Je suis née à Londres dans une famille qui était loin d'être riche. Mes parents étaient mariés depuis cinq ans quand je suis venue au monde. Ma naissance n'était pas prévu. Maman était en dépression depuis déjà quelques années. Et à cette époque, je ne savais pas pourquoi. Je n'ai appris la cause de son "état" bien des années plus tard. Mon père passait le plus clair de son temps dans le garage à réparer une vieille Chevrolet qu'il avait récupéré à un ancien client. Papa était mécano. Quant à maman, elle avait arrêté la fac quand elle s'est mariée. Elle s'est dévouée à sa famille mais cela ne l'a pas rendue heureuse. Papa en ayant assez, il a demandé le divorce. Il est parti en emmenant Will, mon frère aîné, de deux ans plus vieux que moi. Après le divorce, je ne les ai plus revu que de façon sporadique.

"Papa, tu reviendras?"
Mon père posa ses yeux tristes sur moi.
"Bien sûr mon trésor."
Je passais mes petites mains autour de son cou alors qu'il me prenait dans ses bras. Dans le dos de mon père, je voyais maman qui nouait le cache-nez de William qui restait impassible. J'avais cinq ans et je croyais que j'allais revoir mon père tout comme j'allais revoir mon frère. Parce que nos parents ne pouvaient pas nous séparer comme ils le faisaient. Papa fut obligé de dénouer mes mains autour de son cou. Mes larmes s'étaient mises à couler et je refusais de les voir partir. Alors maman m'a prit par la main et m'a emmené dans la maison alors que je criai aussi fort que je pouvais.



"Vous êtes sur? Il n'y a pas d'erreur?"
Le médecin hocha de la tête avant de dire.
"Il faut lui faire commencer un traitement dès maintenant."
Maman éclata en sanglot aux paroles de cet homme vêtu de blanc. Allongé sur le lit d'hôpital, je jouais avec Linus, mon lapin en peluche, le doudou qui ne me quittait pas depuis ma naissance. Je me sentais bizarre ces derniers temps mais j'étais loin de me douter que ma santé était en danger et que je pouvais mourir.
Pour moi, de longues semaines de chimiothérapie commençait. Les analyses venaient de me diagnostiquer leucémique. Et je débutais un traitement qui allait durer quelques mois et allait me faire perdre plus d'une dizaine de kilos.



"Tu aimes ta nouvelle chambre?"
Je regardais la pièce en question. Cette chambre était bien plus grande que celle que j'avais dans notre ancienne maison. Mais je ne me sentais pas chez moi... C'était trop "parfait" à mon goût. Maman avait épousé Carl, il y a trois mois et nous emménagions tous les trois dans une nouvelle maison, à Camden. Carl était cool. Il n'était pas chiant. En fait je l'aimais bien. Je ne me souvenais plus vraiment de mon père. Alors Carl était un peu un substitut. Et puis avec lui, maman était moins triste de ne pas voir William. Quand il faisait bon, Carl et moi allions au parc et on faisait du vélo.
Je reposais mes yeux sur maman qui avait un cadre dans les mains.
"Il manque un peu de couleur, mais je suis sure que tu te plaira par ici."
Et c'est là que j'ai entendu mon prénom. Je me suis approchée de la fenêtre. J'y voyais Edie, Jazz et Tom dans la rue. Je souriais. Heureusement que nous ne changions pas de quartier, juste de maison. Sinon j'aurais été totalement perdue.
"Je reviens!" Dis-je en quittant la pièce. Dans les escaliers, j'entendais ma mère crier: "Reaghan!" J'arrivais au rez de chaussée alors qu'elle continuait. "Ne rentre pas trop tard!"



Maman avait peu à peu changé grâce à Carl. Il lui a redonné le sourire même si certaines nuits, je l'entendais encore pleurer. Elle avait même trouvé un emploi comme secrétaire à l'école maternelle du quartier. Je crois qu'être avec des enfants lui faisait du bien. Elle souriait plus qu'avant même si elle était encore mélancolique à certains moments. Parfois quand nous étions dans le jardin, je voyais son regard perdu, triste et puis elle se remettait à faire autre chose alors que des larmes apparaissaient au bord de ses cils. Et puis, j'ai finalement appris pourquoi elle était ainsi. Ce soir là, j'étais dans mon lit et je lisais un livre sur la vie d'un surfeur hawaïen qui débarque à New York sans rien connaitre de la ville. J'étais malade depuis quelques jours et maman m'avait permis de garder le lit. Je croyais que c'était une simple grippe. Puis je me suis levée parce que j'avais mal au ventre. Je voulais que maman me donne un cachet et je suis tombée dans les pommes. Je me suis retrouvée à l'hôpital où le médecin m'annonçait que ma leucémie était revenue. Une nouvelle fois, je devais lutter contre cette maladie qui m'avait déjà empêcher de vivre quelques années plus tôt. Je m'attendais à refaire des séances de chimio mais le médecin m'annonça que cela ne marcherai pas cette fois-ci.

