J'avais passé une nuit agitée et rien ne semblait pouvoir estomper ma nervosité. J'allais en cours en espérant me sentir mieux, mais rien n'y faisait. Néanmoins, la journée passa à une vitesse folle, si bien qu'arrivée en fin d'après-midi, je me sentais débordée. J'essayais de ranger ma petite chambre étudiante au mieux, déplaçant des boules de vêtements pour les remettre à d'autres endroits. Mon bureau croulait sous mes cours si bien que même le mur qui le tenait était lui aussi recouvert d'équations et de formules en tout genre. C'était une chambre d'étudiante quoi. Mon cocon. L'endroit où je me sentais le mieux. C'est après avoir changé de tenue à trois reprises que je sortais de ma chambre pour aller jusqu'à la porte d'entrée de la dunster. Philip était là à l'heure lui. Il était beau même s'il avait passé une nuit à faire la fête. « Salut » que je glissais timidement en le laissant entrer. « Tu as dormi un peu ? » Une façon différente de lui demander si ça allait. Je l'emmenais dans les couloirs de ma maison pour finalement pousser la porte de ma chambre et le laisser entrer, refermant derrière lui. Et là... Je savais ni quoi lui dire, ni comment agir. J'étais en stress total et ouais, il allait me perdre si ça continue parce que mon cœur battait tellement vite que j'avais l'impression qu'il allait s'arrêter à tout moment. J'allais en direction de mon bureau, attrapant une enveloppe pour la lui donner. « C'est ton cadeau... officiel » que je glissais timidement. Des places pour le Boston Calling Music Festival. J'étais pas assez riche pour lui offrir mieux et déjà là, fallait pas me demander d'acheter quoi que ce soit d'autre. J'espérais au moins que ça lui plairait un minimum. « Il y avait un deuxième cadeau, mais je ne suis pas certaine de mon coup... » Un cadeau officieux si on veut.

@Philip Harrison

T'as connu une journée difficile, entre la fatigue d'une nuit passée à faire la fête et la belle gueule de bois qui s'en est suivie ce matin au réveil. Celle-ci t'a d'ailleurs convaincu de faire sauter la moitié de tes cours aujourd'hui pour pouvoir récupérer un peu. Elève plutôt sérieux dans tes études, il est rare que tu en viennes à de telles extrémités mais te lever ce matin était au delà de tes forces et tu assumes ce premier caprice de ton second quart de siècle. L'après-midi touche finalement à sa fin et en sortant la Harvard Business School, tu te diriges directement vers la Dunster House plutôt que de rentrer chez toi. T'as rendez-vous avec Marla qui doit apparemment t'offrir un cadeau d'anniversaire, une initiative qu'elle t'a confiée par sms il y a quelques jours et à laquelle tu ne t'attendais pas du tout. Ponctuel, tu lui envoies un sms pour la prévenir de ton arrivée et elle vient t'ouvrir avec un petit sourire timide. « Salut. » Tu lui rends son sourire alors qu'elle t'invite d'un geste à entrer. « Tu as dormi un peu ? » te demande-t-elle en jugeant les cernes creux sous tes yeux. « Pas beaucoup, ce matin a été terrible mais maintenant ça va beaucoup mieux merci. Et toi ça a été ? Tu es bien rentrée ? » dis-tu en référence à son passage express de la veille au Nirvana. Elle te guide à travers les étages et les couloirs de la maison que tu découvres, jusqu'à sa chambre que tu voies également pour la première fois. Après un instant de flottement durant lequel Marla semble déstabilisée, elle s'approche de son bureau pour prendre une enveloppe et te la remettre. « C'est ton cadeau... officiel » Tu attrapes délicatement le présent, curieux de découvrir ce qui s'y cache. « Merci, mais tu sais que tu n'aurais pas dû... » dis-tu avant même de savoir ce que c'est. Tu ne pensais vraiment pas qu'elle aurait la gentillesse de te faire un cadeau, quel qu'il soit. Tu décachettes l'enveloppe pour en sortir deux billets pour le Boston Calling Music Festival et ton visage s'illumine instantanément, surpris mais ravi. « Merci Marla, c'est vraiment très gentil. » T'es véritablement touché de son attention, d'autant plus que tu connais le prix de ces places et les faibles moyens de la jeune femme. « Il y avait un deuxième cadeau, mais je ne suis pas certaine de mon coup... » ajoute-t-elle alors, ce qui une nouvelle fois t'intrigue particulièrement. « Un deuxième cadeau ? » répètes-tu tout en essayant de deviner ce que c'est, sans grand espoir.

