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La première soirée du Spring Break était.. riche en sensation. Mais quand faut rentrer, faut rentrer. Et je l'avais donc fait, seul. Va savoir, sûrement une intuition en rapport à ce qui se trouvait dans mon téléphone. Je l'avais laissé histoire de ne pas le perdre, me le faire voler ou encore le faire tomber dans l'eau à cause d'un défi idiot de faire un bain de minuit. Non, c'était préférable qu'il reste en sécurité. Alors quand je rentrais dans ma chambre, dans les alentours de trois heures et demi du matin, je trouvais un message de Lily. Oh, merde. Soupirant, tiraillé par l'envie d'aller me coucher et l'envie de la voir, je finissais par mettre mon téléphone dans ma poche et je ressortais de cette somptueuse chambre d'hôtel pour me rendre dans la sienne. Je me doutais qu'elle dormait alors j'entrais sans frapper, refermant à clé derrière moi. Hors de question qu'on partage le fait qu'on soit ensemble, elle me l'avait bien fait comprendre. La trouvant allongée dans le lit, endormie, je me mis à sourire et, malgré mon état alcoolisé, je trouvais la force de ne faire aucun bruit, de ne pas zigzaguer et je me rendais jusqu'au lit. Retirant mes vêtements, ne gardant que mon boxer, je me glissais dans ses draps, avant de m'approcher d'elle, mon bras s'enroulant autour de son corps pour le coller au mien. C'était le visage enfoui dans son cou que j'étais prêt à m'endormir ce soir.

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C’était notre première journée au Spring Break et franchement, je n’avais pas d’éloge à faire à ce début de vacance. Normalement, nous aurions dû avoir l’enterrement de vie de jeune fille de Suzy ce soir, mais tous nos plans étaient tombés à l’eau et par-dessus le marché je n’avais même pas parlé à ma cousine depuis plusieurs semaines. Je détestais particulièrement quand nous avions des prises de tête, mais étant particulièrement têtues toutes les deux, c’était difficile de faire autrement. Bref, sachant que tu allais à une soirée sur la plage, à laquelle je n’avais aucunement envie de participer d’ailleurs puisque je ne pouvais même pas boire et que j’en avais gravement envie, je préférai rester dans ma chambre et me reposer. Je t’envoyai un sms t’invitant à me rejoindre plus tard sans grande attente sachant que tu allais sûrement être occupé à droite ou à gauche –huhu- de toute manière. Je m’endormai donc finalement après avoir passé un moment à lire un livre de maternité que j’avais acheté un semaine plus tôt, laissant ma porte déverrouillée comme promis dans mon sms. Dans mon sommeil plus ou moins profond, je ne me rendis même pas compte de ton arrivée et réalisai que je n’étais plus seule seulement lorsque je sentis ton corps se blottir contre le miens sous les couvertures. J’esquissai un sourire et passai mon bras par-dessus le tient, mon derrière bougeant légèrement comme pour se mouler parfaitement à ta croupe et ainsi devenir la petite cuillère. « C’était bien la soirée? » demandai-je d’une petite voix dans le silence de la pièce.

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Dans le fond, peut-être n'aurais-je pas du me rendre à la soirée. Voir Louison avec un autre, non merci. Me retrouver en compagnie de Hades, Noah, et être jugé par la clique d'Eliots qui ne savaient pas balayer devant leur porte, non merci. Voir Camila heureuse en couple avec son fiancé, l'embrassant sans vergogne... non merci. Alors ouais, j'étais resté tard, enfilant un peu trop les verres à la suite pour oublier, mais en rentrant, j'avais eu le message de Lily et sûrement que j'avais besoin de compagnie pour la nuit, le coeur au bord des lèvres. Je me sentais pas forcément bien, entre le mal de coeur et la gueule de bois, mais qu'importe, j'avais trouvé mon chemin jusqu'à sa chambre et je me rendais dans son lit après m'être déshabillé presque entièrement. Simplement vêtu de mon boxer, je me faufilais sous la couverture, prenant Lily dans mes bras, enfouissant mon visage dans son cou. J'aurais pu m'endormir comme ça, mais la jeune femme s'était alors réveillée, se calant bien contre moi, glissant son bras contre le mien. « J'aurais pas du y aller. Camila y était avec son connard de fiancé » Sûrement que je n'aurais jamais de mots gentils à son propos, qu'importe qu'il la traite bien ou non. Un mauvais pressentiment m'envahissait en cet instant... celui qu'elle le préfère lui à moi. « Du coup j'ai bu... j'suis désolé pour l'haleine » Ça, j'en étais conscient qu'elle sentait pas bon.

