ton téléphone tremble dans tes mains moites au même rythme que ta jambe. l'écran affiche le contact de mateo et tu ne sais pas quoi faire. ça faisait un mois que t'avais pas de nouvelles, peut-être que tu devais lui laisser plus de temps... mais t'en avais pas envie, tout s'était passé si vite. t'avais beau tout faire pour l'oublier mais cette histoire de bouffer l'esprit. il avait fait parti de ta vie pendant un an. 24/7. et c'était plus facile de n'entendre que sa voix. l'avoir face à face, non t'y arriverais pas. t'inspires profondément avant de te poser, sans bouger, pendant près de cinq minutes pour te faire un scénario de la future conversation. enfin, t'appuies sur le fameux bouton "appeler" et le téléphone à l'oreille, t'attends qu'il décroche -s'il le fait-, le souffle coupé.

C'est dans ton canapé, que tu es affalé, depuis deux heures trente maintenant. Il serait peut-être temps de bouger, d’arrêter de comater et de recommencer a vivre. Tu sais.. Comme avant... Comme quand tu avais pas eu une grenade qui à explosé ton cœur en des millions de petits morceaux.
Tu éteins la télé, au même moment, ton portable se met à sonner en vibrant sur ta cuisse, tu le sors de ta poche. Ton visage devient légèrement blanc lorsque tu vois le nom s'afficher. SON nom, pas n'importe quel nom. Y'a encore un petit cœur à côté, t'as pas eu le courage de l'enlever en le modifiant dans ton répertoire. T'hésites un peu à décrocher, cette fille, elle t'as rendu fou, t'essayais de l'oublier, t'essayais de toute tes forces, mais c’était si difficile. C'était donc ça l'amour.. Tu l'avais découvert avec elle, pour la première fois de ta vie. Cette nana elle te tient en laisse, et toi comme un gentil petit toutou qui remue la queue, tu appuis sur le téléphone vert. T'as envie de lui crier : "mais merde bébé, je t'aime! Putain je t'aime tellement! Mais tu m'as fait putain de mal! Je suis en colère! Je t'aime comme un taré putain!" Mais à la place tu murmures un petit :

"Yo..."

sa voix retentit dans le haut-parleur de ton téléphone et d'un coup t'es bloquée. qu'est ce que t'étais censée lui dire maintenant que tu lui avais brisé le cœur. c'était plus ton meilleur ami, tu pouvais plus lancer une blague conne pour démarrer la conversion ou lui demander tranquillement comment allait sa vie. t'avais plus le droit. alors tu dis rien. le compteur tourne sur ton écran, une seconde... dix secondes... trente secondes passent et pas un mot n'est sorti de ta bouche. qu'est ce que t'es ridicule. « je suis désolée... » soupires-tu, après avoir ressemblé toutes tes forces pour ne pas raccrocher comme une lâche. « vraiment. » que tu lâches en articulant à peine. ça te fait mal de t'excuser, c'est pas un truc que t'avais l'habitude de faire, t'aimais bien rester sur tes positions. mais là, tu pouvais juste pas, t'as tout fait foirer putain.

Quand t'as lâché ton petit "yo", tu t'attendais à ce qu'elle parle, te réponde au moins. Mais là, y'a juste un grand silence. Un peu pesant, en fait, presque malaisant. Même si tu détestes ce putain mot, au plus au point, c'est un mot qui pue ça, malaisant. Tu restais silencieux toi aussi, tu respectais ce silence. Tu te demandais même si au bout d'un moment, elle allait pas raccrocher. Limite, on aurait dit qu'elle t'avait foutu en attente, comme un vulgaire client d'une entreprise, la musique merdique en moins. Mais non, tu entendais sa respiration, à travers le combiné. Peut être qu'elle s'était tout simplement trompé de numéro, ou que son téléphone t'avais appeler tout seul. Ouais, ça arrive des fois, tu sais, genre, dans la poche, ou on le posant sans faire attention. Au bout d'un moment, tu entends enfin sa voix. Elle s'excuse... C'est bien beau de s'excuser, mais le mal est déjà fait maintenant.

"Ouais..."

