— and i never prepared for a moment like that in a second it came all back

— seattle, 2023
des dossiers, toujours des dossiers. j’avais l’impression de crouler sous des tonnes de demande en fait. et c’était ça d’avoir voulu gagner en notoriété dans le domaine qu’était l’architecture. les demandes ne cessaient d’augmenter et faire le tri dans ceux que j’acceptais de prendre ou non devenait de plus en plus difficile. sans parler du fait que forcément mon boss redoublait d’exigence à mon égard m’envoyant des clients de dernière minute que je devais ajouter à ceux que j’avais déjà pris en charge. bref, ça en revenait à ne plus avoir de vie. et j’étais exténuée, vraiment. c’était dans ce genre de moment que je remerciais le maquillage et les miracles que ça pouvait faire sur mes yeux cernés. j’arrivais même plus à me souvenir de la dernière fois où j’avais fais une vraie nuit. pris un vrai week end. le téléphone ne cessait de sonner et agacée, je finissais par couper la ligne. moins d’une minute plus tard le pdg débarquait dans mon bureau en furie. wildingham, y a un bon projet là. le client souhaite avoir le meilleur sur le coup alors tu te remues et tu le reçois dans ton bureau dans les cinq minutes qui suivent. ah. j’avais appris avec le temps qu’objecter avec lui n’était pas une chose à faire alors je me contentais de lever les yeux au ciel remettant un peu d’ordre dans mes affaires attendant sagement que la porte s’ouvre. et j’espérais sincèrement que ce n’était pas encore un de ces types avec des projets complètement fou et surtout irréalisable. mâchouillant le capuchon de mon style, je relevais la tête pour découvrir l’homme rentrer. pas n’importe lequel. pluton. pluton westerberg se trouvait face à moi après toutes ces années et je perdais pieds. ok, je ne pouvais juste pas être sur le dossier, c'était pas possible. mais refuser le dossier, c'était empêcher ma progression et.. fuck. je déposais le book devant lui attendant qu'il prenne place. avec peut être un peu de chance c'était lui qui partirait. "tu as déjà une liste d'idée ?"

@pluton westerberg

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{after all these years // flashforward}
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— seattle, 2023
La femme parfaite n’existe pas à mes yeux, elles ont toutes des imperfections qu’on apprend à aimer ou à détester. Mais dans le fond, qu’importe. Dès qu’on est bien avec une personne… pourquoi ne pas se lancer ? Certes, je m’étais cassé la gueule à plusieurs reprises, pensant que l’amour n’était pas fait pour moi. Des déceptions amoureuses, j’en ai eu. Ce n’était qu’après Harvard que j’ai trouvé la bonne. Enfin “la bonne”. Comment le savoir si ce n’est le jour de notre mort, sur notre lit en train de vivre nos derniers instants ? On peut pas. Qui sait, peut-être que demain, je trouverai une femme encore mieux que Charlotte et advienne que pourra. Qu’importe. J’étais bien avec elle, depuis bientôt quatre ans maintenant. On avait un enfant, un petit garçon de deux ans, ainsi qu’un chien et un chat. Seulement, on avait l’intention d’agrandir la famille, de deux enfants encore et l’appartement que nous avions en centre ville de Seattle - sa ville natale et de cœur - devenait plus vraiment approprié pour ces besoins de grandeur. Après avoir repoussé à plusieurs semaines le rendez-vous chez l’architecte, j’avais posé ma demi-journée pour me rendre dans ce grand cabinet réputé. Et forcément, avec le projet que j’avais, je voulais le meilleur sur le coup, sans savoir qui ça pouvait bien être. Tout compte fait, peut-être n’aurais-je pas dû. J’avais vu le nom de la personne sur la porte et.. trop tard, la porte était ouverte et mon regard se posait sur elle. Elle. Putain quoi, Camila… Je m’avançais doucement après avoir refermé la porte derrière moi, mon dossier sous le bras avant de m’assoir face à elle, me sentant petit, impressionné mais surtout mal à l’aise. « Ouais j’ai… quelques croquis » Je posais alors mon dossier sur son bureau, lui laissant le soin de regarder. Voir cette grande maison avec un étage, un grand salon avec cuisine ouverte, deux salles de bains, quatre chambres et une salle de jeux. Ouais, c’était bien familial comme environnement et je ne voulais pas lui montrer à elle.

