j’ouvrais la porte côté passager parce que je me doutais bien que la jeune brunette aurait besoin d’aide pour s’y installer. « On y est! T’as vue c’était pas si loin.. » Mon ton n’était pas des plus convaincant, car même moi j’avais trouvé que ça nous avait pris une éternité pour nous rendre jusqu’ici.

Il me demande si j’étais certaine de vouloir marcher à pied nu. Je hoche la tête et lui fait le signe ok de la main. J’étais cent pour cent sûre. Ce n’était pas la première et dernière fois que je finissais pied nu. Je pense que toute fille portant des talons en soirée a déjà expérimenté l’after pied nu. A entendre et regarder, ça ne donnait pas forcément envie. Mais vraiment, retirer ses talons après une soirée en boite de nuit… était le plus beau et agréable moment de la journée. Un mini-orgasme presque. – Oh god, so goood ! Je m’exclame une fois mes escarpins retirés. Qu’est-ce que je disais, mini-orgasme. Quelle idiote. Je me sentais d’ailleurs soudainement en pleine forme. Comme si j’avais une pique d’énergie, un nouveau souffle de vie. Je sautille, danse sur place, les mains levés. Beaucoup trop heureuse d’avoir les pieds libres. Okay, pardonnez mes cocktails en trop, je n’étais pas bien dans ma tête et d’ailleurs j’avais vraiment mal à la tête. J’avais soudain le tournis. Ok, stop ! Je m’arrête, une main sur le front puis me cramponne au bras de Larsson. Quelle idiote part II. Il fallait que je me calme et je lui confie mes escarpins. – Merci beaucoup ! Nous continuons à marcher, marcher, marcher, marcher. Bordel c’était loin. Jusqu’à arriver devant sa voiture. Délivrance. Il me dit avec ironie que ce n'était pas si bien. Je le fusille presque du regard. J'étais bien ingrate alors qu'il avait la gentillesse de me remmener. J'allais être désolé le lendemain. – Moais, c'est ça... Il m’ouvre la portière et je me laisse tomber sur le siège côté passager. Ce que ça faisait du bien. Le temps qu’il aille se poser devant son volant, je m’étais soudainement assoupie… Bien joué Thal.

La jeune brunette sautillait sur place après avoir retiré ses talons comme si c’était le meilleur moment de sa vie. Un sourire s’afficha sur mon visage bien malgré moi parce que malgré la situation, elle était assez mignonne à voir s’extasier pour si peu. Du moins, c’était le cas jusqu’à ce qu’elle s’arrête, une main sur le front, l’air beaucoup moins ravis que tout à l’heure. Je pris ses escarpins pour lui donner un coup de main et elle me remercia avant qu’on ne se remette en marche. Merci seigneur, on finit par atteindre ma voiture. Ce qui aurait dû nous prendre 3 minutes de marche en avait prit 10, merci aux cocktails qu’elle avait ingurgités. La jeune femme prit place côté passager et je fermais la porte avant de faire le tour de la voiture pour m’installer derrière le volant. « Alors est-ce que je dois… » Je ne terminais même pas ma phrase, car en tournant la tête vers la jeune femme je m’aperçus qu’elle dormait et qu’il y avait donc peu de chance qu’elle puisse me donner des indications. Je soupirais doucement réfléchissant à ce que je devrais faire, car même en la réveillant j’étais pas convaincu qu’elle puisse me guider à travers la ville… surtout qu’elle venait de célébrer son déménagement. Je me penchais au-dessus de la jeune femme pour au moins prendre le temps de boucler sa ceinture puis démarrais la voiture avant de prendre la route. Je n’avais pas beaucoup de solution pour la suite. Soit je la réveillais et tentais de la ramener chez elle avec les indications qu’elle arriverait peut-être à me fournir, ou alors, je la ramenais chez moi. J’avais donc pris la direction de mon appartement en espérant seulement que tout se passe bien lorsqu’elle réaliserait où je l’avais amené. Une fois stationné devant mon appartement, je secouais doucement son épaule pour tenter de la réveiller. « Hey… on est arrivé. Tu te sens capable de marcher? » demandais-je, non convaincu qu’elle ait comprit quoi que ce soit.