"Elle ne réagit pas à la chimio. Il va falloir passer par des séances de rayons." Il me jeta un œil. Je savais très bien que les rayons étaient plus douloureux que la chimio. "Vous êtes certain qu'il n'y a pas une autre solution?" Ma mère était devenue très pâle à l'annonce du médecin. "Il y a la possibilité d'une greffe de moelle osseuse mais cette greffe aurait plus de chance de réussir si elle venait d'un membre de la famille." "Nous pouvons faire des test tout de suite." Carl semblait très troublé lui aussi. Et j'étais contente une nouvelle fois qu'il soit là pour maman.



"Comment as-tu pu faire ça?!" J'observais ma mère, des larmes plein les yeux. "Pourquoi ne m'as-tu jamais rien dit?" Ma mère et Carl étaient dans le salon, assis sur le canapé. Pour ma part, j'étais trop énervée et trop triste pour rester immobile à les regarder. Maman venait de m'apprendre que j'avais un deuxième frère. Will avait un jumeau et maman et papa l'avaient fait adopter parce qu'ils ne savaient pas s'ils auraient eu l'argent pour les élever. Je leur en voulais. Comment pouvait-on faire ça à son propre enfant?? Jusque là, j'avais toujours été compréhensive avec ma mère mais là... Déjà que j'avais su par hasard que William avait fini par quitter la maison de papa. Depuis nous n'avions plus aucune nouvelle de lui .... Les larmes coulaient sur mes joues. "Ma chérie... il peut être compatible avec toi." "Je m'en FICHE!" "Reaghan..." "Je veux le voir... parce que c'est mon frère." Mes parents avaient fait les tests et aucun d'eux n'étaient compatible avec moi... ni papa qui avait été contacté par maman après toutes ses années de silence.




"Tu es sûr que tu ne veux rien prendre?" Je jetais un œil à Carl qui avait une enveloppe dans les mains. "Oui, merci... mais ça va aller." Il remit l'enveloppe dans la poche arrière de son jean. Il me donna un pantalon que j'avais soigneusement plié. "Ta mère pensait prendre la bonne décision..." Je m'arrêtais dans ses gestes. "Je sais... mais j'ai envie de le connaitre." J'en voulais à ma mère de ne pas m'avoir parlé d'Andy. Je lui en voulais de ne rien avoir fait pendant toutes ses années pour avoir des nouvelles de lui. Je fermais ma valise avant que Carl la prenne pour descendre au rez de chaussée. Maman se trouvait sur le porche. Je venais jusqu'à elle. "Je reviendrai pour les vacances..." Ma mère contenait ses larmes. "Tu n'oubliera pas ton traitement d'accord?" "Promis..." Je partais pour les États-Unis. J'abandonnais mon pays, mes amis, ma famille pour étudier à Harvard où j'avais obtenu une bourse universitaire. Mais j'y allais aussi et surtout pour retrouver Andy. Je voulais le connaitre même s'il ne savait rien de moi. J'avais juste besoin de le voir, de savoir à quoi il ressemblait. Ma mère pensait que j'allais là bas pour lui demander des test de compatibilité. Mais ce n'était pas ça qui me motivait... Devant la maison, tous mes amis étaient là, à m'attendre. Je partais pour une année au minimum. Mon médecin n'avait pas voulu que je parte mais je lui avais assuré que je verrai chaque semaine, le professeur Gardner, un grand hématologue reconnu. Il s'était assuré que ce dernier avait bien reçu mon dossier médical avant d'accepter que je parte sur le Nouveau Continent.