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— seattle, 2023
j’essayais d’être professionnelle. vraiment. mais le voir là, lui, en chair et en os, ça me foutait un putain de coup au moral. et sans vraiment comprendre pourquoi, j’venais à m’imaginer des tas de trucs. ce qu’aurait pu être ma vie si on était restés ensemble. probablement qu’on serait mariés et tout le reste. sauf que rien ne s’était passé comme on l’avait prévu. j’avais été fiancée au prince de belgique et notre relation s’était juste arrêtée. malgré la peine, malgré tout le reste moi j’avais cherché à le protéger et je m’étais tenu à ça. pourtant, j’avais pas été capable d’aller jusqu’au bout. j’avais pas pu l’épouser parce qu’en soit, c’était pluton, ça avait toujours été lui. alors la veille de mon mariage, j’avais pris la fuite. comme une lâche j’étais partie, j’avais fais la une des journaux et depuis les choses s’étaient tassés. abelard avait trouvé une nouvelle fille qu’il avait épousé et moi j’étais seule. juste seule. j’avais même pas osée reprendre contact avec lui après tout ça. probablement parce que j’étais lâche encore une fois. ou peut être parce que je ne voulais pas qu’il puisse penser que je l’utilisais aussitôt seule. alors ouais, j’avais juste laissé le temps passer en me disant que je finirais bien par passer à autre chose. le voir ici ? ça me prouvait que ce n’était toujours pas le cas. mais j’étais dans le cadre du boulot, le boss voulait que je prenne le dossier et j’avais pas le droit de tout faire capoter. alors j’devais mettre de côté le malaise et me comporter comme je le ferais avec n’importe quel client. « ok » j’attrapais son dossier le ramenant jusqu’à moi, l’ouvrant alors et feuilletant les quelques croquis se trouvant à l’intérieur. une maison banale. des chambres, deux salles de bains, une salle de jeux. très familiale en soit. j’pouvais même pas être étonnée. bien sûr qu’il avait refait sa vie. bien sûr qu’il y en avait plus d’une qui voulait passer sa vie avec pluton westerberg. j’regardais encore quelques instants en silence. « il faudrait changer l’emplacement de la cuisine. juste au dessus de la chambre, c’est pas hyper agréable. les odeurs remontent malgré la hotte, ça serait sûrement préférable de la situer en dessous de la salle de bain. avec les aérations, ça devrait évacuer un maximum. » attrapant ma tablette je déverouillais le logiciel ouvrant une nouvelle page. « c’est quoi le budget ? »

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— seattle, 2023
C’était compliqué d’être là, face à elle. Face à celle que j’aimais depuis des années maintenant mais qui m’était inaccessible. Je lui en avais voulu de m’avoir abandonné, je lui en avais voulu d’avoir tout laissé tomber sous prétexte qu’elle voulait me sauver. Qu’est-ce que sa famille aurait bien pu faire si ce n’est me briser quelques os ? Non, je n’avais pas digéré ses fiançailles avec un homme dont elle était tombée amoureuse. Mais malgré moi, j’avais continué de regarder les informations, j’avais continué de la suivre et j’aurais sûrement pas du. Maintenant, j’avais tourné la page, j’avais ma vie de famille, des enfants à naître, un mariage à préparer, élever mon fils entre tout ça et ouais, ma vie était bien remplie mine de rien. Alors me retrouver face à Camila, c’était comme se recevoir une claque dans la gueule. Elle faisait mal cette gifle mais elle ramenait à la réalité. Elle était belle, elle était sur la pente du succès visiblement et je ne pouvais qu’être heureux pour elle. Et pourtant, je restais en retrait. Enfin, la communication était difficile de mon côté et j’avais l’impression que c’était pareil du sien. Comment faire, comment rendre ça plus facile ? J’avais la solution… Mais je sais pas, je n’arrivais pas à me résoudre à quitter cette pièce. Je la regardais admirer les croquis, sans un mot, avant qu’elle ne vienne faire des commentaires constructifs. « C’est toi l’experte » soufflais-je alors doucement, assimilant ce qu’elle disait. « Il n’y en a pas vraiment.. Mon futur beau-père signera le chèque » finissais-je par dire, sous-entendant que la belle famille était aussi du genre à avoir la signature des chèques assez faciles. Mais qu’importe. « Si tu trouves ça trop compliqué, je peux demander quelqu’un d’autre. » C’était sorti tout seul mais je n’avais pas envie de la blesser, pas envie de la faire travailler sur ma maison alors que ça aurait pu être la nôtre.

