Me voir galérer hein ? C'était là qu'elle se trompait. Ce soir je réussirai à la séduire, elle me regardera de nouveau avec cette lueur dans les yeux. Celle d'une femme amoureuse. Et je lui sourirai de mon sourire arrogant en lui disant qu'elle était belle et qu'aucune femme ne la valait. Qu'aucun lit n'était aussi chaleureux que le sien et aucun baiser aussi passionné et tendre à la fois. Ouais Charlie ce soir t'allais être à moi et je te promettrais ma fidélité en gage de mon amour. Et cette fois je tiendrais cette promesse. Parce que t'étais la seule dans ma tête, la seule à me donner des frissons rien qu'en plongeant ton regard dans le mien. La seule à qui j'avais envie de dire je t'aime sans attendre quelque chose en retour. J'aurai dû repousser Louve le soir où tout a dérapé mais je savais pas pourquoi j'avais dit oui. Je l'avais embrassée, j'étais allé de plus en plus loin et l'inévitable était arrivé. Mais tu savais c'était quoi le pire dans tout ça ? Cette nuit là où j'ai fini dans d'autres bras, je pensais qu'à toi. A toi et à Hades. L'un dans les bras de l'autre. Je te l'avais jamais dit mais ce mec là il me faisait peur. C'était ton premier amour et vous aviez l'air proche, un peu trop. T'avais l'air de partager des trucs avec lui que tu ne partageais pas avec moi. Et ça, tu vois, ça me tuait à petit feux. Peut-être que j'aurais dû te dire tout ça, peut-être que ça aurait évité l'infidélité. Mais à la place j'étais là, dans ton salon, assis sur le canapé, à attendre bêtement que tu te prépares, à penser comme un con que toi et moi c'était pas fini. « Bon tu te dépêches ? » que je criais avant que t'arrives, que tu m'éblouisses comme t'avais toujours su le faire. Les battements de mon cœur devenaient incontrôlables, t'étais juste magnifique. « T'as toujours su te mettre en valeur » que je lâchais un sourire en coin en me levant avant de tendre la main vers toi. « On y va ? »

« C'est une surprise » que je répondais, sourire aux lèvres, en démarrant la voiture direction le restaurant. Je pouvais pas lui dire que je l'emmenais dans un restaurant gastronomique français, ça gâcherait tout. Et je voulais voir l'étincelle dans ses yeux lorsqu'elle arriverait devant, lorsqu'elle se souviendrait de son enfance à Paris, lorsqu'elle comprendrait que j'étais prêt à tout pour juste la voir sourire. Je voulais la faire rêver, lui montrer que j'étais plus le gosse avec qui elle était sortie pendant un an. Celui qui l'avait trompée juste parce qu'il avait peur. Non, j'avais confiance maintenant. En tout cas je voulais que ça remarche entre nous, qu'on reparte sur de bonnes bases. Du coup je gardais le silence jusqu'à ce qu'on arrive devant et qu'un mec vienne nous voir pour garer ma voiture. « Attend là ». C'était plus un ordre qu'une demande et j'espérais qu'elle le suivrait. Parce que je voulais être galant ce soir, ne rien gâcher. Alors je me dépêchais d'ouvrir sa porte pour qu'elle sorte. Ouais, un vrai gentleman. Même si cette soirée ne serait pas suffisante pour qu'elle oublie ma faute, je me disais qu'au moins en me comportant bien on pourrait repartir sur de bonnes bases. Que ça pourrait évoluer autrement avec le temps. « Alors ça te plaît ? » Sourire en coin, regard amusé en observant son air, scrutant le moindre de ses gestes, le moindre indice qui montrerait qu'elle était contente. « Je me disais que ça te ferait plaisir de remanger français, que... » mais pas le temps de finir ma phrase car mon portable sonnait. Pestant, je le sortais pour le mettre en silencieux mais une photo attira mon regard : Charlie avec Hades. La nouvelle fiancée du Prince. Non. Impossible. Une blague. Ou une rumeur. Peu importait, ça pouvait pas être vrai. Elle pouvait pas m'avoir menti, m'avoir caché ça. Je savais pas quoi faire, je sentais la colère qui montait, c'était l'apocalypse dans mon esprit. Alors je restais figé à regarder mon portable pendant que le mec me demandait à quel nom était la table.

Maintenant je comprenais. Je regardais mon portable et je réalisais que je l'aimais. J'aimais son sourire, son rire, la manière dont elle me regardait lorsque je faisais une connerie. Tout. Chacun de ses gestes, chacun de ses défauts. Dommage qu'il soit trop tard, que je l'ai perdu. Qu'on se soit perdu. Parce que même si elle était à ce restaurant avec moi, en réalité elle appartenait à un autre. Et rien qu'à cette pensée, mon cœur s'arrêtait. Il me lâchait ce traître. Et ma raison n'était pas là pour le rattraper. Ma main commençait à trembler tandis que je tournais mon portable vers Charlie. « T'as pas oublié de me dire un truc ? » Ouais parce que c'était pas rien comme info quand même. Dans un sens elle m'avait trahi, m'avait donné de faux espoirs pour mieux me faire tomber. Quand on était amoureux, on était con. Et elle m'avait encouragé dans ma connerie. Contractant la mâchoire, je continuais à la regarder en attente d'une réponse, prêt à partir du restaurant d'une minute à l'autre. Explique moi Charlie. Dis moi comment t'es sorti avec moi alors que tu l'aimais toujours lui. Parce que, ouais, quand on acceptait une demande en mariage c'était quand même qu'on pensait à l'autre depuis un certain moment, non ? « J'en reviens pas putain. » que je rajoutais, secouant la tête, détournant le regard, posant mon portable. Quelque part j'aurais voulu lui crier de laisser ce connard, de venir avec moi, la prendre avec moi et lui jurer que je lui ferais plus jamais de mal. Que plus personne ne lui en ferait. Mais je savais qu'elle choisirait Hades. Comme toujours. « J'ai besoin de prendre l'air ». Car trop d'idées me passaient par la tête tout comme une putain d'envie de reprendre de la drogue. Mais je me contentais d'une clope. Histoire de réduire un peu mon espérance de vie.