« Pas beaucoup, ce matin a été terrible mais maintenant ça va beaucoup mieux merci. Et toi ça a été ? Tu es bien rentrée ? » Je hoche la tête timidement. Ma nervosité a raison de moi, j'ai du mal à parler et à lâcher des mots aussi simplement soit-ils en toute décontraction. On se dirige jusqu'à ma chambre et là commence un petit moment de flottement. Un blanc que je comble rapidement en lui donnant son cadeau. « Merci, mais tu sais que tu n'aurais pas dû... » Je haussais les épaules. Ça me faisait plaisir. Puis, malgré la triste fin, il m'avait payé la croisière. Alors bon... Je le laissais faire en le regardant, mordant ma lèvres en attendant sa réaction. C'était le soulagement en voyant sa tête et moi même, je me mettais à sourire comme une débile, fière de moi. S'il était heureux, je l'étais aussi. « Merci Marla, c'est vraiment très gentil. » Je haussais les épaules comme si c'était normal. « Je suis contente que ça te plaise » Je ne pouvais pas dire mieux. D'ailleurs, il allait falloir que je lui précise que le deuxième ticket, il est pour moi, sinon, je le décapite s'il emmène quelqu'un d'autre à ma place. En attendant, il y avait un deuxième truc et c'était délicat... « Un deuxième cadeau ? » Mon sourire s'était effacé et j'attrapais son bras pour qu'il recule et s’assoie avec moi sur le lit. « Initialement... » que je commençais pour qu'il comprenne bien que ce n'était plus tout à fait le cas. « Je voulais... Je voulais t'offrir ta seconde chance... » que je commence en rougissant. J'espérais au moins, qu'il allait me laisser parler jusqu'à la fin sans le prendre mal. « Et puis, il y a eu la soirée d'hier et... et je me suis dit que... ça ne serait peut-être pas une bonne idée... de te l'offrir parce que je n'ai absolument pas confiance en toi... » Je ne pouvais pas être plus directe et en même temps, c'était une info qu'il connaissait déjà. « Mais en même temps, ça me manque de passer du temps avec toi... » Je laissais échapper un soupir tellement j'étais perdue et que je ne savais pas comment lui expliquer les choses. « J'ai envie de te donner ta seconde chance, mais pas tant que je ne retrouverais pas une certaine confiance en toi » Ma main venait se poser sur son bras parce qu'en réalité, j'avais peur que tout ça le saoul et qu'il veuille partir. « S'il n'y a pas de confiance, il y aura d'autres problèmes comme hier soir et je vais devenir folle de te savoir avec des amies ou en soirée tout seul et j'veux plus avoir à m'excuser pour ça alors qu'au fond, c'était pas vraiment ma faute non plus. » Disons que j'apprenais en même temps que les choses se déroulaient. « Notre relation est compliquée et si on part pas avec une base solide, on va foncer droit dans le mur » Ce dont j'avais besoin, c'était qu'on retrouve une certaine spontanéité et que petit à petit, on arrive à construire notre relation à nous. « Peut-être que nous retrouver que tous les deux nous ferait du bien aussi » Juste lui et moi, dans une bulle. Sans nos amis. J’espérais au moins qu'il comprenait que ce que je disais était positif. J'aspirais au même chose que lui, mais j'avais besoin qu'il me montre qu'il était là et que je pouvais lui faire une confiance totale.