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— seattle, 2023
c’était toujours important le budget. parce que c’était de cette manière que j’arrivais à savoir si je serais vraiment libre où si je devais faire attention à tout un tas de chose, trouver les bons plans. donc ouais, la question était logique et devait être abordée directement. « très bien, je note. » mais je tiquais. je le sentais ce pincement au coeur quand je comprenais. futur beau père donc futur mariage donc une femme dans sa vie. il le confirmait à haute voix et j’pensais pas qu’après tout ce temps ce serait toujours aussi douloureux. « si tu demandes quelqu’un d’autre je serais qualifiée d’incompétente. si je suis incompétente je perds ma place. » et l’architecture, c’était dur de s’y faire une place. dur de trouver un vrai job et de se faire un nom. j’allais clairement pas tout risquer maintenant et perdre ce que je m’efforçais de construire. j’avais tellement galeré après avoir quitté abelard. parce que je n’étais que l’ancienne princesse ayant prit la fuite. j’essayais de me construire et j’avais pas besoin de repartir de zéro une nouvelle fois. « crépit ou pierre ? » probablement pierre si ses goûts n’avaient pas changé. imprimant une feuille, je la lui tendait. une sorte de questionnaire pour synthétiser les goûts, les envies. « t’es conscient que pour les prochains mois je vais être omniprésente dans ta vie ? parce qu’être l’architecte de quelqu’un signifiait le voir pour lui présenter les modifications, les idées, les palettes de couleur, les éléments utilisés. « où je peux plutôt m’occuper de tout ça avec ta future femme, ça t’éviteras d’être trop confronté à ma personne. » j’essayais de proposer des solutions pour lui surtout. quoi qu’il était sûrement passé à autre chose depuis le temps. y avait probablement que moi qui restait bloqué dans le passé.

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— seattle, 2023
Peut-être que j’aurais du repousser encore un peu, puis trouver un autre cabinet d’architecture. Mais dans le fond, c’était encore le destin qui se foutait royalement de ma gueule. Me foutre avec Camila… Ouais, c’était en quelque sorte le petit rappel de tout ce que j’avais perdu. Tout ce qu’on aurait pu avoir, c’était sous ses yeux et ouais, ça faisait mal. « C’est pour toi.. Mais okay, on reste sur… cette situation » Aussi inconfortable pouvait-elle être. Soufflant, je baissais la tête, ne sachant pas tellement quoi dire, quoi faire. C’était elle l’experte ici, moi j’avais juste un projet à mener à bien et j’avais même tous les papiers. « Pierre » que je disais doucement, même si ça avait valu une petite dispute avec Charlotte. Mais je faisais les démarches, je choisissais. « Non, je préfère que ça soit avec moi… elle a des sautes d’humeur, tu auras du mal à la gérer des fois. » finissais-je par dire, parce que même si je l’aimais, ça n’empêchait pas Charlotte d’être une fille qui a grandi avec la cuillère en or dans la bouche. « Il y a des chances que des fois… je doive venir avec mon fils, ça… enfin, ça dérange pas ? » demandais-je en évitant son regard, ne pouvant pas voir ce qui pouvait s’y trouver. Peine, colère… Je portais mon attention sur cette feuille qu’elle m’avait donné pour masquer le mal être dont je pouvais être victime en cet instant. Cinq années… c’était depuis tout ce temps qu’on ne s’était pas parlé. Depuis cette visite à l’hôpital, quand elle a appris que je fréquentais une fille et qu’elle l’avait mal pris. C’était là, la vraie rupture entre nous et c’était difficile depuis. Mais j’avais appris à vivre avec ce manque au quotidien. « Pourquoi… » finissais-je par demander. « Pourquoi tu t’es pas mariée ? Tu l’aimais »

