Comme j'avais toujours eu beaucoup de chance, j'avais renversé mon latté directement sur mon ordinateur portable. C'est ce qui arrive quand on essaie de rester à l'aide de caféine durant la nuit pour essayer de terminer mes travaux. Travaux qui en réalité étaient terminés depuis longtemps mais dans lesquels, je ne pouvais arrêter de retravailler mes phrase, ajouter des informations, enlever ce qui était moins pertinent. Bref, comme toujours, me prendre la tête pour quelque chose qui  était bien à la base mais que je voulais rendre encore meilleur. J'avais pas l'habitude de me prendre la tête pour tout mais mes études, je sais pas pourquoi, j'arrivais pas à décrocher. Bref, plus d'ordinateur mais les travaux devait se faire quand même. Puis, j'avais eu des cours toute la journée en plus de travailler au cinéma en soirée. J'avais fini assez tard et je m'étais rendu à la salle d'informatique alors qu'il devait être prêt de 21h. Je m'installa sur un des ordinateurs au fond de la salle sans vraiment faire attention à qui se trouvait dans la salle. Il y avait seulement une personne. À cette heure-ci s'était plutôt désert. Autant dans la salle d'informatique que dans l'université en général.

Aussi tard qu’il puisse être, t’es là. Installé face à l’écran d’un ordinateur, une page blanche que t’essayes de remplir depuis plus d’une heure. Pas une phrase. Pas même un mot n’a réussi à se retrouver sur ce fichu écran. T’as toujours su que les études étaient pas faites pour toi, c’en est encore une fois la preuve irréfutable. Mais ton père n’a pas voulu comprendre. Pourtant, au vu de tes résultats de ton manque d’effort, il serait temps qu’il se rende à l’évidence. T’es pas fait pour ça. Ta sœur sans doute un peu plus que toi. T’as d’autres choses en tête, que t’as toujours eues, et dans lesquelles t’excelles. Si seulement on avait pu balancer un cursus de ce type ici, tu serais sans aucun doute parmi les meilleurs de ta promo. Sauf que, là, c’est pas le cas. T’as déjà retapé ta cinquième année et toujours pas sûr de réussir à la surmonter ; tu manques de tout. Ton front vient se plaquer sur le bureau de l’ordinateur fixe, repoussant légèrement le clavier du sommet de ton crâne. « Fait chier. » que tu marmonnes pour toi-même. Tu prêtes en aucun cas attention à qui peut bien t’entourer, tu cogites. Simplement. Sauf qu’après quelques minutes à te prélasser comme un flemmard, à moitié endormi sur le bureau, t’entends ce bruit. Des clés qui résonnent dans la serrure, les lumières qui s’éteignent. C’est une blague ? « Putain, manquait plus que ça… » Ta voix résonne dans la pièce alors que ton visage se voit illuminé uniquement par l’écran de ton ordinateur ; c’est quoi ce bordel au juste ?

J'avançais bien. Très bien même. Mes doigts pianotaient sur les touches du clavier aussi rapidement que si j'aurais joué un morceau de Mozart sur un piano. Pas que j'étais vraiment douée dans le domaine, pas du tout même, mais c'est l'impression que ça me donnait. Malgré tout, je savais très bien que j'aurais été des plus confortables dans ma chambre de la dunster house plutôt que ces chaises qui grinçaient aussitôt qu'on osait bouger le petite orteil. Par chance, la salle était pratiquement vide à l'exception de l'autre étudiant et moi. D'ailleurs, je n'y faisais pas vraiment attention. Pas vraiment jusqu'à ce que j'entende un son qui ressemblait à des clés dans une serrure et que les lumières furent éteintes. Cette voix, celle du jeune homme qui était assis plus loin derrière moi. Aussitôt qu'il prononça le moindre mot, mon sang se glaça. "Rocco?" murmurai-je plus pour moi-même que pour poser véritablement la question. C'était assez évident que c'était lui. J'aurais reconnu sa voix n'importe où. Par précaution, et pour m'assurer que je n'étais pas en train de devenir folle, je me tourna doucement. En essayant du moins parce que cette satané chaise grinça comme la porte d'une veille maison. Son visage était éclairé par la faible lumière de l'écran mais assez pour que je confirme ce que je redoutais J'étais coincée avec Rocco. Qu'est-ce que je fais? Je vous dit pas la panique dans ma tête en ce moment. Déjà que j'avais le cerveau en ébullition avec tous ses travaux, il ne manquait plus que ça pour empirer les choses. C'était plutôt un ouragan dans ma tête en ce moment. Sortir! Oui, je devais sortir d'ici au plus vite. Je doute que le jeune homme avait réellement envie de me voir après ce que je lui avais fait. Je rassembla donc rapidement mes choses, oubliant le fait que la porte était verrouillée. Je m'élança tout de même vers celle-ci et tenta de tourner la poignée. Rien. Rien ne se produisit. ""Merde! C'est pas vrai." dis-je sans le vouloir avant de donner un coup dans la porte, par frustration.