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Je te sens te raidir contre moi, un peu comme si ma question te dérangeait. Immédiatement, j’imagine le pire. Et bien que ce ne soit pas ton genre, j’ai envie de me retourner pour vérifier que tu n’es pas blessé. Qui sait, peut-être que tu t’es battu. « J'aurais pas du y aller. Camila y était avec son connard de fiancé » J’avale de travers, j’arrive toujours pas à croire qu’elle préfère Abélard. C’est d’un ridicule franchement! Bref, pour avoir été avec lui, moi, je te préfère un million de fois à sa carcasse pourrie d’Eliot. « Oh je vois.. » Je pince les lèvres et serre un peu plus ton bras contre mon corps comme si je te faisais un câlin. « Du coup j'ai bu... j'suis désolé pour l'haleine » Je secoue lentement la tête et choisis ce moment pour me retourner et te faire face. J’encadre ton visage de mes mains et esquisse un sourire que tu ne dois pas vraiment voir dans la pénombre de la chambre. « T’en fais pas pour ça… » Je caresse doucement ta joue de mon pouce et pose un doux baiser sur tes lèvres. « J’aurais peut-être dû y aller, moi. J’aurais pu te tenir compagnie au moins. » ne dit-on pas misery loves company?

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Je me détestais. Vraiment, je me détestais d'être minable comme ça et de n'avoir que de la pitié pour moi. Parce que c'était ce que je ressentais. Le boulet, incapable de tenir ses copines dont il était amoureux près de lui. La première meurt dans un accident de voiture, la seconde le largue pour se mettre avec plus riche, plus influent. Certes, je savais que c'était une histoire de me protéger, mais en quoi elle me protégeait ? En quoi elle me protégeait de quoique ce soit ? Expliquant à Lily ce qui s'est passé, elle se retournait pour me faire face, ses mains se posant sur mon visage. « Pour assister au désastre qu'est ma vie ? Non merci, t'as bien fait de rester ici » finissais-je alors par dire, soupirant. « J'suis pathétique... » confiais-je doucement. « Je voulais pas d'enfants, je voulais pas me précipiter.. et maintenant, j'ai plus de copine, plus d'enfant... j'ai plus rien » Si on aurait été mariés elle et moi, rien de tout ça ne se serait passé. Rien de tout ça n'aurait pu se produire. Elle aurait été officiellement mienne et... elle ne l'était plus.

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« Pour assister au désastre qu'est ma vie ? Non merci, t'as bien fait de rester ici » Mes lèvres ne forment plus qu’une fine ligne sur mon visage alors que je ne sais pas quoi dire à cette remarque. Je réfléchis rapidement et demande finalement : « C’est bien dans un état semblable que je t’ai rencontré Pluton, non? Alors pourquoi doutes-tu de ma capacité à supporter ces désastres qui font de ta vie ce qu’elle est? » Combien de fois devrais-je te dire que je suis là, et certainement pas pour te juger, pour que tu comprennes? « J'suis pathétique... » Je secoue à nouveau négativement la tête. Je crois sincèrement que l’alcool altère ton jugement, quoi que je dise, tu ne risques pas de m’écouter. Pas ce soir. Et c’est qui qui disait un peu plus tôt que tout s’arrangerait mh? Monsieur l’optimiste est mort dans son verre apparemment. « Je voulais pas d'enfants, je voulais pas me précipiter... et maintenant, j'ai plus de copine, plus d'enfant... j'ai plus rien » Je continus de te caresser la joue, geste qui se veut réconfortant et délicat. Parce que c’est exactement ce dont tu as besoin je crois, du réconfort, de la tendresse. Il y a des heures pour le sexe passionné et d’autre pour les caresses et les douces paroles. « Si vous deviez être ensemble, elle te reviendra Pluton… La vie ne fait jamais les choses à moitié. Et rien n’arrive pour rien non plus. » Et même si je dis tout ça, je suis probablement la première personne à avoir du mal à y croire. Pourtant, je compte bien tenir mon bout, les choses s’arrangeront pour le mieux pour toi, j’en suis sûr. Je lève une main et repousse légèrement tes cheveux de ton visage. « Tu veux dormir? T’as l’air épuisé.. »

