T'as l'impression de devenir fou. T'es pas un mec violent d'ordinaire, d'ailleurs tu exècres la violence en général, mais là tout de suite tu meurs d'envie de fracasser des murs. T'es en train de partir complètement en vrille et après ton dernier sms avec Meghan, tu décides de sortir pour marcher et prendre un peu l'air dans l'espoir de te calmer un peu. Convaincu qu'elle te fait là un simple caprice consécutif à l'annonce de cette grossesse surprise, tu pries de toutes tes forces pour qu'elle retrouve rapidement la raison. Tes écouteurs dans les oreilles, tu marches tranquillement dans le quartier pendant de longues minutes pour laisser la tension redescendre. Alors que t'es sur le chemin du retour, tu reçois la notification d'un nouveau post sur le compte instagram de Meghan. Tu te doutes que ce doit être une publication similaire à celle de Sullivan pour annoncer la "bonne" nouvelle mais la curiosité te pousse à aller voir tout de même. T'as l'estomac qui se noue quand tu lis le texte qui accompagne une photo de vous deux. Sans trop savoir ce que tu fais, tu changes de direction pour aller frapper à sa porte. Elle t'ouvre après quelques secondes d'attente. « Tu seras jamais seule. » dis-tu en référence au dernier hastag.

— "everything is going to be okay" well, you're nothing but a liar

— boston, mars 2018
j’comprends pas en fait. je ne comprenais vraiment pas pourquoi est-ce qu’il avait été aussi violent dans ses mots. comment est-ce qu’il pouvait me balancer des trucs comme ça et ne pas se rendre compte d’à quel point ça pouvait me blesser ? ça tournait pas rond chez lui. c’était pas normal de dire des trucs pareils et moi, je le vivais vraiment mal en fait. j’avais mal au coeur, j’avais pleuré pendant une éternité mais malgré les mots rassurants de sullivan, moi, ça n’allait pas. parce que j’pensais pas me retrouver dans une position comme celle-là avec lui et.. ouais, j’arrivais pas à me calmer. alors quand ça frappait à ma porte, je me déplaçais d’un pas lent passant mes mains sous mes yeux pour effacer les traces avant de faire face à philip en personne. non. là, c’était pas possible. tu seras jamais seule. ouais, parce que sully était là. et j’me retenais vraiment de lui envoyer cette pique en plein visage mais concrètement, il la méritait. « va t’en » que je soufflais la voix un peu trop enrouée. j’avais pas besoin d’en reprendre plein la tête en fait. j’avais pas besoin d’entendre à quel point j’serais mauvaise dans le rôle de mère ni rien de tout ça. j’étais déjà assez heurté comme ça. « j’ai compris le message. cinq sur cinq. » pas besoin de continuer tout ça en face à face.

Cette petite promenade improvisée dans le quartier t'a clairement aidé à apaiser la tempête qui agite ton cerveau depuis quelques heures. Tu relâches un peu la pression, les épaules un poil plus légères que lorsque tu as quitté ton appartement. La dernière publication instagram de Meghan vient cependant troubler ce fragile équilibre que tu avais réussi à instaurer. T'as besoin d'aller la voir, de lui parler en face à face pour lui dire que ce tu ressens. Tu refuses qu'elle puisse penser être seule, que tu ne seras pas là pour elle comme tu le lui as promis. T'as la surprise de la découvrir avec les yeux rouges sur le palier, les sillons de larmes asséchées encore présents sur ses joues de poupée. Cette vision te met instantanément mal à l'aise et elle t'envoie bouler en toute logique. Sauf que tu ne comptes aller nulle part avant d'avoir mis les choses parfaitement au clair. « Non. » réponds-tu simplement. Qu'elle ne se fasse pas d'illusions là dessus. Toi tu ne t'en fais pas quand elle te dit avoir compris le message.« Vraiment ? Tu vas prendre la bonne décision alors ? » demandes-tu avec une pointe de sarcasme nettement perceptible dans la voix.

