Visiblement, Maverick avait du mal avec le célibat. Lisbeth se demandait pourquoi il s’accrochait tant à ses relations et surtout pourquoi il souffrait autant quand il subissait une rupture. D’accord, ce n’était jamais drôle de se faire larguer mais il lui semblait que pour Maverick, c’était beaucoup plus insupportable que pour quelqu’un d’autre. Quant à dire qu’il ne se remettrait pas d’une prochaine séparation, ça allait très loin. Était-il sérieux ? Souffrait-il à ce point ? Quoi qu’il en soit, elle était certaine qu’il trouverait le grand amour et qu’il fonderait une famille. En tout cas, c’était tout ce qu’elle lui souhaitait.

« Ca arrivera, j’en suis certaine. »

Visiblement, le jeune homme ne connaissait personne qui s’appelait Amalya, ce prénom lui étant venu simplement à l’esprit. Elle hocha la tête et lui adressa un sourire avant qu’il ne reçoive un coup dans le ventre. Elle le regarda s’éloigner et plongea dans ses pensées, le temps qu’il revienne s’asseoir. Un peu inquiète, elle lui demanda si tout allait bien.

« Reste un moment tranquille… Ça va passer. »

Lisbeth ne le trouvait absolument pas stupide, pourquoi penserait-elle ça ? Elle lui sourit d’un air rassurant avant de le suivre du regard alors qu’il se levait pour s’approcher d’elle. Elle se demanda ce qu’il faisait alors qu’il s’arrêtait près d’elle. Bientôt, elle comprit qu’il contemplait son ventre et, par réflexe, elle en fit de même et baissa les yeux. La jeune femme sentit le rouge lui monter aux joues, sans raison apparente. Comme si le petit être qui grandissait en elle avait senti cette attention particulière, il se mit à gigoter et à envoyer quelques coups. Légèrement gênée par le regard de Maverick, elle ne savait que dire et surtout comment réagir. Devait-elle parler de son bébé ou était-ce un sujet tabou ? Mais s’il s’était levé pour observer son ventre, c’était bien qu’il était curieux, non ?

« Tu veux le sentir ? Il est en train de sacrément s’agiter… »

Elle tendit sa main et attendit qu’il lui donne la sienne. Enfin, s’il le voulait bien.

S a n i e

Un malaise s’était installé entre eux si bien qu’ils se mirent à rougir comme des adolescents. Après un moment de silence, Lisbeth proposa à Maverick de poser sa main sur son ventre pour sentir le bébé bouger. Cette proposition paraissait incongrue au vu de leur passé commun et aurait pu être mal interprétée par un tiers. N’avait-elle pas exagéré un peu ? Et si elle mettait Maverick encore plus mal à l’aise ? Mais les mots étaient déjà sortis de sa bouche et elle avait tendu sa main pour prendre la sienne. Quand il accepta de toucher son ventre, la future maman lui adressa un sourire. Elle lui laissa le temps de s’installer près d’elle avant de guider sa main jusqu’à la rondeur de son abdomen. Le petit être s’agitait toujours, très certainement réveillé par la dose de sucre prise par sa maman. Bientôt, il envoya un coup à l’endroit où la main de Maverick était posée. Le sourire de Lisbeth s’élargit alors qu’elle posait son regard sur son ami.

« Tu as senti ? C’est comme ça qu’il (ou elle) me réveille la nuit… Ou qu’il me prend par surprise durant un cours. »

Effectivement, il lui arrivait souvent qu’elle soit en train de déblatérer sur des techniques de codage informatique sophistiqué et qu’elle soit interrompue une seconde ou deux par un violent coup de pied. Ce n’était jamais douloureux, juste surprenant. En tout cas, la présence de cet être grandissant en elle avait le pouvoir de la ramener sur Terre, quelques soient les circonstances. Dire que dans deux mois à peine aurait lieu la grande rencontre… Elle aimait à l’imaginer ainsi, comme une rencontre surprise, sans qu’ils ne sachent à quoi ressemble l’autre. Enfin, c’était surtout la jeune femme qui était curieuse de découvrir son enfant. Curieuse et un peu effrayée, surtout par ce qui l’attendait avant de pouvoir enfin tenir son bébé dans les bras. Bon, il ne fallait pas qu’elle se mette à stresser maintenant et surtout, inutile de se faire des films car rien ne se passait jamais comme on l’imaginait.

Le silence s’était à nouveau installé entre les deux amis et Lisbeth remarqua que Maverick était plongé dans ses pensées. Elle le laissa méditer un moment avant de le sortir de sa bulle.

« Tu penses à quoi ? »

Elle était loin d’imaginer les questions qu’il se posait.

S a n i e

Au moment où la main de Maverick se posait sur son ventre rebondi, le petit être qui grandissait en elle se manifesta en envoyant un coup. Le jeune homme sembla tout surpris et lui avoua ne pas arriver à décrire le sentiment qu’il ressentait. Il est vrai que cette sensation était indescriptible, même elle n’arrivait pas à mettre des mots dessus. La première fois qu’elle avait senti son bébé bouger, elle avait totalement été prise au dépourvu. Elle avait dû poser sa main sur son ventre pour être certaine de ce qu’elle avait senti. Et puis un nouveau coup. C’est à partir de ce moment qu’elle avait vraiment pris conscience d’être enceinte. Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle levait les yeux sur Maverick, toujours comme sous le choc.

« Ne t’inquiète pas, encore aujourd’hui je n’arrive pas à décrire ce que je ressens à chaque fois que je reçois un coup. » Fit-elle, amusée.