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Je ne voulais pas qu’elle voie à quel point j’ai pu être un bon à rien ce soir. Alors ouais, elle avait bien fait de rester dans cette chambre, de se reposer. Moi j’en ai pris plein la gueule, elle n’avait pas à subir ça. Et puis, j’avais l’impression que toutes les personnes à qui je tenais actuellement ne faisaient que m’abandonner. Peut-être ferait-elle mieux de pas trop s’attacher à moi… au risque de devoir disparaitre de ma vie.  « C’est encore pire maintenant.. parce que je touchais le bonheur du doigt et il s’est envolé plus vite que la lumière » Ce connard de destin qui se fout en travers de mon chemin. En fait, la poisse était belle et bien là, à chaque recoin de ma vie. Que ce soit ma vie amoureuse, ma vie quotidienne… Heureusement, elle n’était pas tellement là dans ma vie sexuelle parce que je pense que je pèterai un câble. Je finissais par fermer les yeux aux caresses de la jeune femme, préférant me concentrer dessus plutôt que sur le désastre de ma vie. « Elle l’aime… J’suis sûr qu’elle l’aime » que je disais difficilement avant de rouvrir les yeux pour la regarder. « Elle le regarde avec les yeux pétillants… comme elle me regardait quand je l’ai demandée en mariage » Et c’était la boule à la gorge que j’avouais tout ça. Bien sûr que ça faisait mal, bien sûr que je l’avais perdue. Je la laissais glisser sa main dans mes cheveux, repoussant une petite mèche rebelle et je hochais la tête. « Retourne toi » Et quand elle le faisait, je me réinstallais comme à mon arrivée, la tête dans son cou, le bras autour d’elle et je m’endormais assez rapidement. Seulement, ma nuit fut assez courte et ma matinée a débuté avec des SMS avec Camila. Je laissais Lily dormir tout du long, jusqu’à finalement avoir le message final. “Je tombe amoureuse d'Abelard Pluton. Je suis en train de tomber amoureuse de lui ok ?” Mâchoire serrée, un dernier message envoyé et je balançais le téléphone contre le mur, le laissant alors se briser et retomber en morceaux au sol tant j’y avais mis de la force. Fixant le mur, la respiration haletante, je ne m’étais pas rendu compte que j’avais réveillé Lily.

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« C’est encore pire maintenant.. parce que je touchais le bonheur du doigt et il s’est envolé plus vite que la lumière » Et je comprends ça. Plus que tu ne peux te l’imaginer Pluton. Alors je ne dis rien parce qu’il n’y a absolument rien à dire en fait. Tu as besoin d’oublier cette histoire, mais ce soir, tu vis ta peine et c’est correct ça aussi. Il ne suffit pas toujours de tout garder à l’intérieur, c’est même sacrément malsain. Alors je me contente de te caresser doucement la joue et le front, de repousser tes cheveux et de t’écouter attentivement. « Elle l’aime… J’suis sûr qu’elle l’aime » Je pince les lèvres, qui le sait sinon elle? Et même si elle le sait, saura-t-elle être franche et l’avouer? Ou pire, si c’est faux, si tout ça n’est que de la comédie, saura-t-elle te dire la vérité? Je déteste savoir qu’elle joue avec toi comme ça… « Elle le regarde avec les yeux pétillants… comme elle me regardait quand je l’ai demandée en mariage » Oh… j’avoue que c’est le genre de chose qu’il est difficile de produire sur demande. Après, peut-être que tes émotions ont légèrement embrouillés ton jugement, mais ça… Il n’y a que toi pour le savoir. Alors je te propose de dormir puisque tu sembles gravement en avoir besoin et que je suis moi-même très fatigué. Tu hoches la tête d’un : « Retourne toi » et j’obtempère en me callant à nouveau bien confortablement contre ton torse chaud. « Dors bien Pluton.. » Ma voix flotte dans le silence et nous nous endormons dans les bras l’un de l’autre.

