Les nuits blanches, les jours noirs et dans mes regards le gris du désespoir. Sous le maquillage des bonnes nouvelles, les mauvaises se rebellent. Mes proches noyés dans un océan méphitique, je me dérobe de ma propre éthique. Les étoiles parsèment le ciel comme de vulgaires pépites. La soirée s'achève et la solitude m'enlace. Dernière livraison, dernier visage de ma journée avant de retourner épouser la solitude dans mon lit bien trop petit. Mes commissures ne faiblissent pas cependant à l'idée de croiser ce fameux client. Loin d'être n'importe lequel, il est particulièrement régulier. Commande les mêmes jours de la semaine à des heures semblables, les dernières. Son sourire, lui, est d'habitude blanc comme les mensonges que j'étale gourmand. Bien qu'à chaque livraison nous échangeons quelques mots, je ne connais rien de lui si ce n'est son identité que j'ai trouvé à plusieurs reprises que ce soit sur la sonnette ou ses commandes. Kenny Marshalls. Un américain pur et dur sans le moindre doute. Je retire mon casque, d'une paume ébouriffe ma crinière, emporte le carton et fais face au bois de sa porte. Mes phalanges cognent et résonnent en de maigres explosions à travers la matière. Mes pupilles se lient au rouge qui peint le carton dans une réflexion insensée. Quel repas étrange pour une saint-valentin. Peut-être est-il en couple avec une personne peu difficile ou partage-t-il avec moi l'absence de compagnon en cette soirée pourtant si particulière.