Une bonne douche après un entraînement intense, c’est le pied… Je me suis dépassé aujourd’hui… Deux heures de footing et une heure de musculation, je risque de m’en souvenir demain, mais ce n’est pas quelque chose qui m’importe réellement. Heureusement que je ne fais pas ça tous les jours. J’essaye de faire le vide dans ma tête, mais rien à foutre, je reviens toujours à la même pensée. Toujours la même scène, toujours le même visage, toujours cette meuf. Je ne sais pas pourquoi elle m’obsède, mais je n’arrive pas à oublier ses courbes et son regard. Ceux que je côtoie dans la vie de tous les jours se moqueraient bien de ma gueule s’ils savaient à quoi je pense. C’est certain qu’ils me nargueraient sur le sujet pendant des heures, sauf que moi, amoureux ? Certainement pas… La bonne blague ! Et de toute façon, même si ça serait le cas, rien en serait impossible entre nous. D'un, elle finira par me faire du mal, puisque les femmes sont toutes des chiennes. Bonne à baiser, mais lorsqu’on parle de sentiments, elles finissent tous par vous tromper. Sauf que la question à se poser aujourd’hui, c’est : pourquoi je n’arrête pas de penser à cette nana ? Je ne sais pas pourquoi elle arriver à me remuer comme ça. Je ne suis pas un grand sentimental d’habitude, mais cette fille m’a retourné les tripes. Je me suis senti comme à poil devant elle… Pas que ça me gêne d’être à poil devant quelqu’un et je suis assez fier de ce que j’ai à montrer, mais là, c’est différent. J’ai l’impression qu’elle est capable de lire en moi, comme dans un livre ouvert. Je coupe l’eau pour sortir de ma rêverie. Je me sèche rapidement en passant une serviette dans tous les coins et recoins de mon corps avant d’enfiler un débardeur, un boxer et mon pantalon que j’enfile aussitôt. Puis, finalement, je sors de la salle de bain pour aller cogner à la porte de la chambre de Bambi. Je lui avais dit, lors de la soirée Mather et Lowell que je devais absolument lui parler avant que ses deux monstres ne pointent le bout de leur nez. L’heure est venue. Je lui fais confiance, je sais qu’elle aura les bons mots.

@Bambi C. Corleonesi

Malheureusement, Bambi n'avait pas pu rester longtemps à la soirée Mather et Lowell, manquant de faire un malaise là-bas. Sûrement n'aurait-elle pas dû s'y rendre en premier lieu, mais pour faire plaisir à des potes proches, la jolie italienne était prête à bien des folies... sauf qu'en ce moment, ses jumeaux passaient avant tout le reste et le fait de rentrer se reposer également. Voilà ce qu'elle faisait en ce début de soirée, certes à lire un bouquin de neuro pour ne pas trop prendre de retard, mais sans s'épuiser comme elle l'aurait fait en d'autres temps. Maxence étant de garde à l'hôpital jusqu'au lendemain midi, afin de ne pas être seule, la future maman était venue dormir dans sa chambre à la Mather House, persuadée qu'il y aurait au moins quelqu'un pour aider au cas où. Il valait mieux, le terme se rapprochant... mais à aucun moment elle n'attendait de visite précise à cette heure. Bambi se redressa de son lit pour aller ouvrir, découvrant un Silas qui devait sortir de la douche, les cheveux encore mouillés. Silas, tout va bien ? Elle avait souvenir de sa demande de l'autre soir, et du fait qu'il souhaitait lui parler avant qu'elle n'accouche. Entre. Je peux t'offrir quelque chose à boire ou à manger ? Ce fut pourquoi l'italienne l'incita à entrer et referma la porte aussitôt, afin d'être à l'abri des oreilles indiscrètes. C'est au sujet de ce que tu voulais me dire avant que je n'accouche ?