J’étais désespérante. Beaucoup trop désespérante que je me fatiguais. A un point où la fatigue m’avait carrément emportée dans le monde de Morphée. J’étais irrécupérable. Lamentable même et j’en arrive même à avoir de l’empathie pour ce pauvre infirmier que je n’appréciais pas tant. Beaucoup trop lourd à mon goût. Je dors sur le siège passager de sa voiture. Je ne sais pas si ma bouche tombait, si je bavais, si je parlais dans mon sommeil ou encore si je ronflais. Mais je sais, que je dormais. Trop bien même, comme un nouveau-né. Il me semble même que j’ai réussi à rêver. Une histoire totalement étrange avec des détraqueurs dans une ville du far west qui ressemblait étrangement à Sweetwater. Faut que vraiment que j’arrête de regarder Harry Potter et Westworld à répétition. Profondément endormie, je ne remarque pas que la voiture a démarré. Totalement inconsciente, il aurait pu me violer ou me tuer avant de balancer mon corps dans une rivière mais j’ai de la chance. Beaucoup de chance de l’avoir comme allié. Un allié que j’ai toujours du mal à accepter. Après je ne sais pas combien de temps de route, nous arrivons. Je sens que quelqu’un tente de me réveiller. Je fronce les sourcils et je me réveille avec peine. Je peine à voir autour de moi mais je sais qu’on est arrivé. – Mhh on est arrivé ? je demande alors qu’il vient de me dire que oui nous étions arrivés. Ma main essaie de détacher la ceinture qui me retient. Bordel, c’était difficile mais je réussis après plusieurs tentatives. J’ouvre la portière et je sors de la voiture. Me levant bien trop vite, je manque de tomber mais je me rattrape bien, une main toujours posée sur la portière. Je regarde autour de moi et je remarque que quelque chose était différent. Je ne sais pas quoi mais c’est étrange. Je le sais. – Putain, ils ont déjà rénové mon immeuble ?! DINGUE !! C’est beaucoup trop beau. Les deux mains sur mon visage, je regarde avec surprise le magnifique condo sous mes yeux. Limite, j’étais en larmes. Okay ma fille, tu es totalement à côté de la plaque. Ton immeuble est toujours tout pourri en vieille brique, bonne à démolir et à tomber au moindre coup de vent comme dans l’histoire des trois petits cochons.

Tout le long de la route je ne pouvais m’empêcher de jeter quelques regards en direction de la jeune brunette me demandant si elle n’allait pas finir par se réveiller. Le mieux aurait certainement été que je la ramène directement chez, car une part de moi craignait sincèrement sa réaction lorsqu’elle se réveillerait et réaliserait qu’on est pas chez elle. Je soupirais doucement, tournant finalement sur ma rue et me stationnais devant chez moi. Ne me restait plus qu’à la réveiller, ce que je fis en douceur, avant de lui annoncer qu’on était enfin arrivé. Elle sort doucement de ses rêveries et commence à observer les alentours, elle avait l’air assez perdu et alors que je m’apprêtais à lui expliquer qu’on était rendu chez moi elle s’exclama avec joie que son immeuble était rénové et que c’était beaucoup trop beau. Mon dieu, j’avoue que je m’étais attendu à tout… sauf à celle-là. J’avais tellement envie d’éclater de rire que je dû sincèrement me contrôler. « Hm non… c’est pas tout à fait ça… » finis-je par ajouter alors que rire s’échappa malgré moi de ma gorge. « On est à mon appartement… tu t’es endormi et comme tu avais pas l’air très apte à me guider j’ai cru que tu pourrais dormir ici et demain je pourrais te reconduire à ton nouveau chez toi. » J’espérais sincèrement que l’idée lui conviendrait, car je n’avais pas particulièrement envie de reprendre la route pour ce soir et je ne pouvais pas non plus la laisser à elle-même maintenant que je l’avais ramené jusqu’ici.