⋆ — it's in your dna j’crois que j’avais jamais vécu un moment comme celui-là. aussi stressant. aussi.. ouais, j’étais pas bien. j’étais pas bien parce que je savais que ce moment en particulier était susceptible de changer toute ma vie. mais j’avais finalement cette lettre en main. les fameux résultats suite au test adn que j’avais pu faire pour vérifier si oui ou non philip était bel et bien mon frère. si j’étais réellement une harrison ou si on avait juste complètement pété les plombs depuis le début. et j’sais pas, dans le fond, j’avais l’impression que j’étais pas réellement prête. mais j’avais promis à philip qu’on ouvrirait ça à deux. qu’on serait tous les deux présents pour cette révélation et.. advienne que pourra ? ouais. donc je m’étais rendu chez lui, plus nerveuse que jamais, les mains légèrement tremblantes et maintenant, j’étais assise sur son canapé sortant finalement le papier de mon sac. peut être que j’étais égoïste dans le fond. ça n’allait pas seulement changer ma vie, ça allait aussi changer la sienne. toujours aussi mal à l’aise, je finissais par lui tendre l’enveloppe, n’ayant pas vraiment le courage de découvrir par moi même la réponse se trouvant à l’intérieur. « tiens, lis-là s’il te plaît. » non mais ouais, clairement. moi, j’pouvais pas. peut être que c’était un manque de courage ou une autre connerie dans le genre mais je ne pouvais juste pas. j’en étais pas capable et s’il était vraiment mon frère, je lui donnais le loisir de remplir ce rôle en prenant les devants dans tout ça.

Assis sur le canapé de ton salon avec Ziggy, t'es bien content que tes colocataires soient de sortie ce soir. T'es en train de vivre le moment le plus intense de toute ta vie, celui qui est capable de tout faire basculer. Rien ni personne ne doit gâcher ce moment que tu ne veux partager qu'avec elle. Pourtant t'es si proche de connaître enfin la vérité que tu te mets à douter comme jamais. T'as l'impression que toute cette histoire est en réalité sortie de ton imagination. Savoir que la réponse à toutes tes questions se trouve dans une simple enveloppe te rend fou. Tu regardes Ziggy la sortir de son sac pour te la remettre. « tiens, lis-là s’il te plaît. » T'es déjà ultra reconnaissant qu'elle ait accepté d'attendre que vous soyez ensemble pour connaître les résultats des premiers tests alors qu'elle aurait pu ouvrir le courrier dès le passage du facteur. Conscient de ton égoïsme, tu n'es pas certain qu'à sa place tu aurais réussi à tenir. Et finalement elle te laisse en plus la responsabilité d'ouvrir la lettre. T'as le coeur qui bat à tout rompre alors que tes doigts déchiquettent le papier sans grande assurance. Tu jettes un dernier coup d'oeil à Ziggy avant de déplier la feuille. Pas la peine de demander si elle est prête, tu sais d'avance qu'elle ne l'est pas. Toi non plus t'es pas prêt. Mais il est l'heure d'enfin savoir. Tu retiens ta respiration pendant que tes yeux parcourent rapidement la page et ton regard accroche alors le résultat: POSITIF. Tu demeures silencieux un moment avant de le dire enfin à voix haute. « T'es ma soeur. »