T’avais déjà visité quelques pièces communes de la Dunster House en diverses occasions mais tu n’étais jamais monté dans les étages jusqu'à présent. T’es donc assez curieux de découvrir les lieux pour les comparer à la Winthrop House et la chambre de Marla t’intrigue particulièrement. Après lui avoir fait découvrir ton cocon personnel, c’est à ton tour de connaître le sien et bien que ce soit elle qui ait proposé que vous vous retrouviez ici, elle semble un peu intimidée de te montrer son jardin intime. Après un rapide coup d’œil tout autour de toi, tu n’y trouves rien de surprenant : des vêtements, quelques affaires personnelles par ci par là et surtout de grosses piles de cours qui s’accumulent sur le bureau, à tel point que tu te demandes comment elle fait pour réussir à travailler avec si peu de place. Tu ne fais aucun commentaire toutefois et ce n’est qu’en découvrant la nature du cadeau qu’elle te fait que la petite tension ambiante s’évanouit. Tu lis le soulagement sur son visage alors qu’elle-même observe ton expression ravie. « Je suis contente que ça te plaise » dit-elle dans un haussement d’épaules, avec néanmoins un sourire satisfait sur les lèvres. Elle poursuit cependant en te révélant avoir un deuxième cadeau et tu sens son stress revenir à toute vitesse alors qu’elle t’attire vers son lit pour s’asseoir. « Initialement...  Je voulais... Je voulais t'offrir ta seconde chance... » Tu te figes en entendant ces mots, ton cœur faisant les montagnes russes lorsqu’il comprend que ce n’est peut-être plus le cas. Tu la laisses continuer sans l’interrompre, pressé d’entendre le « mais » qui va suivre. « Et puis, […] passer du temps avec toi... » Tu fais un nouveau tour de montagnes russes, bien que tout cela ne soit pas une réelle surprise. Vous aviez déjà effleuré le sujet lorsqu’elle était venue dîner chez toi et tu sais que ses réserves sont légitimes mais cela ne t’empêche pas d’être contrarié tout de même. « J'ai envie de […] pas ma faute non plus. » T’es d’accord avec elle que ce qui s’est passé la veille n’aurait pas dû arriver et si jamais vous continuez à vous voir, il faudra travailler sur cet aspect pour ne pas que cela pourrisse votre relation. Seulement t’es rempli de doutes sur la manière d’y arriver, sur le temps nécessaire pour qu’elle te refasse un jour confiance. T’as peur de te sacrifier en vain, qu’au premier pas de travers elle s’en serve comme prétexte pour te jeter définitivement et que tu te retrouves comme un con. « Notre relation est compliquée et si on part pas avec une base solide, on va foncer droit dans le mur. Peut-être que nous retrouver que tous les deux nous ferait du bien aussi » conclut-elle finalement avant de laisser un silence en attendant ta réponse. Si t’as plutôt bien assimilé son discours dans l’ensemble, ces dernières phrases te font tiquer. Tu vois le spectre d’une relation de couple plan plan s’agiter juste au-dessus de vous et cela entame tes bonnes résolutions. T’as beaucoup de risques à prendre et tu es tout à coup beaucoup moins sûr que le jeu en vaille en la chandelle. De la patience tu en as, ce n’est pas un problème, en revanche tu as besoin de temps pour décider si tu es prêt à aller jusqu’au bout pour avoir Marla. « D’accord... » réponds-tu simplement à sa tirade. Tu n’as pas envie de lui exposer tes doutes maintenant et tu n’as pas non plus envie de lui mentir en lui disant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. « Tu as une idée de ce qu’on pourrait faire rien que tous les deux alors ? » enchaînes-tu immédiatement pour dévier la conversation sur un autre sujet, conscient qu’il serait malvenu de te contenter de ta précédente réponse laconique. « S’il y a quelque chose qui te ferait plaisir, dis-le-moi. » dis-tu avec un léger sourire.

Je n'avais jamais vu Philip aussi... sage. Je parlais et il ne disait rien. Je voyais juste différentes émotions traverser son visage. Au moins, il ne partait pas en courant, mais en même temps, ce silence, il m'angoissait un peu quand même. Puis, j'avais du mal à parler et je ne voulais pas qu'il comprenne un truc de travers. Le silence s'installa aussitôt après et je retenais limite mon souffle en le regardant. J'aimais pas ça. J'aimais pas le fait de parler autant et de ne pas avoir de réponse ou bien, d'avoir provoqué un silence total. « D’accord... » Mon visage se décomposait peu à peu, mais je faisais de mon mieux pour me reprendre au plus vite, détournant le regard. C'était bizarre. J'sais pas, je m'attendais à plus qu'un simple mot. « Tu as une idée de ce qu’on pourrait faire rien que tous les deux alors ? » Mes joues rougissent intensément et je hausse les épaules sans avoir d'idées précises derrière la tête. « S’il y a quelque chose qui te ferait plaisir, dis-le-moi. » Je relevais le regard à nouveau, plongeant mes yeux dans les siens. « J'ai juste envie qu'on passe du temps ensemble... Qu'on refasse d'autres soirées comme la dernière fois... En plus, tu m'as montré que tu sais cuisiner, faut pas que tu perdes la main... » Je lui offrais un petit sourire qui se voulait rassurant. « Puis, on a des places pour un festival de musique maintenant... » D'autant plus que juste après le festival, je partirais une semaine au Canada avec les dunsters. Je me disais qu'on pouvait pas régler un problème de confiance sans passer un minimum de temps ensemble, non ? Je ne savais pas, ou plus, en fait. J'étais saisie par le doute. « Quelque chose ne te plait pas ? » que je demandais en regardant mes mains. Fallait que ça vienne de lui aussi, pas seulement de moi.