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— seattle, 2023
ouais, on allait rester sur cette situation. moi j’avais pas vraiment le choix et quelque part, je lui demandais implicitement de ne pas changer d’architecte. disons que plus je réussissais les contrats que l’on pouvait m’imposer et plus je montais dans la société. avec comme envie d’atteindre le but ultime de peut être pouvoir diriger cette boîte un jour. « forcément, pierre. » et c’était tellement logique. puis tellement flippant de me souvenir de ce qu’il pouvait aimer. dans le fond, j’étais quasi sûre de pouvoir faire exactement ce qu’il voulait sans jamais le concerter. mais c’était sûrement pas la meilleure idée en fait. « comme tu préfères. » j’allais pas insister. il était le client, il faisait ses choix. libre à lui de choisir ce qu’il préférait. « je.. euh.. non. ok. » wow. celle là par contre, elle était dur à encaisser. son fils. il avait un fils. et j’étais tellement mal à ce moment précis. parce que ouais.. j’aurais dû être à la place de cette fille. j’aurais dû l’avoir moi et on aurait dû avoir des enfants sauf que.. j’avais perdu cette place cinq ans en arrière et que j’avais pas le choix que d’aller juste me faire foutre. bref, j’lui tendais le formulaire, je verrouillais ma tablette et.. voilà ? après tout, le premier rendez-vous était toujours le plus rapide. fallait me laisser le temps de faire les plans, les montage 3D pour donner un aperçu ect.. sauf que là, y avait la question qui sortait de nul part et je relevais soudainement la tête vers lui prise de court. « je t’aime d’avantage. » non. alors c’était typiquement le genre de moment où j’aurais du dire « aimer » au passé. c’était pas ce que j’avais fait. « tu laisseras tes coordonnées au secrétariat, claire t’appellera quand j’aurais tout préparé. » ouais, voilà. c’était mieux de couper court à tout ça là parce que j’étais mal à l’aise et que c’était pas une bonne idée d’aborder ce genre de sujet en fait.

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— seattle, 2023
Elle le savait, elle l’avait deviné. C’était de la pierre que je voulais et quand je donnais ma réponse, elle faisait une petite réplique qui me faisait sourire intérieurement. Limite, pas besoin de la revoir par la suite qu’elle me sortira la maison de mes rêves. Mais non, c’était pas ma maison, mais celle de Charlotte et moi, et de notre famille. « Désolé.. » finissais-je par dire, voyant bien à quel point elle pouvait être décontenancée par cette nouvelle. J’avais un fils et je ne savais pas tellement comment elle pouvait le prendre sinon mal. Je baissais la tête avant de me plonger dans le questionnaire que je mettais dans ma pochette. Après tout, je me doute qu’il fallait qu’on se pose pour y répondre à tête reposée et lui faire part par la suite des réponses données. Seulement, je n’étais pas prêt à couper court à ce petit tête à tête professionnel et je venais poser cette question qui brûlait mes lèvres depuis maintenant plus de deux ans. Sauf que sa réponse, elle me laissait sur le cul. « Attends, attends. Je peux pas juste partir et laisser mes coordonnées au secrétariat. » que je finissais par dire, me redressant pour poser mes deux mains sur le bureau, mon visage bien plus proche du sien que tout à l’heure, alors que je la fixais sans honte. « Je t’ai attendu… je t’ai attendu. Un mois, deux mois.. J’avais beau être avec elle, je t’ai attendu. T’es jamais venue » soufflais-je, avant de me réinstaller sur le siège, clairement pas prêt à l’entendre me dire qu’elle m’aimait. Elle a passé trois ans aux côtés d’Abelard puis deux ans loin de moi. Elle peut pas dire ça.

