Teddy & Arianna

There are doors that we can't walk through.

C’est fou ce que les émotions et les humeurs peuvent changer d’un moment à l’autre. Il y a quelques jours encore j’étais toute joyeuse, il n’y avait rien de particulier dans ma vie pour faire que j’étais heureuse, mais c’était comme ça, tout semblait me sourire et puis j’avais même commencé à  écrire cette chanson qui donne envie d’être en vacances. Puis une nouvelle, et une deuxième. La première, c’est le boulot qui me reproche une absence soit disant non autorisée. Après tout ce temps passé dans leur entreprise, ils ne comprennent visiblement pas que mes cours passent avant le reste et cette absence due à un examen, ils décident de me sanctionner pour ça. Ça m’a mise en colère et ça a cassé mon moral, mais c’était sans compter la deuxième nouvelle. Jordan, ma meilleure amie d’enfance est décédée suite à un accident de voiture. Elle est morte sur le coup. J’ai appris la nouvelle ce matin et depuis je tourne en rond, je n’arrête pas d’y penser, je me remémore nos souvenirs communs et quand je pense qu’on s’était revues il y a quelques jours encore…

Je ne pouvais me résoudre à rester à la Lowell dans cet état, alors je suis rentrée chez moi. Ma mère a semblé surprise de me voir mais je n’ai pas osé lui donner la raison de mon retour à l’appartement. Elle m’a expliqué que ce soir-là elle allait au théâtre puis au restaurant avec mon beau-père. Elle m’a proposé de venir avec eux mais je préférais rester seule chez moi. J’ai donc envoyé un message à Arielle, silence radio. J’en ai envoyé un à Brooklyn, il m’a répondu être au travail et finir très tard. J’ai voulu envoyer un message à Arthur, mais vu qu’il avait lui aussi des problèmes ces derniers temps, je ne voulais pas l’embêter avec les miens. Reste alors une personne, Teddy. Je ne sais pas ce qu’il répondra, mais j’ai vraiment besoin de voir quelqu’un ce soir pour me changer les idées.

Hey… C’est Aria. J’ai pas trop le moral ce soir, tu es dispo pour passer à l’appart ou juste discuter ?

Message envoyé. Je n’ai même pas le courage d’allumer mon pc pour mettre un film ou de la musique, je n’ai même pas le courage de prendre ma guitare ou de m’installer à mon piano. Je suis complètement effondrée dans mon lit qui m’avait bien manqué d’ailleurs. J’entends ma mère crier à travers l’appartement qu’ils sortent enfin. A moi la solitude.

Teddy & Arianna

There are doors that we can't walk through.

Ce soir, tu étais en mode élève sérieux. Chose qui est très rare, préférant faire la fête et t'amuser jusqu'au bout de la nuit. Mais cette fois-ci, tu t'étais bougé le cul pour pouvoir réviser le droit et être en avance sur tes nombreux travaux pratiques. Tu y tenais vraiment avant de partir au spring break pour être totalement débarrassé de tes devoirs et avoir l'esprit libre. Tu avais qu'une envie, d'avoir finir au plus vite. Cela faisait deux heures que tu étais devant ton bureau avec des tonnes de livres ouverts. Petit à petit, tu en voyais enfin la fin. Tu étais limite en train de t'endormir sur tes bouquins tellement que tu n'avais pas pris de pause. Petit à petit, tu sentais tes paupières se faire en plus en plus lourdes tandis que ta tête penchait sérieusement vers l'avant venant jusqu'à t'appuyer la tête sur ton bras. Tu essayais de lutter, mais c'était terriblement dur. Jusqu'à qu'une petite sonnerie très courte se fasse entendre. Signe que tu avais reçu un message sous forme de texte. En voyant le destinataire, tu l'ouvres en comprenant qu'Aria, une amie n'était pas en forme et avait besoin de toi. Fermant les livres, attrapant ta doudoune chaude, tu te mets en route après lui avoir demandé l'adresse du domicile de ses parents. Après avoir reçu le message, tu te diriges chez la brunette à l'aide du GPS de ton portable. Juste avant de sonner, tu étais passé dans la supérette du coin afin d'acheter de la glace, du chocolat au lait et noir. Tu avais hésité à acheter l'alcool, laissant tomber l'idée quand tu étais rappelé qu'elle était chez ses parents. Sonnant à la porte d'en bas pour que tu puisses entrer dans le lotissement. Une fois, ceci fait, tu te retrouves alors devant la porte de la Lowell. C'est alors que tu frappes assez fort pour lui faire comprendre que tu étais derrière la porte et surtout qu'elle ouvre. Entre tes mains, tu tenais un sachet où tu avais acheté des trucs à manger qui n'étaient pas bonne pour la ligne. Ce n'était pas grave, c'était même une urgence extrême et excuse pour manger des sucreries.

Teddy & Arianna

There are doors that we can't walk through.

Soudainement, tout est silencieux et je suis dans mon lit à me morfondre. Si je ne reçois pas de réponse, je m’endormirai probablement d’ici quelques minutes. Tous ces souvenirs, toutes ces pensées douloureuses m’épuisent. Je commence tout juste à m’endormir, coincée entre la réalité et le début d’un rêve qu’une sonnerie vient me réveiller. J’ai apparemment un nouveau message. J’attrape machinalement mon téléphone sans même prendre la peine de relever ma tête. Je le déverrouille et je vois que c’est Teddy qui répond à mon message. Je m’attends une réponse négative comme pour les autres mais contrairement à ce que j’avais imaginé, il me demande l’adresse. Je lui envoie rapidement l’adresse exacte de chez ma mère et je retombe dans un sommeil léger dont j’ai largement besoin.

Je suis une nouvelle fois tirée de ce sommeil léger par des coups à la porte. Je me lève en sursaut. Je me demande si j’ai dormi longtemps et si ça fait longtemps que ça frappe. Je tente de sécher mes larmes qui continuent de couler depuis le début de l’après-midi et je m’empresse d’aller ouvrir la porte pour ne pas laisser Teddy tout seul. Je vérifie quand même dans le miroir que mon maquillage n’a pas trop coulé, je ne voudrais pas qu’il pense que c’est Halloween avant l’heure, puis j’ouvre la porte. Je le vois alors, un sac en papier dans la main. Je tente un sourire un peu forcé étant donné la situation.

« Ted ! Merci d’être venu. Je suis désolée d’avoir envoyé le message un peu à l’improviste mais comme je t’ai dit, je n’ai pas trop le moral et… du coup j’ai pensé à toi. »

J’ouvre la porte en grand et je lui fais de la place pour qu’il entre. J’observe l’appartement, heureusement que ma mère est une grande maniaque du ménage, ça m’évite de me taper la honte en l’invitant dans un endroit bordélique.

« Fais comme chez toi, pose tes affaires où tu veux ! »

J’allume les lumières de la pièce principale qui était restée dans la pénombre depuis le départ de ma mère et de mon beau-père. Je me dirige vers la cuisine machinalement. Je dois vraiment avoir une sale dégaine vu de l’extérieur. Je suis en pyjama, pas coiffée, le maquillage qui doit probablement être en train de se remettre à couler… Mais tant pis. J’ouvre la porte du frigo et je me tourne vers Teddy.

« Tu veux boire quelque chose ? »