Que tu lui dis, en murmurant presque. Tu savais pas trop quoi dire, tu avais pas la force d'argumenter sur tout ça. C'était trop facile... Un mois sans nouvelles et là elle te téléphone pour te dire pardon. C'était le moment d'en savoir plus. Tu passes légèrement ta langue sur tes lèvres pour les humidifier, tu attends trois secondes et tu te met à parler:

"Pourquoi...? Pourquoi tu as fais ça? Pourquoi tu as fais semblant pendant tout ce temps là... Putain..."

T'avais envie de rajouter un petit "t'es trop conne d'avoir tout gâché." Mais à la place, tu te mord la lèvre en te passant une main dans les cheveux.

t'étais pas dans sa tête mais sa réponse à tes excuses te fit comprendre que ça ne changerait rien. t'avais déconné et un simple "désolée" n'allait pas tout arranger mais t'avais cette impression, tu le faisais tellement jamais, ça devait compter ça non ? un silence s'installe, t'ose pas parler ou même respirer. t'attends qui relance la conversation et s'il le faisait pas, t'allais t'excuser encore et encore. forceuse ? un peu. mais il le fit en te demandant des explications. comment t'étais censée lui en donner alors que ça faisait trois mois que t'avais aucune idée de ce que tu faisais. t'as pas d'explications, t'as pas de raisons. t'as juste déconné sans trop savoir pourquoi. « je sais pas... » que tu murmures, t'assumes pas ta connerie. mais t'essayes quand même de chercher le pourquoi du comment parce-qu'il méritait de savoir ce qu'il s'était passé dans ton con de cerveau. « j'ai eu peur ? j'ai pas voulu gâcher notre amitié ? j'ai cru que ça allait marcher ? » t'énonces toutes ces raisons sans vraiment savoir si c'était des affirmations ou des questions que tu te posais. tu sais pas quoi dire et t'arrives pas à bouger non plus, t'es plantée là sur ton lit et t'ose même pas bouger le petit doigt.  

Non, c'était pas une réponse ça, juste un putain de "je sais pas" c'était pas suffisant, pour toi. Tu te demandais comment tu allais faire pour lui demander d'étoffer sa réponse. Tu voulais des explications toi. avant que tu n'ai pu lui demander de préciser le fond de sa pensée, elle reprend enfin la parole. Pensant surement être assez précise et clair. Tu l'écoutes, silencieux et tu lui réponds ensuite, du tac au tac:

"Non... Non, ça, c'est trop facile ça... Tu m'as laisser espérer pendant tout ce temps. Tu m'as laissé croire. Je croyais que je te rendais heureuse, que tu m'aimais et toi tu... Non... T'as été dégueulasse putain..."

Avec le recul, tu la pensais pas comme ça, tu croyais pas qu'elle était capable d'un truc pareil. Faire un truc du genre, c’est vraiment un truc de connasse... Tu n'avais pas envie de l'insulter, mais fallait quand même te retenir, pour ne pas t’énerver sur elle et dire des choses que tu regretterais probablement par la suite.

cette fois-ci, il prend pas quelques secondes pour répondre et il te balance la vérité. ce que t'as fait, c'est vrai que t'as été dégueulasse. tu t'étais pas reconnue quand t'avais fait ça et même aujourd'hui quand tu te regardes dans le miroir, t'as plus l'impression de TE voir, juste un reflet. rien qu'un reflet. t'avais tellement voulu te détacher de l'éducation de tes parents que t'avais perdu une partie de tes valeurs sur le chemin. « je sais, je sais. j'ai été une vraie garce. si seulement je pouvais revenir en arrière... » mais tu pouvais pas. tu te sens tellement impuissante, honteuse.. désespérée quoi. ta respiration se coupe et tes yeux commencent à s'humidifier. « je voulais pas te blesser, j'ai agi sans réfléchir et je... je... », ta voix tremblante ne te permet pas de parler et t'essayes de prendre de grandes inspirations pour éviter de commencer à chialer comme la dernière des bouffonnes. c'était pas à toi de chialer. putain, arrête de te victimiser anayah.

C'était vraiment trop nul, tellement injuste. T'avais passé des jours et des jours à tenter de l'oublier, de passer à autre chose, tout ça, t'étais à deux doigts d'y arriver en plus. Et elle, elle vient encore une fois tout casser dans la baraque. Elle vient foutre sa belle gueule ici, dans ta tête là, puis elle vient te faire écouter sa belle voix et toi tu.. tu.. Merde quoi! Tu ne peux que acquiescer à ce qu'elle dit, en hochant doucement la tête :

"Ouais t'as été une sale garce."