pas un instant tu n’as prêté attention à qui pouvait bien se trouver là. instant rapidement rattrapé dès lors que t’entends vaguement une voix prononcé un mot ressemblant bien trop à ton prénom à ton goût. bien trop pour que ça puisse être n’importe qui. de ton regard, tu balayes la salle, jusqu’à ce que la personne ne se presse vers la porte. t’es pas trop certain de comment réagir, parce que tu la reconnais tout de suite. tu pourrais la reconnaître parmi des centaines d’autres femmes. tu la connais par cœur, chacune des courbes de son corps, chacun de ses gestes, chacune de ses mimiques. et quand tu la vois actionner la poignée de la porte dans le vide, t’as ce sourire en coin qui apparaît. quelque part, ça t’amuse de la voir réagir de la sorte, parce que t’as compris qu’elle a su que c’était toi ici, enfermé avec elle. enfermé avec elle pour la nuit. « du calme… » que tu lances d’un voix des plus détendues. malheureusement, qu’importe que vous vous excitiez sur cette poignée pour pouvoir sortir de la salle et rentrer chez vous chacun de votre côté, tu sais que ça servira à rien. quand bien même vous réussiriez à en sortir, tu te dis que ça finirait par vous retomber dessus, ou retomber sur ce pauvre type juste légèrement tête en l’air. pas de quoi en faire un drame, même si ça t’emmerde bien de passer ta nuit ici. « t’inquiètes pas, tu risques rien, je vais pas te sauter dessus ni te bouffer. j’ai faim mais pas à ce point. » t’essayes de détendre l’atmosphère, sachant pertinemment que si déjà vous devez passer la nuit ensemble, ce serait bien con de vous faire la guerre pour une raison ou pour une autre. « pas d’excuse pour pas bosser maintenant, du coup. » ça te fait sourire, parce que t’es le meilleur en la matière. t’es le premier à te trouver mille et une excuses pour pas bosser tes cours et là, c’est comme si le destin venait forcer les choses. « reste pas debout, tu vas finir par avoir une crampe. je suis sûr que t’es dans le coup de la porte fermée à clé en plus… mauvaise actrice. » tu la taquines, mais t’es pas certain qu’elle vienne pas te balancer un bouquin à la gueule. peut-être que ce serait bien mérité.

Rien à faire. Cette fichue porte ne s'ouvrirait pas Quoi que je fasse, elle était verrouillée. Et j'étais coincée ici avec Rocco. Soufflant un bon coup avant de m'éloigner de la porte et me tourner vers le jeune homme par la même occasion.  "J'avais pas vraiment besoin de ça." J'avais un examen demain. Puis, pour faire exprès, j'avais pas mes livres pour ce cours-là avec moi donc pas moyen d'étudier pour ça. Quoi que j'avais déjà étudié pour l'examen. C'était plutôt le sommeil qui me manquait maintenant. Un petit ricanement, un peu forcé, m'échappa alors que le jeune homme disait ne pas avoir si faim que ça, qu'il ne me mangerait pas. Puis, que c'était l'Occasion idéale pour travailler.  "J'suis assez certaine que ça te donne pas  vraiment le goût de travailler." Je savais bien que Rocco et les études, ça faisait deux. Il était ici sans en avoir eu le choix. C'était certainement pas le fait d'être coincé dans la salle d'informatique qui allait lui donner la motivation de faire ses travaux. Et pour être honnête, ça venait de complètement m'enlever la mienne. Pas parce que j'étais ici avec Rocco. Non, c'est pas parce que son nom me venait à tête à chaque fois que je voyais un sac à main du même nom ou encore que je parlais avec son cousin, Thomas. J'veux dire, c'était seulement une mauvaise habitude, ça ne signifiait rien. J'allais devoir me résigner à passer la nuit ici alors autant s'installer confortablement. Je déposa mon sac sur le bureau avant de tirer une chaise et de m'y installer.   "Bon, ça va être juste nous deux pour la nuit.
Alors..." Alors quoi? Qu'est-ce qu'on fait. On reste silencieux chacun dans notre coin? On continue de travailler? On discute? Fallait d'abord savoir où en était Rocco par rapport à moi. J'imagine qu'il ne me portait pas dans son coeur après ce que je lui avais fait.