Je me tenais là devant ta porte à attendre que tu daignes m’ouvrir. Cela ne prit peu de temps et je crus comprendre, dans ton regard la surprise de me voir là. « Ça va, physiquement du moins, mentalement, c’est autre chose. » J’ose un sourire à ton intention et secoue simplement de la tête à ta proposition d’un breuvage ou encas. Je n’avais évidemment pas faim, déjà que mon estomac était déjà tout à l’envers. Je n’ose imaginer ce que la nourriture pourrait engendrer dans mon état. J’entre à l’intérieur et m’assieds simplement sur ton lit, un air soucieux au visage. « Ça aurait pu attendre que tu n’accouches, mais bon. » Comment débuter ce que j’avais à te dire, ou plutôt à te demander. Ce n’est pas très facile pour moi, puisque je ne joue plus dans les sentiments depuis un bon moment maintenant et voilà qu’une sorcière s’en est pris de moi. Après m’être raclé la gorge, je m’élance finalement : « Ça t’es déjà arrivé de… Non, plutôt... » Est-ce que ça paraît que je ne suis pas dans mon état habituel ? « C’que j’veux dire, c’est… Ça t’es déjà arrivé de détester un homme au point d’en être attiré ? Ou plutôt de te détester parce que tu es attirée par quelqu’un ? De ne penser qu’à cette personne ? » Je lève finalement la tête vers toi et te regarde tout en me grattant le cuir chevelu. « J’pas capable de me l’enlever de la tête et il le faut… J’fais comment ? » Je semblais probablement démuni, mais je ne sais plus comment agir ou penser correctement.

Que physiquement ? s'enquit-elle aussitôt, alors que son ancien bizut semblait particulièrement troublé. Il n'en fallait pas davantage pour inquiéter un brin Bambi, qui l'incita à s'asseoir, lui proposant à boire ou à manger, proposition que Silas eut tôt fait de décliner. Il s'assit sur son lit, précisant que cela aurait pu attendre que la future maman n'accouche, l'étonnant au passage. Pourtant tu m'as dit l'autre soir que tu voulais me voir avant si je ne m'abuse... fit-elle valoir, ne sachant guère si la raison de sa visite avait un rapport avec la grossesse de l'italienne, ou pas du tout. La brunette se permit de s'asseoir sur le petit fauteuil présent dans sa chambre, après l'avoir rapproché du jeune homme. Elle fut pendue à ses propos un bon moment jusqu'à ce qu'il ne se décide à cracher le morceau. Ce n'était pas si grave, du point de vue de la demoiselle du moins, mais connaissant le jeune Mather, il devait en être particulièrement torturé. De détester quelqu'un au point d'en être attirée non, j'avoue... en revanche de me détester pour être attirée par quelqu'un alors qu'il ne le fallait pas et que j'en souffrais, oui admit-elle, juste avant sa question. Pourquoi faut-il absolument que tu te sortes cette demoiselle de la tête ? Et si tu tournais la chose autrement... si elle te fais du bien, pourquoi ne pas juste profiter en laissant ton cerveau et ta raison en mode off ?

Je lève un sourcil vers toi. Oui que physiquement. Tu vois bien que je n'ai pas l’air d’aller, à moins que tu sois aveuglé par ton gros ballon qui se sert de ventre. Et même que je refuse tout ce que tu me proposes, ça devrait te mettre la puce à l’oreille, non? Je ne fis aucun autre commentaire lorsque tu repris la parole. Te parler avant ton accouchement était simplement une tactique pour que toute ton attention soit portée sur moi, non sur tes enfants qui passeront leur temps à pleurer. Je me suis contenté de déblatérer assez difficilement tout ce que j’avais sur le coeur. « What? Parce que ça va faire comme toutes les autres et j’vais foncer droit dans un mur si je me laisse aller. » Je soupire et te regarde comme si une trompe était en train de te pousser dans le front. « Et disons que cette fille… Elle se fait passer sur le corps par la moitié de Boston, si tu vois c’que je veux dire. » Oui, je sais, je suis mal placé pour parler, parce que je fais relativement pareil, je l’avoue. Je sais aussi que si je me laisse aller, je serai sans doute capable de m’arrêter, alors qu’elle, j’ai un gros doute. « J’ai juste pas envie de me faire avoir de nouveau. Vous êtes des sorcières… Allumeuse pour mieux nous rejeter par la suite! »