Dans l'avion qui m'emmenait loin de chez moi, je n'ai pas pu fermer l’œil. J'étais épuisée en arrivant si bien que j'ai passé près d'une semaine alitée. Puis je me suis mise à découvrir le campus et ma fraternité. J'avoue que je suis totalement perdue ici et je me sens seule. J'ai toujours eu mes amis autour de moi et cela me fait bizarre. Mais je vais de l'avant. Le climat du Massachusetts n'est pas si différent de Londres. Je me suis renseignée un peu sur Andy et j'ai appris qu'il était à Eliot House. Apparemment ses parents adoptifs sont très riches... et nous n'avons rien en commun.... à part le sang. J'ai du mal à reconnaitre mon frère dans ce que tous ces gens disent sur lui... J'en viens à douter de le connaitre, rien qu'un peu. Pourquoi perdrait-il son temps avec moi? Je soupirais tout en rangeant les nouveaux livres sur l'étagère. Depuis trois jours, j'avais trouvé un job à mi temps dans une petite librairie de la ville. La paie était plutôt bonne et l'endroit très chaleureux. J'avais besoin de bosser un peu, de gagner encore une fois mon propre argent et surtout, me sentir moins seul.


Comme je m'y attendais, les premières semaines à Harvard n'ont pas été faciles. C'était complètement différent de l'Angleterre. Et Londres me manquait chaque jour. Les mentalités ici sont tellement étranges. Les filles passent leur temps à se regarder dans un miroir, à se maquiller, se coiffer et faire du shopping, à jouer les bitch. Et les mecs? Ils regardent les filles comme des morceaux de viandes. Enfin là, cela ne change pas de l'Angleterre. Un mec reste un mec. Je n'ai pas eu de mal à trouver Andy. J'ai appris qu'il était le président de la Eliot House, la maison de l'Elite, ben voyons... Et il n'a pas été facile de l'approcher. J'ai appris des choses sur lui, pas très cool. En même temps, il est mon frère, il a mon sang mais nous n'avons pas du tout la même mentalité, le même caractère. Et la première fois que nous nous sommes parlés, j'étais à deux doigts de lui mettre mon poing dans la figure. Puis il a découvert qui j'étais et ça était le silence radio. En même temps, je m'y attendais. Je ne pouvais pas le pousser à venir vers moi, s'il n'en avait pas envie. Je ne voulais pas le forcer mais le temps jouait contre moi. J'étais de plus en plus malade. Et ma leucémie s'aggravait. Toutefois, je me sentais incapable de lui dire. Parce que je ne voulais pas qu'il pense que j'étais ici pour ça. Enfin dans un sens, c'était le cas. Mais je voulais surtout le connaître et établir une véritable relations frère/sœur.


A Harvard, j'ai réussi à lier de belles amitiés. Et puis, j'ai surtout retrouvé Charlie. Nous nous étions rencontrés à Londres quand elle venait voir sa famille. Et la revoir ici, me faisait le plus grand bien. On a passé pas mal de temps ensemble, à rire et à passer de bonnes soirées. On s'entend toujours très bien. Peut-être était-ce notre ascendance irlandaise qui faisait que le courant passait très bien. Quoiqu'il en soit, j'ai pu compter sur la présence de Charlie puis de Casey. Casey, je l'ai rencontré à l'hôpital. Il était dans le service de cancérologie tout comme moi. On avait nos examens au même moment alors forcément on est devenu les meilleurs amis du monde. Je peux tout lui confier même si je sais que notre vision de la maladie et de la vie en générale, est complètement différente. Et même si nous avions tous les deux une leucémie, nous en parlions quasiment jamais. Je n'avais pas envie que la maladie contrôle ma vie. Même si j'avais de plus en plus de mal à me passer de médicaments. Puis à côté de cela, je me suis mise à confectionner de plus en plus de vêtements. J'avais besoin de moment de solitude, rien qu'à moi et pour cela, je m'enfermais certaines soirées entières dans ma chambre. J'ai eu mes premiers clients. Avec mon travail à la librairie, que j'effectuais à mi-temps, je n'avais plus trop le temps de penser à Andy. Enfin je voulais ne plus avoir le temps. Et puis, il y a eu Jasper. J'ai cru que j'aurais pu lui faire confiance mais il s'avérait que j'avais tort une nouvelle fois. A croire que je ne pouvais me fier à aucun homme, mis à part Casey et Soliman. Soliman qui a été comme un frère pour moi.