Tu te retrouves de nouveau face à ce dilemme. Tenter le tout pour le tout pour obtenir tu ne sais quoi avec Marla ou battre en retraite et refermer ce chapitre une bonne fois pour toutes. Reculer maintenant est la solution de facilité, ce serait revenir à ce que tu es et à ce que tu as toujours connu. Cette familiarité a beau être rassurante, t’as conscience que c’est un aller sans retour que tu choisirais. Votre relation serait définitivement irrécupérable. De l’autre côté, tu n’as aucune idée de ce dans quoi tu t’engages ni de ce que tu peux y trouver. Tes envies sont simples, basiques, mais tu sais que Marla aspire à quelque chose de plus stable et sérieux. Dans le fond il n’y a rien de nouveau et tu te poses encore et toujours les mêmes questions depuis quelques semaines. Lorsque t’es allé la retrouver après son service au Luna Cafe, t’avais décidé de prendre ce risque pour elle. Les doutes eux essayent désormais de prendre leur revanche dans ton esprit mais pour l’heure, tu maintiens ton cap tant bien que mal. « J'ai juste envie qu'on passe du temps ensemble... Qu'on refasse d'autres soirées comme la dernière fois... En plus, tu m'as montré que tu sais cuisiner, faut pas que tu perdes la main... » La référence à cette dernière soirée t’arrache un petit rire, t’es clairement pas contre d’autres petites soirées intimes dans ce genre. « Puis, on a des places pour un festival de musique maintenant... » poursuit-elle avec un léger sourire que tu lui rends. « C’est vrai… » acquiesces-tu lentement avec un air songeur. Le Boston Calling est dans un moment toutefois et tu ne comptes pas attendre autant pour passer du temps avec elle. Et si ça trouve, d’ici là elle aura décidé que tu ne méritais pas de seconde chance. « Quelque chose ne te plait pas ? » te demande-t-elle visiblement inquiète devant ton manque d’enthousiasme. Non non, c’est juste que c’est dans longtemps et je n’ai pas l’intention de patienter si longtemps pour qu’on passe du temps ensemble. » dis-tu pour la rassurer. Tu oublies volontairement de parler de tes incertitudes, n’ayant pas envie d’entrer sur ce terrain avec elle maintenant. On peut commencer maintenant ? T’as besoin de quelqu’un pour te distraire de tous ces cours. » Tu désignes la pile de feuilles entassées sur le petit bureau. Elle doit sûrement avoir besoin de décompresser.

Mon anxiété était à son maximum. Au moins, on pouvait remarquer que je ne changeais pas tellement malgré ce début d'histoire que j'avais eu avec Philip. J'étais toujours aussi timide avec lui. Enfin, non, peut-être plus autant. Mais, j'avais du mal à parler tranquillement, à le cerner totalement et ouais, j'avais beaucoup de mal à me mettre sur la même longueur d'onde que lui. Au moins, je faisais un effort pour parler de nous deux, de ce qu'il souhaite et ce, même si lui semblait songeur et silencieux. Est-ce qu'il tenait toujours à sa deuxième chance ? Est-ce qu'il était déçu de ce que je venais de dire ? J'avais beaucoup de mal à "lire en lui" et forcement, en manquant cruellement de confiance - autant en lui qu'en moi -, j'étais en train d'imaginer le pire. Une nouvelle fois, je prenais la parole pour répondre à ses questions, lui expliquant ce dont j'avais envie en essayer de détendre l'atmosphère au maximum. Ça avait l'air de fonctionner, il suffisait de l'entendre rire pour le constater. « C’est vrai… » Ça avait l'air, seulement, parce que je sentais qu'un truc n'allait pas, faisant remonter mon anxiété, encore une fois. « Non non, c’est juste que c’est dans longtemps et je n’ai pas l’intention de patienter si longtemps pour qu’on passe du temps ensemble. » Oh. L'expression de mon visage se détend d'un coup, finalement rassurée par ses propos. « On peut commencer maintenant ? T’as besoin de quelqu’un pour te distraire de tous ces cours. » Et je regardais mon bureau en haussant les sourcils d'un air amusé. « Ne te moque pas de mon bordel très organisé Harrison... » Que je disais en riant, essayant de froncer les sourcils sans parvenir à avoir une quelconque autorité dans le ton de ma voix. Peut-être qu'il y avait beaucoup de cours et peu de place, mais j'arrivais à m'y retrouver. Ce qu'il me manquait c'était juste des rangements. « Et... J'ai jamais dit qu'il fallait attendre le Boston Calling, tu sais... Aloooors, on peut commencer maintenant, ouais... » Par quoi ? J'en avais aucune idée. À l'instant, j'avais vraiment envie de lui voler un câlin, peut-être un baiser, mais je restais à ma place, bien trop timide pour prendre une initiative maintenant. Puis, je n'étais pas certaine de ce que voulait Philip de ce côté là. « Et j'ai zéro idée... Mes cours ont grillé mon cerveau... Donc, je vais faire ma feignasse pendant que tu trouves un truc... » Et je m'écroulais sur le lit en le regardant. Bon courage, aha.