⋆ — it's in your dna peut-être que ça faisait de moi une lâche. sûrement même puisque dans les faits, j’étais incapable d’ouvrir cette foutue lettre pour lire le résultat inscrit dessus. mais qu’est-ce que j’y pouvais ? y avait eu beaucoup trop de remue-ménage dans ma vie ces derniers temps et là, selon la réponse, ça risquait d’empirer. alors ouais, j’étais pas spécialement prête à le lire de mes propres yeux. philip était donc mon avantage dans tout ça. ouais, le point positif que j’avais dans cette histoire était probablement lui parce que par équation, ça me donnait le droit de ne pas affronter tout ça toute seule. alors ouais, je voulais qu’il ouvre cette lettre. qu’il prenne les devants et qu’il soit celui qui m’annonce si oui ou non toute ma vie allait se retrouver chamboulée. je faisais la belle, la grande, la fière la plupart du temps mais aujourd’hui, je n’étais personne d’autre qu’une gamine de dix-neuf ans complètement dépassée par les évènements. et c’était ce qu’il faisait. ouvrir l’enveloppe, la lire et.. garder le silence. d’accord, j’aimais pas vraiment ça. parce que je trouvais ça flippant, parce que ça faisait redoubler les battements de coeur dans ma poitrine. puis ça tombait finalement. « t’es ma soeur » qu’il venait de lâcher. d’un coup. comme ça. et soudainement, j’avais l’impression que c’était le vide autour de moi. c’était flippant, tellement flippant. « je suis.. ta soeur. » ok. donc maintenant, c’était officiellement la merde. « je suis meghan. » sauf que j’étais pas soulagée de l’entendre en fait. comment je pourrais l’être ? « wow. et.. maintenant, on fait quoi ? » parce que c’était l’après qui allait terrible. vraiment.

Dire que tu ne t'y attendais pas serait mentir. Cela fait plusieurs jours maintenant que tu as assimilé cette idée de parenté, depuis que tu as appelé Ziggy "Meghan" pour la première fois en fait. Plus ou moins inconsciemment, tu te préparais à ce résultat, à cette confirmation que tu voulais tant avoir pour pouvoir commencer à construire quelque chose. Mais construire quoi, telle elle est la question. Tu ne sais pas si tu seras capable de regarder la Quincy comme étant ta soeur, comme étant Meghan et non pas Ziggy. Sûrement qu'il te faudra du temps avant d'y arriver mais t'as envie d'essayer en tout cas. Les quelques caractères imprimés sur cette feuille que tu tiens entre tes doigts légèrement tremblotants représentent le début d'une nouvelle ère. « je suis.. ta soeur. » répète-t-elle après toi. Oui, et cette fois plus de doute possible, c'est officiel. L'ADN ne ment pas. « je suis meghan. » Tu lui tends la lettre pour qu'elle le voie par elle-même. Elle est Meghan Harrison, ta petite soeur. Tu ne sais pas si ton coeur va exploser ou se fissurer de toute part mais il se passe quelque chose dans ta cage thoracique. Peut-être que t'es juste heureux, mais mettre un mot sur ce que tu ressens là tout de suite est bien trop compliqué. « wow. et.. maintenant, on fait quoi ? » T'aimerais bien avoir un joker pour ne pas répondre à cette question. Ce serait beaucoup plus simple pour tous les deux si cette révélation n'était pas sur le point de changer entièrement vos vies. « On le dit aux parents. Les miens. Les tiens. Enfin... » Bref, elle a compris. « On peut prendre un vol pour New York demain matin à la première heure si tu veux. »

⋆ — it's in your dna est-ce que c’était idiot de demander à ne rien dire ? de faire comme si de rien était ? sûrement. puis probablement qu’aucun de nous deux ne serait capable d’agir comme si on n’avait rien découvert du tout. et c’était moi qui avait poussé dans ce sens. qui avait tout fait pour avoir la vérité alors je serais probablement un peu trop culottée de vouloir garder le silence maintenant. sauf que ouais, j’étais angoissée. parce que ça allait tout changer dans ma vie, que je ne savais plus quoi penser, que j’avais peur surtout de ce qui pourrait arriver. « comment je dis ça à mes.. parents ? » mes parents. j’savais même pas si je pouvais encore les appeler comme ça. j’savais pas s’ils étaient au courant de quoi que ce soit, s’ils étaient fautifs dans l’histoire et j’crois que j’avais pas vraiment envie d’apprendre des mauvaises choses sur leurs comptes. mais je savais aussi que je ne pourrais pas garder le silence indéfiniment et les laisser en dehors de ça. « et puis les tiens ? miens. notre. ils vont flipper. ça va être la galère. » ok, j’essayais de trouver des tas d’excuses dans ma tête pour ne rien affronter alors qu’en soit, j’allais pas y échapper. « demain matin » je soufflais parce que j’avais l’impression que tout tournait trop vite. et ouais, j’étais clairement pas sereine. j’appréhendais ce moment, les réactions qu’ils pourraient avoir, celles que j’aurais. parce que ouais, même moi j’étais incapable de dire comment est-ce que j’allais me comporter face à eux. « et si je suis pas celle qu’ils attendent ? peut être que.. ils ont imaginés autre chose et que je serais pas assez bien. » j’savais pas les films qu’ils avaient pu se faire dans leurs têtes. et j’étais pas certaine qu’une ancienne mather, stripteaseuse au nirvana ça soit le genre de truc qu’ils aient envie de récupérer d’un coup.