Puis elle le vit pensif et lui demanda à quoi il pensait. Elle ignorait qu’elle avait posé une question taboue et surtout, elle ne savait pas à quoi il songeait. Quand le jeune homme lui répondit, elle resta surprise et relâcha sa main. Elle se rappelait très bien leur dernière rencontre et elle n’avait pas été joyeuse. Elle se souvenait que Maverick n’arrivait pas à se faire à l’idée qu’ils étaient séparés et qu’il l’avait pratiquement forcée à l’embrasser. Elle avait très mal réagi, ce geste lui ayant rappelé le viol qu’elle avait subi. Elle lui avait alors asséné qu’elle ne voulait plus jamais le revoir et qu’il s’il osait encore la toucher, elle l’enverrait à l’hôpital. Elle n’avait pas été tendre avec lui et l’avait ensuite planté là, dans le parc d’Harvard.

« Je… Et bien je t’ai détesté… Tu m’avais quand même forcée à t’embrasser et tu connais mon caractère… Sur le coup, j’espérais ne plus jamais te revoir. Et puis le temps a passé et j’ai fini par ne plus t’en vouloir. J’ai compris ton geste même si tu as été un peu maladroit quand même. Mais ça fait longtemps que je ne t’en veux plus. Et toi, tu as pensé à quoi ? »

Il est vrai qu’ils n’avaient jamais abordé le sujet et jamais ils n’avaient mis les choses au clair. C’était peut-être le moment de le faire.

S a n i e

Maverick venait de souligner un point important : Lisbeth l’avait rejeté alors qu’il lui avait sauvé la vie. Il y avait mieux comme remerciement. Mais d’un autre côté, s’il était devenu la cible de Camilla, elle ne se le serait jamais pardonné. Peut-être qu’il ne comprendrait jamais sa décision mais au moins, elle l’avait préservé. Et, cerise sur le gâteau, sa folle de sœur jumelle était bel et bien morte alors il n’y avait plus de danger. Malheureusement pour lui, ce n’était pas pour autant qu’ils se remettraient ensemble. Les choses étaient beaucoup plus compliquées que cela : Lisbeth était heureuse avec sa relation plus ou moins officielle avec Clay. Jamais elle n’aurait imaginé que leur relation prendrait cette tournure et surtout qu’elle tomberait enceinte. Comme quoi la vie était pleine de surprises. Et enfin, ils mettaient les choses à plat car leur dernière rencontre s’était relativement mal passée. Tout un tas de circonstances atténuantes faisaient qu’elle avait réagi de la sorte, notamment en le poussant violemment quand il avait voulu l’embrasser. De plus, elle était vraiment sur les nerfs à cette époque. Dormant et mangeant très peu, elle était en constante vigilance et ça avait eu tendance à la rendre imprévisible.

« Je suis désolée si je t’ai blessé, ce n’était pas une période facile pour moi, même si ce n’est pas vraiment une excuse. »

Elle le regarda se lever et faire les cents pas près d’elle. Pour le coup, elle ne sut que dire et ne s’imaginait pas dans quel état Maverick se trouvait. Quant à elle, elle commençait à avoir mal au dos à force d’être assise. C’est alors qu’il l’interpella mais ne termina pas sa phrase.

« Oui ? »

Elle en profita pour terminer son café en attendant sa réponse.

S a n i e

Lisbeth savait très bien qu’elle avait blessé son ami en le rejetant de la sorte. Mais le passé, c’était le passé et elle ne pouvait rien y changer. Par contre, elle pouvait toujours se faire pardonner. Maintenant que tout était rentré dans l’ordre, elle était beaucoup plus sereine. Sans oublier qu’en quelques mois, elle avait beaucoup changé. Son caractère s’était adouci, son physique transformé, elle était une tout autre personne. Elle ne put s’empêcher de sourire à Maverick quand il lui dit qu’il lui pardonnait. Le soulagement se lisait sur son visage mais, malgré tout, le jeune homme n’avait pas terminé sa phrase et elle voulait savoir ce qu’il avait à lui dire. Quand il lui demanda s’ils se reverraient, elle lui adressa un petit sourire. Pour sa part, elle n’y voyait pas d’inconvénient et ça lui ferait même plaisir.

« Si tu le veux bien. En tout cas, je ne serais pas contre. »

Quand il lui proposa de sortir, la future maman fut soulagée. Elle commençait à avoir mal au dos à force d’être assise. Elle se leva à son tour, un peu plus lentement que le jeune homme et en profita pour passer par les commodités. Fichue vessie ! Depuis quelques mois, le bébé avait tendance à appuyer dessus, pour le plus grand agacement de Lisbeth. Après quelques minutes, elle rejoignit Maverick qui l’attendait à l’extérieur, appuyé contre le mur de la bâtisse.

« Je t’avertis déjà : je n’ai plus la même endurance qu’autrefois. » L’avertit-elle en riant.

Après cette mise en garde, ils se mirent en route. Même si elle avait tendance à s’essouffler rapidement, la future maman appréciait toujours marcher et se dépenser. Quand elle donnait un cours au MIT, elle avait pour habitude de faire les cents pas sur son estrade, même si à chaque fois elle le regrettait car fatiguée et avec un mal de dos carabiné. Mais elle recommençait à chaque fois, détestant être assise à son bureau même si ses étudiants comprendraient parfaitement.

« Il est quand, ton prochain match ? » Demanda-t-elle, pour alimenter la conversation.

S a n i e