Pour une fois que tu tombais amoureux, bah t'aurais mieux fait de te péter les deux genoux, ce jour là, ça aurait été moins douloureux, pour toi. Sa deuxième phrase te fait tiquer, tu lui réponds en répétant ce qu'elle vient de dire :

"Tu voulais pas me blesser? A quel moment tu te disais dans ton cerveau, qu'en me faisant croire que j'étais capable de te rendre heureuse, ça me ferait plaisir? A quel moment t’as jugé bon de me mentir? Tu as vraiment pensé que faire semblant me rendrait joyeux? Mais t'as rien dans la tête, sérieusement? Redescend un peu sur Terre Anayah! Je t'aimais comme un taré, bordel de merde! Ça m'était jamais arrivé avant. J'aurais du me jeter sous un train, ça m'aurait fait carrément moins mal. Avoir des sentiments comme ça pour une putain de meuf, je savais même pas ce que c'était. Tu me rendais fou! Bien sur que tu m'a blessé! Mais venir t'excuser au bout d'un mois, c'est quoi le projet finalement? Me rappeler à quel point tu m'as pris pour un con? Me répéter à quel point tu m'as fait du mal? J'étais presque en train de réussir à t'oublier et toi tu viens là, comme une cerise sur un gâteau, avec tes petites excuses bidons? T'as pas le droit! C'est dégueulasse de me faire ça! T'as même pas les couilles de venir me le dire en face!"

T'étais à deux doigts de balancer le téléphone contre le mur, mais tu as réussit à te retenir.

t'essayes de te retenir de pleurer, il pouvait pas te voir, mais juste pour toi. t'en avais marre de chialer comme une gosse. alors ta jambe recommence à trembler, tu te concentres sur ce tremblement et t'essayes de te vider l'esprit, de réfléchir, de te calmer. mais cette nouvelle insulte... dans sa bouche elle fait dix fois plus mal et elle vient briser ton cœur un peu plus. tu l'écoutes déverser sa haine, ou son amour.. tu sais pas. il avait raison sur toute la ligne. qu'est ce qui t'avait pris de faire semblant, de lui mentir et maintenant de le rappeler un mois après. avec l'idée en tête de lui enlever les dizaines de couteaux que tu lui avais planté dans le dos. et t'avais pas de réponse à tout ce qui venait de te dire. les excuses ou les raisons, y avaient rien qui marchait et t'étais en train de perdre ton meilleur ami, la personne qui était à tes côtés depuis ton arrivée à boston. ton tout dans cette ville à laquelle tu es encore inconnue. et merde, voilà que tu chiales. tu sanglotes et tu balbuties « désolée, désolée, désolée... » fallait que tu le dises mille fois pour qu'il comprenne à quel point tu l'étais réellement ?

Spoiler:

Oh non! Elle allait pas te faire le coup de la meuf qui pleure et qui s'en veux. T'avais l'habitude de faire pleurer les nanas, toi. Mais là, c'est Anayah... C'est différent. D'habitude tu t'en fiche, mais là... Tu t'en veux un peu. Tu te dis que t'as peut-être été trop loin. Tu t'es surement trop énervé, tes paroles est du être blessantes. Tu l'entends sangloter à l'autre bout du téléphone. Elle s'excuse encore. Peut-être qu'elle s'en veux vraiment? Oui, mais il est trop tard maintenant, le couteau à été planté dans ton cœur, et même remué, histoire d’agrandir un peu plus la plaie. Tu restes silencieux un instant. et tu chuchotes :

"Merde Anayah..."

Tu repenses à elle, à ce que vous avez vécu. A ses lèvres, ses mains, sa peau douce, son sourire... En réfléchissant bien, c'est vrai que parfois, elle était un peu distante et froide. T'aurais du le savoir, le sentir. Mais qu'est-ce qui t'as prit de tomber amoureux, putain? Et encore pire, de lui avouer! Une larme silencieuse coule le long de ta joue, elle vient se perdre sur le coin de tes lèvres. Tu fermes les yeux et tu murmures:

"J'aurais du fermer ma gueule et ne jamais tomber amoureux de toi, tout aurait été tellement plus simple..."

mouhaha :