Tant que votre parenté n'était pas officielle, confirmée noir sur blanc par un vrai test ADN, il vous restait encore un espoir de ne pas avoir à affronter la tempête qui vous attend désormais. « comment je dis ça à mes.. parents ? » T'as pas de réponse. C'est probablement la question la plus délicate, encore plus que pour les tiens. Car peut-être que les parents de Ziggy ne savent pas que leur fille a été kidnappée par d'autres, qu'ils ont sincèrement cru adopter une petite fille orpheline. C'est tout le mal que tu leur souhaites car c'est la seule voie qui permettrait de les dédouaner et de ne pas briser leur lien. Mais t'es bien obligé de penser à cette autre possibilité qui plane au dessus de vous depuis le début. Peut-être qu'ils savaient parfaitement ce qu'ils faisaient en adoptant Ziggy, ou pire encore, qu'ils aient eux-mêmes participé à son enlèvement. « et puis les tiens ? miens. notre. ils vont flipper. ça va être la galère. » Clairement. Mais vous n'avez pas le choix. Ce secret est beaucoup trop gros pour que vous puissiez le garder à deux maintenant qu'il est certain et qu'il affecte la vie de toutes ces personnes qui méritent la vérité à l'instar de Ziggy. « Est-ce que tes parents t'ont déjà sous-entendu un jour que tu aurais pu être adoptée ? » Cette nouvelle va changer vos vies et celles de vos proches à tout jamais. Et là tout de suite, tu penses aux tiens et à tes parents à qui tu vas devoir annoncer que leur fille portée disparue depuis quinze ans est en vie et prête à les rencontrer. Du moins, si Ziggy est prête à les voir, ce que tu lui proposes de faire. « demain matin » répète-t-elle en accusant le choc. « Ou plus tard si tu ne t'en sens pas capable pour le moment. » Tu comprendrais qu'elle ait besoin de temps supplémentaire et t'es disposé à lui en donner autant que nécessaire. « et si je suis pas celle qu’ils attendent ? peut être que.. ils ont imaginés autre chose et que je serais pas assez bien. » Bizarrement sa question te fait sourire. « Ziggy... Meghan... ils pensent que t'es morte depuis quinze ans. Tu seras forcément mieux qu'un squelette enterré. » Ok c'est peut-être assez maladroit dit comme ça, mais le message est là.

⋆ — it's in your dna bon, bien sûr, ce n’était clairement pas écrit sur mon front pour la partie strip tease. c’était pas non plus comme si j’allais me ramener devant eux et qu’ils allaient direct dire « oh, celle-là elle travaille sûrement au nirvana ». probablement qu’ils ne connaissaient même pas cet endroit mais.. ouais, sur le moment, j’étais pleine de doute. et j’crois que n’importe qui dans ma position se remettrait tout autant en question. parce que ce n’était clairement pas facile et.. rencontrer mes vrais parents -alors que quelques semaines en arrière, je ne me doutais de rien- c’était pire qu’une grosse étape à passer. et j’avais l’impression que toutes mes émotions étaient en train de s’entrechoquer. un coup ça allait, la seconde d’après c’était la panique. je crois que le pire, c’était quand on parlait de ceux avec qui j’avais grandit. parce que j’avais l’impression que tout s’écroulait à ce moment là. ils avaient toujours été mes parents, mes amours et la relation que je pouvais avoir avec eux.. j’avais toujours eu l’impression que c’était la plus belle chose au monde. j’avais pas envie d’entendre qu’ils pouvaient être impliqués dans tout ça. et en fait, mon instinct me criait même qu’ils ne pouvaient pas être coupable. « non, jamais.. » que j’avouais dans un murmure. mais peut être qu’ils avaient leurs raisons ? ils avaient toujours été tellement protecteur qu’ils n’avaient pas voulu me faire entendre que je n’étais pas de leur sang ? ouais, j’savais pas et j’étais pas prête à les confronter. j’voulais pas leur faire de la peine ni me blesser davantage dans le processus. « j’crois que plus on retardera, moins je serais prête.. » c’était peut être bête mais c’était comme ça. si j’commençais à repousser les choses, j’irais jamais. je me connaissais assez bien pour savoir que ce serait le cas. « wow, charming. » que je répondais les sourcils froncés même si clairement, c’était mieux de me voir qu’un tas d’os, il n’avait pas tord sur le fond. « et toi, tu le vis comment ? » parce que j’étais en train de changer sa vie aussi mine de rien.

