— is it too late now to say sorry ?

— mars 2018
j’avais envie de montrer à philip qu’il avait tord. qu’il avait tord du début à la fin sur tous les mots qu’il avait pu prononcer à mon encontre. et c’était certainement pour ça que je ne voulais pas accepter d’aide. parce que si je le faisais, il se ferait certainement un plaisir de débarquer pour clamer à quel point il avait raison. pour me regarder droit dans les yeux et me dire que je ne pouvais pas y arriver seule et que j’aurais jamais dû les garder. j’avais pas envie de ça. j’étais déjà bien assez blessée par tout ce qu’il avait pu m’envoyer au visage pour en plus lui donner raison. alors ouais, j’allais m’en sortir. j’allais trouver les solutions et lui éclater à la gueule le fait que non, j’avais pas besoin de lui. que j’avais grandi sans lui pendant toutes ces années et qu’il avait beau vouloir jouer le grand frère, j’avais pas besoin qu’il soit là. « je sais.. » je soufflais haussant les épaules. « mais.. c’est sûrement pour ça que j’ai oublié. j’en sais rien en fait. » et peut être que j’essayais de me trouver des excuses mais.. c’était le seul raisonnement logique que j’arrivais à pointer du doigt. alors ouais, je mettais ça sur le compte de l’hyperactivité. mes doigts jouaient maladroitement entre les tiens, s’accrochant sûrement avec un peu trop de force. mais t’avais toujours été mon rempart elliot et j’crois que là, j’avais besoin de toi plus que jamais même si je ne le formulais pas à haute voix. et j’appréciais sincèrement que tu n’insistes pas. que tu te contentes d’être là avec moi, ta tête sur mon épaule. « et toi alors ? raconte moi ce qui s’passe dans ta vie. »

— is it too late now to say sorry ?

— mars 2018
changer de sujet j’étais plutôt forte dans ce domaine. surtout quand je me sentais mal à l’aise. et parler de ma grossesse et tout ça, c’était pas le truc dans lequel j’étais la plus confiante en fait. pour la simple et bonne raison que moi même je ne savais pas vraiment dans quelle direction est-ce que j’étais en train d’aller. je les avais mes périodes de doute et elles étaient pire que violente à vrai dire. alors ouais, quand je pouvais les éviter, je faisais tout ce que je pouvais quitte à prendre des chemins détournés. puis dans le fond, les choses n’étaient pas censés tourner autour de moi alors ouais, je préférais m’intéresser à ce qui pouvait se passer dans ta vie. je savais que tu n’étais pas forcément au top, je le voyais dans tes yeux. que tu le veuilles ou non, au fil du temps, j’avais finis par t’apprendre par coeur. t’étais pas obligé de me dire les choses mais je les comprenais. et là, c’était du vent que t’étais en train de me sortir. me parler du spring break, du surf, tout ça c’était pour éviter le sujet principal qui finissait pourtant par sortir. cléo. tu n’étais plus avec elle et je serrais un peu plus mes doigts dans les tiens. « pourquoi ? » tu sais très bien que t’es pas obligé de m’expliquer mais je préfère demander. je veux comprendre parce que je sens que tu le vis mal et moi, j’suis là pour toi. toujours. c’est pas une promesse en l’air que je t’ai fais. j’serais toujours à tes côtés même si t’essaie de me repousser.

J’te laissais changer de sujet parce que j’avais pas envie de te forcer à parler de ce que tu ne voulais pas évoquer. Alors j’raconte vaguement mon Spring Break, quelques anecdotes balancées par-ci par-là. Avant de conclure les nouvelles sur mon célibat. J’te sentais serrer les doigts autour des miens et je baissais rapidement mes yeux sur ceux-ci. Tu me demandes pourquoi et je soupire doucement avant d’hausser les épaules. J’ai pas forcément envie d’enfoncer à nouveau le couteau dans la plaie mais j’sais que ça ne serait pas juste envers toi. Alors j’raconte la même histoire, encore et encore. C’est comme un discours appris par coeur à force, ça sort tout seul. Monotone, presque sans émotion. De purs faits. « Elle a dit à son ex qu’elle l’aimait pendant qu’elle était avec moi et même si j’ai essayé de passer au-dessus, j’arrivais pas, c’était trop dur pour moi. Ce même ex par lequel j’me sentais déjà menacé avant ça et sur lequel elle me rassurait. » Foutaises, quoi. « Donc j’ai voulu qu’elle prenne le temps de réfléchir, de choisir. Ce à quoi elle m’a répondu qu’elle ne reviendrait pas. Donc voilà. C’est fini. » Même si on s’est revus le temps d’une nuit au Spring Break. Qu’on a couché ensemble. Ça voulait sûrement rien dire de toute façon, vu que j’avais pas eu de nouvelles depuis. Je soupire donc une nouvelle fois, doucement, avant de relever la tête pour planter à nouveau les yeux dans les tiens.

