Une longue bien longue journée. Alfred, ton chauffeur venait de te déposer sur le seuil de la porte de ton penthouse que tu allais t’effondrer de fatigue. Tu n’avais même pas pris tes médicaments aujourd’hui tant le temps t’avais manqué. Tu avais du te battre toute la journée contre cet idiot d’Andrew pour avoir le dossier de cette cliente. Tu te promettais au passage qu’Andrew Spector serait un jour maudit d’avoir osé te parler comme s’il était ton égale, mais bien trop épuisée, tu n’avais pas encore la force de réfléchir à un plan ce soir. Alors que tu franchissait le pas de ta porte, Henry se tenait déjà prêt à prendre ton manteau et ton Birkin. «  Mademoiselle, c’est une bien mauvaise mine que vous avez là ce soir, puis-je faire quelque chose ? » Tu esquissa un léger sourire, il s’était toujours montré paternel avec toi, et encore plus depuis tes cinq ans, depuis que tu n’avais plus de parents. «  Non, ça ira Henry, merci infiniment, vous pouvez rentrer. Monsieur De Spoelberch ne devrait pas tarder à arriver de toute manière ». Répondis-tu tout en avançant vers la salle qui détenait le bar. «  Bien mademoiselle. A demain ». Tu attendis qu’il parte avant de récupérer dans ton sac tes anxiolytiques. Pris un cachet avec toi, te servi un verre de cognac et avala le tout d’un trait avant de déposer brutalement le verre en cristal sur la table basse de marbre. Tu étais assise sur le fauteuil Louis XV, plongée dans le noir, les yeux dans le vague. Comment avais-tu pu autant laisser les choses se dégrader ainsi ? Tu avais arrêté la thérapie, à vrai dire, tu en avais marre d’abonder dans le sens d’un psychiatre persuadé que ta bipolarité était due au choc que vécu dans ton enfance. Marre de prendre des médicaments pour taire tes émotions. Et pourtant… Cela marchait si bien. Le manque d’émotions t’empêchait de faire des bêtises, de tomber amoureuse aussi. D’être faible en somme. Finalement, une idée te traversa l’esprit le temps d’une seconde. Et si t’arrêtais de les prendre ? Au moment où ce songe gagnait en persuasion dans ton esprit, on sonna à la porte. Tu sursauta. Franklin. Tu te leva alors et alla ouvrir la porte. Un sourire se dessina sur ton visage, contente de voir enfin un visage amical et si familier. Il t’avait laissé un message dans la journée te proposant de passer la soirée ensemble, ce à quoi tu avais évidemment répondu par l’affirmative. Tu tenta de regagner un peu d’énergie pour faire bonne figure en prenant une voix tonique. «  Franklin ! Je te sers un verre ? » Avant de le faire te suivre dans la salle où tu te trouvais précédemment. Tu ralluma en vitesse toutes les lumières afin de mettre un peu de chaleur dans ta gigantesque et glaciale maison. Franklin était l’une des rares personnes en qui tu vouais une confiance aveugle. Tu le connaissais depuis longtemps et vous feriez bientôt partie de la même confrérie, en plus de faire partie du même cercle d’amis. « Alors, raconte moi ta journée ! Pas trop dure ? » demandais-tu avec un large sourire, tout en ouvrant la bouteille de son choix.


@Franklin Z. De Spoelberch