Bambi écoutait religieusement son ancien bizut déblatérer son beau discours, n'ayant comme réaction qu'un haussement de sourcils de temps à autre. Cela ne montrait pas de désintérêt, bien au contraire, mais le fait qu'elle soit tantôt d'accord avec Silas, tantôt en total désaccord. Comment peux-tu le savoir par avance si, justement, tu ne te laisses pas aller au moins un petit peu ? fit-elle valoir avant de manquer de s'étouffer en avalant sa salive. Le culot masculin n'avait pas de limites, tout de même. Bien qu'elle ait totalement conscience que certaines filles savaient être des Marie couche-toi là, les mecs savaient très bien faire de même dans leur genre. Je ne connais pas la fille en question, mais tu ne crois pas que tu fais un peu de même ? L'italienne se faisait un brin l'avocat du diable, mais ce n'était pas pour l'enfoncer. Elle souhaitait surtout lui montrer qu'il pouvait voir la chose sous un autre angle... Tu sais que tu parles à une fille, hein... ceci étant, je vais passer outre cette phrase totalement cynique sur la gente féminine pour faire valoir ceci : peut-être que si elle sentait que tu t'engages, sûrement ferait-elle également un pas vers toi ? Tu la traites de sorcière Silas, mais dis-toi qu'elle a sûrement peur aussi que tu la prennes pour une conne... ce n'est pas comme si tu étais un saint homme qui n'a connu qu'une femme dans sa vie...

Je sais pertinemment que tu as raison, mais au fond de moi, je ne veux pas l'admettre. Pour moi, je suis persuadé que toute cette histoire, si je me laisse aller comme tu dis, est le début de la fin. Que cette histoire fera ma perte. « Je fais peut-être la même chose, comme tu dis, mais de mon côté, je sais ce qu'est l'amour, je l'ai déjà connu, alors qu'elle... non. » Et non, je n'allais pas te révéler que c'est ton amie d'enfance, la fille dont je parle. Déjà, que je n'apprécie pas trop parler de ce genre de choses, s'il fallait que tu saches de qui il est question ici, j'aurais peur que tu nous dévisages lorsqu'on sera tous ensemble dans la même pièce. Malgré tout, je fais le gentil petit garçon, et même si je déteste ce que tu es en train de dire, je me fais violence pour rester calme et ne pas me vexer, comme si je le ferais avec n'importe qui d'autre. « Bambi, ma belle. J'suis peut-être un coureur de jupons, mais la fille qui partagera ma vie sera la plus chanceuse de la planète. Je ne pourrai jamais me montrer déloyal envers elle ou tricher, puisque je ne me mets pas en couple à la légère. Alors, tes petits sermons de ce genre, garde les pour une autre personne, s'il te plaît. » Je respire lourdement, tout juste avant de me mordre la langue afin de ne pas ajouter autre chose. Je ne suis pas venu ici pour faire une scène, mais bien avoir de tes conseils et si c'est pour me faire dire mes quatre vérités, je te prie de bien vouloir te dépêcher pour que l'on passe à autre chose.

Bambi arqua un sourcil de surprise face au ton condescendant que lui servait Silas sur un plateau. Il venait lui demander des conseils et, face à ses conseils peut-être un peu abrupts mais non moins vrais, ce dernier se braquait. Très sincèrement, ils n'étaient pas sortis de l'auberge. La plus chanceuse du monde ? Tu ne te mouches pas du coude, dis donc ! La modestie un peu, non ? lâcha-t-elle avec humour, n'en prenant certes pas pour se faire mal. Il ne valait mieux pas, surtout en face du jeune homme. Ce ne sont aucunement des sermons, c'est là où tu te méprends en revanche reprit-elle beaucoup plus sérieusement. J'essaye juste de te faire voir un autre point de vue, un autre horizon, plus féminin, auquel tu n'aurais pas forcément pensé, Silas. Et pourquoi tu me dis toutes ces choses à moi et pas à elle ? Qu'est-ce qui te fais penser qu'elle n'attend pas que cela, que TOI tu lui apprennes ce qu'est l'amour ? N'y as-tu pas pensé derrière toute cette rancœur des femmes ?