— is it too late now to say sorry ?

— mars 2018
alors ouais, faut que tu saches que je suis là. que je t’écouterais autant de temps qu’il le faut et surtout que j’allais rester là, à tes côtés. je suis une femme de parole elliot, je fais pas des promesses dans le vent. quand t’es mon ami, tu le restes. je suis sûrement la personne la plus fidèle au monde à vrai dire parce que j’abandonne jamais les gens. même philip qui avait été odieux je ne pouvais pas l’abandonner alors toi ? jamais ça n’arriverait. et finalement, je l’avais l’explication. je t’écoutais parler, l’air impassible, analysant chacune des choses que tu pouvais me dire avant de pousser un soupir qui se joignait au tiens. mes yeux dans les tiens, j’voulais que tu perçoives que j’étais là. « si t’étais malheureux, c’est sûrement un mal pour un bien » j’voulais dire par là que même si la séparation faisait mal, peut être que dans la finalité il se rendrait compte qu’il fallait qu’il passe par là. « j’ai pas de discours rassurant à te donner, les peines de coeurs c’est atroce » je l’avais vécu avec marin, je savais que c’était dur de surmonter un truc pareil. « mais dans tous les cas, je me rangerais de ton côté. peu importe ce que tu choisis de faire, la direction dans laquelle tu veux te tourner » que ce soit la reconquérir ou bien la haïr. je serais juste là et je te soutiendrais dans n’importe lequel de tes choix.

J’te racontais rapidement l’histoire avec Cléo, le pourquoi du comment ça s’est terminé, le fait que j’ai été trop idiot pour savoir passer au-dessus, pour lui pardonner. Et ouais, j’l’aime, mais j’sais pas, j’peux pas. « Y’aura toujours cette menace en face de moi, ce gars face à qui j’suis clairement pas à la hauteur. Elle sera sûrement plus heureuse avec lui qu’avec moi. » Ça, clairement, j’le pensais pas. C’est un connard, il est égoïste et possessif, la traite comme si elle était un objet qui lui appartenait. Mais c’est un Prince. Ils sont du même monde. Ce monde dont j’veux certainement pas faire parti. Ce monde de requins, de vipères, de commérages, de coups bas. Plus j’avance et plus je le remarque, et plus ça me dégoûte en fait. Je t’écoute parler, et c’est comme un poids qui s’allège sur mes épaules. Je serre un peu plus ta main dans les miennes, réellement reconnaissant. « Merci… » T’as pas idée de ce que ça représente. De savoir qu’au moins une personne ne me détestera pas, quelle que soit l’issue de la chose. Que quelqu’un soutiendra réellement mon choix, sans y voir un intérêt personnel derrière. Mes yeux se baissent à nouveau sur nos mains liées — signe du lien qui nous unit aussi — avant de se poser sur ton ventre bien rebondi.

— is it too late now to say sorry ?

