Mardi 13 mars après-midi ;; Jour 12 du Spring Break
Je regrettais. Je regrettais amèrement cette soirée sur un air des Caraïbes. J’avais bu, beaucoup trop, d’ailleurs, j’avais choppé un mal de tête assez impressionnant le lendemain. Mais j’avais besoin de sortir, de m’amuser. Et avec mon coloc à Boston était une bonne chose. Ça faisait bien longtemps qu’il n’y avait plus rien d’ambiguë entre lui et moi. Je n’étais même pas sûr que ça ait été ambigu pour lui un jour.
Ce qui restait ambigüe, c’était l’histoire de mon petit ami avec son ex, Malicia. Et ça, j’avais encore beaucoup de mal à le supporter. Les avoir vu si proche lors de la sortie kayak me faisait mal au cœur, ou à mon égo. C’était aussi pour ça que je ne lui en avais toujours pas parlé, car je ne savais plus moi-même ce qui m’avait atteint le plus. Alors on s’ignorait, c’était limite si l’on dormait ensemble à l’hôtel. Je passais plus de temps à m’endormir seule et à me réveiller de la même façon. Aucun de nous deux ne faisait d’effort. Et comme ça, nous allions droit dans le mur, c’était évident. L’idée me donnait les larmes aux yeux, et pour ne plus penser, je profitais de la journée quartier libre pour aller en bord de mer.
C’était dans ce type de paysage que j’avais trouvé de la sérénité au Laos, alors je retentais ma chance. Tee-shirt, short, et tong, la tenue de la touriste complet, je partais les poches vides, et le téléphone une fois de plus à l’hôtel.
Posée, assise sur le sable fin, les chaussures à côté de moi, je fixais mon regard droit vers l’océan avant de fermer les yeux. Rien de tel que de me recentrer sur moi-même pour savoir quoi faire.

Mardi 13 mars après-midi ;; Jour 12 du Spring Break
Julianna. Ça me faisait tellement plaisir de la voir. J’étais persuadée que si je restais encore dix minutes de plus à réfléchir ici, je finirais par pleurer. Et j’avais assez pleuré ces derniers mois pour environ un siècle de vie.  Alors oui, la voir ici me faisait plaisir. « Bien sûr qu’elle me convient, je ne pouvais pas rêver d’une meilleure personne. » Et ce n’était pas hypocrite pour deux sous. Il fallait dire qu’à Boston, Julianne m’était d’une grande aide. Depuis les histoires du maître chanteur, j’avais eu l’occasion de prendre quelque cours de boxe avec elle. Et comment dire… cela me défoulait, et j’apprenais en cas de nouvelle agression à venir. Mais cette dunster était un peu plus, elle devenait petit à petit ma confidente, une épaule sur laquelle me reposait depuis le départ d’Elizabeth, ma meilleure amie ou du moins, celle qui l’était. « Toi aussi tu es venu voir les poissons, rêver d’être à leur place pour être partout où tu voudrais dans ce monde ? » Bon d’accord, un peu trop philosophique ça, mais n’était pas Dunster qui voulait, et Ju’ pouvait comprendre. « Ou alors tu as vu une pauvre âme paumée sur cette plage… » Et ça c’était vachement plus réaliste déjà. Cela me faisait rire tout seul. « Alors tu as fait quoi de beau pendant le Spring Break ? » Je jouais tranquillement avec le sable chaud, en attendant ces réponses. Ça faisait du bien de pouvoir parler à quelqu’un, d’être écoutée. Merci Julianna de me sauver cette journée par sa présence.