Le fait que les parents de Ziggy ne lui aient rien dit sur son adoption ne joue évidemment pas en leur faveur. Tu ne comprends pas pourquoi ils lui auraient caché la vérité s'ils n'avaient rien à se reprocher. Même s'ils voulaient juste la protéger, c'était la chose la plus maladroite à faire car cela n'a fait qu'entretenir le mensonge dans lequel elle vit depuis toujours. Arriver à l'âge adulte et apprendre qu'on a été adopté est déjà une épreuve en soi, mais savoir qu'en plus on a été arraché à sa famille biologique dans d'horribles circonstances, c'est probablement une des pires expériences possibles et c'est exactement ce qu'elle est en train de vivre. Elle finit par acquiescer à ta proposition de partir pour New York dès le lendemain. Dans le fond, t'es soulagé parce que tu as pire que hâte d'annoncer la nouvelle à tes parents et à Anya mais en même temps tu te liquéfies intérieurement rien que d'y penser. C'est néanmoins une question que tu repousses pour plus tard que tu dois faire face aux doutes de Ziggy. Tu la rassures comme tu peux, à coup de comparaison foireuse. « et toi, tu le vis comment ? » La question te prend de court. Tu ne t'y attendais pas vraiment et t'as aucune idée de quoi lui répondre. « Je sais pas... c'est tellement bizarre. Genre... t'es ma soeur. » Wow, quelle perspicacité. « Mais j'suis content hein, c'est la meilleure nouvelle que j'ai jamais eue de toute ma vie. C'est juste que c'est... bizarre. » Ton amie Ziggy est devenue ta soeur Meghan.

⋆ — it's in your dna et j’avais l’impression que depuis le départ, on focalisait sur moi. sur ce que je pouvais ressentir, sur comment je vivais les choses mais il était tout aussi concerné que ma personne. parce que ça l’impliquait, parce qu’il était du coup mon frère et que malgré ce qu’il montrait, il pouvait lui aussi être affecté par tout ça. c’était compliqué de savoir avec philip en fait. parce qu’il ne montrait jamais grand chose pour ne pas dire qu’il ne montrait rien du tout. et la façon dont il répondait prouvait une nouvelle fois que montrer ses sentiments n’était pas du tout dans ses façons de faire -encore faudrait-il qu’il ait des sentiments à vrai dire-. « ouais, bizarre. » au moins, sur ça, on était parfaitement accordés. en même temps, j’avais l’impression que ça sortait de nul part, comme un cheveu sur la soupe. et probablement que j’imaginais pas encore toutes les conséquences que ça pourrait avoir mais.. ouais, je savais que ma vie allait changer du tout au tout à partir de maintenant. et c’était horrible d’être dans ma position parce que j’aurais dû me réjouir de trouver ma « vraie » famille mais en étant parfaitement honnête, quelque part, ça ne me faisait pas grand chose. probablement parce que je ne les connaissais pas, parce que je pouvais pas dire qu’il m’avait manqué, parce que je ne les aimais pas ? ouais, je me trouvais monstrueuse de penser un truc comme ça mais c’était la vérité. « j’voudrais tellement que les choses soient plus faciles.. » ouais, en fait j’étais clairement pas prête à affronter la tempête qui allait arriver. peut être que j’étais trop fragile pour ça. mais c’était mon monde tout entier qui allait être retournée et en soit, personne n’était jamais prêt pour ça.