J'ai cru qu'en faisant des tas de choses à côtés, je pouvais oublier la maladie. Mais la maladie ne m'oubliait pas. J'ai été de plus en plus malade, au point où j'étais incapable de quitter ma chambre des Quincy. J'ai téléphoné à Soliman et il m'a emmené à l'hôpital. Je suis tombée dans le coma pendant un mois. J'avais présumé de mes forces et surtout de cette insuffisance respiratoire qui avait été décelée quelques jours plus tôt. Soliman et Briony sont entrés en contact avec Andy. Pendant ces 30 jours, j'ai échappé à l'attentat à la bombe qui avait eu lieu sur le campus. Andy a été blessée. Après son coma, il a été averti de mon état et il a fait les tests de compatibilité. Et il a pu faire la greffe. J'ai eu du mal à reprendre pieds après mon coma. J'avais l'impression d'avoir des années de décalage. Et le réveil a été plutôt brutal. Mais le principal, c'est que la communication soit établie entre Andy et moi. Il a apprit les circonstances de son adoption. Je ne pouvais pas le laisser avoir une mauvaise opinion de maman alors que c'étaient les McDougall qui étaient responsables de tout ce fiasco familial. Je leur en voulais encore terriblement même si je savais qu'ils avaient pris la bonne décision pour Andy. Mais je n'oubliais pas qu'à cause de tout cela, maman était tombée en dépression.


Maman ne s'est jamais remise de cette adoption. Elle a sombré dans la dépression. Les premières années de ma vie, je les ai passé avec une mère triste et absente. Je n'ai pas connu les après midi en cuisine à préparer un gâteau, façon mère/fille. Elle ne m'a jamais accompagné au parc pour jouer après l'école. Elle ne connaissait rien de mes difficultés en lecture. Elle ne savait pas que Purcey était ma peluche préférée, que je détestais les asperges et que je ne savais pas rouler à vélo. Elle était absente de ma vie. Et à cinq ans, je m'occupais déjà de moi, comme une grande fille. C'est moi qui lui faisait à manger, qui lui rappelait de payer les factures, qu'elle devait se rendre aux réunions de l'école. Quand j'y repense à présent, j'aurais pu finir à l'assistance publique. Mais tout à changé un soir. Je devais avoir neuf ans, peut-être dix quand la cuisinière a pris feu. J'avais du me tromper dans la cuisson et la poêle avait pris feu. Si bien que le papier peint au dessus à commencer à s'embraser tout comme les rideaux de la fenêtre toute proche. J'étais dépassée par les évènements. Le feu mangeait tout le mur face à moi et je suis restée figée dans pouvoir réagir. Puis j'ai entendu l'alarme incendie se déclarer. Je ne voulais pas me faire gronder alors j'ai essayé d'éteindre le feu avec la nappe qui était posée sur la table sauf que je me suis brulée aux mains. Cela m'a fait très mal. Je ne me rappelle pas avoir subi une douleur physique si intense. J'ai crié et j'ai vu maman entrer dans la cuisine et se précipiter sur moi. Elle m'a prise dans ses bras et nous avons quitté rapidement la cuisine puis la maison. Les pompiers sont arrivés. Ils sont entrés et ils ont éteint le feu. Quant à moi, j'ai été soignée pour mes brulures. Le lendemain j'étais de retour à la maison. Maman était entrain de retirer tous les objets qui avaient été brulé. Les mains et les bras bandés, j'ai voulu l'aider mais elle m'en a empêché. « Je suis désolée mon cœur... je me rends compte que j'aurais pu te perdre... » Elle s'était mise à ma hauteur et avait remis une de mes mèches derrière mon oreille. Je la trouvais différente. Son regard était différent. Et elle souriait. Tristement mais elle souriait. Et je crois que c'était la première fois que je la voyais exprimer une émotion. « Mais maintenant ça va aller, d'accord? On va s'en sortir toutes les deux. » Je la regardais puis j'ai hoché de la tête et elle m'a prise dans ses bras. Alors c'était à ça, que ressemblait une maman? Puis une voix masculine et chaleureuse s'est fait entendre après un petit bruit de fausse toux. « Euh excusez-moi... j'ai frappé mais je n'ai pas eu de réponse. Je suis Carl Matthews. Je suis pompier. J'étais là hier. » Maman l'a regardé tout en gardant sa main dans la mienne. Carl. Il allait changer nos vies à toutes les deux. Après ce jour là, il est revenu tous les jours pendant un mois pour refaire la cuisine. Maman, Carl et moi l'avons remise à neuf. Puis après quelques semaines, il a prit son courage à deux mains et il a invité maman à dîner.