Lorsque je m’éveille, c’est au son de ton téléphone qui s’explose contre le mur. J’ouvre rapidement les yeux et me redresse vivement dans le lit en te dévisageant un moment sans trop comprendre ce qui se passe. Puis, j’avise le téléphone et l’état dans lequel tu es. « Pluton.. qu’est-ce qui s’passe? » à te voir, on pourrait croire que quelqu’un est mort et, honnêtement, j’sais pas si j’ai le courage de t’entendre dire que t’as perdu quelqu’un au cours de la nuit dernière. J’sais pas si j’ai la force de te remonter le moral si tel est le cas. Voir pire, c’est possiblement quelqu’un que je connais. Parle Pluton, dis-moi ce qui ne va pas parce que je me fais des films moi.

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C’était le cœur brisé que je venais la rejoindre dans la chambre. Un cœur tellement brisé qu’il semblait irréparable au premier abord. Et puis, à quoi bon s’acharner ? Elle ne voulait plus de moi Camila, elle ne me voulait plus parce qu’elle m’aurait aidé à trouver une solution pour la sauver de ce mariage forcé. Alors non, elle ne voulait plus de moi et c’était triste de voir qu’en un mois à peine, elle pouvait me remplacer. D’ailleurs, à l’avoir vue ce soir, en compagnie de l’autre, quelque chose s’est débloqué en moi : elle l’aime, j’en étais quasi certain. Mais trêve de bavardage, je préférais m’endormir, peut-être que la nuit sera douce et pleine de conseils. Seulement non.. Le réveil fut difficile, l’échange de SMS encore plus. Elle l’aime putain, elle l’avoue. Et je sais pas comment, j’ai eu la force de lui envoyer un dernier message avant d’envoyer mon téléphone contre le mur. Tellement de force avait été mise dans le geste que l’objet s’est cassé, en plusieurs morceaux. « J’dois y aller… j’étouffe, j’dois y aller » que je finissais par dire, sortant du lit pour aller vers mes affaires que j’avais posé dans un coin. Remettant mon short, j’essayais de ne pas flancher, de ne pas craquer, mais c’était dur, surtout quand je voyais Lily, dans l’incompréhension la plus totale et clairement en besoin de savoir ce qui se passait actuellement. « J’peux pas je… » T-shirt renfilé, j’attrapais les morceaux de mon téléphone pour les foutre dans ma poche avant de la regarder, l’air totalement déconnecté. « Désolé de t’avoir réveillé… Rendors toi je.. j’vais te laisser » Je m’approchais alors du lit pour lui déposer un baiser sur le front, ne serait-ce que pour lui toucher une marque d’affection, même si tout ce que je voulais en cet instant, c’était tout casser.

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« J’dois y aller… j’étouffe, j’dois y aller » Je cligne des yeux et ne comprends pas. Ais-je rêvé la nuit d’hier? Non, bien sûr que non. Tu es venu me rejoindre, tu étais mal, on s’est endormi et… visiblement, tu ne vas pas mieux ce matin vu l’explosion à laquelle je viens d’assister. T’es dans tous tes états là, t’agitant en sortant du lit pour rapidement enfiler tes vêtements et récupérer les morceaux de ton téléphone sous mon regard ébahit. « J’peux pas je… » Tu marmonnes plus pour toi-même qu’autre chose, mais mon cerveau s’active rapidement pour tenter de faire du sens de la situation. Tu me fixes, mais tu ne me vois pas il me semble. « Désolé de t’avoir réveillé… Rendors toi je.. j’vais te laisser » tu poses un baiser sur mon front et t’éloigne alors que je sors du lit à la hâte, t’attrapant par le poignet pour te retenir. « Pluton.. wô… du calme… Qu’est-ce qui s’passe? » Pas la peine de me dire de me rendormir, c’est pas comme si j’allais y arriver. J’suis bien éveillé là et avec le stress de te voir dans cet état de toute manière, c’est mort. Je me plante bien face à toi, tenant toujours ton poignet pour être certaine que tu ne partiras pas en courant. « Regarde-moi Pluton… parle-moi. » Ma voix est douce, calme, rationnelle. Je ne peux pas laisser mes émotions prendre le dessus quand tu es toi-même assaillit par une tornade de sentiment.