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— seattle, 2023
donc moi, j’allais me replonger dans mes dossiers et tenter d’oublier le mieux possible cette entrevue qui venait chambouler une nouvelle fois toute ma vie. c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. fallait que j’apprenne à me tenir loin de tout ça. à oublier une bonne fois pour toute le passé qu’on avait pu avoir parce qu’il avait refait sa vie et qu’il avait eu raison de le faire. « si, c’est exactement ce que tu vas faire » que je répondais. parce que y avait aucune raison que ça se passe autrement de toute manière. sauf qu’il n’était pas d’accord, qu’il se levait d’un coup s’approchant dangereusement. et quoi pluton ? on avait grandit, on avait nos vies. il avait un enfant, il allait se marier, était ici pour faire construire une maison pour lui et sa famille, j’voyais pas pourquoi est-ce qu’on devrait continuer à discuter. ça ne rimait à rien et n’avait aucun intérêt. mais ce qu’il disait par la suite, ça me percutait, vraiment. et j’comprenais pas comment est-ce qu’il pouvait continuer à avoir toujours autant d’effet sur moi. « j’savais pas. qu'est-ce qu’il croyait ? que c’était logique ? « j’pensais que tu voulais plus de moi après tout ça et.. j’voulais pas détruire ta vie encore une fois. » c’était aussi simple que ça en fait. et j’voyais pas pourquoi est-ce qu’on était en train d’en parler. et j’détestais savoir ça. savoir qu’il m’avait attendu quand je me persuadais qu’il ne voulait plus jamais me voir. « puis.. c’est trop tard maintenant. t’es papa et.. ouais, j’ai juste laissé passer ma chance. » j’haussais les épaules d’un geste nonchalant sans rien ajouter de plus. même si ça me faisait mal au coeur, c’était comme ça.

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— seattle, 2023
C’était compliqué de me retrouver face à elle. C’était compliqué d’avoir beaucoup de ressentiments, de sentiments. C’était compliqué de rester impassible alors que bordel, mon cœur battait la chamade. Et elle, elle me demandait d’agir normalement, d’aller à l’accueil, donner mes coordonnées et m’en aller, comme si de rien était. Ça faisait cinq ans qu’on ne s’était pas vus et la fois où on se retrouvait enfin face à face, c’était pour la construction de ma maison, la construction de mon futur. Non, je ne le vis pas bien. Je ne le vis vraiment pas bien et il fallait que j’évite de trop y penser parce que je pouvais regretter bien des choses sinon. « Je peux pas » Et clairement, je venais lui avouer ce qui se passait, ce qui s’était passé de mon côté. Parce que oui, je l’avais attendue. Elle avait quitté Abelard et combien de fois je m’étais surpris à espérer que ce soit pour moi. Je m’étais bien trompé puisqu’elle n’était jamais revenue vers moi. « Arrête un peu… T’as toujours su ce que je ressentais pour toi. Tu peux pas dire que tu m’aimes et ne pas tenter de me récupérer » Et j’étais de nouveau assis sur le siège, la fixant alors qu’elle avait ce discours défaitiste. Elle avait bien raison dans le fond. C’était trop tard. « On va dire ça ouais » Elle n’avait juste pas eu le courage. Ou alors ce n’était pas vraiment ce qu’elle voulait. Je connaissais Camila et peu de personnes résistaient à son charme. Si elle voulait vraiment m’avoir de nouveau, si elle m’aimait vraiment, elle aurait tenté une approche, chose qu’elle n’avait pas fait. J’attrapais ma pochette, y glissant le formulaire qu’elle m’avait donné. « Tu as tout ce qu’il faut ? Au pire, je t’enverrai le reste par mail » que je disais en me redressant, prêt à partir, bien trop contrarié.