Je savais que ma mère avait subi des périodes douloureuses dans sa vie. Elle avait perdu ses fils et son mari et personne n'avait le droit de la juger. Personne. C'était une femme meurtrie par son passé. Elle a mis plusieurs années pour apprendre à vivre normalement. Elle a été une mère attentive et à l'écoute, bien que trop protectrice. Mais avec ce qui s'était passé dans sa vie, je ne pouvais pas lui en vouloir. A ma sortie du coma, je suis revenue à Londres, j'ai retrouvé un endroit familier et cela m'a fait un bien fou. J'étais avec des gens qui m'aimait et que j'aimais et cette convalescence s'est très bien passée. J'ai été voir un match de Manchester avec Carl et je l'ai même aidé à finir de réparer ma Coccinelle. Pendant toute mon absence, il s'en était occupé pour tout remettre à neuf. Et croyez moi, ma Poupette en avait un grand besoin. J'ai toujours aimé Carl. Il est le père que je n'ai jamais eu et il a beaucoup plus de place dans ma vie, que mon propre père biologique. C'était lui qui me réconfortait quand j'étais triste, quand je me blessais en faisant du sport. Quand je tombais de vélo, c'est lui qui me relevait. Il m'emmenait au parc, il m'apprenait la menuiserie et à réparer des objets mécaniques. D'ailleurs c'est lui qui a réparé la boite à musique que Jasper m'avait offert et que j'avais jeté de rage et de tristesse contre le sol. C'est Carl aussi qui passait tout son temps libre à l'hôpital quand je faisais ma chimiothérapie.



Après cette convalescence, je suis partie au Springbreak. La Thaïlande. Jamais je n'aurais cru pouvoir découvrir ce pays un jour. Ces vacances ont été excellentes. C'était la première fois que je voyageais si loin et que je participais à une tradition typiquement américaine. J'ai retrouvé Casey là bas, mais aussi Sofia, une cliente qui est devenue une très bonne amie. Et puis, Andy et moi avons enfin commencé à construire une véritable relation de frère et de soeur. On a appris à se connaitre et j'ai même assisté à son anniversaire puis à son mariage. C'était étrange, autant cela me faisait plaisir, autant je me rendais compte qu'un fossé nous séparait encore. Mais je suppose que c'était normal. Nous allions mettre du temps à nous apprivoiser l'un et l'autre. Puis les choses se sont aplanies entre Jasper et moi. On a tiré un trait sur ce qui s'est passé. C'était surement ce qu'il y avait de mieux à faire. Je ne conçois pas la vie comme lui. Je veux la vivre à 100%, dans les bons et les mauvais moments. Parce que j'ai été trop souvent en marge de ma propre vie à cause de ma leucémie. Maintenant, j'étais une survivante comme on disait. Je sais que je vais devoir prendre des cachets anti-rejet toute ma vie pour la greffe que j'ai subi. Mais j'en suis contente. Je vis.


J'ai repris la confection de vêtements et j'ai même créé ma marque "Paradise Kiss". Pour l'instant, je vends mes créations dans les boutiques de Cambridge. Mais je compte aussi créer un site internet pour la vente en ligne. Pour l'instant, j'ai juste envie de profiter de la vie, de faire tout ce que je n'ai jamais pu faire à cause de l'hôpital et des traitements. Tyler m'a même promis de m'aider à faire mon choix pour le club de sport. Et puis, quand j'étais à Londres, j'ai été abordé par un chasseur alors que je marchais sur Picadilly. Il voulait savoir si je voulais faire des photos. Ce qui m'a un peu surprise. Quoiqu'il en soit, j'ai signé un contrat pour représenter la marque Burberry pour quelques séries de photographies. Je n'ai pas envie d'en faire un métier mais pourquoi pas garder ça en tant d' "appoint" niveau financier? Et puis, au niveau des études, je me plonge totalement dans mes révisions. J'ai envie de décroché ma première année à Harvard. J'ai envie que les gens soient fiers de moi et montrer que j'en étais capable. Même si je n'oublie pas de m'amuser. Après tout, je vais avoir 2o ans. J'ai encore toute la vie devant moi ♥