— "everything is going to be okay" well, you're nothing but a liar

— boston, mars 2018
en fait, j’avais clairement pas envie de le voir. il était allé trop loin. et je pouvais tolérer beaucoup de chose mais pas quand on me dénigrait comme ça. il n’avait aucun droit de me traiter de la sorte et clairement, ça ne passait pas. alors ouais, j’étais froide, sèche. parce que j’avais pas envie de le voir ici, parce que j’allais pas lui pardonner ses mots en un claquement de doigt et je ne comptais pas faire le moindre effort. « tu crois pas que t’en as déjà assez fait ? » que je répondais face à son refus de partir. non mais parce que clairement, j’avais pas le courage de supporter tout ce qu’il m’avait déjà balancé au téléphone, fallait pas pousser. et la question juste derrière, elle me foutait la rage en fait. « ok, tu dégages ! » et je le poussais pour le faire reculer le plus possible même si en soit, ma force était proche du néant. j’voulais pas de lui aussi, j’voulais plus entendre ses méchancetés et si j’devais le sortir de ma vie c’était exactement ce que j’allais faire. « je me fous de ton avis. j’suis peut être une égoïste incapable mais ça te regarde pas alors casse toi. j’te déteste t’entends ? JE TE DÉTESTE. » voilà c’était sortie. et peut être avec un peu trop de violence mais avec ce qu’il avait pu me dire en fait, j’en avais plus rien à foutre.

« tu crois pas que t’en as déjà assez fait ? » qu’elle te demande avec ironie lorsque tu refuses de partir. Honnêtement non, t’as même encore rien fait à ton sens. Si elle croit avoir déjà tout entendu au téléphone, elle risque de se prendre une grosse claque en pleine figure parce qu’elle a à peine effleuré la surface de tes pensées. Pourtant elle est plutôt bien placée pour savoir que quand tu as une idée en tête, t’es prêt à tout pour la mettre en œuvre. Tu ne peux d’ailleurs pas t’empêcher de lui lancer une petite pique, ce qui la fait exploser de colère. Elle essaye de te repousser mais c’est à peine si tu recules de quelques centimètres et tu te dégages de sa prise d’un revers de la main. Les mots forts qu’elle emploie te laissent complètement indifférent et tu gardes une expression neutre mais déterminée. « Tu peux me détester si tu veux, ça ne change rien. » T’es parfaitement calme et serein, en contraste total avec Meghan qui est littéralement en train de faire une crise de nerfs sous tes yeux. « Ces bébés méritent ce qu’il y a de mieux au monde et t’es pas prête à les accueillir. Admets-le. » Il faut qu’elle cesse ses gamineries pour voir la réalité en face.

— "everything is going to be okay" well, you're nothing but a liar

— boston, mars 2018
j’veux dire, à quel moment est-ce qu’il était aussi violent dans ses paroles ? qu’il n’adhère pas ? ok. à vrai dire, je ne m’étais absolument pas attendu à ce qu’il saute de joie et s’investisse dans tout ce qu’il y avait à préparer mais j’avais clairement pas pensé qu’il puisse me dire des trucs pareils. et ça passait pas. parce que personne n’avait le droit de me parler comme ça. encore moins un mec qui était déclaré comme étant mon frère depuis un mois. alors ouais, peut être que j’étais pas du genre à faire des scandales, à hurler sur les autres ni rien de tout ça mais il était hors de question que je m’écrase devant la pure méchanceté qui pouvait sortir de sa bouche et ses messages. « non, ça change rien, t’as raison. » j’avais même pas envie de débattre avec lui en fait. ça ne servait strictement à rien et.. ouais, il me dégoutait juste. rien que le voir là me donnait la nausée. « moi je méritais mieux que la vie que j’ai eu. je méritais mieux qu’être arrachée à ma famille. je méritais beaucoup mieux que me faire paumer dans la foule par le frère qu’était supposé s’occuper de moi. alors ferme là philip. juste, ferme là ! » je serrais les poings me retenant fortement de lui en coller une. j’étais pacifiste comme nana de base, valait mieux pas qu’il me fasse péter les plombs comme ça. « t’as pas su t’occuper de moi il y a quinze ans, n’ait pas la prétention de croire que tu le peux maintenant. » et putain, dégage juste de chez moi. parce que j’ai même plus envie d’entendre les conneries sortant de ta bouche. j’veux plus voir ta tronche ni entendre ta voix. t’es allé trop loin et moi, je pardonne pas.