— mars 2018
parce que t’es mon ami avant tout. parce que tu comptes à un point que tu ne peux même pas imaginer. et j’ferais n’importe quoi pour que tu te sentes mieux. pour te redonner le sourire. j’serais toujours à côté de toi peu importe tes choix. qu’ils me conviennent ou pas. parce qu’être amie avec quelqu’un, c’est se montrer présent même quand rien ne va et c’est ce que je ferais pour toi. toujours. « dis pas ça. t’es à la hauteur elliot. t’es terriblement à la hauteur et si elle te laisse croire le contraire alors c’est toi qui mérite mieux. » j’adorais cléo, qu’on ne se méprenne pas. mais j’prendrais toujours position pour elliot parce qu’il avait été là avant. parce que la relation que l’on avait, peu de personne pouvait le comprendre. « moi, t’es typiquement le genre de personne pour qui je me serais battue. » si j’avais été célibataire, qu’on s’entende. j’avais sullivan dans ma vie et ça me suffisait amplement mais.. ouais. t’aurais pu être le genre de mec pour qui j’aurais pu sombrer. alors j’voulais pas que tu te dénigre de la sorte parce que tu méritais le meilleur. et si elle n’était pas capable de te le donner, alors c’était à toi de te rendre compte que ouais, peut être que tu devais vraiment prendre le large. parce que tu méritais pas d’être malheureux comme ça.

Je ris légèrement, un peu moqueur, pas très convaincu par tes mots. Mais bizarrement, c’est les mêmes mots qui reviennent de la part de tout le monde. ’Elle est pas assez bien pour toi’, ‘elle te mérite pas’. Et si c’était l’inverse? Et si c’était moi qui la méritait pas, au final? Ça se trouve elle est juste trop précieuse pour avoir envie de construire un truc de solide et durable avec un gars comme moi. Un gars qui fait tout le temps la fête, qui boit un peu trop, ex-addict, qui se jette dans la gueule du danger les yeux fermés, qui est un peu trop je m’en foutiste, qui ne sait même pas ce qu’il veut faire de sa vie à vingt-trois ans. Elle, elle est fixée. Elle est droite, elle ne boit que rarement, n’a jamais rien consommé, est parfaite dans ses études et a son siège à la table de l’entreprise familiale qui l’attend bien sagement. Elle ne couche pas à droite à gauche, elle est fidèle. C’est moi qui la mérite pas, en fait. Triste sort que d’aimer incommensurablement quelqu’un qui vous est inaccessible… Tes mots me serrent le coeur — en bien. Ils me touchent là où j’en avais besoin. Et je me décale un peu pour venir poser l’arrière de ma tête sur tes genoux, les yeux dans les tiens. « Je t’aime. » Non, c’est pas un je t’aime d’amour, panique pas. Ceux-là, j’les ai encore jamais dit de vive voix. « Merci d’être là. De ne jamais juger. Même quand je fais le con. » Ça, c’était en référence à mon altercation pré-Spring-Break de laquelle t’avais toujours pas parlé. J’étais clear alors à ce niveau-là?

— is it too late now to say sorry ?

— mars 2018
sûrement que personne ne le méritait d’ailleurs et moi, j’aimais pas te voir dans cet état là. j’avais envie de te secouer pour retrouver mon elliot. celui qui était toujours prêt à rire de tout, à faire des blagues de merde, à ne pas se prendre la tête. il était où ce gars là ? parce qu’aimer, oui c’était bien, et bien sûr que je t’avais poussé dans ce sens-là mais ça ne voulait pas dire que tu devais te perdre toi. alors non, fallait que t’ai le déclic parce que c’était juste pas possible que tu restes comme ça. c’était pas toi, ça ne te ressemblait pas. « je t’aime aussi » et je te jure que notre amitié elle est pire qu’importante à mes yeux. t’es.. elliot. mon âme soeur. celui pour qui j’irais décrocher la lune si c’était la seule chose capable de te rendre le sourire. et sûrement que je le dis pas assez souvent mais t’es putain d’important pour moi. t’es elliot quoi. y a pas un jour où j’parle pas de toi. « et pourtant, qu’est-ce que tu peux être con parfois » que je réponds d’un léger sourire te regardant amusée. parce que ouais, y avait des moments où tu m’avais presque fait péter un câble. comme lors de la croisière avant le spring break ou t’étais arrivé tellement amoché que j’avais jurée que j’allais finir le travail tant j’étais en colère de ton insouciance. « promet moi que plus jamais tu douteras comme ça. que plus jamais tu laisseras quoi que ce soit nous éloigner même un peu. » parce que p’tain elliot, moi j’imagine plus une vie sans toi.